AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 311 notes
Quel style ! Quelle plume ! Une écriture précise, à la fois ciselée et puissante, pleine de grâce, élégante, fait que l'on va au bout du roman, et que l'on en reste pantois d'admiration littéraire.
Le récit, quant à lui, est un tantinet autobiographique, Claire, c'est un peu Marie-Hélène Lafon...
C'est beau, cette jeune vie qui, grâce à l'amour des lettres, s'éloigne de sa condition rurale dans le Cantal, se déracine pour vivre à Paris et intégrer la Sorbonne, mais mélancolique, lent et long bien que touchant.
Mais encore une fois : quelle plume magistrale !
Lien : https://lecturesdartlubie.bl..
Commenter  J’apprécie          61
Ce récit m'a profondément touché : la justesse de ton de M.H Lafon, sa grande tendresse envers la terre du Cantal - sans sombrer dans les clichés du choc culturel entre paysans et citadins, la joie d'apprendre et de transmettre... Une oeuvre dans le sillage des romans de Pierre Michon ou du Ramuz de la fête des vignerons.
Commenter  J’apprécie          60
N°683– Octobre 2013.
LES PAYSMarie-Hélène LAFON- Éditions Buchet Chastel.

Pour un agriculteur, on disait plutôt un cultivateur ou un paysan, même si on n'était pas exposant, aller au salon de l'agriculture, même pour trois ou quatre jours, était toujours un événement, surtout si on venait du Cantal. On aimait marcher dans les allées, regarder et toucher les bêtes même si elles faisaient partie de son quotidien. Ce n'était pas comme ces parisiens qui ne connaissent que le lait en briques et la viande découpée en barquettes au supermarché. C'était aussi l'occasion d'aller à la Capitale, de voir Paris. Pour cela on sollicitait les amis ou la famille et comme tout bons provinciaux on a toujours un cousin qui habite la banlieue et qui pilote les nouveaux-venus dans cette ville où ils ont l'impression d'être dans un pays étranger, presque sur une autre planète.

Ainsi commence l'histoire De Claire qui y faisait ainsi ses premiers pas. Plusieurs années plus tard, bac avec mention en poche, elle y reviendra, mais comme étudiante à la Sorbonne parce que le métier de paysan, entre les négociations de Bruxelles et les difficultés grandissantes de l'agriculture de montagne, c'était terminé. le père le disait d'ailleurs à la fin des repas de famille « On finissait, on était les derniers » même si cette génération d'agriculteurs a inauguré le confort des machines qui facilitent le travail. Voilà donc Claire, étudiante parisienne en hypokhâgne qui découvre le milieu universitaire avec à la fois la crainte des mandarins méprisant la piétaille estudiantine et une sorte d'admiration pour M. Jaffre, un professeur pas vraiment dans le moule et même un peu rebelle. Elle ne s'y sent pas tout à fait à sa place, peut-être parce qu'elle est fille de paysan et qu'elle y côtoie d'autres étudiants qui remettent leurs pas dans ceux de leur père dans des humanités qu'on fait ainsi de génération en génération. Étudiante besogneuse, effacée mais appliquée, elle ne fréquente guère les autres, se contente de regarder de plus ou moins loin les plus brillants, les plus emblématiques ou les plus flamboyants, et de travailler. Elle leur préfère des « pays », des compatriotes, même si, comme Alain, ils sont magasiniers à la Sorbonne, dédiés à la manutention de livres qu'ils ne lisent pas et dont ils ne comprendraient peut-être pas le texte. Elle vit à Paris mais craint surtout de ne pas être reçue ce qui équivaudrait pour elle à la suppression de sa bourse sans laquelle elle devrait renoncer aux études. Elle travaille dur et les mois d'été, elle les passe derrière le guichet d'une banque pour un supplément d'argent qui lui permettra de s'offrir des vêtements qui la feront un peu plus ressembler à une parisienne. D'ailleurs, elle ne retourne que très rarement en Auvergne, vit pratiquement une existence citadine, de plus en plus étrangère à son pays et ne reçoit des nouvelles de la famille que par la poste.
Cet intermède estival et bancaire est certes alimentaire mais lui permet surtout d'observer un autre monde, celui du travail, de s'y faire accepter autant par son entregent, sa discrétion que par sa disponibilité mais surtout d'envisager autre chose, une carrière dans la Fonction Publique que lui permettront ses futurs diplômes, avec avantages sociaux et sécurité d'emploi. Cet entracte laborieux lui permet cependant de goûter les conversations oiseuses et sans grand intérêt qui généralement y ont cours, basées plus ou moins sur le quotidien des employés de l'agence et de leur histoire personnelle, de rencontrer tout un aréopage de collègues originaux ou parfaitement inintéressants qui d'ordinaire peuplent le monde du travail... et de jouir de sa position d'intérimaire très temporaire.

Nous la retrouvons à quarante ans, un peu vieillie, divorcée sans enfant, professeur à Paris, sa ville désormais où elle vit avec métro, trains et appartement sans ascenseur, mais qui passe ses vacances en Auvergne, dans son pays. Ce sont ses deux « terriers », ses deux refuges. Elle est maintenant une vraie parisienne qui reçoit annuellement chez elle sa famille, son neveu et son père, comme un rituel. Elle les initie aux nouvelles technologies, leur montre les avantages du confort moderne, de la vie à Paris, les traîne dans les musées auxquels ce père terrien ne parvient pas à s'intéresser. le temps a passé pour elle comme pour les autres avec son cortège de souvenirs et de regrets d'enfance avec des objets arrachés au passé comme autant de jalons générateurs de mémoire qu'on garde jalousement et qui rappellent le pays quitté, comme déserté, « pour faire sa vie ». Un gouffre s'est creusé entre elle et cette famille au point qu'ils appartiennent maintenant à deux mondes différents qui ne se comprennent peut-être plus . Une bonne illustration de la phrase d'Eugène Delacroix mise en exergue de cet ouvrage «Nous ne possédons réellement rien ; tout nous traverse »

Il y a beaucoup de Marie-Hélène Lafon dans cette Claire, son départ d'Auvergne, son parcours universitaire, sa vie professionnelle et peut-être familiale ; c'est sans doute vrai mais il reste que ce départ de son « pays », de son décor d'enfance pour un autre univers auquel on doit impérativement s'adapter est, sans aucun doute, commun à tous et que nous tous pouvons, le transposant et au-delà de l'histoire, nous l'approprier.

Dans une précédente chronique (La Feuille Volante n°671 à propos de « MO »), j'avais dit mon sentiment à propos du style que je trouvais trop haché, trop minimaliste, simplifié à l'extrême et à mon sens trop peu agréable à lire pour un lecteur peu averti comme moi. Je ne l'ai heureusement pas retrouvé ici, bien au contraire. La phrase est, dans ce roman, plus ample même si elle est un peu longue, plus précise, plus poétique parfois, plus colorée, impertinente quelquefois, illuminée à l'occasion de mots vernaculaires (Le vent de neige se dit en Auvergne « écire » ou « burle ») et fort agréablement enlevée avec ce rien d'humour qui vous la fait relire rien que pour le plaisir. J'ai donc lu ce livre avec délectation, un peu à cause de l'histoire, un peu à cause de la musique et de la justesse des mots, de l'odeur des lieux, de la suavité des paysages décrits et peut-être aussi de la nostalgie qu'il distille. Et puis j'apprécie toujours quand un auteur m'emmène avec lui pour un bon moment de lecture et surtout quand il sert, avec sa plume, notre si belle langue française.





© Hervé GAUTIER - Octobre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          60
J'avais très envie de lire ce roman, ma propre mère ayant une histoire très proche de celle de l'auteur : issue d'une famille d'agriculteurs, elle a été la première à faire des études et à "quitter le pays". Un choix entre fierté et déchirement. Je m'attendais donc à y retrouver des réflexions qui ont moi-même pu me traverser, sur la peur de décevoir, de se couper de ses racines, le sentiment d'abandonner les siens. Malheureusement, je n'ai rien trouvé de tout ça dans ce roman qui manque cruellement de sensibilité. L'auteur nous raconte un parcours somme toute banal avec un détachement qui fait froid dans le dos. L'écriture est sans intérêt et ne recèle nulle finesse. Une grande déception.
Lien : http://madimado.com/2013/06/..
Commenter  J’apprécie          62
Franchement, c'est pompeux et prétentieux. J'avais vraiment aimé L'annonce et Les derniers indiens. Mais alors là, quel ennui.....J'ai fini ce livre en lecture diagonale.
Commenter  J’apprécie          60
Clara est fille de paysans, les derniers de leur époque... Elle vit en Auvergne, mais ne rêve que des bancs de l'école, de ce qu'elle va pouvoir puiser dans les livres et les études. Ses rêves se réalisent grâce à sa grande tenacité, elle devient étudiante, mais pas n'importe pas. Ce sera la Sorbonne ou rien. Un univers à l'opposé de celui dont elle vient...
Je recommande fortement la lecture de ce très beau roman de Marie-Hélène Lafon. Son écriture est précise et élégante, comme dans ses autres livres, et l'atmosphère y est plus lumineuse. Les personnages et les situations sont merveilleusement réels, peut-être parce que cette histoire est puisée au coeur même de l'histoire personnelle de l'auteur. Ce roman prend sa place parmi ses précédents écrits, comme une pièce de puzzle qui s'ajuste parfaitement.
Commenter  J’apprécie          60
Earl Grey sans sucre

Claire, quitte son Auvergne natale et monte à Paris pour étudier à la Sorbonne. Élève brillante, une mention très bien au bac, elle vient étudier les Lettres Classiques. de cours à l'amphi, en ballades dans les rues, en boulot d'été, nous la suivons dans trois étapes de son initiation citadine.

Son quotidien est fait d'émerveillements suscités par la vie dans une grande ville, de rencontres avec une galerie pittoresque d'étudiants, de voisins ou de passants, de retours réguliers mais de plus en plus espacés dans la ferme familiale. Trois étapes qui vont donner un sens a sa vie et marquer à tout jamais un éloignement de ses racines.Les études terminées, elle repart pour de longues vacances à la ferme familiale....

On fait alors un bond dans le temps. Et quinze ans plus tard, son père vient lui rendre visite. Elle est maintenant devenue professeure dans un établissement scolaire parisien. Elle a maintenant quarante ans, toujours célibataire. Elle a trouvé sa vie, dans ce petit appartement aux portes de Paris. Lui est maintenant à la retraite. Lui qui ne comprend pas cette vie. Lui perdu dans cet environnement. Lui qui se sent décalé dans cette frénésie.

Deux histoires, deux lieux, deux manières d'appréhender la vie. Et qui demeureront résolument distincts. Qui coexistent. Qui se tolèrent. Mais ne savent pas comment communiquer.

Dans son livre "Les pays", Marie-Hélène Lafon dépeint à la manière d'une anthropologue précise et détachée, l'histoire singulière de cette femme coincée entre deux mondes.Tous les opposent. Et en plus ils semblent s'ignorer.

Ce livre est comme une tasse de thé : sobre, délicat et simple au premier regard. le récit avance lentement au gré des saisons, des rencontres et des étapes de la vie d'une étudiante.
Puis l'arôme se déploie et le parfum apparaît : subtil et doux. L'héroïne vit sa transformation avec douceur, élégance, sans volonté appuyée. Elle semble avancer dans la vie sur la pointe des pieds. On est loin d'une Bridget J. larmoyante, d'une Pretty Woman méritante ou d'un Rastignac exalté. La transformation a l'air de s'opérer lentement, sans à-coups. Aucun dialogue cependant. Un récit purement contemplatif. Les sentiments sont simplement suggérés.
Et c'est une fois en bouche que le goût se révèle : fort, sophistiqué, distinctif. le style est très recherché mais sans fioritures inutiles. Recherche dans les mots: précis, sonores, esthétiques. Recherche dans le rythme : phrases gigognes, amples et ciselées dans lesquelles Marie-Hélène Lafon s'amuse avec la ponctuation, les tournures et les formulations. Elle a dû passé des heures à peser chaque mot, essayer des structures, choisir ses adjectifs. Tricotant et détricotant son ouvrage.

Une fois le livre reposé, une sensation demeure : l'apaisement. On sort de cette lecture différent comme Claire, l'héroïne. Comme si ce récit avait touché les profondeurs oubliées de nos propres racines et apaisé certaines douleurs.

Lien : http://lesdouzecoupsdeminuit..
Commenter  J’apprécie          60
Les Pays
Marie-Hélène Lafon
Roman (8)
Buchet/Chastel, 2012, 203p


Ce petit roman commence par une citation de Delacroix, mise en exergue : Nous ne possédons réellement rien ; tout nous traverse.
Est-ce un roman ? Ou alors un roman autobiographique ? Ou un roman dans lequel nombreux sont ceux qui retrouvent leur propre vie ? On pense à Annie Ernaux, mais chacune des deux autrices a une patte bien à elle. Quand on lit Marie-Hélène Lafon, on l'entend parler, avec une âpreté certaine qui la caractérise. C'est un flux continu qui donne de très longs paragraphes avec un minimum de ponctuation.
Le roman parle de Claire, une fille de paysans D Auvergne, d'un petit village du Cantal. A Claire, l'école va très bien, beaucoup mieux que les travaux agricoles, qui la fait entrer dans le monde des mots, tous les mots, et notamment les anciens, ceux qu'elle a plaisir à rechercher, presque une langue étrangère pour celle qui parle un autre français avec ses parents à qui elle ne parle pas, contrairement à Annie Ernaux, de ce qui se passe dans ce lieu. Elle est pensionnaire sept ans dans une institution de Saint-Flour, puis elle monte à Paris faire, grâce à une bourse, des études de Lettres Classiques à la Sorbonne. Elle reviendra très peu chez elle, travaillant l'été dans une banque, où on apprécie sa modestie et sa réserve. Elle observera ce qui la sépare des autres étudiants, notamment deux étudiantes venant d'un milieu aisé et lettré. Elle goûtera Flaubert.
Enfin, le lecteur la voit à 40 ans, professeur, ayant appris et apprivoisé la ville qu'elle aime et où elle se sent à sa place, et recevant son père qui lui aussi observe l'étrangeté du lieu et de la manière de vivre de sa fille qui ne veut pas d'enfants, et son neveu, le fils de sa soeur sage-femme, qui aime musées et monuments, et ne vient pas dans la capitale pour le Salon de l'agriculture. Ne sera resté à la ferme que le fils, demeuré célibataire, et qui n'était pas fait peut-être pour être agriculteur.
Le livre est intéressant parce qu'il raconte une vie, et qu'il évoque un monde paysan qui disparaît. Il montre aussi que l'école peut être un moyen de se choisir une vie qui correspond à ce qu'on est. Il est écrit dans une langue très typée.
Commenter  J’apprécie          50
Etre d'ici et d'ailleurs. Avoir deux pays comme le chantait Joséphine Baker; le pays premier et celui dans lequel il a fallu se couler, s'habituer, se faire accepter. Claire quitte son pays premier, son Cantal natal, pour suivre des études de lettres à Paris. Choc culturel! Outre le métro, le bruit, la ville, autant d'odeurs si différentes de celles du foin, de l'herbe coupée , de la montagne, des animaux de la ferme, c'est la confrontation avec les étudiants de milieux sociaux plus favorisés, citadins, habitués des musées, de spectacles culturels en tout genre, maîtrisant des codes de langage à des années lumières de expressions cantalouses de sa famille. Marie-Hélène Lafon livre dans ce récit, plus poème en proses que roman, le cheminement de l'étudiante qu'elle fut sans doute, ses choix de vie qui creusent un profond sillon entre les êtres chers du pays premier et son cheminement de femme libre qui s'est affranchie des standards du mariage et de la maternité. Férue de lettres, elle s'approprie les mots de la langue française avec un certain amusement, détourne en sens littéraire des termes techniques ou scientifiques dans une langue à la fois très classique et très parlée mettant en relief les langages de ses deux pays, celui de l'oral rural de sa campagne familiale et celui de la fac de lettres. Un récit où les phrases sont cependant dans l'ensemble beaucoup trop longues à mon gout, presque absentes de ponctuation, manquant donc de respiration, obligeant une lecture en apnée. Et une plume qui court à l'envi et s'accorde des redites: la libération des deux renardeaux de l'école, les états du père, ressassées....un petit manque de rigueur pour mon cerveau cartésien. Mais derrière le beau récit littéraire, l'air de rien, une intéressante étude sociologique.
Commenter  J’apprécie          52
A l'origine Claire vient de son Cantal, contrairement à sa fratrie elle n'est pas destinée à la terre, sa maladresse est légendaire ainsi que son aptitude pour les études.
Les paysDe Claire sont le Cantal qui l'habite et Paris qui l'habille.
En prévision de son entrée à la Sorbonne, son père l'amène à Paris, lors du Salon de l'Agriculture.
Pour ce court séjour, ils habiteront chez des amis demeurant à Gentilly, Henri et Suzanne, qui viennent chaque année rendre visite à leur famille dans le Cantal.
Le père souhaitait venir en voiture, mais il en fut dissuadé, trop compliqué quand on n'a pas l'habitude.
Le père a une antienne, son monde qui s'efface. La fille engrange tout ce qui est possible pendant ce séjour, elle sait que sa vie sera là.
Ses premiers pas à la Sorbonne, sont ceux d'une fille de son pays qui se rappelle à elle par l'importance qu'elle accorde à la gestuelle, à la structure des corps de ses nouveaux compagnons de route.
Qu'ils soient étudiants ou professeurs, ce sont leurs corps qui parlent, qui disent.
Les mains de son professeur de Grec sont terriblement vivantes. Ce sont pourtant des mains d'intellectuel.
L'éveil à ce nouveau monde n'est pas sans douleur, se taire sur tout ce qu'elle ne sait pas de façon innée, combler ce fossé avec acharnement, travailler encore et encore.
« Claire s'exhortait à ne rien perdre, à ne rien laisser flotter ; elle pressentait qu'il lui serait difficile de revenir seule au Louvre sans être écrasée, sans crouler sous les références qu'elle n'aurait pas ; elle devait prendre ce qui était donné, là ici maintenant, et faire son miel… »
Travailler toujours, pendant les vacances « se faire des sous » qui devront, ajouter à sa bourse, faire toute l'année.
Lors de la réussite de son examen de première année, faire une folie, s'offrir un pantalon rouge, comme celui que porte les filles à la mode, c'est une récompense bien méritée.
Cet achat est une mue.
Son amitié avec Lucie lui parait improbable, comme la vie à Paris où les voisins ne voisinent pas mais s'entassent, car le mètre carré habitable est cher.
Avec Gabriel, « elle apprit la géographie. »
Claire est laborieuse, joyeusement laborieuse, « elle n'avait pas besoin de divertissement. »
Tendue comme un arc vers son but : réussir ses études.
Elle découvre qu'il y a une vie culturelle, un trésor qu'elle ne laissera pas échapper.
Elle se forge. Si son physique a la force de ceux qui ont vécu avec la terre nourricière, se sont endurcis au contact de la rudesse de cette dernière, elle devient intense et singulière.
Des années plus tard, elle transmet à son neveu. Elle a fait le choix de ne pas avoir d'enfant, son père a du mal à comprendre cette fille dont il est fier, mais qui vit de façon si éloignée des manières qui l'ont vu naître.
« Avec des femmes comme Claire, qui ne voulaient pas se charger d'une famille, supporter un mari, des enfants, et habitaient dans des appartements bourrés de livres, allaient à des spectacles ou voir des peintures dans des musées, à Paris en Autriche à New-York, au lieu d'élever des gosses et s'occuper d'une maison, avec rien que des femmes comme elle, qui gagnaient leur argent sans attendre après les hommes, ça serait bientôt la fin du monde. »
Ses mots sont comme des pierres polies par l'activité dense de la rivière, ces mots qui sont devenus les siens pour les offrir à ses lecteurs, sont autant d'empreintes de son pays, de ses pays.
« … il n'y avait pas de paradis, on avait réchappé des enfances ; en elle, dans son sang et sous sa peau, étaient infusées des impressions fortes qui faisaient paysage et composaient le monde, on avait ça en soi, et il fallait élargir sa vie, la gagner et l'élargir, par le seul et muet truchement des livres. »
Un roman où sensualité et cérébralité font bon ménage dans une belle humanité.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 2 septembre 2019.
Commenter  J’apprécie          50





Lecteurs (587) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}