Nous suivons Ellen Donhoven une allemande, elle est en Amazonie pour trouver des poisons pour l'entreprise pharmaceutique de son père. Elle est accompagnée de plusieurs personnes et monte une expédition pour voguer sur les affluents de l'Amazone et traverser une partie de la forêt pour arriver chez les Jumas. Sauf que cette expédition ne va pas se dérouler tout à fait comme prévu. L'auteur nous livre un livre assez court mais assez fourni en aventure. Pas déplaisant à lire.
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—Qu'est-ce que vous nous préparez la comme saleté ? demanda Forster le lendemain. Ça fait l'effet d'une drogue.
—C'est du mamaliko, répondit Palma. (A voir son pied enflé et rougeâtre, on comprenait qu'il puisait la force de suivre les autres uniquement dans cette bouillie de racines ; il leur montra du doigt quelques plantes molles à reflets rosés. ) Les Indiens en tire une boisson anesthésiante. Cela ressemble en effet à de la drogue... (Il leur adressa un sourire grimaçant.) Vous croyez que sans le mamaliko, nous serions si loin ?
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Ellen ramener les jambes sous son menton et observa les trois hommes à tour de rôle. Le mamaliko commençait à faire son effet ; elle se sentait gagnée par l'euphorie et perdait peu à peu la conscience du danger qui les guettait de toutes parts. La vie ressemblait au vol d'une hirondelle, le vert des feuilles, le bleu du ciel et les couleurs des fleurs prirent une intensité qu'on aurait presque pu dire artificielle. Et quand le déluge quotidien déversa ses vannes, les gouttes de pluie avaient soudain pris le scintillement des diamants.
Des lacs et des mares où la mort rôde sans cesse sous la forme d’araignées géantes au venin fatal. L’enfer terrestre... Et pourtant ce pays maudit a toujours fasciné l’homme, attiré sans doute par le besoin de sonder les mystères de cette immensité vierge.
Un demi-continent en friche, inutile et vierge. Quelles possibilités de toutes sortes dorment dans ce pays immense, señorita ! Les trésors inconnus du sol et du sous-sol, les bois précieux, les forceshydrauliques... Mais il nous manque l’argent et la main-d’œuvre. Ah! Si nous étions en Russie! Ils ont commencé la conquête de la Sibérie il y a une trentaine d’années, et aujourd’hui ils en tirent déjà des richesses fabuleuses. Et pourtant, que représente la Sibérie en regard du bassin de l’Amazone et de la Grande Mata!
Aucune présence humaine, ni ces misérables huttes de chasseurs d’orchidées ou de chercheurs de diamants, ni les tentes des aventuriers audacieux attirés par la forêt vierge de l’Amazonie dans l’espoir insensé d’une découverte miraculeuse qui transformerait leur vie en les comblant d’argent et de richesses. La plupart d’entre eux du reste périssent prématurément sous les flèches mortelles des Indiens, frappés par des êtres dont nul ne connaît le nom et qu’aucun Blanc vivant n’a jamais vus.
Mamaliko... Le mot magique, la drogue miraculeuse qui les tenait encore en vie, la seule lueur d'espoir qui leur restait, au bout de quatre jours. Encore trois jours jusqu'au Rio Tefé...
Mamaliko, oubli et euphorie, l'aveuglement devant la réalité, le seul moyen de surmonter le désespoir croissant.
Tous les quatre, ils mâchonnaient la drogue sans arrêt, et comme des automates mettaient un pied devant l'autre, incapables de penser ni de sentir quoi que ce soit.