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EAN : 9782843046605
284 pages
Zulma (03/10/2013)
3.64/5   394 notes
Résumé :
Un linguiste nommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. Ni la science de Budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément à retro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (103) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 394 notes
Si on vous dit « Epépé étété, malétété ébébé », que répondez-vous ?... Ça vous laisse pantois ? Vous ne comprenez pas ?...Faisons une autre tentative : « Etyétyé pépépé » peut-être ?...toujours pas ?
Imaginez alors que partout autour de vous, dans une ville immense et inconnue, tout le monde parle cet obscur langage, que vous n'arrivez pas à en saisir la moindre bribe et que toutes vos tentatives pour vous faire comprendre déchoient lamentablement comme pierre échouant à se faire ricochet ? Un tantinet inquiétant, non ?
Voilà pourtant ce qui arrive au pauvre Budaï, le héros malchanceux d'«Epépé », ce petit chef-d'oeuvre de littérature hongroise écrit dans les années 1970 que les éditions Zulma ont eu la riche idée de rééditer. Son auteur, l'écrivain hongrois Ferenc Karinthy (1921-1992), fait vivre à son personnage une aventure totalement surréaliste, ahurissante, tragi-comique, le projetant dans un environnement où, malgré toute sa sagacité, son ingéniosité et son érudition, le pauvre homme a bien du mal à conserver la droiture, la pondération et la stabilité d'esprit qui caractérisaient jusqu'alors son existence.

Budaï n'aurait jamais dû s'endormir dans l'avion pour Helsinki où cet éminent universitaire se rendait pour participer à un congrès de linguistes. A son réveil, croyant être arrivé à destination, l'esprit encore brumeux, il grimpe dans un autobus et débarque en centre-ville mais est étonné de ne pas reconnaître la capitale finlandaise où il s'est déjà rendu par le passé.
Las, ce n'est que le début d'une longue plongée dans l'inconnu aux airs de mauvais rêves !
Une petite trousse de toilettes et quelques billets de monnaie locale, voilà désormais les seules possessions de Budaï pour tenter de survivre dans cette jungle urbaine où personne ne lui prête attention.
Autour de lui, une foule compacte et hétéroclite parlant une langue que ce linguiste émérite n'arrive pas à reconnaître… Pourtant, dans le cadre de son métier, il aborde régulièrement les langages les plus divers, des grandes langues universelles jusqu'aux langues mortes et même les dialectes et les idiomes les plus rares. Sa spécialité est l'étymologie, autant dire qu'il a un sens linguistique des plus aiguisés ! Mais avec cette langue, il n'entend que des grognements et des croassements. Il n'arrive pas même à définir son appartenance à un groupe linguistique particulier et il n'a jamais vu ce genre de signes qu'il examine avec intérêt sur les matières imprimées et les enseignes de la mégapole. Ce baragouin reste malheureusement hermétique à toutes ses tentatives de déchiffrement ! Qui plus est, les gens d'ici n'ont aucune notion des grandes langues internationales et affichent une totale indifférence au tourment de Budaï. Une situation déplaisante, ridicule, absurde, qui devient hélas de plus en plus alarmante à mesure que les jours passent et que « le mur de l'incompréhension se resserre ».

La ville elle-même, gigantesque, sans limite, est inquiétante, insolite ; les agissements des autochtones des plus curieux. Partout une foule compacte, qui se presse, se cogne, se serre ; un flot continu d'individus qui joue des coudes, se bouscule, se déverse de toutes parts sur la chaussée, nuit et jour, à toutes heures, comme une bouche d'égouts dégueulant son trop plein d'humanité de manière constante autant qu'anarchique. Vagues humaines, cohue incessante, multitude qui tangue, oscille, forme des tourbillons. Et partout, des files d'attentes, interminables, fastidieuses, des queues qui serpentent sur le trottoir, à l'infini !

Où aller ? A qui s'adresser ? Personne ne le comprend et il ne comprend personne. Quelle mesure prendre pour quitter cet endroit? Comment mettre un terme à toute cette absurdité?
Budaï passe par toutes les couleurs de la palette émotionnelle. Impatience, colère, inquiétude, accablement taraudent son esprit, mettent à mal son sens de l'analyse. Dans cette ville, son brillant esprit synthétique semble ne lui servir à rien.
Le lecteur, entre sourire et compassion, suit ce pauvre hère désemparé le long de sa minutieuse exploration de l'environnement qui le retient prisonnier, au gré de mésaventures à la fois drôles et angoissantes, heureux de partager quelques moments d'apaisement dans ce calvaire irrationnel: la rencontre avec une jeune et jolie liftière d'hôtel dont il ne comprendra jamais le nom, l'émerveillement devant un panorama de la ville dans la nuit tombante, une manifestation insolite, un jour de fête….

Roman sur l'incommunicabilité entre les êtres, roman sur la solitude urbaine où chacun suit son bonhomme de chemin, centré sur lui-même, sans se préoccuper des gens qui l'entourent, « Epépé » peut être également lu comme une métaphore de l'état soviétique et de ses villes surpeuplées, où le corps collectif, louvoyant comme un gros animal, prend le pas sur l'individu, où la pensée unique annihile la conscience individuelle.
Mais « Epépé » est avant tout une magnifique et extravagante fantaisie dans laquelle on sent l'amusement constant du romancier, sa jubilation à mettre en scène un personnage hyper-rationnel dans un milieu totalement insensé. Drôle et inquiétant, réjouissant, jubilatoire, ce roman à la trame surréaliste mais à la forme très concrète et fouillée, est un pur régal d'intelligence et d'originalité, un petit bijou de littérature de l'absurde planté dans un décor kafkaïen. Excellent !
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Avant de vous parler de cette lecture en apnée, quelques respirations, pas trop profondes, me donnant le temps de reprendre la mienne :

L'auteur, d'abord, fait partie d'une illustre famille littéraire ; son père Frigyes Karinthy est celui qui, de son temps, a connu la plus grande notoriété, et dont l'oeuvre a confortablement déployé ses voiles ; parmi cette multitude, stimulée par un certain « âge d'or » littéraire dans l'empire austro-hongrois, on retiendra forcément, parmi ses nombreux aphorismes célèbres, son invention du concept des "six degrés de séparation", statuant que chacun de nous sur cette Terre peut être connecté à quiconque par une chaine de connaissances ne contenant pas plus de cinq intermédiaires… On est en 1929, et il faudra attendre internet et les réseaux sociaux pour définitivement confirmer cette intuition mondialisante…

Son cousin, Pierre Karinthy ( né en France ) est aussi auteur et traducteur, entre autres, des oeuvres de la famille, en tandem avec son épouse Judith. Prolongeant cette métaphore marine, ils lancent :
« Notre bateau, c'est deux chaises et l'ordinateur. Judith fend la vague, lit le hongrois puis lance une phrase en français. Pierre, installé à tribord, plonge sa rame dans l'eau. Il en ressort la phrase modifiée à son idée. Ça éclabousse, la barque tangue, nous disputons âprement, puis nous passons à la phrase, la vague, suivante. On s'éloigne de la rive, l'autre bord s'approche, puis se dérobe. le texte va, vient, rebondit, clapote. On finit par accoster. On est content, on est fatigué, on pense avoir respecté le sens, la forme, le style, les sous-entendus. Huit jours plus tard la même eau n'est pas aussi claire. Il faut filtrer. Enfin de guerre lasse on s'arrête, plutôt mécontents. Mais il faut repartir naviguer. »
(toujours agréable de connaitre un peu plus ceux qui mènent la barque quand on lit une traduction)

Notre couple de traducteurs est à la barre de ce roman-ci, devenant au fil des rééditions le phare de la famille Karinthy, de nombreux commentateurs de tous horizons évoquant un chef-d'oeuvre.

Avant de plonger réellement, un petit mot sur cette édition France Loisirs entre mes mains, rare prétexte à parler de ce club moribond, ayant essuyé trois redressements ces dernières années. Tout en étant triste de voir une branche économique entière se casser la tronche, comme d'autres, inexorablement coulées par la société numérique, je ne peux que sourire à les voir emportées avec leurs cousins Editions Atlas et autres vendeurs d'encyclopédies, dont les points communs reposaient sur ce modèle économique de vente par correspondance, basé sur des prix d'appel pire que du « dumping », grappinant le chaland accro aux papiers bourreurs de boites aux lettres, finalement heureux que ses clients ne deviennent pas des adeptes, laissant de côté catalogues, abonnements et autres maquettes de bateaux inachevées, collections abandonnées, éternels aliments des vides-greniers et autres déchetteries…
Tout ce consumérisme nauséeux et gagne-petit ayant bien-sûr changé de forme, laissant mon snobisme se gausser seul de ces couvertures, fanaux éternels de mauvais goût… non, rien de relatif à cela… pour vous en convaincre, comparez par exemple les éditions Actes Sud et France Loisirs du « Mec de la tombe d'à côté » de Katarina Mazetti, ou tout simplement cet « Épépé », dont les éditions Zulma, Denoël ou Austral en ont chacune proposé une version nettement plus satisfaisante, pour n'importe quel oeil…
On m'opposera leur accessibilité, leur importance dans la culture populaire, etc… et on laissera de côté notre paresse, notre orgueil, et nos placards dégueulant de névroses accumulatrices…

Cela fait beaucoup d'introduction…
Ma manière de rendre hommage à un livre quasi-incontournable qui me laisse bien partagé…
Je me sens assez proche de l'analyse qu'en a faite Colimasson ; comme elle, subjugué par le démarrage de l'intrigue, puis déçu par son développement, tout en reconnaissant qu'il était difficile de faire autrement. le fait que l'histoire ne puisse pas vraiment « avancer » semble inhérent à son noyau d'absurdité. le côté très « pratique » de l'aventure appellerait cependant une résolution tout aussi logique…
Pourtant, l'édifice tient rudement bien le choc, à le re-parcourir ; sa réputation et sa forme d'universalisme n'ont rien d'usurpé, mais rien n'y fait, je reste sur ma faim quant aux développements possibles, mirant de tout mon être cette société imaginée à la densité de population extrême, où chacun de bat sans réellement écouter l'autre…
Mais l'auteur n'a pas voulu s'aventurer dans une parabole babélienne ou malthusienne, nous entrainant finalement dans cette conclusion dont je recopie l'étude par notre psycho-gastéropode en escalier préférée, colimasson :
« Tout s'accélère dans la dernière partie du livre lorsque Ferenc Karinthy, peut-être pressé d'en finir et de donner une conclusion à cette histoire qui semble ne pouvoir en recevoir aucune, donne une orientation politique aux événements. La parabole est transparente et peu transgressive. Elle se résume aux plus plates interprétations politiques d'un Rhinocéros d'Eugène Ionesco. Dans le contexte et à l'époque de sa publication, cette parabole a sans doute eu plus d'impact qu'aujourd'hui. Les combats n'ont pas changé, mais Épépé apparaît étrangement trop simpliste et s'en tire assez lâchement avec une conclusion décevante. »

La contribution d'Erik35 est tout aussi excellente, replaçant ce livre dans un héritage culturel foisonnant, auquel j'ajouterais sa dimension prophétique, spécialité familiale Karinthiesque, avec cette description d'une boite de nuit préfigurant la Techno, dépeignant « une musique seule constituée de rythme, dansée frénétiquement par des individus solitaires mais agglutinés »…
Publié en 1970, on peut encore parler d'oracle…

Peut-être mon hésitante déception vient-elle du traumatisme laissé par la lecture de ce torchon relativiste qu'est le confidentiel « Voyage en misarchie », du moins m'ayant amené à écrire des critiques sur cette plateforme.
Je serais très étonné d'apprendre qu'Emmanuel Dockès ne connaisse pas Épépé, tant le postulat de base semble proche : un homme perdu, après un voyage en avion, dans un pays inconnu dont il ne comprend pas grand chose. Vu que chez notre professeur de droit l'histoire n'est que prétexte au développement d'idées sociétales, ce parallèle est à même de me frustrer quant à cette faiblesse supposée dans Épépé. Mais l'intrigue et la narration y étant d'une telle pauvreté qu'on préfère nettement ce flou littéraire, dont l'épilogue justifie ma thématique légèrement maritime.
Ébléblé cucurmuntru ploufplafplof….
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Imaginez vous retrouver du jour au lendemain dans un endroit inconnu, peuplé de gens qui vous sont tout aussi inconnus et qui parlent une langue étrangère. Eh bien, dans le roman Épépé, c'est ce qui arrive à Budaï. Et pourtant, il est linguiste, spécialisé en étymologie (l'étude de l'origine des mots). Dans le cadre de son travail, il aborde la plupart des langues indo-européennes, un peu de turc, d'arabe et de persan, il possède de vagues notions d'hébreu, de chinois et de japonais. Donc, s'il en est un qui devrait pouvoir se débrouiller dans un pareil environnement, c'est bien lui. Malheureusement, il est complètement perdu. Tout ce qu'il retient, c'est cet « Épépé » qu'il entend à gauche et à droite, ainsi que d'autres mots qui ne lui rappèlent absolument rien.

Pourtant, son voyage avait bien commencé. Budaï avait quitté Budapest en direction d'Helsinki (où il devait participer à un congrès de linguistes) tard en soirée et en avait profité pour se reposer pendant le vol. À son réveil en pleine nuit, apparemment arrivé à destination, il suit le mouvement des passagers sans trop se poser de questions ni porter attention au paysage. Encore un peu embrumé, il monte dans un autocar qui le dépose devant un hotel au centre d'une ville qui ne ressemble pas trop à la capitale finlandaise. Là, il finit par se rendre compte qu'il ne se trouve pas à Helsinki et que les gens qui l'entourent ne parlent aucune langue connue.

Et ce n'est là qu'une partie du problème et l'auteur Ferenc Karinthy l'a bien cerné. C'est que, au-delà de la barrière linguistique, il y a tous les codes et toutes les règles qui régissent cette société, et ils semblent différents, étranges. Les gens qui entourent Budaï ne le comprennent pas et ne font aucun effort pour l'accomoder. le pauvre homme est constamment bousculé, repoussé. C'est qu'il y a des files d'attente partout, surtout à l'hôtel (son seul point de repère) où le personnel sans compassion lui demande constamment de bouger pour faire de la place aux autres clients qui attendent derrière lui. Et ce à toute heure de la journée. Toujours ce flot intarrissable de gens, d'individus sans visage ni personnalité.

Ses tentatives pour se faire comprendre échouent les unes après les autres. Budaï essaie de se repérer, réussit à prendre le métro, à se promener sans trop se perdre. Cette ville si étrange, qui ressemble à toutes les villes européennes, avec les mêmes restaurants, commerces, panneaux de signalisation, immigrants… Mais où peut-il bien être et quelle langue parlent-ils tous ? Il se procure des brochures, des plans, n'importe quoi qui comporte des mots qu'il pourrait essayer d'analyser. Il est linguiste après tout, ce qu'il lui manque, c'est une pierre de Rosette. Mais ses recherches ne mènent nulle part. Bref, Budaï est prisonnier dans une immense maison de fous ! Une jungle urbaine ! Évidemment, c'est totalement éclaté, surréaliste. Je vois difficilement comment un linguiste pourrait ignorer un langage parlé dans une grande ville cosmopolite (ne pas la maitriser, oui, mais l'ignorer…). Mais ce n'est pas grave, c'est la prémisse. Il faut l'accepter et se laisser porter dans l'inconnu. Et parfois rire des aventures de Budaï.

On peut faire une analogie avec le régime soviétique (ou n'importe quel régime oppressif ou totalitaire) sous lequel a vécu l'auteur hongrois Ferenc Karinthy la plus grande partie de sa vie adulte. Sous de tels régimes, on patauge dans l'arbitraire, l'incompréhension, l'insensibilité. Et c'est ce qui est pire, à mon avis, c'est cette dernière. Budaï n'est pas maltraité, au contraire, il est soit ignoré, soit traité avec mépris, mais toujours avec un sourire neutre et poli. Ainsi, quand il s'énerve, c'est lui qui passe pour un demeuré, quelqu'un de violent et de dangereux. En tant que lecteur, on ne peut que ressentir la même frustration que le pauvre Budaï. Ainsi que son inquiétude, sa colère. On peut également faire le parrallèle avec le côté cosmopolite des grandes métropoles, où il est tellement facile de se sentir isolé, seul, même au milieu d'une foule de plusieurs millions de personnes. Qu'y a-t-il de plus terrible que de ressentir la soulitude ainsi entouré ?

Bref, Épépé est un roman déstabilisant qu'on peut interpréter à sa manière. Sans doute peu approprié pour quelqu'un qui cherche une petite lecture facile pour se détendre mais tout de même fascinante et intrigante.
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UN HURON PERDU CHEZ LES PATAGONS

Dans l'une de ses nouvelles, tirées de le traducteur mythomane : et autres histoires, l'auteur et poète hongrois Kosztolányi Dezső de la première moitié du XXème siècle s'était plu à imaginer son personnage fétiche dans la peau d'un voyageur parvenant à tenir la conversation - sans rien y comprendre vraiment - toute une nuit durant avec un contrôleur de plus en plus exalté, lâchant à l'autochtone, ici et là, les quelques mots que le voyageur connaissait dans cette langue étrangère, repartant comblé d'avoir réussi créer un lien, bref mais fort, entre lui et l'inconnu.

Nul doute que l'écrivain, ainsi que linguiste de formation Ferenc Karinthy, connaissait cette oeuvre d'un prédécesseur célèbre, contemporain de son père, lui-même romancier, poète, humoriste (etc). Non seulement est-il fort probable qu'il la connaissait, mais d'une certaine manière, on peut imaginer que son roman Épépé pourrait s'avérer être une extrapolation jusqu'au-boutiste, loufoque et géniale de la nouvelle sus-mentionnée. C'est ainsi que son roman probablement le plus célèbre, en tout cas en dehors de son pays, par ailleurs très différent du reste de son oeuvre, conte l'histoire - le substantif "fable" serait beaucoup plus proche de la réalité - de Budaï, un linguiste polyglotte invité à un colloque en compagnie de ses pairs dans la capitale finlandaise, Helsinki ; hélas, est-ce à l'occasion d'une correspondance ? quelque chose à cloché, "Budaï s'est trompé de sortie, il est probablement monté dans un avion pour une autre destination et les employés de l'aéroport n'ont pas remarqué l'erreur", nous explique le narrateur. Cette erreur sera pourtant fatale à notre malheureux savant puisqu'il va dès lors se retrouver plongé au plein coeur -enfin, le coeur... lui même n'en sait fichtre rien, et pour un bon moment - d'une métropole aussi gigantesque, indéchiffrable, incompréhensible, populeuse que parfaitement inconnue. Tout juste arrivé, se relevant d'une nuit inconfortable en avion, il est embarqué sans qu'il puisse trouver le temps de saisir la situation puis se retrouve dans un hôtel de plusieurs étages, se voyant attribué la chambre 921.
Très rapidement, notre héros malheureux va se trouver en butte à quelque chose de parfaitement inattendue pour lui : non seulement il ne comprends pas un mot de la langue qui se parle autour de lui mais, malgré des efforts constants, une recherche active, employant les méthodes scientifiques qui ont fait sa renommée, il ne parvient pas à entendre, lire, expliquer le moindre début de commencement de mot, de phrase, d'échange. Seuls les chiffres sont identiques aux nôtres, lui permettant seulement de voir la somme qu'on lui a confié à son arrivée, en échange de ses chèques de voyage, fondre comme neige au soleil.

Nous allons ainsi suivre Budaï tout au long sa quête éperdue vers une introuvable sortie car, tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension va se resserrer chaque jour un peu plus autour de lui. Avenues grouillantes de monde, métros, fêtes foraines, cultes religieux, défilés, émeutes : sous les apparences les plus familières - souvent les plus extrêmes, jusqu'à la caricature - d'une grande cité moderne, tout paraît absolument étrange et inhumain. Toujours au plus profond de l'incommunicabilité, Budaï fait même un séjour en prison, connaît des amours éphémères, sombre dans la misère, se met à gagner sa vie comme portefaix et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien.

Seule faible lumière dans ce monde à chaque instant plus angoissant, la fameuse Épépé, à moins qu'il ne s'agisse de Bébé, Étyétyé, Étété ou encore - cette langue est à ce point insaisissable - pépépé ? Nous resterons fixés, pour plus d'efficacité, à Épépé, jeune et charmante blonde, liftière de son état, que Budaï ne cesse de croiser dans l'ascenseur, quelques soient les heures, qui semble être le seul être humain à s'intéresser tant soit peu à lui. Il va s'y raccrocher comme un damné aux clés du paradis, accompagnant la demoiselle dans ces pauses cigarette, essayant de se faire donner par elle quelques leçons de cet idiome invraisemblable, finissant même par tomber amoureux (sans qu'un seul mot ait jamais pu raisonnablement être échangé !).

On a souvent estimé que le roman de Ferenc Karinthy portait une critique farouche de l'état totalitaire communiste, tel qu'il avait été instauré par l'armée russe à la fin de la seconde guerre mondiale, renforcé après les émeutes violentes que la Hongrie et Budapest connurent en 1956, mettant ainsi un coup d'arrêt brutal à un lent, pragmatique assouplissement du régime. Budaï n'est pas sans remarquer, d'ailleurs, que la ville a connu nombre de drames, certaines maisons n'ayant plus que leurs façades, le reste n'étant qu'un décor de carton-pâte, et l'on est en droit de songer que l'auteur décrit alors, pour partie, sa ville. Il serait cependant illusoire de ne voir qu'une critique de son temps, du terrible "bloc soviétique" où il vivait au moment de la rédaction de ce roman halluciné, parcouru d'une angoisse d'autant plus sourde qu'elle se fait par le biais d'une narration pratiquant la mise à distance permanente, l'ensemble du roman s'écrivant à la troisième personne du singulier. Illusoire, parce que résumer ce roman à cette seule fonction lui enlèverait presque tout intérêt - d'autres que lui ont passablement bien décrit cette période, parfois au péril de leur existence -, tandis qu'il s'agit tout autant, par le détour d'une sorte de cauchemar éveillé, d'un roman sur le dépaysement, une immersion totale dans un lieu non seulement inconnu mais parfaitement inconnaissable. Une intrigante, oppressante fuite sans début véritable ni fin autre que de l'ordre du souhait se met rapidement en place, offrant par ailleurs une géographie - celle de la ville tentaculaire autant que celle de la relation à l'autre, aux autres, ici rendue impossibles, pour ainsi dire et de facto interdite -. le récit interroge ainsi sur ce en quoi réside le fait d'habiter (celui qui réside, qui habite une demeure, un lieu, nous explique l'étymologie) quelque part, interroge notre relation à l'espace, à l'importance cruciale, vitale même, de pouvoir communiquer en ce lieu, sans quoi il ne peut jamais véritablement nous appartenir. C'est aussi un texte nous parlant d'une forme de nostalgie, de celle des choses, des habitudes, des êtres que l'on a été amené à quitter, à perdre - et Budaï songe très souvent à son épouse, s'inquiète d'elle, se demande si elle le recherche -, une nostalgie d'autant plus cruelle, sombre, que la fuite semble décidément inconcevable.

Le monde halluciné que Ferenc Karinthy nous décrit est, au-delà de la critique sociale et politique malgré tout évidente de son propre pays des années 70 (les dernières pages détaillent par ailleurs un mouvement sanglant de rébellion), la description sévère, terrifiante, des villes contemporaines dont il est à noter que l'auteur entrepris la rédaction de ce livre après un voyage interculturel au Japon, ces mégalopoles, toujours plus grandes, toujours plus hautes, toujours plus étouffantes, bruyantes, denses, convulsive, trépidantes, sales, en un mot : inhumaines. Parallèlement, avec un humour glacial, cynique, l'écrivain hongrois note avec délice et précision tous les travers de cette ville contre-utopique. On y perd un temps considérable en files d'attente de toutes sortes, les routes sont tellement encombrées qu'il semble être, souvent, plus efficace de s'y déplacer à pied. La pauvreté y est cachée mais omniprésente. L'absence de sens y est consacré et les individus semblent ne plus vivre que dans propre leur micro-bulle, sans jamais être mis à l'épreuve du contact vrai avec son prochain. C'est un monde de l'enfermement, aussi, malgré son immensité. Ou à cause d'elle.

On a souvent jugé que ce roman fantasque était dans la veine des oeuvres d'un Franz Kafka. le rapprochement n'est pas incohérent mais il manque de perspective. A tout prendre, la filiation que lui donne le préfacier de cette belle parution en poche des éditions Zulma, Emmanuel Carrère, est plus parlante : Épépé est une sorte de "Le jour sans fin" - film un peu OVNI avec Bill Murray, excellent, dans le rôle principal où l'on suit les tribulations du même sale type, un journaliste désabusé et désagréable, revivant jour après jour, comme un enfer programmé, les toujours mêmes vingt-quatre heures, celui du "jour de la marmotte", une tradition locale un peu stupide d'un bled pommé et ringard, représentant tout ce que notre reporter déteste -, un jour sans fin, donc, qui se serait perdu dans les ombres dédaléennes et schizophrènes de Brazil...! Livre de l'aliénation, de l'absence d'avenir par incompréhension présente du réel, de la solitude, de l'incommunicabilité, de la froideur de nos temps urbains, Épépé demeure pourtant une énigme : celle d'une oeuvre à nulle autre comparable, ni dans son espace, ni dans son temps, pas plus que dans la bibliographie de son créateur. Qu'il considérait pourtant comme son chef d'oeuvre. Une pépite !
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Budaï, linguiste renommé, se rend à une conférence à Helsinki. Il s'endort paisiblement dans son avion. Quand il se réveille au moment de l'atterrissage, il n'est pas en Finlande, mais dans une ville étrange, dans un pays inconnu dont les habitants parlent une langue qui lui est parfaitement étrangère. Impossible de savoir où il est , sans bagages si ce n'est le petit sac qu'il avait dans l'avion, il se retrouve seul, dans l'impossibilité d'établir une communication avec la multitude des habitants qui se hâtent en masse dans les artères de cette immense cité. Il parvient à s'installer à l'hôtel, à se nourrir, mais malgré sa connaissance de nombreuses langues, il ne peut pas déchiffrer ce nouveau langage qui n'appartient à aucune famille linguistique connue.

Le roman est marqué par l'absence d'ouverture : la ville est sans issue, la langue est incompréhensible mais unique, l'eau ne s'écoule pas, les habitants sont de toutes races et de toutes origines, la nourriture est sans saveur, toujours un peu sucrée...On ne peut s'empêcher de penser au mythe de Babel, l'origine étant ici plutôt un aboutissement, celui d'une société totalitaire, qui a englouti toutes les cultures, hermétique à tout étranger.

Le seul contact humain que Budaï établira avec la fille de l'ascenseur, dont le nom s'apparente à Bébé, epépé, sera éphémère tant l'absence d'un langage commun rend impossible tout avenir.

L'épisode de la révolte, vite arrêtée par les chars, fait allusion à l'histoire de la Hongrie comme d'ailleurs tout le roman à l'absurdité du régime soviétique. Car au delà du problème de la langue, il y a l'inhumanité d'une société régie par des règles qui excluent tout sentiment humain...Ce qui peut s'appliquer à toutes nos sociétés modernes...

Coup de coeur pour ce roman très original à l'ambiance kafkaïenne.
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critiques presse (3)
NonFiction
31 juillet 2015
On pourrait croire que ne plus avoir de langue comprise par les autres, c’est se perdre dans l’indéfinissable, sombrer dans la folie. Mais le pire est ailleurs…car la langue n’est pas ce qui fait la nation et l’homme.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Bibliobs
04 août 2014
L’idée de ce survival kafkaïen, publié en 1970, est particulièrement angoissante: parfois, on échoue même à fuir.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
18 septembre 2013
Une œuvre aussi drôle qu'inquiétante, entre Kafka et Perec. On en sort fébrile et merveilleusement dérouté.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Il essaye une fois de plus de repenser toute cette invraisemblable affaire, se fie à sa logique, à cette faculté de raisonner qu'il a développée au fil de ses travaux scientifiques, et également, et ce n'est pas le moins, à son expérience de voyageur, puisqu'en effet depuis ses années d'études il a beaucoup roulé sa bosse à l'étranger. Mais rien à faire, il a beau tourner et retourner les événements des dernières vingts-quatre heures, il ne trouve pas où réside le "hic", ce qu'il aurait dû faire autrement, s'adresser où, à qui, qu'aurait-il dû faire d'autre ou de mieux. Et s'il n'a pas le moindre doute que le malentendu qui l'a conduit ici va tôt ou tard se dissiper, et qu'à ce moment-là il pourra immédiatement poursuivre son voyage vers son but, il se sent à cet instant passablement désemparé : sans amis, sans connaissances et même sans documents, et apparemment complètement abandonné dans une ville absolument inconnue dont il ignore jusqu'au nom, où il ne peut communiquer avec personne, lui, rompu à tant de langues ; tout au moins il n'a pas trouvé jusqu'à présent un seul être avec qui échanger deux mots dans cet inextricable fouillis envahissant de peuple en perpétuel mouvement et perpétuellement accéléré.
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A l'intérieur, une foule de gens attendant à la réception, il faut faire la queue, et lorsque enfin il parvient face à un concierge grisonnant à uniforme sombre, il est talonné par une famille bruyante arrivée avec de nombreux paquets et valises - père, mère e trois jeunes enfants turbulents et incontrôlables - qui le poussent vers l'avant, le pressent avec une impatience mal dissimulée ; tout se passe ensuite très vite, quasiment sans sa participation. Il parle au concierge en finnois, celui-ci ne le comprend pas, alors en anglais, en français, en allemand, en russe, visiblement sans plus de succès : il lui répond dans une autre langue mais c'est Budaï qui ne la connaît pas. Il présente son passeport, le concierge le prend, sans doute pour noter son état civil, et il lui tend une clé de chambre munie d'une boule de cuivre. Un chèque de voyage est glissé dans le passeport de Budaï, ce sont les indemnités journalières qui lui ont été versées pour son séjour à l'étranger, le concierge le prend aussi, manipule rapidement sa calculatrice, lit l'écran, remplit un imprimé tamponné, un mandat en monnaie locale qu'il lui tend accompagné d'un discours volubile. Budaï tente de protester, il n'avait pas l'intention de changer son chèque à cet endroit, mais on ne le comprend pas, dans son dos il est de plus en plus poussé par la famille nombreuse impatiente d'accéder au comptoir et par les piaillements des enfants. Le concierge lui désigne le guichet de caisse voisin : jugeant tout effort supplémentaire inutile, il cède sa place et passe au guichet indiqué.
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Roman fascinant s’il est en sur la perte de contrôle de sa vie, de son trajet de vie, de son quotidien, voire sur la maîtrise de son identité que l’on conserve à condition de garder la maîtrise des paramètres qui font exister ladite identité. Pourtant, Budaï résistera autant qu’il le pourra…
Budaï est un linguiste qui a son actif plusieurs langues, il sait en décortiquer les étymologies, il jongle avec les déclinaisons, les particularités linguistiques comme le peintre le fait avec les couleurs de sa palette, et c’est justement une nouvelle langue qui va causer son effroi, sa chute, sa désespérance et ses errances. Au départ, Budaï doit se rendre à Helsinki ù il doit prendre la parole dans la cadre d’une série de conférences, il a donc quitté son sol hongrois natal lorsque nous faisons connaissance avec lui, il s’est endormi durant le vol et a quitté un aéroport tout en suivant la mouvance que forme le cortège des autres passagers, et monte dans un bus jusqu’à arriver dans l’entrée dans un hôtel mi-ensommeillé, mi-propulsé par tous ceux qui le précèdent, et voilà que le quiproquo se révèle…
Il est dans un établissement hôtelier qui ne parle aucune langue connue de lui, personne ne le comprend, et il ne comprend personne. Il prend la clé que la réceptionniste lui tend, il tend son passeport, il obtient contre son chèque des échantillons d’un monnaie locale qui ne feront pas long feu, et voici Budaï qui se lance dans ce nouveau pari de découvrir où il se trouve, comment dialoguer un tant soit peu avec les autochtones, comment repérer les rails menant à une gare, ou comment explorer les rues des divers quartiers qui s’offrent à ses explorations afin de trouver l’aéroport salvateur qui le fera sortir de ce cauchemar…
Ce texte écrit à la troisième personne est néanmoins un long monologue intérieur où le héros se débat dans une toile d’araignée qui le rend invisible à (presque) tous, il montre le cauchemar de celui qui n’a personne avec qui entamer le moindre début d’une conversation intelligible, personne pour lui demander de ses nouvelles, personne qui sollicite le moindre ses regards, de même que (presque) personne ne répond à tous ceux qu’il dispense à longueurs de pérégrinations…
Alors Budaï, avant et même après le désespoir, observe, tente de décortiquer ce monde nouveau qui le garde prisonnier, sans même que le géôlier ni le prisonnier ne l’ait jamais voulu ou planifié, et Budaï voit un monde toujours en agitation, avec des foules et des files d’attente toujours longues pour effectuer le moindre achat, des personnes toujours pressées, des immeubles qui poussent comme des champignons, et une absence totale de scènes de compassion, de sollicitude, de tendresse, ou même de repos doucement partagé à deux ou à plusieurs…
Nous sommes dans les années 70 (avec tout son cortège de bouleversements historiques), et justement, Budaï vient-il de la Hongrie des années 70 avant d’atterrir dans ce monde qui semble n’être relié à rien de ce qui fait son monde, et le voici, perdu, éperdu et en quête de sens sur cet univers où règnent l’impossibilité de communiquer, où l’empathie a déserté, où seul importe de tracer son chemin sans souci des autres ni même de soi, où la nécessité de consommer, de travailler et de courir ont annulé toute propension à s’intéresser à ce qui pourrait exister en dehors de cette spirale auto-suffisante et auto-castratrice. Là-bas, nulle aspiration à être soi ne paraît exister, seule importe que vous sachiez fonctionner au sein du système, et si celui-ci aspire votre individualité, c’est que cette dernière n’a tout simplement pas lieu d’être…
Pourtant, la fin du roman s’enclenche sur un rythme tout autre, les armes prennent la parole et le quotidien de Budaï se trouve de nouveau percuté par des évènements qu’il n’a pas sollicités, et par des individus qu’il choisit un temps de suivre parce qu’il n’a pas mieux à espérer qu’un peu d’espoir venu d’une rencontre inédite, d’un flux d’énergie qui pourrait rompre cette vie imposée qu’il sait un tant soit peu déchiffrer, à défaut de véritablement la maîtriser et la comprendre… Malgré tout, Budaï, fait son mieux afin de conserver les particularités de son individualité, et c’est sans doute le plus noble de nos possibles combats personnels ; et c’est sans doute ce qui lui permettra de voir s’ouvrir à lui une perspective quelque peu prometteuse…
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À son réveil le temps est tout aussi triste et grisâtre que la veille. Sa tête est de nouveau embrumée et vaseuse, pleine de de remords et de dégoût, pourquoi a-t-il encore tant bu ; il s'en veut comme d'avoir failli à une résolution. Il n'ose pas repenser à ses deux dernières journées, tout son être est assailli d'un sentiment de culpabilité, la seule chose qu'il voit maintenant avec une clarté parfaite et cruelle, très nettement, c'est que cela ne peut plus durer. Sous la douche il ouvre seulement le robinet d'eau froide, s'ébroue en frissonnant sous le jet. Il faut impérativement se réveiller, échapper à ce cauchemar, à cette folie : cela ne peut pas continuer ! non, cela ne peut pas continuer !
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Dans cette place une autre rue débouche tout aussi mouvementée, le torrent des voitures glisse sous un large portique surmonté de tours superposées, un parapet en hauteur, des meurtrières et par-dessus une coupole. Cela lui paraît connu, mais il ne sait pas d'où; il va l'observer de tous cotés et cela lui revient : c'est dans le hall de son hôtel, dans la boutique de souvenirs, sur les porte-clés, qu'il a vu une image de ce monument. Quand, à quelle époque a-t-il été construit, dans quel style, il serait assez difficile de le dire, la partie inférieure, les fenêtres ogivales paraissent peut-être gothiques, tandis que le globe de la coupole présente plutôt un caractère oriental, mauresque. Cette tour devait servir autrefois de défense militaire, et ce genre d'édifice, tout au moins aux yeux de profanes comme Budaï, se ressemblent tous plus ou moins avec leur masse imposante, leurs pierres brutes et difformes, leur vocation implacable : les burgus romains, les tours de garde médiévales et même la grande muraille de Chine.
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