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EAN : 9782072780165
144 pages
Gallimard (03/05/2018)
3.94/5   25 notes
Résumé :
«C'était avant la guerre quatre inséparables dont le plus âgé avait 82 ans et le plus jeune 75.
Toujours à la même heure, toujours dans la même direction, par tous les temps, ils faisaient leur promenade sur la fine route blanche, ombragée par les charmes, qui passe devant Arras. La guerre vint.
Et toujours à la même heure, dans la même direction, sur la fine route blanche, éventrée par les obus, vérolée par la pluie des shrapnells, sous les charmes él... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Première mondiale » est un assemblage de textes : un cahier contenant vingt deux écrits rédigés au cours du mois de novembre 1914 entre le 6 et le 22 et de trois nouvelles composées ultérieurement entre 1915 et 1916.
Les postfaces d'Olivier Weber ( écrivain, grand reporter, diplomate , correspondant de guerre , maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, président du Prix Joseph-Kessel, -il a,lui-même,obtenu le Prix Joseph Kessel en 1998- ,ambassadeur de France itinérant de 2008 à 2013 ...) et plus particulièrement celle de Pascal Genot (qui enseigne le français, le latin et l'histoire-géo et prépare actuellement un livre sur l'oeuvre de Joseph Kessel) nous permettent d'en connaitre un peu plus sur leur origine.
En 1914, Joseph Kessel n'a que 16 ans, un peu trop jeune pour servir de chair à canon, alors il s'engage comme bénévole dans un hôpital niçois accueillant les soldats blessés.
Plus tard, il regagne Paris , ne prend encore pas les armes mais la plume , se sera son baptême du feu en tant que journaliste au Journal des débats où, notamment, il traduira les câbles et messages en provenance du front Russe.
Puis , en 1917, il s'enrôle dans l'aviation et rejoint la fameuse escadrille S 39 , celle des As des as.
Tous ces textes sont autant de petites touches réalistes , des faits et gestes recueillis , des témoignages singuliers, poignants, des anecdotes entendues, des souvenirs personnels vécus , retranscrits sous forme de chroniques et de nouvelles , rendant un vibrant hommage à tous ces hommes blessés, morts, disparus, à cette population civile malmenée par la guerre, mettant en exergue l'essentiel de l'âme humaine, la fraternité, la solidarité, racontant les malheurs charriés par la guerre mais aussi l'espoir, les illusions…

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Lorsque la guerre éclate, Joseph Kessel n'a que seize ans.
Trop jeune pour combattre, il s'engage comme volontaire à l'hôpital de Nice. Cette expérience qui le plonge dans la réalité crue du conflit via la fréquentation des blessés ne peut que l'impressionner fortement. Elle engendre une prise de conscience aigüe des bouleversement que la guerre entraîne chez tous, militaires ou civils.
Il se met alors à écrire ce dont il est témoin ou ce dont il entend parler, sous la forme d'une série de courts textes rassemblés ici et auxquels sont adjointes trois nouvelles rédigées entre 1915 et 1916.

Je connais et j'apprécie Joseph Kessel que j'ai découvert dans le stupéfiant Les mains du miracle, qui m'a bousculée dans l'audacieux Belle de jour et emportée dans l'exaltant L'équipage.
Je connais et j'apprécie la puissance et la richesse de son écriture, sa capacité à sonder les âmes, et son humanité profonde.
Ici, j'ai été éblouie par sa maturité et son intelligence inouïes. N'oublions pas qu'il n'avait que seize ans lorsqu'il rédigea ces premiers écrits !
J'ai été frappée par la finesse de certaines observations, par la culture et la lucidité dont fait preuve ce jeune garçon qui a l'âge d'être encore au lycée.
Je suis émerveillée et les mots si justes que Corneille fait dire à Rodrigue dans le Cid me reviennent en mémoire : "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années."

"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits." nous dit l'article premier de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Bien sûr ! Mais il faut être aveugle ou d'une sacrément mauvaise foi pour ne pas voir que les hommes ne sont pas égaux en talents.
Joseph Kessel en est une preuve irréfutable.

Un livre très intéressant qui dresse le portrait d'une époque, met en avant les horreurs de la guerre et révèle les nombreuses qualités d'un grand écrivain.
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C'est un livre posthume, une sélection d'écrits de l'époque de la Première Guerre mondiale. En trois parties : Cahier de novembre 1914, Trois nouvelles (1915-1916) et Souvenirs autobiographiques de la Première Guerre mondiale.

Vu la date de Copyright (2018), on peut supposer que ce recueil a été fait par quelqu'un d'autre que Joseph Kessel.

Lors de l'écriture de la première partie, 1914, Kessel n'avait que 16 ans et, selon ses propres mots, était encore un écolier, même s'il s'est engagé à l'hôpital de Nice pour soigner les blessés de guerre. Des petits textes d'une ou deux pages semblant être des notes de son journal. Dans ces textes, il affiche une très grande maturité littéraire et intellectuelle pour traiter des sujets assez divers. Peut-être même très évolués pour son âge.

Ensuite, les trois nouvelles : un jeune soldat qui rêvait un uniforme "fantaisie" commandé par sa famille et qui, finalement, n'a pas pu porter. La deuxième nouvelle est en rapport avec la vie dure d'une prostitué à Paris en temps de guerre. Et la troisième, une nouvelle intemporelle, sur une jeune fille domestique abusée par son patron et tombée enceinte. On peut imaginer qu'il s'agit de la fiction ou, alors, inspiration de faits divers de son époque.

La troisième partie, ce sont des souvenirs du temps de la guerre. Donc, sûrement écrits après sur des faits vécus. Lorsqu'il a complété ses 18 ans, donc la majorité, il s'est engagé dans l'Armée de l'Air.

Un livre très intéressent qui se lit d'un trait - juste une centaine de pages. Mais autre l'intérêt du texte, je relève quand même la qualité littéraire qui présageait déjà le grand écrivait qui allait devenir Joseph Kessel.
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Première Guerre mondiale est un recueil de chroniques, témoignages et nouvelles, écrits par le jeune Joseph Kessel. Il contient ses premiers textes journalistiques écrits en novembre 1914 alors qu'il n'est encore qu'un adolescent adolescent puis des nouvelles écrites tout au long de la guerre.

En 1914, Joseph Kessel n'a que 16 ans, trop jeune pour partir dans les tranchées, il devient bénévole dans un hôpital niçois accueillant les soldats blessés.

Puis il devient journaliste au Journal des débats où il traduira, lui qui parle le russe couramment, les câbles et messages en provenance du front Russe. Et en 1917, il s'engage dans l'aviation et rejoint la l'escadrille des As des As, l'escadrille S 39.

Vous le savez, je m'intéresse beaucoup à la grande guerre et lorsque je suis tombée sur ce recueil que je ne connaissais pas, je n'ai pas pu m'empêcher de repartir avec !

D'autant que je n'avais jamais lu Joseph Kessel auparavant et ces textes et nouvelles très bien écrits m'ont confirmé mon envie de découvrir son oeuvre romanesque et notamment L'armée des ombres et le tour du malheur.

Ces souvenirs autobiographiques sont tantôt éminemment politiques tantôt plus humaines où Joseph Kessel s'inspire de ses expériences : il raconte ses débuts d'acteur sur les planches, son bénévolat à l'hôpital, son engagement dans l'aviation, et nous livre des témoignages de Pioupiou parfois assez bouleversants.

Ces trois nouvelles à la fois assez bouleversantes par leurs sujets mais avec des pointes d'humour m'ont beaucoup plu tout comme et elles racontent à leur manière tout ce qui fait la première guerre mondiale.

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PREMIÈRE GUERRE MONDIALE de JOSEPH KESSEL
Quelques nouvelles, des réflexions et surtout de très nombreux témoignages sur cette guerre meurtrière. Kessel a seize ans au début des hostilités en 1914, trop jeune pour s'engager il va devenir bénévole dans un hôpital niçois. Il lui faudra attendre 1917 pour s'engager dans l'aviation. de ces quatre années de guerre, il composera ce livre de prime jeunesse confrontée à l'horreur, la mort, les blessures et déjà, malgré les souffrances auxquelles il fait face, un brin d'humour vient rendre les souvenirs plus tolérables, notamment cette courte nouvelles des quatre anciens ( 75 à 82 ans) qui se promènent depuis des années sur le même chemin et qui après le bombardement aux mortiers continuent imperturbablement leur ballade en contournant simplement les énormes trous. Beaucoup de textes émouvants qui évitent un pathos facile pour ne garder que le drame dans sa cruauté.
Un brillant travail journalistique alors que Kessel vient d'avoir 16 ans…
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
(p. 78-79)

La fermeture des magasins serrait les rangs de la foule; et la grande Isabelle roulait plus librement sur ses hanches, frôlait plus hardiment les hommes, avec la peur de rentrer seule, de ne trouver personne à qui elle vendrait cette nuit.

Car souvent déjà, depuis la guerre, la chasse au mâle restait infructueuse.

La première fois - une nuit de décembre - elle avait grelotté deux heures les épaules couvertes d'un âcre brouillard, puis s'était couchée seule, dans son meublé banal, sans inquiétude encore, stupéfaite seulement de ne pas avoir trouvé à s'employer dans ce grand creuset d'accouplements qu'est une nuit parisienne.

Mais de plus en plus fréquents se firent les jours où elle rentra bredouille et elle commença à perdre son assurance de belle traîneuse de trottoirs, confiante en sa chair désirable.

La pénurie d'hommes s'accentuait. Les jeunes gens, ceux qui veulent , qui aiment et qui connaissent l'amour se battaient là-bas, dans cette lutte monstrueuse, à la fois si proche et si lointaine.

Ce soir encore Isabelle ne rencontrerait que des vieillards éteints, des employés voûtés et claudicants. Et si par hasard passait un homme, un vrai, à la souple allure, aux lèvres sensuelles, aux gestes de proie, il avait déjà à son côté une femmes, deux parfois.

D'autres filles se dandinaient avec la même question angoissée sur la figure : "Gagnerai-je mon pain ce soir ?".

Devant un café Isabelle ralentit le pas. Un petit vieux fixait sur elle un regard gélatineux et allumé. Il se décida et l'appelait du doigt: "Tu prends quelque chose ? " Puis, immédiatement, la bouche baveuse, il chuchota : "Combien prends-tu pour la nuit ?"
"Quinze balles, déclara-t-elle".
- Oh, je ne peux pas ma petite, protesta l'autre. Cent sous, si tu veux.
- Tu te fous de moi, riposta-t-elle. Je ne travaille pas à ce prix-là. Au revoir, vieux radis."

Et elle s'en alla, contente au fond. Une heure encore elle arpenta les boulevards. Rien à faire. C'était désespérant.
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Le croiseur Sydney a coulé l'Emden et pour ce succès, en somme peu important, Londres est en fête, les journaux exultent, à toutes les portes éclatent des écriteaux : « submersion de l'Emden », «Emden coulé », etc.
C'est que le petit navire corsaire était devenu la terreur du Pacifique et de l'océan Indien.
[...]
Aussi sa perte est célébrée à l'égal d'une grande victoire. Cependant, la joie n'a rien d'insultant. Au contraire, on dirait qu'il s'y mêle un regret − le regret du chasseur qui a abattu une trop belle bête de proie. Les journaux expriment même un sentiment de franche admiration pour le commandant et l'équipage du « petit léopard des mers .
Au fond l'Angleterre, cette nation de marins estime dans le capitaine Müller ses qualités d'audace et de courtoisie [...].
Car de tous les récits des capitaines et des prisonniers que l'Emden recueillit avant de couler les navires, un fait ressort : c'est la courtoisie du capitaine Müller. Il apparaît vraiment comme un homme accomplissant son devoir avec la sérénité et la franchise d'un bon chevalier antique, un de ceux qui tendent la main à l'ennemi vaincu.
Et les Anglais qui sont une race profondément chevaleresque et loyale admirent cet ennemi qui se battit si bien, qui les exaspéra souvent par ses succès, mais qui jamais ne fut cruel et révéla des qualités de gentleman et de brave marin.
Les journaux saluent cet adversaire par de bonnes paroles et la population ne ménage pas ses louanges au capitaine Müller. Si le capitaine, sauvé du désastre de son bâtiment, est transporté à Londres, il est sûr d'une réception chaude, cordiale et respectueuse.
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En 1915, j'étais âgé de 17 ans et, pour toute expérience humaine, possédais celle d'un écolier.
En 1920 j'avais été journaliste, acteur, soldat, observateur d'aviation et fait le tour du monde avec mon escadrille.
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En passant devant une boîte aux lettres j'ai entendu une toute petite fille demander à sa maman : « Écoute maman, si je mettais une lettre pour mon papa tué, est-ce qu'elle arriverait au Paradis ? »
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La même lassitude étreint les deux groupes, le même dégout du massacre, le même anéantissement physique et moral. Brusquement, d'un accord tacite qu'ils ont lu dans tous les yeux, avec une inquiétude d'abord qui devient une paix lumineuse, ils s'asseyent et défont leurs sacs ; et ces gens qui se sont tués, qui demain enfonceront, les yeux fous, leur baïonnette rouillées de sang, dans les corps tièdes de vie, mangent, assis côte à côte et partagent en frères leur nourriture.

Les ennemis, lundi 16 novembre p. 39-40
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

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