AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 853 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après un grave accident de voiture, amputé du bras droit, Edgar Freemantle part se reposer à Duma Key, petite île de Floride. Pour se remettre du traumatisme physique, des séquelles sur son esprit et de son récent divorce, Edgar dessine et se découvre un talent inquiétant. Ses oeuvres sont très belles, fascinantes, mais lourdes d'une menace indicible. « Ce sont des représentations imaginaires, […]. Des ombres. / Les ombres, je connais. Faut juste faire attention à ne pas leur laisser pousser des dents. Parce qu'elles peuvent. Et des fois, quand on tend la main pour remettre la lumière, on se rend compte qu'il n'y a plus de courant. » (p. 542 & 543) (Voilà une phrase qui est du Stephen King tout craché !)

Face au golfe du Mexique, Edgar sublime un cliché pictural, celui du coucher de soleil, obéissant aux démangeaisons de son membre absent, de son membre fantôme. « Les fantômes sont-ils capables d'écrire sur une toile ? » (p. 608) Et voilà que ses oeuvres deviennent des révélations et des messages qu'il ne comprend pas toujours, ou trop tard. « Peindre, c'est voir, il me semble. » (p. 413) Il y a quelque chose à Duma Key qui exalte le talent des artistes, pas toujours pour le meilleur. Une petite fille en a fait l'amère expérience des décennies plus tôt. « Tout bien considéré, Duma Key n'a jamais porté chance aux filles. » (p. 142) Edgar veut percer le secret de cet étrange bateau qu'il peint sans cesse sur le soleil couchant. Pour remonter aux origines du mystère et vaincre le mal qui ravage l'île, il s'enfonce dans la jungle étouffante de Duma Key et va à la rencontre d'un monstre antique et terrifiant.

Comme souvent dans les romans du King, le pire se noue en sourdine et se trame ici dans l'ombre projetée par les beaux palmiers de la Floride. L'épouvante au soleil, en quelque sorte. Et, en dépit des indices semés par le narrateur et par l'auteur, le motif apparaît quand il est trop tard pour intervenir. En cela, Stephen King a tout compris du destin et de la fatalité tels que les voyaient les Antiques, et ça tombe plutôt bien puisqu'il parle d'un mal venu du fond de la mythologie.

Duma Key est un texte très visuel et très dynamique : le récit est cinématographique et les chapitres sont des plans séquences très bien montés. En ajoutant un monstre mythologique à sa collection d'horreurs, Stephen King prouve une nouvelle fois, s'il était besoin, qu'il connait ses lettres et que sa culture est composite, à la fois populaire, classique et underground. Il y a beaucoup de l'auteur dans ce récit, beaucoup de choses qui le composent et le caractérisent : accident de voiture, relations familiales, affres de la création, etc. Et il y a une pique bien sentie adressée à un certain président américain républicain, digne fiston de son sinistre père. Ainsi, en dépit du monstre venu de la mer et de la terreur qui déferle sur la grève, Duma Key est drôle, fûté et primesautier.
Commenter  J’apprécie          240
Duma Key, je viens de finir ce pavé "à l'ancienne" du King et j'en suis encore secoué.

L'histoire d'un homme brisé, victime d'un accident de chantier, va tomber de Charybde en Scylla.

Oui c'est un de ses romans fleuves, long et exigeant mais tellement prenant, violent et qui vous prend à la gorge. Oui l'horreur ne nous saute pas dessus en page 24, non l'histoire vous prend doucement à la gorge. On ne se méfie pas mais quand elle a commencé à serrer c'est trop tard pour vous ^^

L'auteur prend son temps, développe ses personnages avec minutie, on s'y attache et c'est là que le couperet tombe, sanglant.

C'est un de ses romans dans la veine "classique" du maître comme un "Ça" ou "Le fléau". Il mérite vraiment qu'on s'y attaque.

Bref, un gros coup de coeur pour moi. Une histoire d'horreur, sombre et prenante. Un très bon King !
Commenter  J’apprécie          182
C'est un truc récurrent chez moi, Stephen King. Je pourrais en parler des heures. Sur le bien-fondé de ce genre de littérature, boudée par les uns, adorée par les autres, dont je fais partie depuis ma plus tendre enfance.
Avec Duma Key, on entre dans une dimension où le temps et l'espace ne sont plus tout à fait les mêmes que dans notre monde étriqué.
Le pitch, rapidement si c'est possible, mais c'est perdu d'avance, ce livre est tellement dense et intense :
un homme d'âge mûr, marié, 2 grandes filles adultes, une carrière dans le bâtiment, à qui tout sourit, jusqu'au jour où une grue lui tombe dessus. Coma, élagage d'un bras, traumatisme crânien grave, notre homme s'en sort de justesse, avec de graves séquelles. Plus question de travailler avec le cerveau en bouilli et un bras en moins. Largué par sa femme qu'il a failli étrangler, et fort du pactole des assurances, l'homme, nommé Edgard, se trouve une petite villégiature à Duma Key, dans les Keys de Floride, et là, réapprend à vivre à son rythme, au rythme de l'océan et du ressac sous sa maison sur pilotis.
Il se met même à peindre, ces incroyables couchés de soleil dont il est le privilégié spectateur. Mais il n'est pas seul sur son bout d'ilot paradisiaque. Une grande propriété borde également la plage, demeure de la vieille Miss Elisabeth, ancêtre décatie, vestige d'une Floride encore sauvage et mystérieuse du début du 20ème siècle. Son homme à tout faire deviendra le meilleur ami d'Edgar, mais il ne le sait pas encore…
Voilà, c'est le début, les personnages sont posés, le cadre installé, et le mystère dans tout ça ? Et bien il arrive, doucement, langoureusement, porté par la lumière de Duma Key et ses couché de soleil insolents.
On se laisse porter, par cet homme qui se redécouvre, on se prélasse au soleil de Floride, et l'ombre s'étend, subrepticement, s'imposant par touches subtiles.
Ah ! Ah merci Monsieur King !!! Vous êtes toujours aussi bon, le nombre des années ne vous a pas abimé, au contraire, vous vous bonifiez ! Moins de palabres inutiles, moins de détails encombrants, et pourtant, ça foisonne, c'est dense et intense. Et ça fait peur ! bon sang que la fin fait peur.
Les créatures étranges que votre imagination créent, comment se fait-il qu'elles me sont si familières ? Comme ce gros garçon crapaud ? J'en ai rêvé aussi sans doute…
Tout comme Perse, j'ai adoré ces quelques jours de villégiature en Floride sur la plage de Duma Key. Et tout comme elle, je n'aurais jamais voulu en partir…
Un Grand Stephen King, Un conte hallucinant et halluciné.

Commenter  J’apprécie          161
J'ai adoré le thème de la peinture et les références surréalistes, à tel point que j'étais frustré de ne pas pouvoir voir réellement les peintures en vrai. En particulier les couchers de soleil à la conque et les filles au bateau... J'adore l'ambiance que Stephen King réussit à poser sur "Duma Key", lieu au charme tropical pourtant infecté par un mal insidieux et vénéneux. Faire cohabiter horreur latente et cadre paradisiaque n'est pas chose aisée, et pourtant, presque dès le début, on sent que quelque chose ne tourne pas rond sur cette île de rêve...
Un gros pavé aussi prégnant que "Sac d'Os". le facteur dépaysant de "Duma Key", lui donne un certain charme étrange. Les peintures d'Edgar, quant à elles, sont magnifiques et dérangeantes à la fois, nous faisant regretter de ne pas les avoir sous les yeux en même temps que nous tournons les pages. Et en fait, je crois que c'est vraiment ça que j'ai adoré dans "Duma Key" : contrairement à beaucoup de ses romans qui m'ont vraiment foutu les boules et fait flipper, ce "Duma Key" se savoure plus dans la nuance. Il m'a vraiment dérangé à certains moments, sans pour autant me terrifier. de la première à la dernière page, on est happé dans l'univers de ce roman. Une atmosphère spéciale, pour un récit qui ne l'est pas moins. L'écriture du Maître est ici directe, sans fioriture, mais parfaitement maitrisée et pleine d'images aussi poétiques que morbides et notamment bien trouvées. On sent que l'auteur se fait vraiment plaisir et maitrise pleinement son sujet. A cela, je rajoute que les personnages sont vivants, profonds, réfléchis et réellement attachants ; tout comme les relations qui les lient. Je pense plus particulièrement à Edgar Freemantle et Jerome Wireman, qui tissent ici une relation d'amitié tout simplement magnifique et touchante. Rarement Stephen King n'a réussi à donner autant de chair à ses personnages, à les faire vivre ainsi devant nos yeux et à nous émouvoir par leur entremise. Tout simplement sublime ! Quant à Perse, nombreux sont ceux qui se posent des questions à son sujet et qui regrettent de ne pas en savoir plus. Rappelons que l'auteur a toujours aimé garder une part de mystère sur les "antagonistes" dans ses oeuvres et celle-ci ne fait pas exception. le point central étant qu'elle a une forte emprise sur les gens (encore plus quand ces gens sont réceptifs à certains stimuli artistiques) et qu'elle a de sombres desseins. Qu'elle est aussi très rancunière et revancharde ! Pourquoi vouloir en savoir plus ? En ce qui me concerne, ça me suffit amplement.
Bref pour mieux résumé : un cadre merveilleux et atypique, contrebalancé par une atmosphère dérangeante et plutôt malsaine. Des personnages crédibles, attachants et excellents. Un côté surréaliste aussi bien présent dans les peintures d'Edgar Freemantle que dans les éléments fantastiques instillés au
compte-goutte. Et ce côté plus nuancé, plus subtil, où l'horreur se trouve à des endroits inattendus et pas forcément sortant de la gueule d'un monstre effroyable.
Cet aspect, pas forcément plus "psychologique" (même s'il est toujours de plus en plus présent), mais plus dans la nuance et la demi-teinte : une épouvante toute en retenue, plus surréaliste qu'irréelle, plus menaçante que réellement agressive. Une horreur de fond, tel le murmure lointain des coquillages de Big Pink. Un excellent roman, à ranger aux côtés de "Histoire de Lisey" et de "Sac d'Os", tout en se démarquant largement par toutes ses particularités.
Un excellent crû, un pur chef-d'oeuvre Kingien qui s'est bonifié avec le temps en devenant un grand classique !
Commenter  J’apprécie          92
Quand j'ai commencé Duma Key, j'ai bien failli refermer le livre sur le champ tellement il traînait en longueur. Mais je ne l'ai pas fait. Et j'ai bien fait.

Je pourrais reprocher à Stephen King de faire de Duma Key une redite de Sac d'Os. En fait, oubliez le conditionnel. Je reproche à Stephen King bla bla bla.
Dans Sac d'Os, le narrateur se retrouve endeuillé suite à la perte de sa femme. Victime du syndrome de la page blanche, il se rend dans sa maison secondaire où il va se retrouver confronter à une entité surnaturelle et très dangereuse.
Dans Duma Key, le narrateur se retrouve endeuillé suite à la perte de son bras droit dans un accident. Victime d'un divorce douloureux, il se rend dans une maison qu'il a loué où il va se retrouver confronter à une entité surnaturelle et dangereuse.

Si je devais résumer Duma Key, je dirais que c'est l'addition de Sac d'Os et de Joyland, car tout comme dans ce dernier livre, le narrateur raconte une période de sa vie qui l'a marqué.

Mais ce serait ne pas lui rendre justice que de cantonner Duma Key à cela. Il est tellement plus intense. Passé, ce que j'appelle le "planter de décor" (l'explication qui amène le narrateur là où il doit se trouver, et nous aussi par la même occasion), nous sommes happés dans l'histoire et la seule façon de nous en sortir est de finir le livre jusqu'au bout.

Pour moi, Duma Key se rapproche surtout de Salem, non dans l'histoire mais pour les personnages. Ce sont les livres où les personnages sont les plus aboutis, les plus complexes.

Au final, j'ai aimé Duma Key, au point de le placer dans le top 10. Pas seulement pour l'histoire ou l'histoire dans l'histoire, toutes les deux d'une tristesse à faire pleurer un mort. Mais parce que je me suis reconnue dans les personnages. J'ai eu de l'empathie pour eux. J'ai pleuré avec eux, j'ai ri avec eux. J'ai tremblé avec eux.

Je vous conseille plus que vivement de lire Duma Key, si vous aimez le King, le vrai. Celui capable de vous entraîner dans une tempête d'émotions.
Et qui existe encore, j'en suis certaine.
Commenter  J’apprécie          92
Mon dieu que c'est long ........et pourtant pas une ligne , un mot , une virgule de trop ! Pas une minute d'ennui à la lecture de ce roman . Une histoire qui se déroule lentement et qui se laisse déguster comme un bon vin . Un livre qui joue avec nos émotions également mais avec quelle finesse . La frontière entre la réalité et l'imaginaire disparait petit à petit pour mieux s'unir dans un final haletant et angoissant.
A la fois drôle et émouvant, effrayant parfois mais toujours prenant, ce roman est un superbe roman fantastique.
Commenter  J’apprécie          80
Duma Key, île enchanteresse mais dangereuse. Eh oui, le paradis se mérite... ou n'est-ce qu'un mirage et ne vaut-il pas mieux fuir ce qui est trop séduisant ?
Stephen King s'attache tout particulièrement aux personnages et aux rapports humains, cette fois. Point d'action ou de rebondissements, ce roman génère d'autres sensations, et pas des moindres.
La force de l'amitié, les rapports filiaux, la vie, tout simplement.
Un livre à déguster en prenant son temps.
Commenter  J’apprécie          71
J'ai adoré ce livre où nous faisons connaissance avec notre héros qui vient de subir un terrible accident . Dès les premières pages, les scènes sont parfaitement décrites. Et peu à peu, lorsque nous voyons la renaissance à la vie du héros du livre, les pages commence à se lire à une vitesse folle, tellement on est entraîné par cette histoire. Dans ce livre, j'ai beaucoup appris tant sur l'être humain que sur la peinture. J'ai adoré les personnages créés par le Maître, ils sont tous tellement vivants et attachants, le héros Edgar, sa fille Ilse, son super pote Wireman (Hé Muchacho), et la propriétaire de l'ile Elisabeth, une vieille dame atteinte d'alzheimer. Les dialogues sont un vrai petit bijou. J'ai donc passé un formidable moment de lecture avec ces personnages super attachants.
Commenter  J’apprécie          70

🎨🌴🐚🏝
" Duma Key "
Edgar Freemantle, dirige une entreprise de construction dans le Minnesota. Alors qu'il effectue une inspection de routine, il se fait écraser dans sa voiture par un engin de chantier. Edgar va rester un long moment dans le coma, dans ce drame, il a perdu son bras droit et a subit des dommages au cerveau. Son comportement à changé il à des crises de rage, il devient méchant avec ses filles et terriblement odieux avec sa femme Pam, il lui fait vivre un enfer, si bien qu'elle demande le divorce.

Son psychiatre le docteur Kamen lui suggère d'aller se reposer ailleurs, de changer de ville, d'aller se ressourcer ailleurs, une sorte de thérapie de vacance et de faire une activité qu'il a abandonne des années auparavant.

C'est ainsi Edgar cherche un endroit, et il trouve Duma Key, une maison rose, avec la plage autour, très peu de gens, deux trois maisons à la ronde, un bel endroit tranquille pour se reposer pendant ses vacances, il décide de la louer un an.

Pendant ses vacances, il commence à avoir une grande envie de dessiner et peindre, il a des sortes d'attaques de respiration et des démangeaisons dans le bras droit manquant et il commence des dessins qu'il lui vienne à l'esprit.

Mais après au fur et à mesure, il va découvrir que ses dessins et peintures qu'il réalise ont une espèce de vision prémonitoire, car ce qu'il fait se réalise dans le futur.

C'est ainsi que commence l'histoire.

Roman intense qui met du temps à démarrer et je me demandais où allait m'amener cette histoire. Beaucoup de descriptions, la vie des personnages et raconter pas à pas, à fin de comprendre de quoi traite le roman, atmosphère pesante et riche en émotion.

Roman dramatique, mais presque arrivé à la fin, moitié du roman, paf, ça devient glauque, terrifiant, avec des scènes spectaculaires dignes de Stephen King.

Bluffant, terrible , spectaculaire, envoûtant. 🐚🌴🏝🎨

J'ai vraiment bien-aimé ce roman.

Commenter  J’apprécie          60
Stephen King, tu as débuté ta carrière d'une façon prodigieuse, puisque tu t'es attelé à faire trembler ton pays autant que le monde entier de façon intelligente. Face à la peur, tes personnages et tes lecteurs ont pu percevoir ce que la nature humaine a de plus complexe et passionnant. Habitués à la terreur de haut vol, inégalée de finesse et doublée d'un talent de conteur maintenant devenu légendaire, on a pu suivre les thèmes qui te sont chers au gré de ce qui a marqué ta vie. Alors que *Shinning* mettait l'alcoolisme et la perte de contrôle au centre, *Simetierre* transgressait le deuil. Tu as exploré la relation liant l'écrivain à son lecteur, plusieurs fois, grace à *Misery* et à nombre de tes nouvelles, tu exprimes ton avis sur la peine de mort par une magistrale *Ligne Verte*, tu t'évertues à dépeindre le plus justement possible ce que c'est d'être humain, grace à *Ça*, qui est un témoignage sur l'enfance prodigieux...
Bref, je ne vais pas faire tous tes bouquins, car cela prendrait bien du temps et n'aurait que peu d'intérêt, mis à part celui de montrer que ton oeuvre couvre bien des domaines et est multifacettes. Et ce, même dans le choix de ton style et tes histoires. Si la terreur fine et viscérale te caractérisait au départ, tu as évolué. Tu as tout d'abord émaillé ton parcours de divertissements dignes de séries B (souvent retrouvés dans les recueils de nouvelles), et t'es attaché à jouer l'écrivain schizophrénique, chiant une moitié pas toujours intéressante mais certes plus violente, **Richard Bachman.**
Mais plus tu vieillis, Stephen King, meilleur tu deviens à mes yeux. Avec des bouquins comme *Histoire de Lisey, Dôme, 22/11/63* ou encore *Joyland*, tu gagnes un fabuleux côté "humain", même si le terme me parait inapproprié. Il y a désormais dans tes livres une moins grande précipitation à faire frissonner tes lecteurs, et un souci plus grand d'écrire une "belle histoire". Et tu y arrives formidablement bien. C'est magique. On pleure, on soupire de plaisir, de nostagie, de bonheur...

Voilà ce que je tenais à dire sur toi Stephen King, car *Duma Key* fait évidemment parti de tes livres "récents", d'une de tes périodes d'écriture les plus belles. Que puis-je donc dire sur ton joli bouquin? En premier lieu, je pense souligner le trépied sur lequel s'appuie aisément ton histoire, fondamental et génial: Edgar Freemantle, Jérome Wireman et Duma Key. Si bien d'autres éléments secondaires gravitent autour (Libbit, Ilse, Kamen, Jack...), c'est clairement sur ces trois pulsations que se joue le morceau. Edgar est le narrateur de cette histoire, attachant au possible, car peu épargné par l'auteur qui nous fait vivre son calvaire autant que sa renaissance sur l'île en tant qu'artiste. Wireman, lui, est un des personnages les plus charismatiques jamais décrits par Stephen King. Restant obscur pendant une bonne partie du bouquin, le personnage dévoile ses mystères au rythme de sa personnalité compliquée et permet à Stephen King d'aborder un thème somptueusement exploité ici: l'amitié. Rarement vue dans son oeuvre, il sera difficile pour toi, lecteur, de ne pas adhérer à ces moments de sincérité touchants et toujours un peu tristes (c'est ce qui arrive lorsque l'on parvient à créer une illusion aussi habile de la vie).
Et évidemment, il y a Duma Key, l'île paranormale, avec laquelle je prends des pincettes pour ne pas en dévoiler trop sur l'intrigue de King. Havre de créativité, la force à l'oeuvre sur ce bout de terre transforme Edgar Freemantle en peintre talentueux, mais semble en vouloir plus. Si vous voulez en savoir plus, lisez. Surtout que les fictions prenant place hors du Maine sont rares avec King...
Stephen King s'appuie comme à son habitude sur le paranormal pour développer un argumentaire solide, sur des processus comme la création, le pouvoir de l'art, la dépendance de l'artiste à son oeuvre et la partie fondamentale qu'il y laisse. le tout est très fluide, et s'écoule sans que le lecteur s'en rende compte. King livre des réflexions très intéressantes, mais jamais barbantes. Franchement, un tour de maître, quand on mesure l'étendue de ce que le vieux conteur du Maine avait à nous dire.

Récapitulons: Duma Key est indiscutablement un *page-turner* orgasmique, abordant avec une beauté de l'écriture et du propos des thèmes fort intéressants et très fouillés. On rajoute à ça des personnages et un décors sans faute, et voilà pour l'instant ce que je décris du bouquin. Pourquoi ne pas mettre un 10/10, alors? Pour quelques défauts, qui ne ternissent certes pas l'image fabuleuse que je garde de cette lecture, mais qui existent bel et bien.
Premièrement, le bouquin est globalement trop long. Si la première moitié du livre passe assez vite, on remarque immanquablement que Stephen King prend son temps dans ce livre. Ainsi, on ressent une légère lassitude passées les 400 pages. Mais ceci ne serait rien si l'on n'avait pas parallèlement une baisse de niveau considérable lorsqu'approche le dénouement de l'intrigue. King prend soudainement un ton précipité, change majoritairement d'époque pour tenter de justifier un présent jusqu'ici sans fautes. Et c'est dans ces pages que l'on verra un peu du King d'antan, puisqu'il y glisse des images d'horreur assez efficaces.
"Efficaces", c'est parler vite... Si les scènes d'horreur font effectivement le travail, glaçant le lecteur et lui confirmant que même vieillissant, King en a encore sous le capot; elles paraissent légèrement hors de propos, comme toute la fin du bouquin. King accélère le rythme, monte dans les tours, et il faut le dire, cale le moteur. le lecteur ne comprend pas vraiment où on le mène, et la fin semblera évidemment téléphonée. Comme si King se devait de partir dans l'horreur et d'en ramener une explication claire, dommageable et en inadéquation avec le reste du livre.
Globalement, avec cent ou cent-cinquante pages en moins, et une fin plus travaillée, le bouquin aurait été parfait.
Et enfin, un dernier point, que je cache sous la rubrique SPOILER, pourquoi, bon dieu, pourquoi King a attrappé la sale manie de dévoiler des éléments primordiaux de l'histoires deux cents pages avant qu'ils n'arrivent, cassant complètement l'éffet dramatique de la chose?
En conclusion, Duma Key est formidable. Pièce majeure du King des nouveaux jours, ce roman révèlera au lecteur attentif des dizaines de merveilles et lui fera (re)goûter, je l'espère, à des délices tels que l'amitié ou l'excitation précédant la création. Fortement recommandé, donc. Vous l'aurez compris.
Commenter  J’apprécie          62




Lecteurs (2324) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quiz Stephen King !

Quel est le premier livre de King a avoir été publié ?

Shining
Dead Zone
Carrie
Le dôme

10 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thème : Stephen KingCréer un quiz sur ce livre

{* *}