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sur 1182 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En 1962, dans son discours de réception à l'Académie Française, Joseph Kessel, journaliste, globe-trotter, baroudeur, écrivain, avait tenu à préciser qu'il était « un Russe de naissance, juif de surcroît ». Une façon pour cette personnalité française écrasante aux multiples talents de revendiquer l'universalité de son identité. Plusieurs de ses nombreux romans allaient être adaptés au cinéma : Belle de jour, La Passante du Sans-Souci, L‘Armée des ombres, le Lion. Ce fut ensuite le cas de son roman Les Cavaliers, publié en 1967, considéré par certains comme son chef d'oeuvre, et qui fut porté à l'écran par John Frankenheimer, avec Omar Sharif et Jack Palance.

Joseph Kessel était depuis longtemps fasciné par l'Afghanistan, par ses paysages et ses coutumes ancestrales, parmi lesquelles le Bouzkachi, un jeu violent pratiqué par des cavaliers – les Tchopendoz –, qui s'arrachent par tous les moyens un trophée constitué par la dépouille d'un bouc décapité. le roman est l'aboutissement d'un travail que Kessel avait engagé dix ans plus tôt, par le tournage sur place d'un film documentaire, en association avec son ami Pierre Schoendoerffer, et le récit de l'aventure sous forme d'un reportage.

La pratique du bouzkachi est au coeur du roman. le vieux Toursène a été autrefois un tchopendoz invincible. En dépit des années, son prestige dans la province est resté intact. On s'attend à ce que son fils Ouroz lui succède dans la légende, mais en a-t-il les aptitudes ? L'occasion se présente. Un grand bouzkachi est prévu à Kaboul pour l'anniversaire du roi. Un enjeu important pour le père et pour le fils, mais ont-ils une vision lucide et sincère de cet enjeu ? Dans ses attributions actuelles au sein de vastes écuries privées, Toursène a pu élever et préparer pour Ouroz un étalon aux qualités exceptionnelles de combattant, un « cheval fou » répondant au nom de Jehol.

Ouroz est vaincu et évacué du terrain la jambe brisée. Se sentant humilié, incapable d'assumer sa défaite, il refuse de faire soigner sa fracture. Faisant corps avec sa monture malgré sa blessure, il entreprend au travers du pays un voyage qu'il voudrait rédempteur. Il est accompagné par le fidèle Mekkhi, un palefrenier attaché à Jehol, mais dont la soumission au tchopendoz pourrait être ébranlée lors du périple… histoire de femme, histoire d'argent, histoire de femme et d'argent.

L'occasion pour l'auteur de nous faire visiter l'Afghanistan traditionnel, celui d'avant l'intervention soviétique, la guerre civile, la prise du pouvoir par les Talibans, tous les tristes événements auxquels nous assistons de loin depuis quarante ans et que Joseph Kessel n'aura pas connus. En témoigne l'étape d'Ouroz, de Mekkhi et de Jehol à Bamiyan, où les statues colossales de Bouddha n'ont pas encore été dynamitées par les plus abrutis des fanatiques islamistes.

Dans cet Afghanistan coupé en deux par l'Hindou Kouch, une chaîne montagneuse qui compte de nombreux sommets à plus de six mille mètres, les paysages sont exceptionnels, grandioses. Mais sans dénier la faconde de l'auteur et la profusion de son vocabulaire, les mots sont-ils assez forts pour éveiller notre imagination, alors que l'accès à l'image n'a aujourd'hui plus de limites ?

Restent les traditions, la culture locale, si l'on peut appeler cela de la culture… La violence du bouzkachi, celle des combats de chameaux et de béliers, racontées avec force détails « comme en direct », ne m'ont rien inspiré de positif, pas plus que le culte de l'honneur patriarcal ou les obsessions aussi primaires que primitives de Toursène et d'Ouroz. Invisibilité de la femme, exclue de toute vie sociale, mépris des castes inférieures, jugées serviles et vénales, croyance en la force obscure de démons mystérieux. Resterait au crédit de ces hommes qui se prennent pour des seigneurs l'indifférence au malheur et à la douleur qui leur sert de courage.

On aura compris qu'à l'inverse de la plupart des lectrices et des lecteurs de Joseph Kessel, je n'ai pas été conquis par ce récit d'aventures aux allures de conte exotique, dont les six cents pages m'ont paru interminables.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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En Afghanistan, un tournoi de Bouzkachi est organisé par le roi. Toursène, en son temps était un grand tchopendoz. Aujourd'hui, il peine à se déplacer mais il est le maitre des écuries d'Osman Bay. C'est lui qui choisit les chevaux et les cavaliers qui participeront au grand tournoi. Toursène a un fils, Ouroz, dont il n'apprécie pas vraiment le caractère. Pendant le tournoi, Ouroz se casse la jambe et il s'enfuit ensuite de l'hôpital…
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. L'écriture de Joseph est tellement imagée, chaque chose est décrite de tant de façons que je m'y suis perdue... Mais j'ai insisté et j'ai embarqué dans ces beaux et dangereux décors et ces belles descriptions des personnages. Ils sont déroutants par moments mais ils ont aussi un côté « vrai » parce qu'ils ont tous des aspects sombres. Par contre, avant que la fin arrive, je ne me sentais plus concernée par l'histoire…
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Dans Les Cavaliers, certaines pages sont tout simplement des voyages. La steppe aride vous brûlera les doigts. Les arômes du thé que sert le tchaïkana raviveront votre odorat (covidé ou non) et le concert d'oiseaux vous bercera.

Des plaines désertiques aux lacs sacrés de Band-e-amir, Joseph Kessel nous embarque dans un roman d'aventure qui explore la relation conflictuelle entre un père et son fils et où son incroyable talent de conteur parvient à restituer l'âme de l'Afghanistan des années 60 et ses mille et unes saveurs, odeurs, étoffes. Rien n'échappe à son oeil aiguisé qui retranscrit aussi bien la topographie des lieux et ses rites qu'il magnifie l'âpre et parfois même détestable âme de ses personnages.

Il y a d'abord le père, Toursène, ex tchopendoz -c'est-à-dire cavalier- émérite du bouzkachi, le sport équestre afghan et désormais chargé de la sélection et de l'entretien des chevaux pour cette activité ; son fils, l'orgueilleux Ouroz, acculé par la réputation de son père et qui cherche désespérément une issue qui ne le décevra pas et enfin Mokkhi son serviteur. Autour d'eux gravitent d'autres personnes comme Guardi Gued (conteur de l'histoire et des légendes du pays) et Zéré, une nomade qui va venir troubler ce monde d'hommes (les femmes n'ont pas le droit d'assister à ce sport).

C'est d'ailleurs le seul reproche que j'adresse à l'ouvrage. J'ai trouvé que ce personnage manquait de nuances (son seul trait de caractère est d'être vénale) et son traitement et sa fonction dans le récit m'ont gênée. de façon générale, les personnages ne sont pas attachants (ce qui n'est pas un problème me concernant), à l'exception notable de Jehol, le cheval dont Ouroz et Toursène se disputent l'amour, qui réunit plus de qualités que tous les protagonistes réunis et dont je peux encore sentir les frémissements sous mes caresses (laissez-moi, je ne veux pas le quitter !).

J'en profite d'ailleurs pour signaler aux âmes sensibles que la lecture est parsemée de passages difficiles concernant notamment l'asservissement des animaux (dressage, combats).

•°•°•°• A lire tout particulièrement si :
- vous cherchez une lecture dépaysante ;
- vous n'avez pas besoin d'approuver les actions d'un personnage pour apprécier votre lecture ;
- vous avez vibré devant Cheval de guerre ou pleuré devant Spirit (attendez de découvrir Jehol) ;
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Une lecture en demi-teinte pour moi. Il s'agit du troisième roman de l'auteur et jusqu'ici j'ai toujours beaucoup aimé.
Les cavaliers est un roman profondément dépaysant. Une découverte de l'Afganistan, de ses coutumes et de ses traditions grace à la très belle écriture de Joseph Kessel et à son style très imagé. Je me suis laissée emporter dans ces paysages grandioses. Je me suis nourrie de la philosophie du sage Guardi Guedj. J'ai aimé chevaucher auprès de Jehol.
Mais.... mais que de longueurs dans ce roman fleuve. Et puis les personnages de Toursène et de son fils Ouroz m'ont rebuté. Leur caractère vil, violent, hautain, sournois. Leur comportement d'une violence inouïe envers l'autre m'ont fait frémir. Suis-je peut-être trop sensible pour ce genre de personnage, mais parfois c'est au-delà du soutenable.
Je suis bien contente de l'avoir lu, mais aussi bien contente de l'avoir refermé.
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Le cadre du roman est un pays qui était en marge du monde, l'Afghanistan, à l'époque lointaine où il n'était pas encore devenu un enjeu majeur de la géopolitique. La mentalité des fiers Afghans, leur mode de vie aventureux, leurs passions particulières (notamment pour les chevaux) y sont évoqués tout le long du roman.
Le point de départ de l'histoire est un jeu très brutal, le "bouzkachi", auquel Ouroz participe avec son magnifique étalon. Ouroz, blessé à cette occasion, refusant d'être soigné à l'hôpital par une Européenne, s'enfuit à travers la montagne. Une large part du livre est consacrée à ce périple.
A priori, il s'agit d'un roman d'aventures comme J. Kessel sait (très bien) les écrire. Tous les ressorts essentiels sont bien là: un contexte tout à fait exotique, des personnages principaux qui sont des "durs" (mais quand même attachants), les indispensables péripéties qui émaillent l'aventure, un certain "suspense"... Pourtant, je le confesse, j'ai trouvé le livre un peu long et j'ai même été tenté de sauter des pages. Pour moi, le chef d'oeuvre de J. Kessel reste "Fortune carrée", un roman qui me semble méconnu.
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Peuples de terres et d'espaces à conquérir et en conquête d'un lendemain sans autre nom qu'avenir.

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Probablement un indispensable si on aime la culture hippique - surtout celle plus ancienne des mongols et autres peuples des chevaux.

Pour les autres, je dirais qu'il faut aimer lire les jérémiades d'hommes dont l'honneur (comprendre : avoir l'air viril, puer comme une jambe putréfiée, tabasser des enfants qui osent ouvrir leur bouche, ne pas avoir l'air faible alors que la plupart des gens s'en battent les steaks) est plus important que d'avoir des relations saines et normales avec les gens qui les entourent. Ourouz et son père auraient, dans des idées actuelles, besoin d'une thérapie conjointe et d'une thérapie individuelle pour éviter que tout ce qui les entoure n'en fassent les frais (femmes, enfants, animaux).
L'histoire tourne vraiment autour de l'orgueil de deux hommes, qui s'attirent les inimitiés l'un de l'autre, et la haine de leurs serviteurs, au point que ceux-ci en viennent à essayer de les tuer (et remporter l'argent, le cheval, la donzelle). Et d'un cheval, Jehol, étrangement intelligent, empathique, sympathique, fougueux, compassionnel, bref tout ce que ses maîtres ne sont pas.

La description d'une Afghanistan des années 60, encore dans son bain d'une culture qui est vouée à disparaître (ce qui est fortement sous-entendu dans cet ouvrage), de façons d'être, de parler, de se déplacer, tout l'honneur des uns, l'hospitalité des autres, les coutumes encore vivaces est vraiment une jolie petite pépite qui ne parvient cependant pas, pour moi, à combler le manque de sympathie que j'arrive à éprouver pour Ourouz et son père. Mokkhi, le serviteur, dans toute sa détresse, la veulerie de ses actes, l'obséquieuse façon d'être en tout moment, la faiblesse de son caractère, me semble plus digne d'intérêt que la façon d'être des autres qui suinte de chaque page.

Je mets un 3, pour la beauté de l'écriture, mais je pense que j'en retiendrais surtout la douleur et le mépris que j'ai ressenti pour les deux protagonistes, qui sont magistralement expliqués dans leur daddy issues.

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Et si les populations actuelles afghanes n'étaient pas si loin de ces personnages bien trempés de Kessel ? La vraisemblance de l'histoire laisse imaginer que certaines valeurs ne sont pas aussi universelles que l'on espérerait pouvoir l'imaginer.
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Juste après avoir lu "Le jeu du roi", lire "les cavaliers" est une grande déception.
Dans le premier roman, Kessel vit une véritable aventure dans l'Afghanistan de 1956 dans le cadre de la réalisation du film "La passe du diable". On retrouve les lieux visités, des anecdotes, des légendes et le fameux bouzkachi dans "Les cavaliers", mais délayés dans une interminable sauce fort indigeste.
Le personnage principal, Ouroz, est odieux, égoïste, orgueilleux, cynique, cruel, brutal, et j'en passe. Les autres ne valent guère mieux, seuls "l'aïeul de tout le monde" et l'étalon Jehol sont des personnages positifs.
La cruauté envers les animaux, l'entêtement, la violence et la bêtise crasse d'Ouroz, la scène du viol de Zéré, tout cela met le lecteur profondément mal à l'aise.
Kessel n'en reste pas moins un excellent narrateur, et ce livre nous offre du rêve à travers un Afghanistan de 1950 qui semble farouchement médiéval !
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Une énorme déception de mon côté. J'avais adoré deux autres romans de Kessel mais là... je me suis vraiment ennuyée. La plume est belle mais le temps long et les personnages détestables ne m'ont pas permis d'aimer ce roman.
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