Chevalerie dans les airs.
Description étonnante - et rare je trouve - des équipages aériens de l'armée de l'Air naissante durant la Grande Guerre. Pilotes de chasse chevronnés et observateurs doivent faire équipe dans des duos infernaux au sein du même avion et au-dessus du front implacable des tranchées.
Mais notre héros, le lieutenant Herbillon, est tiraillé par son amour pour la jeune Denise, son devoir de militaire et sa camaraderie dévoué envers Maury son équipier dans les airs... et Denise n'est autre que la femme de Maury...!
Conflit intérieur torturé, culpabilité, respect du devoir.... autant d'ingrédients sulfureux menant à de grandes réflexions philosophiques !
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En pur hasard, mon premier Kessel fut aussi son premier succès en 1923. Il se déroule sur fond de première guerre mondiale. Elle n'y est toutefois pas vue depuis les scarifications glauques et terrifiantes des tranchées mais depuis les ailes des premiers aéroplanes, lesquels viennent de porter la guerre dans les airs. Terre et mer ne suffisaient plus à l'homme pour s'entre déchirer.
Ce qui ne constitue alors pas encore une armée va déjà connaître ses premiers héros. A ceux-là sera épargné l'effroi de l'assaut qui extirpe les malheureux poilus de la boue pour offrir leur poitrine à la mitraille. Vus du ciel, ils deviendront les rampants dans le vocabulaire de la toute nouvelle aviation. Kessel s'était engagé pour faire partie de ces combattants de la troisième dimension. Son expérience servira de décor à ce roman qui n'est cependant pas fondamentalement pas un roman de guerre.
Quand le hasard a voulu constituer un équipage de deux hommes, pilote et observateur-mitrailleur, que le danger lie d'une solide amitié et dont l'un apprend au cours d'une permission à Paris qu'il est l'amant de la femme de son ami, se développe alors un drame cornélien où le devoir le dispute à l'amitié. Les examens de conscience respectifs battent en brèche les élans amoureux autour de valeurs qui magnifient ces nouveaux héros de la guerre moderne. Avec un vocabulaire emprunté au registre épique, Kessel construit un roman dont le dénouement ne trahira pas les élans chevaleresques dont il voulu glorifier ses héros.
Premier Kessel. Sans doute pas le dernier.
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