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EAN : 9782213715018
380 pages
Fayard (17/02/2021)
4.3/5   65 notes
Résumé :
Tout le monde en France connaît l'histoire d'Oskar Schindler, qui a sauvé un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais on connaît beaucoup moins l'exploit de Felix Kersten, et pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs, [...] au péril de sa propre vie ». Encore, à l'issue du récit qui va suivre, de tels chiffres semb... >Voir plus
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Grâce à Joseph Kessel et à son magnifique roman - Les mains du miracle -, j'ai découvert, sur le tard, l'existence de ce personnage fabuleux que fut, qu'est Felix Kersten.
L'histoire de celui qui fut le "médecin" personnel d'Himmler de 1939 à 1945, que le Reichsführer, le nazi qui a sur la conscience la mort de millions d'êtres humains à travers l'Europe, appelait son " bouddha magique", m'a d'emblée intrigué.
En effet, comment croire à cette histoire incroyable de Juste ayant sauvé tant de vies grâce à son emprise sur celui dont l'unique conscience avait pour nom Adolf Hitler ?
Comment expliquer cette relation quasi "amicale", elle semble l'avoir été pour le fanatique criminel SS, entre l'homme aux mains sales et celui grâce auxquelles ses mains aux nombreux pouvoirs de guérison, ont permis d'arracher à la mort tant de pauvres diables oubliés de Dieu et de trop d'hommes ?
J'étais donc resté sur une conviction kesselienne... qu'il me fallait conforter... voire démentir.
Quoi ou qui de mieux lorsqu'on est confronté à un questionnement relatif à L Histoire contemporaine, qu'un historien spécialisé en histoire contemporaine ?
François Kersaudy est justement un historien spécialiste de l'histoire contemporaine, qu'il a enseignée à Oxford.
Il est par ailleurs le seul biographe français de Göring, de Mountbatten et de MacArthur.
Ajoutons à cela qu'il est spécialiste de l'oeuvre du général De Gaulle et de celle de Winston Churchill, dont il a retraduit les Mémoires de guerre et qu'il parle couramment 9 langues...j'allais oublier : qu'il est internationalement reconnu... nous avons là un CV et un homme digne(s) de confiance.
Et le hasard ( c'est le mot qui me vient...) faisant, les quelques fois où l'envie lui prend, bien les choses, François Kersaudy a sorti le 17 février dernier... soit à peu près au moment même où je découvrais le livre de Kessel - Les mains du miracle -, un ouvrage traitant du "cas Kersten", non pas d'un point de vue romancé mais du point de vue du travail sérieux et sans complaisance de l'historien... étonnant, non ?
La confrontation entre les deux approches pouvait se faire... elle s'est faite.
Pour mémoire, une brève parenthèse.
Felix Kersten est né en 1898 à Tartu, aujourd'hui petite ville d'Estonie, alors sous occupation russe, de parents allemands.
Enfant dissipé, élève médiocre... il n'aura pas son bac... il fait des études d'agronomie en Allemagne, dont il sort diplômé en 1916.
En 1917, il est incorporé dans l'armée allemande et participera à la Grande Guerre... sans avoir combattu.
En 1919 il rejoint la Finlande pour combattre l'Armée rouge afin de libérer les pays baltes.
Il obtient la citoyenneté finlandaise.
Ayant contacté un RAA , il est hospitalisé dans un hôpital militaire d'Helsinki où il se découvre et où on (des médecins) lui découvre des talents de masseur guérisseur.
Durant deux ans il suit une formation intense en massage finlandais, et obtient en 1921 un diplôme de massage scientifique.
En 1922 il s'installe à Berlin pour y parfaire sa technique.
On lui présente le Dr Kô, lama tibétain « initié pendant quatorze ans au sciences médicales chinoises et tibétaines » puis diplômé de la faculté de médecine de Londres. Tout en poursuivant les cours à la faculté de médecine, Kersten devient le disciple du Dr Kô.
À son départ pour la Chine, ce dernier lui laisse sa patientèle.
S'ensuivent dix années durant lesquelles Kersten acquiert une grande notoriété dans son domaine, se constitue un carnet d'adresses international, un patrimoine, se marie.
1939, un de ses patients lui demande une faveur... rencontrer Heinrich Himmler qui souffre de violentes "crampes d'estomac"... que l'allopathie de l'époque ne parvient plus à soulager.
Hésitant dans un premier temps, Kersten finit par accepter.
Ses mains seules parviennent à soulager Himmler, qui en fait son médecin personnel.
Durant presque six ans "ce couple improbable" va constituer la paire la plus incroyable qui soit.
D'un côté le criminel fanatique SS génocidaire.
De l'autre le Juste, qui grâce à ses mains et au pouvoir qu'elles ont sur les maux de l'âme damnée d'Hitler, va obtenir d'innombrables faveurs... sous la forme de grâces, de libérations, de peines commuées...
Dans son ouvrage... que je vous laisse découvrir - Kersaudy nuance le tableau romancé qu'en a fait Kessel.
Il corrige les faits qui ont lieu de l'être, et vous verrez qu'il y en a quelques- uns... les dates, pour beaucoup d'entre elles, fausses... Kersaudy en donne la ou les raisons.
Mais le corpus de Kessel... à peu de chose près ... est corroboré par l'historien.
Là où Kessel arrête son roman... la fin de la guerre... Kersaudy joue les prolongations jusqu'à la mort de Kersten le 16 avril 1960.
Et c'est, à mon avis, une des parties les plus intéressantes de son travail.
Car après la guerre, pour le "bouddha magique" d'Himmler, réfugié en Suède et attendant d'obtenir la nationalité de son pays d'adoption, les choses tournent à l'aigre.
Le comte Bernadotte , qui n'a été que "le garçon de course" de Kersten, s'approprie le mérite d'une grande partie des actions humanitaires et héroïques du médecin.
Il écrit un livre qui devient un best-seller, est honoré dans le monde entier... menace Kersten, le fait chanter... il ne doit rien dire sous peine d'être expatrié en Finlande où les Russes le feraient disparaître à leur manière.
Intrigues politiques, campagnes de presse hostiles, menaces... Kersten traverse des années difficiles.
Le destin a plus d'un tour dans l'un de ses sacs.
En Hollande, le professeur Posthumus ( ça ne s'invente pas... !!! ), membre de l'Académie des sciences et fondateur du tout nouvel Institut néerlandais de documentation sur la guerre, s'intéresse au cas du "collaborateur nazi" Felix Kerten. Cette affaire pour lui n'est pas claire.
Il s'en ouvre au Premier ministre Willem Drees, qui le charge de nommer une commission restreinte et de faire la lumière sur le cas de cet étrange médecin.
Il faudra attendre le 12 janvier 1950 pour que cette commission d'enquête, la commission Snouck-Hurgronge "fasse justice de toutes les accusations portées contre Kersten, puis confirme la plupart de ses initiatives passées au prnavires de vivres suédois dans les ports néerlandais lors de l'épisode de famine de l'hiver 1944-1945 ; le transport à Stockholm de courriers importants de la Résistance néerlandaise pour transmission au gouvernement en exil à Londres ; la libération de femmes néerlandaises détenues à Ravensbrück ; le sauvetage de 2700 Juifs envoyés en Suisse, de 3700 Juifs transportés en Suède et de 63 000 autres juifs préservés de l'anéantissement " parmi lesquels se trouvait nécessairement un grand ofit des Pays-Bas : la libération de nombre de sujets néerlandais arrêtés pour faits de résistance ; la levée de l'interdiction de décharger des nombre de Hollandais" ; la non-exécution par Himmler d'un ordre du Führer de faire sauter les camps de concentration avec tous leurs prisonniers - hollandais compris - à l'approche des Alliés ; le contrordre obtenu d'Himmler concernant la destruction de Clingendael et le dynamitage des digues autour de la Haye. Pour tous ces éléments, les auteurs de la commission parlent de "témoignages fiables", "documents authentiques" et "preuves surabondantes".
Outre le rapport rendu par cette commission, il y a le Mémorandum de la section suédoise du Congrès juif Mondial, le Congrès juif mondial lui-même, les travaux des historiens... tous vont dans le même sens : Felix Kersten a profité de ses fonctions de médecin auprès d'Himmler pour, au péril de sa vie, sauver des dizaines de milliers de vies.
Il était important, comme j'en ai fait mention précédemment, d'avoir le regard d'un historien pour éclairer d'un oeil pour lequel ne comptent que les faits le beau récit romancé de Kessel.
L'un vous fera découvrir un héros... presque sans peur et sans reproches.
L'autre vous fera voir un homme confronté à L Histoire, qui fait face à son destin, avec ses forces et ses faiblesses, ses vérités et ses "mensonges", ses actes héroïques et ses faiblesses.
Mais au bout du compte, l'un et l'autre vous auront parlé d'un homme qui fait honneur à ce mot et que certains appellent un Juste.
Un livre d'histoire que je vous conseille de lire après ( ou avant...) la lecture du roman de Kessel.
Il est venu le temps de reconstruire les cathédrales et de changer le nom des héros dans ce monde où le plus beau reste à faire !
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J'avais apprécié Les mains du miracle de Joseph Kessel, une biographie romancée consacrée au thérapeute masseur Kersten soulageant avec talent les douleurs du fanatique tortionnaire Himmler. En échange de ses soins magistraux, et en prenant de sérieuses responsabilités et d'infinis risques, il va échanger son savoir guérisseur contre la libération d'une multitude de gens, nombre estimé entre 100 000 dont 60 000 Juifs.
J'ai retrouvé cette histoire, beaucoup plus développée, avec plus de précisions historiques. Il m'a fallu encore un temps certain pour lire les 500 pages de ce récit, car on y croise de très nombreux personnages : Chefs nazis radicaux , et surtout bon nombre de personnages, condamnés, incarcérés, suspectés, pour lesquels interviendra sans relâche Felix Kersten, et comme à l'accoutumée, j'ai fait pour bon nombre d'eux, des recherches complémentaires sur internet.
Lecture addictive et très enrichissante.
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Les Justes parmi les nations (https://www.yadvashem.org/fr/justes.html). Ce sont les gens qui ont protégé ou sauvé des Juifs lors de la deuxième guerre, souvent risquant leur propre vie. Ils sont très nombreux, mais il y a quelques uns qui se détachent du lot par la quantité de personnes sauvées.

On connaît tous la "Liste de Schindler", un livre écrit par Thomas Keneally, porté au cinéma (https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Liste_de_Schindler). Oskar Schindler a sauvé de l'ordre de 1200 juifs.

Mais Felix Kersten a sauvé beaucoup plus, estimé à 100.000 dont 60.000 Juifs. Cette histoire avait déjà été raconté par Joseph Kessel dans le livre "Les mains du miracle", suite à des rencontres entre l'auteur et Kersten. La différence avec celui-ci est que Kersaudy a fait un travail d'historien avec des recherches approfondies et plusieurs sources.

Felix Kersten a été un médecin de nationalité finlandaise qui exerçait son métier entre Berlin et La Haye. Son spécialité était le massage qu'il appelait "thérapie phisio-neurale".

Début 1939, un de ses patients lui demande d'aller voir Heinrich Himmler qui souffrait des crampes de estomac très douloureuses et dont aucun médecin n'arrivait pas à soulager. En effet, il semblerait que la cause des maux de Himmler était le stress causé non seulement par l'ambiance de guerre mais aussi par la mésentente avec les autres membres du gouvernement nazi : Goebbels, Goêring, ... En effet, la méthode de Kersten a montré son efficacité dès la première consultation et séance de massage. Il est alors devenu le médecin attitré de Himmler, à sa disposition. Kersten devait même l'accompagner lors de ses déplacements plus longs.

En fait, Kersten recevait de listes de personnes à sauver ou libérer, le nombre variait entre quelques uns à une centaine. Ces listes venaient, au départ, du Pays Bas. Kersten profitait des séances de massage pour convaincre Himmler de faire des gestes vers les personnes des listes. Himmler accédait quasiment à chaque fois. Il faut comprendre que Kersten avec un grand pouvoir de persuasion ou manipulation.

À la fin de la guerre, après 1944, les chiffres ont beaucoup augmenté et il s'agissait surtout de sauver des gens qui étaient internés. Ces dernières demandes venaient surtout de la Suède. Himmler a même désobéit l'ordre de Hitler de dynamiter les camps de concentration : un d'entre eux était Bergen-Belsen où Simone Weil était internée. Juste après la guerre le mérite de l'intervention de Kersten a été accaparée par le Comte Bernadotte, un suédois, qui a même tout fait pour que la nationalité suédoise ne soit pas accordée à Kersten. Ce n'est qu'en 1953 que le mérite de tout ça a été accordé à Kersten. Mais, les Juifs, dès la fin de la guerre avaient déjà attribué le titre de Juste parmi les Nations à Kersten.

Mais un point très intéressant de ce livre est sur une autre facette de la personnalité de Himmler. C'était, sans aucun doute, un antisémite, terrible. Il a assisté personnellement et impassible des exécutions en passe aussi bien par balle que dans les chambres à gaz. En tant que patron de la Gestapo et des SS il était le plus haut responsable de la Solution finale. Et pourtant, Kersten a été capable de lui convaincre de faire des gestes humanistes envers les Juifs. Je ne crois pas que cela aurait pu marcher avec, par exemple, Reinhard Heydrich. Il était peureux et essayait autant que possible de faire faire. Ça confirme peut-être la thèse de Hannah Arendt, de la banalité du mal. J'ai lu beaucoup sur des événements auxquels il a participé mais pas, encore, sa biographie. Ce livre m'incite de le faire.

Livre très facile à lire. Peut-être trop détaillé, mais c'est de l'histoire et cela est sans doute nécessaire.
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François Kersaudy est un historien mondialement reconnu de la Seconde Guerre Mondiale. Avec l'ouvrage « La liste de Kersten – un juste parmi les démons », il réhabilite la mémoire de Felix Kersten en menant un véritable travail d'historien. A partir des notes prises par Felix Kersten, ses réminiscences d'après-guerre, les Mémoire de témoins, les documents diplomatiques, les rapports officiels… François Kersaudy retrace le parcours exceptionnel du médecin personnel d' Himmler. Felix Kersten est né en 1898, dans une famille allemande, en Livonie (aujourd'hui l'Estonie), alors occupée par l'Empire Russe. Il participe à la Première guerre Mondiale sous l'uniforme allemand, puis combat l'Armée Rouge sous le drapeau finlandais. Il acquiert la citoyenneté finlandaise. Lors d'un séjour à l'hôpital, il révèle, par les massages, un don de guérison. Il obtient, en 1921, le diplôme de « massage scientifique ». Il part à Berlin, approfondit son talent auprès du Docteur Kö, lama chinois initié aux sciences médicales asiatiques. La réputation de Félix Kersten passe les frontières, il soigne des personnalités, aristocrates.. Il est approché pour examiner le cas d'Heinrich Himmler, Reichführer SS et chef de la police allemande. de 1939 à 1945, il est régulièrement appelé à soigner Himmler. Sur la toile de fond historique de la Seconde Guerre Mondiale, l'auteur retrace le parcours de Kersten. Petit à petit, Kersten noue des liens, reçoit les confidences d'Himmler et avance des demandes qui visent à épargner des juifs, des prisonniers. Il dresse des listes nominales de plus en plus longues, réussit à envoyer des vivres aux Pays Bas, colis aux juifs.. Il dissuade Himmler d'obéir à l'ordre d'Hitler d'anéantir les camps de concentration. François Kersaudy souligne les rivalités entre dignitaires nazis, l'enfermement d'Hitler dans une spirale suicidaire. La chute du Troisième Reich permet de saisir le chaos qui frappe l'Allemagne, les tentatives infructueuses d'Himmler de négocier avec les alliés occidentaux. La dernière partie réhabilite l'incroyable travail humanitaire de Kersten dont les actions ont permis de sauver plus de 100 000 personnes. Réfugié en Suède après -guerre, il est inquiété pour ses liens avec les nazis. Bernadotte, comte Folke, neveu du roi Gustave V et vice –président de la Croix-Rouge suédoise s'attribue les mérites de Kersten. Une commission néerlandaise rétablit la vérité en 1950, Kristen doit attendre 1953 pour acquérir la nationalité suédoise et la reconnaissance de ses actes. Kersten a confié à Joseph Kessel ses souvenirs et ses documents ; en 1960, l'écrivain a publié un chef d'oeuvre romanesque « Les Mains du miracle ». « La liste de Kersten – un juste parmi les démons » est un livre d'histoire de référence.
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Bonsoir,

Je vous avais parlé en son temps d'une pièce de théâtre formidable « A deux mains la liberté » que j'ai vue au théâtre Lepic. Lorsque j'avais discuté avec l'auteur et les interprètes ils m'avaient conseillé de lire « La liste de Kersten » de François Kersaudy chez @fayard . C'est maintenant chose faite.
Je me suis plongée dans cette histoire que je ne connaissais pas avant la pièce et j'ai adoré presque autant que la pièce. Bien sûr le livre est beaucoup plus détaillé mais l'essentiel était déjà dans la pièce. J'ai retrouvé avec plaisir Félix Kersten et son magnétisme magique qui a soutiré à Himmler le sauvetage de milliers de prisonniers, l'envoi de provisions dans les camps, la prise en charge de certains par la croix rouge, la libération pure et simple de centaines de prisonniers de toute nationalité et de toute confession.
Une plongée dans l'histoire ! Passionnant.
Quatrième de couv. Tout le monde en France connaît l'histoire d'Oskar Schindler, qui a sauvé un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais on connaît beaucoup moins l'exploit de Felix Kersten, et pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs, […] au péril de sa propre vie ». Encore, à l'issue du récit qui va suivre, de tels chiffres sembleront-t-ils passablement sous-évalués.
Un des ouvrages les moins connus et les plus émouvants de Joseph Kessel s'intitule Les mains du miracle. Ce roman retraçait déjà l'exploit du thérapeute d'Himmler qui se faisait rémunérer en libérations de juifs et de résistants – sans que le lecteur puisse toujours distinguer la part de Kessel de celle de Kersten. Pour reconstituer la véritable histoire au travers des archives, des mémoires, des journaux, des notes et des dépositions des principaux protagonistes, il fallait un historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, qui connaisse également l'allemand, l'anglais, le suédois, le norvégien, le danois et le néerlandais. le résultat est un récit de terreur, de lâcheté, de générosité, de fanatisme et d'héroïsme qui tiendra jusqu'au bout le lecteur en haleine. Combien de fois dans l'existence rencontre-t-on un périple de cette envergure – sans un mot de fiction ?

le professeur François Kersaudy, qui a enseigné aux universités d'Oxford et de Paris I, est connu en France pour ses ouvrages sur Winston Churchill et sur le général De Gaulle. Mais il est également l'auteur d'une biographie du maréchal Goering qui fait autorité, ainsi que du best-seller Les secrets du Troisième Reich. Historien polyglotte, il parle neuf langues et a reçu douze prix littéraires français et étrangers.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
(p. 214)

Kersten n'a menti que partiellement à Wulff en décrivant Himmler comme "aimable et sympathique" : c'est une face du Reichsführer qu'il connaît bien, celle de l'hôte parfait, du joyeux convive, du bon père de familles*, de l'ami des animaux, du passionné d'histoire médiévale, des religions et des sciences occultes. Mais il connaît aussi les faces les plus sombres de l'exécutant servile, de l'idéologue fanatique, du politicien retors, du fonctionnaire besogneux, du satrape craintif, du militaire par procuration, du potentat indécis et du bourreau implacable - l'ensemble se confondant toujours et se contredisant souvent. "J'ai remarqué, écrira Kersten en observateur attentif, que non seulement Himmler avait peur des hauts personnages du parti, mais qu'en outre il avait très peu de pouvoir sur eux. Il était disposé à leur faire d'amples concessions pour éviter les conflits et les ruptures. [...] Il avait souvent le mot de l'histoire à la bouche. Pas un instant il ne doutait du fait que sa place était assurée au panthéon des célébrités : il pouvait manquer d'assurance de son vivant, mais il était absolument sûr d'être honoré après sa mort. [...] Il faisait en sorte de se tenir dans l'ombre et de laisser agir les autres ; mais cet être rusé était passé maître dans l'art d'utiliser les faiblesses de ses adversaires et de les monter les uns contre les autre. Avec toutes ses limites, il pouvait aussi être honnête : une fois qu'il avait donné sa parole, il la tenait. L'honneur, l'histoire, le Führer et la camaraderie - ltels étaient ses grands slogans".
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Ce n’est pas l’Angleterre décente qui nous a déclaré la guerre, c’est celle des juifs anglais. Voilà ce qui rassure le Führer. Malgré tout, l’Angleterre va souffrir de cette guerre ; le Führer est fermement résolu à laisser la Luftwaffe éradiquer ville après ville, jusqu’à ce que les bons éléments en Angleterre comprennent à quoi les juifs ont mené leur pays. Lorsqu’ils demanderont l’arrêt des hostilités, ils se verront accorder une paix généreuse en contrepartie de la livraison de tous leurs juifs à l’Allemagne. C’est fait, l’Allemagne en arrivera à donner à l’Angleterre la place qui lui revient dans le monde. Les Anglais étant des Germains, le Führer les traitera en frères.
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Dans la capitale allemande, ses patients, devenus pour la plupart de fidèles amis, lui racontent tout ce qui se murmure dans les milieux d’affaires berlinois : Joachim von Ribbentrop, le nouveau ministre des affaires étrangères dont la suffisance n’a d’égale que l’incompétence, veut entraîner le Führer dans une guerre contre L’Angleterre, le maréchal Goering, morphinomane ventripotent et maître du plan quadriennal, cherche à monopoliser l’ensemble de l’industrie allemande au service d’un réarmement à outrance ; Joseph Goebbels, nain venimeux, orateur fanatique et premiers satyre du Reich est l’organisateur des pires débordements du régime depuis l’incendie du Reichstag jusqu’à la Nuit de cristal ; le Reichleiter Robert Ley, chef hautement alcoolisé de l’Abeitsfront, à érigé La corruption en industrie à outrance. Pourtant, c’est l’ancien ingénieur agronome et éleveur de poulet Henri h Himmler, Reichführer SS et chef de la police allemande qui reste l’homme le plus redouté d’Allemagne ‑et à juste titre ses 280 SS ont constitué la première garde rapprochée du Führer .…
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Himmler conservait donc un épais dossier contenant des pièces compromettantes pour son subordonné Heydrich, qui en avait lui-même constitué un de même nature sur son chef Himmler. C’est ce qui explique, dès le décès de Heydrich, le Reichsführer se soit précipité à son chevet pour récupérer les clés de son coffre ! Il ne faut jamais l’oublier : nous sommes au beau milieu d’un nid de scorpions.
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Tout le monde en France connaît l'histoire d'Oskar Schindler, qui a sauvé un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais on connaît beaucoup moins l'exploit de Felix Kersten, et pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs, […] au péril de sa propre vie ». Encore, à l'issue du récit qui va suivre, de tels chiffres sembleront-t-ils passablement sous-évalués.
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Vidéo de François Kersaudy
Extrait de "Winston Churchill" de François Kersaudy lu par Vincent Schmitt. Editions Audiolib. Parution le 13 février 2019.
Pour en savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre-audio/winston-churchill-le-pouvoir-de-limagination-9782367628233
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