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Etienne Perrot (Traducteur)
EAN : 9782226068835
148 pages
Albin Michel (25/02/1994)
3.94/5   27 notes
Résumé :
Le Commentaire de Carl G. Jung sur le traité taoïste du Mystère de la Fleur d'Or constitue dans son œuvre une étape cruciale : il inaugure sa recherche, aujourd'hui devenue incontournable, sur les civilisations orientales, et annonce quelques-uns des grands thèmes privilégiés - comme l' "âme " ou la quête d'une " conscience totale " - à partir desquels va se structurer dorénavant la psychologie des profondeurs.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans «Le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or», Jung propose une approche qui déplace la métaphysique vers la psychologie.
Il décrit une méthode d’investigation de l’esprit, qu’il faudrait d’abord assimiler avant de lire ses autres écrits.
Jung considère les religions ou les spiritualités comme représentant des manifestations fondamentales de la psychè humaine. Elles reflètent les interactions entre l’inconscient et le conscient qui pour lui sont le propre de la vie mentale de tout être humain.
Comment Jung les décrit-ils :
- L’inconscient est collectif, c’est une matrice qui contient ou génère les «archétypes», objets mentaux inconscients qu’il suppose communs à tous les hommes. Ces objets sont sans clivage, ils sont en tant que symboles avec deux faces, ils apparaissent dans les rêves, les religions, les mythes.
- La conscience donne une interprétation, un sens aux contenus qu’offrent le monde extérieur et le monde intérieur. Le monde devient compréhensible mais au prix d’un clivage des objets mentaux, il y a séparation des contraires bien/ mal, vrai/faux, beau/laid.
Interpréter les croyances religieuses ou les textes métaphysiques comme des contenus symboliques est doublement enrichissant : on accède à un sens clair pour des croyances qui, considérées en elle mêmes, paraissent obscures et arbitraires; ce sens est celui d’un processus d’échange dans un langage symbolique entre l’inconscient et le conscient. De plus ce sens éclaire des possibilités individuelles concrètes de compréhension, de guérison ou d’accomplissement.
Dieu… C’est remarquablement un symbole de l’archétype «Inconscient», une image qui convient pour représenter notre partie mentale cachée qui nous détermine. Dieu se manifeste à la conscience individuelle mais il ne peut être saisi entièrement. Le symbole met ensemble, l'antonyme littéral du «symbolique» est le «diabolique», ce qui divise.
Autre tradition… Jung interprète le Tao chinois comme une description symbolique d’un processus de transformation pour atteindre une réalisation psychologique : la découverte d’un point d’équilibre pour l’esprit entre l’inconscient et le conscient, Jung l’appelle la réalisation du Soi.

Avec son approche, Jung dessine un brillant rapprochement entre les traditions de l’Orient et celles de l’Occident. Si l’on tentait une synthèse métaphysique, on n’irait pas très loin. Jung permet d’aborder les deux systèmes avec une même grille de lecture, celle de la psychologie analytique.
L’Orient part de l'inconscient, ou plutôt est parti depuis bien longtemps de l’inconscient, il peut reconnaître dans la conscience les figures, les complexes autonomes qui viennent de l’inconscient. Cela fait écho à la classique critique du moi des spiritualités orientales (qui déroute tant les occidentaux). Trouvez comment relâcher l'emprise qu'ils ont sur la conscience peut mener à l'accomplissement que le Tao désigne métaphoriquement par «le corps de diamant». Les objets venant de l’inconscient sont identifiés et les contraires ne sont pas séparés, c’est le principe du yin et du yang. Ainsi la conscience ne nie pas l’inconscient et peut trouver un point s’équilibre.

L'Occident moderne part de la conscience et nie fanatiquement l’inconscient et donc sépare les contraires. Il y a menace individuelle ou collective que cette négation ravage le moi en le submergeant de contenus refoulés. Le salut serait de réintégrer, en les comprenant les avatars de l’inconscient, ils libèreraient la conscience et permettraient de se replacer sur le point d’équilibre (désigné par le Tao).
Quand le christianisme pouvait encore être une évidence individuelle… Dieu s’incarnant, était le symbole de l’intégration de l’inconscient au conscient. L’Eglise puis nos sociétés scientistes ont produits une morale qui a promu le bien, une réflexion rationalisé qui a promu le vrai, auxquelles nous adhérons sans comprendre que les contraires qui ont été niés peuvent resurgir incompréhensibles et dangereux dans la réalité.

Jung le dit mais et n’y insiste peut être pas assez dans ce texte : les métaphysiques parlent un langage symbolique très simple et très puissant qui nous dit qui nous sommes et comment le vivre.
La symbolique autour de Dieu nous parle de notre nature psychique profonde.
Le Tao nous guide vers un point d’équilibre possible et protecteur.
Ce point d’équilibre existe, il devrait être notre foi. Et si le thérapeute peut aider à le trouver, sa recherche et sa découverte ne peuvent être qu’œuvre individuelle. À ce point la vie de chacun peut se transfigurer. Jung décrit une sorte de processus d’illumination où, on ne résout pas le problème mais où,on le dépasse, c’est à dire qu’on parvient à un nouveau niveau de conscience induit souvent par un événement extérieur ou par une expérience intérieure fortuits.

La pensée peut aussi guérir.

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l’autre préface de ce livre, sur le Yi King et cette idée très originale de Jung, la synchronicité… A voir dans un autre commentaire…
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Un livre qui n'est absolument pas un livre pratique, vous n'en tirerez rien sur ce plan.

Il ne décrit pas spécifiquement ce qu'il aborde, il n'est pas un manuel.

Il s'agit effectivement de commentaires et de contextualisation sur la vision orientale et singulièrement chinoise de... tout. de tout ce qui est. Les mandalas et le Yi King sont à l'honneur. Et Jung nous invite, occidentaux, à ne pas singer les sages orientaux, mais au contraire, d'être fier de notre scientificité qui a tout son intérêt et sa grandeur et à de faire place, intégrer d'une certaine manière, la sagesse orientale tout en nuances et en subtilités parfois impossible d'appréhender pour des cerveaux trop pensants.

Bref, c'est plus un livre qui donne une impulsion, une invite à s'ouvrir. Rien de plus, rien de moins.


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quelques pages de génie mais un ensemble un peu lourd, pas toujours clair, à mon goût.
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les mandalas selon jung
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Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
C'est une tâche pleine d'incertitude que de proposer à un public moderne une collection de formules magiques avec l'idée de les rendre plus ou moins acceptables? Je l'ai entreprise parce que je pense personnellement qu'il y a de l'ancienne manière de penser chinoise plus que le regard n'en discerne au premier abord. Cependant, je suis embarrassé d'avoir à faire appel à la bonne volonté etr à l'imagination du lecteur, en tant que je dois l'introduire dans l'obscurité d'un rituel magique d'âge vénérable. Je ne suis malheureusement que trop conscient des arguments que l'on peut utiliser contre lui. Nous ne sommes même pas certains que le navire qui doit nous mener sur des mers inconnues ne fait pas eau en quelque endroit. Le vieux texte ne peut-il pas être corrompu ? La traduction de Wilhelm est-elle fidèle ? Ne nous sommes pas abusés nous-même dans nos explications ?

Des cures inattendues peuvent naître de thérapies discutables, et des méthodes réputées dignes de confiance peuvent conduire à des échecs surprenants. Dans l'exploration de l'inconscient nous tombons sur des choses étranges dont le rationaliste se détourne avec horreur, prétendant après coup qu'il n'avait rien vu du tout.
La plénitude irrationnelle de la vie m'a appris à ne jamais rien rejeter, même si cela va contre nos théories (lesquelles, en mettant les choses au mieux, ont une existence si brève !), ou n'admet par ailleurs aucune explication immédiate.
Il n'est nullement facile d'entrer dans une mentalité aussi lointaine et aussi mystérieuse que celle dont émane le Yi King. On ne peut guère d'autre part traiter par le mépris de grands esprits comme Confucius et Lao-Tseu, si l'on est capable d'apprécier la qualité des pensées qu'ils représentent. On peut encore moins omettre de voir que le Yi King fut leur principale source d'inspiration.
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L’Européen éclairé accueillera sans doute avec une certaine sympathie les paroles du Houei Ming King : « Les formes créées par le feu spirituel ne sont que des couleurs et des formes vides. » Cela rend un son tout à fait européen et paraît parfaitement convenir à notre raison. Nous pensons même pouvoir nous flatter d’avoir déjà atteint des hauteurs de clarté, car nous nous figurons avoir laissé derrière nous depuis longtemps déjà de tels schémas de divinités. Mais ce que nous avons vaincu, ce sont seulement les fantômes verbaux, non les faits psychiques qui étaient responsables de la naissance des dieux. Nous sommes possédés par nos contenus psychiques autonomes exactement comme s’ils étaient des dieux. On les appelle maintenant phobies, impulsions, etc., bref, symptômes névrotiques. Les dieux sont devenus des maladies : Zeus ne régit plus l’Olympe, mais le plexus solaire et il crée des cas pour le cabinet du médecin, ou encore trouble le cerveau des politiciens et des journalistes qui déclenchent sans le savoir des épidémies psychiques.

C’est pourquoi il est préférable pour l’homme occidental de ne pas en savoir trop pour commencer sur la vision secrète des sages de l’Orient, car ce serait « le moyen juste dans les mains de l’homme de travers ». (pp. 53-54)
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La mort est en effet, si on la considère correctement du point de vue psychologique, non une fin, mais un but, et c'est pourquoi la vie en vue de la mort commence dès que le zénith est franchi.

Notre philosophie chinoise du yoga est édifiée sur cette préparation instinctive en vue du but qu'est la mort et, par analogie avec le but de la première partie de la vie qui est de produire et de procréer, d'assurer les moyens de perpétuer la vie physique, elle prend comme but de l'existence spirituelle la procréation symbolique et la naissance d'un corps de souffle psychique (subtle body) qui assure la continuité de la conscience détachée.

C'est la naissance de l'homme pneumatique depuis longtemps connu de l'Européen, qu'il cherche à atteindre par des symboles et des actions magiques tout différents, par la foi et la vie chrétiennes. (pp. 64-65)
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Mon admiration pour les grands philosophes orientaux est aussi indubitable que mon attitude à l’égard de leur métaphysique est irrespectueuse. Je les soupçonne en effet d’être des psychologues symboliques auxquels on ne pourrait faire plus grande peine que de les prendre à la lettre. Si ce qu’ils veulent dire était véritablement de la métaphysique, il serait vain de vouloir les comprendre. Si, en revanche, c’est de la psychologie, nous pouvons les entendre et tirerons d’eux le plus grand profit, car la « métaphysique » devient alors objet de l’expérience.

Si j’admets que Dieu est absolu et au-delà de toute expérience humaine, cela me laisse froid : je n’agis pas sur lui et il n’agit pas sur moi. Si au contraire je sais qu’un dieu est une puissante impulsion de mon âme, il me faut alors tenir compte de lui, car à ce moment, il peut devenir puissant à un point désagréable et jusque dans la pratique, ce qui rend un son terriblement banal, comme tout ce qui apparaît dans la sphère de la réalité. (p. 70)
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Notre véritable religion [nous occidentaux] est un monothéisme de la conscience, un état de possession par la conscience accompagné d'une négation fanatique de l'existence de systèmes fragmentaires autonomes [projetés par l’inconscient collectif].
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Vidéo de Carl Gustav Jung
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