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4,34

sur 1269 notes
Qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman unique, cet ovni littéraire, ce conte qui me marquera bien après avoir tourné toutes les pages…

De la culture estonienne en général et de ce roman en particulier, je ne connaissais pas grand-chose…mais dès la première phrase, j'ai été embarquée dans cette histoire qui ne laisse pas indemne, aux côtés de son héros, Leemet, le dernier homme qui savait la langue des serpents et qui a vu le monde de ses ancêtres s'écrouler pour laisser place à une société dite moderne, où religion, obscurantisme, travail et guerre font loi.

Leemet est un Homme, au même titre que sa maman, sa soeur Salme et ses amis Paërte et Hiie. Il vit en forêt, au plus près de la nature et des animaux qui y habitent et avec lesquels il entretient d'étroites relations, grâce à la langue des serpents, don transmis de génération en génération, mais que Leemet est le dernier à recevoir. En effet, sous l'influence du Pape et par le biais des évangélistes, le christianisme est arrivé en Estonie ; les seigneurs ont construit des châteaux et règnent sur les villageois ; la forêt a été abandonnée, les us et coutumes et anciennes croyances ont été méprisés, la langue des serpents a été oubliée…

Ce roman m'a profondément bouleversée, par la puissance de son intrigue, qui n'épargne pas son héros (ni son lecteur), au travers de scènes particulièrement difficiles, où injustice, séparation, traumatisme, violence, brutalité sont au rendez-vous ; par la beauté de sa narration ; par la claque sensorielle qu'il procure (j'ai été aussi stupéfaite d'assister à l'hibernation douce, chaleureuse et réconfortante de serpents qu'à la puanteur émanant d'un cadavre ; à la description d'une morsure de serpent ou le départ d'un foyer d'incendie) ; malgré ces évènements bien peu reluisants, j'ai été hypnotisée, envoûtée par ce récit universel qui est avant tout une ode à la nature et une dénonciation de la condition humaine tout simplement, l'Homme étant incapable de réfléchir par lui-même, n'acceptant pas le changement à l'instar du vieux Sage fou Ülgas, mais n'apprenant pas non plus les leçons du passé, au même titre que l'ignorant Johannes…

Pour conclure, L'Homme qui savait la langue des serpents est l'un de ces romans difficiles à oublier, laissant une empreinte dans l'esprit et le coeur de son lecteur, un conte philosophique que je garderai en tête et dans lequel je replongerai de temps en temps, ne serait-ce que pour ne jamais oublier celui qui fût le dernier homme à savoir la langue des serpents !

A lire !
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Vous cherchez un récit plein d'optimisme où l'action ruisselle de chaque page. Passé votre chemin !
Ici, Andrus Kivirähk nous dépeint une histoire où le fantastique s'écaille, le fatalisme suinte et l'ironie s'écoule de page en page.
Le ton est donné dès les premières lignes du roman. Nous apprenons que le narrateur est depuis quelque temps déjà seul à parcourir la forêt. Il nous raconte donc sa vie et comment il est devenu malgré lui le dernier homme qui savait la langue des serpents.
Un récit ironique qui se moque des irréductibles défenseurs de la tradition comme de ceux qui cherchent à évoluer à tout prix sans réfléchir aux potentiels inconvénients.

Un récit mordant, parfois sanglant, souvent étrange. La postface m'a permis de mieux comprendre certaines références, certains passages qu'un non-connaisseur de l'Estonie et de son histoire ne peut appréhender aisément.
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TEAM #SLYTHERIN, À MOI !

(tous ceux qui ont décidé de renier le fourchelang, passes ton chemin, salut).

Nom d'un petit sourcil qui ondule ! Je viens de passer trois jours ACCROCHÉS à...

Attends je recommence dac ? D'façon t'as le temps t'es sur facebook oklm, tout va bien.

(tu permets, je prends ma respiration un ptit peu d'abord dac ?).

Anyways. Tu vois cette sensation que t'as quand tu lis un bouquin que pas mal de personnes autour de toi ont lu et qu'elles t'en chient une loghorrée de trucs comme quoi faut absolument que tu le lises, etc etc, mais que t'es super frustrÉe bicause t'as jamais pris le temps de le lire. Bah voilà on y est. Et cette sensation bizarre que maintenant tu sais. T'es pas capable de rendre compte à quel point tu viens de terminer un des livres qui marquera à jamais ton imagination mais tu sais que tu fais partie d'un truc, en silence. Un silence que ceux qui l'ont lu savent. Enfin t'as compris quoi (comment ça non ? BAH ATTENDS UN PEU SOIS PATIENT ÇA VA DEUX SECONDES).

Le truc vient d'Estonie. Estonie mon gars, déjà si tu te rappelles où c'est sur une carte de l'Europe moi j'te file un carambar. Et ensuite je crois que ce livre est la vengeance ultime du traducteur qui prend grave cher pendant ses études, quand tous ses copains se sont foutus de sa gueule en clamant "t'as pris ESTONIEN ? mais t'es un ouf malade toi nan ? ça existe la littérature estonienne au moins ?".

BAH OUI PUTAIN.
(je savais pas hein)

On va entrer dans le vif du sujet sinon je vais te perdre et tu vas zapper et tout. Alors go go go.

En fait l'histoire du roman se passe à un moment qui a presque déjà été raconté par Michel Pastoureau dans son livre sur l'Ours. Ça se passe à un moment où l'Ancien monde a rencontré la "modernité" du monde chrétien, et qu'il a fallu au fur et à mesure oublier toutes les traditions ancestrales et tout.

Et là tu vas me dire "ouais Lou encore un de tes putains de romans nostalgiques qui vont te transformer en vieux réac à moustache sudiste un jour".

TG. Non. Parce que la force de Kiviräkh réside dans le fait qu'il n'est pas NOSTALGIQUE. Y'a des méchants partout (enfin surtout dans les derniers survivants qui ont les vieilles traditions parce que franchement les chrétiens dedans c'est genre des Moldus qui servent à rien à part se branler sur les chevaliers allemands qui apportent la chrétienté en Estonie et se faire mordre par des serpents ou se faire couper la tête).

Dans tout ce brol, on suit l'histoire de Leemet, jeune garçon super doué en narration au point de te déconnecter de toute la réalité qui t'entoure avec ses habitudes animalistes à la con mais qui fascinent comme un gosse devant son premier oualdizné.

J'ai A-DO-RÉ (avé l'accent parisieng, of course). Alors bien sûr il faut rentrer dedans, ça met du temps à démarrer, mais le résultat est épique.

Tous les gros fans de druides, animalisme, pamphlets, récits contestataires, remises en questions des valeurs, pour se rendre compte que de toute façon la finalité elle est la même pour tout le monde, je vous conseille VIVEMENT de lire ce livre.

C'est un peu comme le mythe du bon sauvage, mais en grave moins raciste. Enfin pas raciste à l'envers quoi, le bon sauvage existe pas dans le bouquin, c'est un putain de sauvage avec des traditions qui se perdent et qui se confrontent aux nouvelles traditions mais qui valent pas mieux l'une que l'autre. Juste que le monde est fou.

Et au milieu de tout ça y'a les animaux, les serpents, les ours et tout.

T'attends pas non plus à voir un bon pour souscrire à la SPA ou à WWF à la fin du bouquin minou mais si t'aimes les GRANDS romans bah vas y les yeux fermés.

Pour les sceptiques que j'aurai pas encore convaicnu, c'est un genre de conte - on va dire fable carrément - inspirées des grands récits nordiques/teutons et on sent tout de suite l'influence que ceux ci ont eu dans la culture celte (genre les bretons et les angliches comme le Roi Arthur et Merlin l'Enchanteur et le Roman de Renart).

Putain ch'crois que j'ai jamais écrit un truc aussi long. Garde ça en tête si t'as encore besoin de preuves sur la qualité du pavé.

Si t'as pas encore pris tes petites vacances annuelles à la Baule et que t'as envie de te lire un bon roman avec tout ce qu'il faut dedans, roule.

Lien : https://www.instagram.com/lo..
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La littérature estonienne n'est pas assez présente sur nos rayonnages pour que l'on se prive de la lecture de cette petite pépite. Une fable, un conte de l'ancien temps, qui narre l'histoire et les aventures de Pätel, le dernier homme à parler la langue des serpents.
Pourquoi ce don devrait-il disparaître ? Car l'ancien monde féerique, magique, en équilibre avec la nature et ses habitants, subit les coups de massue de la « modernité », représentée ici par la religion catholique et son corollaire, la société de consommation.
Pätel et les siens, derniers village d'irréductibles Estoniens, vont tenter le baroud d'honneur pour survivre selon leurs croyances, tandis que comme une lèpre, les idées et religions modernes avancent inexorablement.
Andrus Kivirähk raconte avec poésie, humour et tendresse cette lutte finale, perdue d'avance, entre l'ancien et le moderne.
Les images sont chatoyantes et les personnages (humains ou animaux) sont attendrissants ou détestables et l'on se prend à rêver de cette forêt qui n'existe pas (plus).
L'auteur nous fait entrevoir à travers ce titre toute la richesse de la littérature estonienne, ses bases féeriques qui, au même titre que la littérature polonaise ou irlandaise, à des comptes à régler avec l'église catholique…
La nouveauté est souvent synonyme de progrès, mais pas toujours…
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J'ai mis 2.5, non pas parce que ce serait mal écrit, mais plutôt parce que je n'ai réussi à m'attacher à aucun personnage de l'histoire et que cela a un peu gâché mon expérience. J'ai pourtant réussi à aller jusqu'au bout, mais c'était plus par curiosité devant les évènements décrits qui nagent dans l'absurde et l'irréel que par intérêt passionné.

Le début du livre en particulier m'a complètement lassée, les jeunes protagonistes du livre grandissent, apprennent la langue des serpents, re-grandissent, mangent de l'élan et critiquent leurs voisins villageois : bon.

Ensuite ça se corse un peu car, avec cet ordre ancestral bouleversé qui s'effondre, on entre petit à petit dans une espèce de folie générale : et la figure de l'ancien, les voyages dans la mer sont tout particulièrement splendides. Certains passages m'ont carrément évoqué du Lautréamont tant on est dans un univers noir, absurde, cruel (je pense en particulier à l'ivrogne). Les personnages, en prise avec leur monde qui se délite deviennent de plus en plus tristes, grotesques, affreux, ou carrément meurtriers, et le monde moderne fanatique qui les entoure n'est pas là pour apporter un quelconque réconfort.

On est donc dans un livre où tout le monde en prend pour son grade, et où l'on pourra reconnaître - ou pas - les soucis de notre époque : abandonner ce dont on a l'habitude, évoluer, oui, mais pour faire quoi à la place ? Les questionnements sous-jacents de l'histoire sont intelligents et actuels, mais en ce qui me concerne, la volonté délibérée de l'auteur de ne pas brosser le lecteur dans le sens du poil a du coup bien marché : je n'ai été ni captivée ni happée par l'histoire à aucun moment. Et je préfère du coup largement Lautréamont, qui était encore plus brutal, mais sur des formats courts, et qui poussait la caricature à l'extrême.
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L'histoire se passe dans l'Estonie médiévale (l'auteur est estonien) donc je précise un peu (il y a une note avant le roman) : l'Estonie est restée très longtemps "isolée" et n'a été envahie par les allemands qu'au XIIIème siècle, devenant chrétienne. Avant cette période, les historiens considèrent qu'il s'agissait encore de la préhistoire. Les contes et légendes estoniens parlent d'un peuple essentiellement forestier.

C'est dans cette forêt que l'histoire se passe, là où naît un garçon, Leemet. La Croisade est déjà bien avancée et de nombreuses familles ont déjà rejoint le nouveau village, apprenant à travailler aux champs et à garder les troupeaux, heureux de devenir modernes et pressés de rattraper leur retard sur les autres peuples d'Europe. Lui grandit entre cette modernité toute proche, à l'orée de la forêt et les extrémistes de l'Ancien Monde qui ne jurent que par les traditions.

Mais c'est aussi un roman fantastique, les hommes de forêts sachant parler la langue des serpents, qui sont des êtres très intelligents, et commander les animaux ; un monde où vit des animaux grandioses (poisson gigantesque à barbe ou Salamande, sorte de dragon protecteur) ; où les femmes tombent amoureuses des ours... Mais aller dans la modernité, c'est nier toute cette existence, cette puissance, pour n'adorer que Dieu et Jésus-Christ et refuser tout le reste.

C'est une fable moderne qui critique l'Estonie actuelle (mais que l'on peut transposer à toutes les minorités qui se meurent) ; également une tragédie dans le vrai sens du terme car comme c'est narré de manière rétrospective (la fin se trouve au début), on sait tout de suite que malgré les efforts vains du personnage principal, "il n'y a plus personne dans la forêt" (première phrase du livre).

Dès le départ j'ai vraiment accroché. Ca se lit vite et bien et comme on suit toute l'enfance et l'adolescence de Leemet, avec ce côté "monde magique", ça fait lecture pour ado. Après, le dernier tiers est beaucoup plus dur à lire, ce n'est pas un ouvrage pour enfants.

Au début je l'ai trouvé formidable, mais un peu longuet au milieu (le denier tiers / quart se lit à nouveau très vite). J'ai noté précieusement le nom de l'auteur
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j'ai fait mettre de côté ce livre à la médiathèque après en avoir lu une présentation sur Babelio qui m'avait titillé l'imagination.
Je me suis arrêtée p.17 , quand bien même j'ai lu qu'à partir de la p.50 l'intérêt pouvait se déclencher. j'ai aimé les très beaux collages de Denis Dubois et la post face très intéressante du traducteur.
j'ai apprécié aussi la qualité du papier et l'originalité de la police d'imprimerie utilisée, l'une et l'autre accentuant ce sentiment d'une autre temporalité.
Mais ce n'est pas assez.
Un rdv avec un livre, c'est comme un premier RDV amoureux : attentes pas forcément comblées ,je n'étais peut être pas d'humeur réceptive ni prête à me laisser aller aux surprises de la découverte, mais on peut toujours se donner une autre chance, maintenant que je sais où le retrouver.
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Fable estonienne, pour adultes ayant conservé leur âme d'enfant.. Les êtres ne peuvent bientôt plus communiquer entre eux et l'homme, personnage central va rester isolé dans la nature mais, contrairement à la vouivre de Marcel Aimé ne va pas être immuable. La suite n'est elle pas "Purge" de Sofi Oksanen? Autre livre estonien d'une redoutable actualité (pour ses liens avec les violences actuelles:Russie... Finlande...)
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Un livre drôle et triste. de l'humour et du drame tour à tour se côtoie. Une histoire invraisemblable, magique, des personnages attachants une saga familial truculente, une histoire comme je n'en avais jamais entendu ni lu. Une belle découverte, et derrière ce conte philosophique un pan de l'histoire de l'Estonie dument bien expliqué dans les notes à la fin du livre. Un super moment de lecture à qui sait lire entre les lignes. Bravo à l'auteur Andrus Kivirähk et son imagination délirante.
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Merci mon fils pour ce beau cadeau de Noel. Il est resté trop longtemps sur ma bibliothèque après que j'ai lu les premières pages. Il me paraissait difficile d'accès...et pourtant, quel roman.
Un livre addictif qui est le fruit du croisement entre Bilbo le Hobbit et une analyse sociologique sur le "c'était mieux avant" . Dis comme ça, ce n'est pas très vendeur, mais ce qui est sûr c'est qu'une fois rentré dans l'histoire, à la recherche de la Salamandre, difficile de poser l'ouvrage. Que de rebondissements, que d'aventures, que de charme et de magie.
impatient de lire un autre roman du même auteur.
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