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EAN : 9782232121821
154 pages
Editions Seghers (01/03/2001)
5/5   2 notes
Résumé :
Voici un recueil de poésie comme on aimerait en trouver souvent. D'abord, parce que le livre est beau : la collection Autour du monde de Seghers propose une édition bilingue avec une maquette sobre et raffinée ? et cela compte, surtout en poésie. Ensuite, parce que le texte est intelligemment postfacé. Jacques Lajarrige, le traducteur, apporte en dix pages une éclairante lecture de l'?uvre, à partir notamment de références biographiques. On y apprend, par exemple, p... >Voir plus
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De Gertrud Kolmar (Chodziesner), poétesse allemande née à Berlin en 1894 et tragiquement disparue en mars 1943 à Auschwitz, on sait peu de choses.
Au plus quelques dates marquantes et des éléments de sa vie extraits de la longue correspondance qu'elle entretint avec sa soeur Hilde.

Issue de la bourgeoisie (oncle de Walter Benjamin, son père était avocat. Sa mère était elle originaire d'une famille de commerçants aisés et cultivés), Gertrud Kolmar se passionna jeune pour les langues étrangères. Après de longues années durant lesquelles elle étudia l'anglais, le français et l'hébreu, elle devint préceptrice puis traductrice. Son tempérament secret et dévoué la fera demeurer auprès de ses parents, presque sa vie durant.

Ses premiers écrits datent de 1917. Seuls quelques-uns de ses poèmes sont publiés dans des revues locales. Kolmar qui se tient volontairement à l'écart des milieux littéraires, sait pourtant avec précision ce qu'elle recherche au travers de l'écriture.
C'est entre août et décembre 1937 qu'elle écrit un ensemble de poèmes qu'elle réunira sous le titre de Welten (Mondes). C'est par ce recueil qui va marquer l'ensemble de son oeuvre que je suis arrivé à sa poésie. Quelle découverte !

À la première lecture, dès les premiers textes, ce qui marque, c'est l'usage des vers libres, des strophes de longueur inégale. Pas de convention de forme, pas de rimes. Ce choix personnel permet à la poétesse d'aller au plus près de ce qu'elle veut confier.
Après quelques pages, quelque chose s'élève et s'impose à la conscience du lecteur. Comme une respiration, une voix basse qui donne son rythme au poème.
La voix chez Kolmar est ce qui relie au monde, mais aussi ce qui en détache. Elle est ce double mouvement du regard qui s'imprègne profondément de ce qu'il voit et observe mais qui s'enfonce aussi dans son moi intime et dans la plénitude de l'imaginaire.

Dans la poésie de Gertrud Kolmar des thèmes récurrents apparaissent comme l'amour (déçu), la féminité, la perte de l'enfant jamais venu au monde (l'écrivaine a subit un avortement forcé, sa famille refusant de reconnaître une liaison qu'elle eut avec un officier allemand) mais également son affection profonde pour le monde végétal et animal.

Dans tous ses poèmes, Kolmar emprunte au style élégiaque, au symbolisme, à l'onirisme, use de métaphores, de références bibliques et mythologiques pour faire aller son écriture entre réalité et imaginaire. Celle-ci devient particulièrement touchante, découvrant un détail après l'autre, chaque image en faisant éclore une autre, douce réserve de couleurs et de saveurs, d'impressions nouvelles.

Lorsque elle écrit Welten en 1937, le pouvoir nazi règne sur l'Allemagne depuis 3 ans. Gertrud Kolmar vivait depuis plusieurs années le vide d'une existence personnelle que les ténèbres du dehors ne firent qu'accroître. Seule l'écriture lui permit d'affronter le vide intérieur et celui du naufrage d'un pays.
J'ai été touché par la découverte et la lecture de Mondes. Poésie sombre et nostalgique mais qui porte aussi en elle la consolation, la possibilité d'un monde où se retrouver enfin, apaisé.


Pour ce recueil paru dans une édition bilingue, une mention particulière pour la remarquable traduction des poèmes réalisée par Jacques Lajarrige.
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