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4,34

sur 1269 notes
Une fable fantastique la fois burlesque, satirique et tragique, empreinte d'humour désenchanté avec des passages d'une violence exacerbée confinant parfois au gore. le texte en post-face donne des éléments de contexte qui auraient mieux été en intro.
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Bien sûr, c'est un univers particulier, les chevaliers, les moines, Jésus et cet étrange Dieu viennent de débarquer en Estonie qui a longtemps était non évangélisée. C'est la grande révolution culturelle, la nouveauté ultime ! Car, comme je le soulignais dans mon précédent article, c'est un livre au sujet du temps qui passe, des coutumes qui s'effacent et disparaissent, de la vie qui évolue, des souvenirs laissés. C'est un monde magique, où les humains ont appris la langue des serpents pour se faire écouter des animaux, un monde sauvage où l'on ne se nourri que de viande et où on décapite ses ennemis, et pourtant particulièrement terre à terre où la magie des hommes n'existe pas. Il n'y a pas de démons, de diables et de farfadets comme rêve les humains modernes qui ont oublié la langue des serpents. Il y a seulement les animaux, la nature, tout un écosystème qui se suffit à lui tout seul, qui fonctionne déjà bien suffisamment. Pourquoi chercher des contes quand il suffit de s'émerveiller de la force et de l'intelligence de ce qui est déjà là ?

Leemet, il est « un peu » déprimé, c'est le héros, c'est le dernier homme à savoir la langue des serpents. C'est le dernier en qui repose la mémoire des temps anciens, des temps où les humains vivaient dans la nature, dans la forêt au milieu des loups, des ours et des serpents.

C'est bien là un ouvrage particulier – et je remarque des erreurs de frappes, de relectures et de traductions que je n'avais pas vu jusque-là – mais ce n'est pas tant gênant. D'ailleurs, je pense que la traduction a essayé de garder le ton du récit qui est en effet très agréable. Très particulier, certes, mais moi il m'embarque ce bouquin.
Il me fait revivre mon enfance ce livre. Je retrouve ces sensations d'être seule au monde en plein milieu d'une forêt, à aucune portée de voix. Seule humaine dans les sous-bois, seulement la conscience qu'il y a peut-être des animaux qui grouillent quelque part. C'était grisant, ça me rappelle quand, petite, je partais seule en forêt, assez régulièrement d'ailleurs. J'ai eu plusieurs vie avant de devenir la bobo parisienne que peu de gens pourraient imaginer en train de dévaler les sous-bois avec des chiens.
Mais je m'égare – mais peut-être est-ce là que réside la préciosité de cet ouvrage – qui, finalement, est violent : il y a beaucoup de morts, beaucoup, beaucoup de sang : de la part des bêtes ou tout simplement des lubies des hommes. Mais ça n'en reste pas moins une histoire tout à fait édifiante et pittoresque que celle de Leemet, qu'on suit de son enfance jusqu'au moment où il nous conte son récit. On y découvre ses coutumes, ses amis, ses amours, et surtout, ses nombreux drames.

Tantôt amusant, le plus souvent mélancolique, parfois dramatiques et d'autres fois encore carrément épique, c'est un livre magnifique. Un vrai voyage dans le temps et l'espace, dans les croyances des uns et des autres, d'un émerveillement sans borne, même à la seconde lecture.
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L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk aux éditions du Tripode est un récit fantastique qui se passe dans la forêt estonienne au Moyen-Age. Les hommes peuplant les forêts se font de plus en plus rares car tous décident de rejoindre le village.
je sais que le Kivirähk a rencontré un grand succès et celui-ci est mérité. Néanmoins, je ne suis pas adepte du réalisme magique quand il devient trop fantastique. Aussi, après la curiosité liée à la découverte de cet univers, après l'amusement d'y reconnaître une satire de l'intolérance globale des Homme, je n'ai pu m'empêcher de ressentir une certaine lassitude.
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J'ai coeur à dire que j'aime les récits un peu perchés. Il y a différentes catégories dans ce genre, mais il y en a une que j'aime particulièrement, c'est le roman perché qui rend le truc réaliste 🙃.

L'homme qui savait la langue des serpents fait partie de cette catégorie ! On oscille entre le conte, le(s) mythe(s) et légende(s), la satire, voire même le pamphlet. L'auteur réussi à nous rendre crédible nombreuses situations improbables, comme par exemple un couple humain-ours 😅. Et là vous vous dites, non mais c'est quoi encore que ce texte du Tripode. Comme souvent, la ME et OVNI littéraire vont de paire 😆. Au cours de cette lecture, j'ai pensé à l'univers de Berengère Cournut, mélangé à celui de la saga Blackwater.

Nous sommes dans l'Estonie médiévale, Leemet, devient à la mort de son oncle, le dernier homme à parler la langue des serpents. Une langue qui permet par différents sifflements, de communiquer avec les reptiles donc, mais avec bon nombre d'animaux de la forêt tels que les ours, les loups, ou ceux que l'on veut chasser. Ils ne sont plus qu'une dizaine d'hommes à vivre au coeur de la forêt. Parmi eux, vous retrouverez entre autres, un couple d'anthropopithèques qui élèvent des poux ou alors Le Sage complètement dément, qui ne rêve que de sacrifices. Les autres ont quant à eux délaissé cette vie archaïque pour les villages, les cultures, le vin et surtout le pain. Au revoir, les croyances d'autrefois, et bonjour la chrétienté prônée par l'envahisseur germanique d'alors.

Plus loin qu'un roman d'initiation concernant Leemet, l'auteur nous livre sur près de 500 pages, la disparition d'un pays et d'une culture. Il y a sans cesse cette opposition du monde d'avant et du monde nouveau, sans que pour autant l'auteur prenne position pour l'un ou l'autre, critiquant à parts égales les différentes religions par exemple.

J'ai aimé le ton, plein d'humour, les situations totalement burlesques, et ce rapport à la nature même si tout n'était pas rose. Il y a certes quelques longueurs, mais elles ne m'auront pas gâché ma lecture pour autant.
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J'avais reçu ce gros livre il y a quelques années pour Noël, mais son épaisseur me rebutait un peu 😉 ! Je me suis enfin mis à le lire en profitant de quelques jours de vacances... et j'en suis venu à bout !
Andurs Kivirähk crée toute une mythologie médiévale pour sa patrie estonienne (à peine plus grande que la mienne). Il se base certes sur un événement historique, la colonisation, puis la christianisation du pays par les Chevaliers Porte-Glaive, mais pour le reste il laisse libre cours à sa fantaisie, égratignant parfois au passage des coutumes de ses compatriotes. Son inventivité est foisonnante, et j'ai parfois eu du mal à le suivre
Autrefois, les Estoniens vivaient dans les forêts et parlaient la langue des serpents, ce qui leur permettait de se faire comprendre de tous les animaux sauvages. Ils pouvaient ainsi domestiquer des louves pour leur lait, tuer facilement des chevreuils pour les manger ou même avoir des relations sexuelles avec des ours.
Le narrateur, Leemet, est l'un des derniers Estoniens à vivre selon les coutumes originelles avec sa famille. Peu à peu, il voit ses amis quitter la forêt, mais lui il veut résister et combattre.
Sa lutte prend tour à tour diverses formes : résistance passive en essayant de garder les traditions ancestrales, batailles violentes contre les chevaliers avec l'aide de son grand-père,  collaboration avec l'ennemi tout en rusant pour apprendre la langue des serpents à un enfant. Il doit aussi se battre contre les intégristes de sa tradition qui tiennent sa famille responsable de tous leurs malheurs.
Chaque fois que la situation semble s'améliorer, Leemet a un autre malheur et finalement il se retrouve tout seul. Nous savions dès le début que son combat était perdu, mais il a trouvé la paix avec la Salamandre , cette créature qui aurait pu sauver son peuple.
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"L'homme qui savait la langue des serpents", c'est l'histoire du dernier homme sur Terre à connaître la langue des serpents, cette langue qui te permet de parler avec les animaux, de dresser les loups piur les traite et les chevaucher, et de te nourrir sans peine...
Cet homme, c'est Leemet, et il va, au cours de sa vie, devoir se battre contre la modernité et contre la bêtise humaine, aidé d'un cercle d'amis se réduisant à peau de chagrin au fil des années...
Il y aura du feu, du sang, des boyaux, des cris et des larmes ! Ce ne sera pas de tout repos !
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Grâce à la liberté offerte par cet univers fantastique, Kiviräkh se permet toutes les fantaisies et ouvre en grand les portes de notre imagination : des ours amants de femmes, des sacs de vents pour s'envoler avec des ailes en os humains, des terriers de serpents où les gens de la forêt hibernent l'hiver, des élevages de poux géants,... tout est possible !!
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Mais que veut nous dire Andrus Kivirähk avec son histoire de serpents ?
Vous vous en doutez, sous couvert de ce conte fantastico-médiéval, l'auteur s'attaque à beaucoup de sujets. Certains seront à la portée des lecteurs européens que nous sommes (le combat contre la modernité, la tristesse de voir les traditions disparaître, tout en critiquant l'obscurantisme du paganisme comme de la chrétienté,...), d'autres toucheront plus efficacement le coeur des estoniens (et c'est bien pour cela qu'il a eu tant de succès à sa sortie dans son pays en 2007), notamment des thématiques géopolitiques mais aussi religieuses...
La note du traducteur en début d'ouvrage ainsi que la postface aideront d'ailleurs le lecteur à bien cerner tous les enjeux du roman.
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Dans "Les secrets", le merveilleux prenait le pas sur l'obscurité. Ici, même si l'on trouve quelques touches d'humour bien placées, il ne s'agit pas d'un conte magique pour enfants, mais bien d'une sombre et tragique histoire, à la croisée des univers de Game of Thrones, Blackwater ou encore Bérengère Cournut.
Le monde n'y est pas manichéen ! le Bien et le Mal ne sont pas si facilement distinguables : la Tradition, même si elle permettait de vivre en harmonie avec la Nature, n'est pas tout à fait parfaite avec ses convictions ridicules, mais la Modernité, elle, ne semble vraiment pas apporter d'amélioration à la condition humaine... Alors, qui a raison et qui a tort ? Ceux qui fuient la forêt pour manger du pain sans goût mais espérer s'élèver aux yeux des chevaliers, ou bien Leemet qui préfère partir à la recherche de la Salamandre endormie pour transmettre un héritage millénaire ?
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A vous de choisir votre camp, en lisant ce texte que j'ai trouvé complet, très juste, et qui m'a énormément plu ! Vous connaissez mon goût pour les contes, et celui-ci était tout juste noir comme il faut ! 🤩
Je remercie d'ailleurs @courtoisgregoire de l'avoir poussé entre mes mains, et puis je salue aussi @manonlit_et_vadrouilleaussi et @point.a.laligne, meilleures coéquipières pour une balade en forêt !! (Avec Ints, bien sûr ! 🐍)
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Un merveilleux conte estonien dans la droite lignée des sagas islandaises que j'affectionne mais aussi bien plus !

C'est en effet un conte imaginaire qui nous permet de nous enfoncer dans la forêt estonienne dans une période médiévale en suivant Leemet, le dernier homme qui sait la langue des serpents. Dans l'ombre des branchages, tout un monde, où animaux et hommes ont des relations particulières, où les serpents ne supportent pas la bêtise des hérissons, les ours ces coquins lubriques savent comment séduire les femmes, les louves restent les indispensables laitières des hommes et où les élans ne sont là que pour satisfaire les appétits carnivores …

C'est aussi un conte intemporel d'une actualité frappante, quand trois générations (et même quatre en réalité) doivent cohabiter alors qu'elles n'ont plus la capacité de se comprendre. Quand sous prétexte de la modernité, il est indispensable de renier les anciennes traditions voire pour plus d'efficacité de les diaboliser.

C'est surtout un conte pamphlet, bien sûr totalement à charge même si l'auteur donne la parole à chacun des représentants leur donnant la possibilité d'expliquer, défendre en quoi leur croyance est plus pertinente qu'une autre. Mais c'est finalement une vraie critique de l'obéissance aveugle de l'homme à des dieux, quelles que soient leurs formes, leurs représentations, tous transposables. Ces dieux ne sont « créés » que pour permettre l'asservissement de certains par ceux qui se targuent d'en être les porte-parole sans possibilité de remise en question. Des dieux, vous aviez déjà deviné, qui justifient aussi que les hommes se mettent en guerre !

Cependant, Leemet, lui n'a pas de dieux, s'en défend, ne souhaite que répondre à ses besoins naturels dont le plus important, celui de transmettre et de ne pas être le dernier. Trouver un objectif, une raison de vivre quand finalement tout autour de vous, malgré vos efforts vous emmène vers une solitude inéluctable. Leemet ne possède finalement qu'une seule chose que personne ne pourra jamais lui enlever, son espoir de voir un jour la Salamandre depuis longtemps endormie et invisible à tous …

Pour conclure, une véritable rencontre et découverte où l'on rit autant que l'on pleure mais que je ne saurai décrire aussi bien que Sandrine que je remercie vraiment pour son enthousiasmant partage.
https://www.babelio.com/livres/Kivirhk-Lhomme-qui-savait-la-langue-des-serpents/438225/critiques/3417588
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J'ai été déçu par ce livre.
L'histoire se déroule en Estonie et "retrace dans une époque médiévale réinventée la vie d'un homme qui, habitant dans la forêt, voit le monde de ses ancêtres disparaître et la modernité l'emporter."
Je m'attendais à quelque chose de mystique, ou philosophique ou encore poétique, un peu les trois à la fois à vrai dire. Mais, hélas pas vraiment. Philosophique, oui, un peu. Mais il y a tellement de longueurs et de répétitions que cela n'est pas très convaincant. Il y a quelques idées qui se courent derrière et qui sont exploitées sous tous les angles. Les cent premières pages sont particulièrement pénibles ; après ça décolle un peu. Heureusement que les derniers chapitres apportent du piment à l'histoire ; d'où les trois étoiles et pas deux.
Sinon, on s'attache quand même aux personnages et l'écriture est agréable même si je l'ai trouvé souvent enfantine. Je suis étonné que le livre n'ait pas été étiqueté "littérature jeune adulte" car pour moi ça lui correspond.
Ma déception a été à la hauteur de mes attentes car l'histoire me plaisait et aussi parce que le livre a connu un grand succès et a reçu un très grand nombre de cinq (574) et quatre (322) étoiles sur Babelio.
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A la vue de cette superbe couverture représentant une sorte de reptile ailé, je n'ai pu résister à son charme ancien qui m'a rappelée les planches Deyrolle tant aimées de mon enfance.
« L'homme qui savait la langue des serpents » est un roman étonnant, mystérieux, qui m'a transportée dans un monde fascinant et étrange, peuplé d'animaux extraordinaires. Dans mes rêves éveillés, j'ai vu la légendaire Salamandre protégeant les rivages et affrontant des navires qui venaient piller les côtes estoniennes, un pou géant de compagnie, des ours qui séduisaient les jeunes filles,...

Entre récit fantastique et vieux mythes, roman picaresque et conte épique, règne un univers enchanteur où le réalisme magique côtoie l'histoire, le folklore, la culture et le paganisme. Ce roman est incontestablement insolite et extravagant, accentué peut-être par notre manque de connaissances et de références culturelles et historiques sur l'Estonie.

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Le roman d'Andrus Kivirähk est un voyage passionnant qui nous plonge dans les forêts de l'Estonie médiévale à la rencontre des derniers peuples païens.

Avant l'invasion de chevaliers teutoniques venus de Germanie, les estoniens vivaient en harmonie dans la forêt, parlaient encore la langue des serpents, élevaient des louves laitières, se déplaçaient à dos de loup et hibernaient en hiver.
Mais depuis, leur monde et leur mode de vie sont en sursis. Petit à petit, les familles quittent la forêt, attirées par la vie plus facile dans les villages, et oublient leurs coutumes ancestrales. Elles apprennent l'allemand, se convertissent au christianisme et adoptent des noms bibliques.

« le monde change, il y a des choses qui sombrent dans l'oubli, d'autres émergent. »

Andrus Kivirähk est un auteur talentueux, qui a su créer un univers fascinant et original saupoudré de merveilleux et de fantaisie débridée. Toutefois, la dernière partie du récit devient un peu plus sombre et plus violente.

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L'histoire n'est pas linéaire, elle se déroule en empruntant des sinuosités, suivant les différents habitants de la forêt tout au long de leur vie. L'auteur ne s'est pas focalisé totalement sur le personnage principal, il a aussi réussi à donner vie à de nombreux personnages inoubliables.

Le jeune Leemet, le narrateur, est le dernier de son peuple à connaître la langue ancestrale des serpents, celle qui lui permet de communiquer avec les serpents et les animaux de la forêt. Son récit se teinte souvent de mélancolie et de nostalgie, car si la Salamandre endormie ne se réveille pas, son peuple va s'éteindre.
Sa personnalité complexe, avec ses failles et ses imperfections, sa curiosité, ses doutes et ses interrogations le rend profondément humain et d'autant plus attachant. A travers le parcours de notre jeune héros, on ressent le changement profond qui s'opère dans sa vie : attiré par le nouveau mode de vie des étrangers et respectueux de l'ancienne culture, on voit se dessiner dans son esprit une envie de compromis.

« Les désagréments, c'est comme la pluie : un jour ils vont nous tomber dessus, mais il n'y a pas de raison de s'en soucier tant que le soleil brille. Et puis, la pluie, on peut s'en protéger, et beaucoup de choses qui semblent fort laides vues de loin ne sont pas si terribles que ça quand on s'en approche. »

Il dépeint un monde en profonde mutation : le poids des anciennes traditions et des rites sacrés face la modernité, un mode de vie de chasseurs-cueilleurs face à l'agriculture et l'élevage, la nature face à la culture, le paganisme face à la religion chrétienne.
Ce qui est extrêmement bien réussi, c'est la façon dont Leemet prend conscience de l'irrationalité et de l'absurdité du fanatisme religieux des deux sociétés.

« Il y en a qui croient aux génies et fréquentent les bois sacrés, et puis d'autres qui croient en Jésus et qui vont à l'église. C'est juste une question de mode. Il n'y a rien d'utile à tirer de tous ces dieux, c'est comme des broches ou des perles, c'est pour faire joli. »

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De nombreux personnages, délicieusement croqués, à la fois hauts en couleur, loufoques et charismatiques, mettent une ambiance pleine de folie et d'extravagance : une jeune vipère royale, le grand-père de Leemet qui se bat comme un enragé avec ses crocs venimeux, le mystérieux personnage de Meeme, Tambet le sorcier du bois sacré, un couple d'anthropopithèques, Nounours l'amoureux transi de Salme.

« Nounours, c'était ce gros plantigrade avec qui ma soeur s'était mise en ménage depuis déjà cinq ans. Je me rappelais très bien comment elle avait quitté notre foyer – pour maman, naturellement, c'était une grande honte et un terrible malheur, car depuis sa triste expérience de jeunesse elle ne pouvait pas voir les ours, même en peinture. Bien sûr, il y avait belle lurette que nous savions que l'un d'entre eux tournait autour de Salme, mais maman faisait tout ce qu'elle pouvait pour tenir sa fille à l'écart du grand brun. À vrai dire, elle ne pouvait pas grand-chose. Salme traînait tout son saoul dans la forêt, et son galant traînait là où il fallait ; dans ces conditions, évidemment, leurs chemins se croisaient sans arrêt dans les fourrés. Il est très difficile à une jeune fille de se garder d'un ours : c'est si grand, si doux, si mignon, et ce museau qui sent le miel. Maman guerroya tant qu'elle put, mais le soir, quand ma soeur rentrait, ses vêtements étaient toujours couverts de poils. »

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Dans une langue fluide et ensorcelante, Andrus Kivirähk explore avec profondeur et subtilité, la perte de l'identité culturelle et sociale, la confrontation entre traditions ancestrales et modernité. Il offre également des réflexions très intéressantes sur la famille, la guerre, l'amour, la condition de la femme et la liberté.

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L'écriture d'Andrus Kivirähk est magnifique, poétique, colorée, légère, vivante, teintée d'humour, d'ironie et de sarcasme. Par la beauté des paysages, par la richesse incroyable du monde imaginé par l'auteur, par les émotions transmises, cette lecture est vraiment immersive.
Mais l'auteur n'hésite pas à emprunter des chemins plus tragiques, jonglant habilement avec la brutalité, la naïveté ou la stupidité des hommes, jouant ainsi avec nos émotions.

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En résumé, "L'homme qui savait la langue des serpents" a un charme très particulier. Il a réussi à me séduire grâce à son atmosphère déjantée, son inventivité, ses personnages burlesques à la limite de la caricature, son monde riche et fascinant, son atmosphère entre mythologie et Histoire.

"L'homme qui savait la langue des serpents" fait partie de ces romans rares, qui sortent de l'ordinaire. Il ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais si vous souhaitez lire un roman atypique, il sera peut-être votre prochain coup de coeur, tout comme moi.
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L'HOMME QUI SAVAIT LA LANGUE DES SERPENTS de Andrus Kivirähk

Au début, j'ai trouvé cet univers intéressant mais, par la suite, cette façon à peine détournée de blâmer avec raison l'humain pour son irrespect de la nature et des animaux, a fini par me lasser. Cet auteur a apparemment beaucoup de succès en Estonie.
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