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sur 311 notes
Claire est « montée » à Paris pour faire ses études supérieures de lettres classiques à la Sorbonne.
Elève studieuse au pensionnat, elle se retrouve solitaire et besogneuse sur les bancs de la fac : son Cantal natal a laissé en elle une empreinte indélébile qui la tient à distance de la légèreté et de la frivolité parisiennes.
Rien de léger en Claire ; absorbée par des études exigeantes, elle rechigne à se défaire de sa gangue paysanne, alors elle travaille et elle observe ses congénères et la facilité déconcertante avec laquelle ils ont apprivoisé des arts dont elle n'avait jamais entendu parler…
Et Claire, elle aussi, finit par apprivoiser la ville, ses bruits, ses odeurs, la promiscuité, et prendre une certaine distance avec la ferme, le pays et sa famille ; elle finit, sans devenir une autre, par absorber la ville tout en conservant ses attaches terriennes et paysannes.
Tout en racontant un monde qui meurt, le monde des paysans, forçats de la terre et esclaves de leurs bêtes, Marie-Hélène Lafon évoque un passage , le sien , qui est aussi celui de beaucoup de provinciaux « montés » à la capitale, je m'y suis également reconnue… et c'est avec une langue virtuose et profondément charnelle qu'elle relate cet arrachement et cette métamorphose.
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Un roman, ou quelque chose qui y ressemble, avec des aspects qui ont des allures autobiographiques. Claire, une fille de paysans du Cantal, raconte sa vie, enfin quelques moments importants. D'abord une visite à Paris, pour le Salon de l'Agriculture, avec son père et son frère, dans son enfance. Puis ses études à la Sorbonne, en lettres classiques, quelques rencontres, son rapport au savoir. Puis, une visite de son père devenu vieux avec son petit fils chez cette fille divorcée désormais, vivant dans la capitale, devenue enseignante.

En arrière plan, la vie paysanne, les travaux, les modes de vie, en train de disparaître. le père a la sensation d'avoir été le dernier de sa lignée à avoir connu cette vie, il sait que les enfants et petits enfants ont basculé dans un autre monde. Lors de chacune venue à Paris, c'est comme si deux univers, deux époques, se rencontraient, chacun restant dans son fonctionnement. Claire est celle qui arrive à faire à le passage de l'un à l'autre, qui peut se mouvoir à l'aise dans les deux, sans paraître déplacée, en visite. Et qui tient visiblement à garder ses deux appartenances. La petite fille de la campagne, qui n'avait pas les mêmes codes culturels que ses condisciples, qui restait à part, s'est acclimatée, est devenue une citadine, une intellectuelle, mais reste attachée à ses racines, à ses souvenirs, à son enfance.

Je m'émerveille à chacune de mes lectures de Marie-Hélène Lafon de cette écriture somptueuse, magistrale, pourtant appliquée à des existences modestes, à des petites gens dirait-on maintenant, à des petits événements. Mais il y a comme une capacité à voir de la beauté dans le quotidien, dans n'importe qui, qui donne sens et dignité, et une forme de joie, alors que la tristesse et la nostalgie guettent ces destins. Il y a aussi cette discrétion et pudeur qui font que la narratrice se met en retrait, parle bien plus des autres que d'elle-même, comme si elle était moins intéressante, moins légitime, comme si elle existait moins.
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Claire, issue d'une famille paysanne originaire du Cantal, « monte » à Paris pour ses études. C'est sans surprise l'occasion pour l'auteur de comparer les deux modes de vies. Ce livre décrit les rencontres que fera la jeune femme durant son exil parisien. Elle se fait déposséder de « son » histoire au profit de celles des personnes l'entourant , si bien que l'on a l'impression de digressions.
Les phrases à « rallonge » que l'on termine essoufflés, nous ramènent à la lecture, alors que je préfère « m'oublier » dans l'histoire.
Le fait de « sauter » de nombreuses années en fin d'ouvrage, comme si l'on avait déchiré des pages entières, laisse comme une cicatrice et donne l'impression de bouclage précipité.
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Claire, née dans une ferme au milieu du Cantal, monte à Paris pour faire des études de lettres classiques. Trois courts récits – trois moments privilégiés – forment le recueil des « Pays » de Marie-Hélène Lafon. Et tentent de parler de ces pays multiples qui nous habitent : ceux de l'enfance, d'où l'on vient, ceux de la capitale, où on étudie, mais surtout celui de son pays intérieur, fait de la confrontation de deux univers opposés, composant alors un troisième continent tout aussi intéressant que les deux autres.

Le premier récit raconte le premier contact avec la capitale, quand Claire est encore une enfant, à l'occasion d'un Salon de l'Agriculture.
Dès les premières phrases, le ton est donné :
« On resterait pour quatre jours. On logerait à Gentilly, dans la banlieue, chez des sortes d'amis que les parents avaient. » Premier voyage avec le père, « la fille et le garçon » : Claire et Gilles. Premier dépaysement, première perte de repères, sauf quand on retrouvera les vaches salers et qu'on y retrouvera une connaissance avec qui on « avait été en affaires, pour du fourrage ».
Avec beaucoup de tendresse, Marie-Hélène Lafon utilise des expressions paysannes, comme celle-ci à propos de cet Henry chez qui la famille loge : « On les voyait à Pâques, et en août ; ils venaient deux ou trois fois par saison, avec la soeur aînée de Suzanne, Thérèse et son mari qui faisaient une grosse propriété plus haut encore dans la vallée, au pied du puy Mary ». Mais avec Marie-Hélène Lafon on n'est jamais dans le folklorique : comme dans « L'annonce » tout est juste, en toute authenticité.


Derrière la tendresse, de vraies questions, comme celle de l'avenir de l'agriculture : agonie probable selon le père, espoir d'une adaptation possible pour Suzanne – l'avenir est de toute façon incertain. On pense à Raymond Depardon et à son talent pour raconter la paysannerie derrière une caméra.

Le second récit est mon préféré : Claire est montée à Paris pour étudier les lettres classiques à la Sorbonne, après des années de pensionnat réussi à St Flour.
Plaisir des mots que Claire apprend – plaisir du lecteur qui les déguste avec elle découvrant cet univers : « le pensionnat de Saint-Flour lui semblait très confiné, très douillet et très lointain depuis les amphithéâtres de la Sorbonne orgueilleuse où elle s'évertuait depuis plus de sept mois, bientôt huit, à traduire à usage interne et exclusif l'idiome étourdissant dont usaient les mandarins chargés de dispenser les cours magistraux ». Mandarins, cursus, idiome : autant de mots nouveaux que Claire goûte avec sa bouche – et nous avec.

« Ce premier été de Paris fut aussi celui de ce qu'elle nommerait plus tard la leçon du corps ». Tout est dit dans cette phrase : ce sont les sens qui guident Claire au hasard de la ville, comme cette odeur de pelouse fraîchement tondue qu'« elle emporterait avec elle dans le métro et garderait au chaud ». Son rapport au monde est organique : Claire éprouve la capitale par ses cinq sens, et ce sont ces sensations que l'auteure nous traduit avec brio , d'où ce côté si vivant de son écriture.

Vocabulaire ciselé, image de L'Iliade se mêlant à celle du cadre parisien du 13ème arrondissement de Paris, style précieux, tout y est. Précieux, mais jamais pédant.

Dans cette seconde partie, Marie-Hélène nous brosse une galerie de portraits très vivants : celui de ce professeur de grec qui « n'a pas soutenu » mais qui invite ses élèves à la veille des congés scolaires, celui d'une camarade de classe, Lucie, qu'a priori tout oppose (l'origine très bourgeoise normande contre origine paysanne auvergnate de l'autre), portrait d'un Jean-René étrange et solitaire qui disparaît mystérieusement de la faculté.

Mais le plus savoureux reste à venir : Claire, pour financer ses études, passe ses deux mois d'été au guichet d'une banque. Marie-Hélène nous livre un portrait très réussi de Mme Rablot, inamovible caissière, mais elle aussi fille de paysans, « douze vaches de la grande époque » et nous raconte les tribulations sentimentales de leurs collègues de la banque, Jean-Jacques et Marie-Christine.

D'où vient alors que cet usage du « on », dit impersonnel, rende cette histoire paradoxalement si personnelle ? Marie-Hélène Lafon parle de notre vie à tous : combien de nous ont quitté leur pays d'origine, comment fait-on quand on s'en va, que devient-on quand on emporte avec soi tout un pays d'enfance et qu'on s'incarne ailleurs ? Marie-Hélène cherche à faire rendre gorge au réel. Elle décrit minutieusement la ville et son univers minéral de promiscuité et d'odeurs différentes. Elle décrit le dépaysement. Et tout le monde peut s'y reconnaître.

Le troisième et dernier récit bouclera le recueil des pays. Avant que Claire ne revienne vers sa classe, un dimanche soir de retour de son pays d'Auvergne, elle croise dans la Gare de Lyon le regard d'une petite qui mendie. de quel pays est-elle ?

Claire, elle, a au moins deux pays : « Elle a deux endroits où aller, un terrier dans la ville minérale, et un autre, là-haut, qu'elle appelle son terrier des champs, les terriers sont garnis, elle s'y tient au chaud ». C'est son pays volcanique qui lui a donné son élan organique, son feu vital. Divorcée, sans enfant, c'est elle maintenant qui va attendre son neveu à la Gare de Lyon, en compagnie de son grand-père, effet miroir du premier récit où elle abordait Paris pour le Salon de l'Agriculture. Et c'est sur le portrait de son père, visitant le Louvre, qu'on referme la porte avec elle. Sur la pointe des pieds, comme pour garder en soi le charme de ce récit, nourri d'une formidable écriture.

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Présentant une inévitable sclérose sociale et mentale pour tout avenir, Claire quitte sa province natale et la ferme familiale dans laquelle il n'y n'a aucune place pour elle.
Elle aspire à autre chose et d'évidence il lui apparait que Paris, cette ville qu'elle découvrit au cours d'un salon de l'Agriculture est là où elle doit prendre son envol personnel.
Mais voilà, lorsque l'on n'y a pas été préparée, la ville est un univers difficile à appréhender, surtout pour les gens qui comme elle, n'ont pas appris à s'extérioriser.
Sans lui faire renier ses origines où sont ancrées ses racines, la Sorbonne sera son centre d'intérêt culturel qui la conduira à forger son avenir dans l'enseignement.

Dans un style tout en finesse, Marie Hélène Lafon sait nous conquérir à travers une histoire pourtant simple sans événement vraiment marquant mais très symbolique d'une société qui doit faire son unité avec des vies tellement différentes.



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Les années de passage d'un pays à l'autre, de l'Auvergne à Paris, du monde paysan au monde urbain, De Claire, fraîchement bachelière et étudiante en lettres classiques à la Sorbonne. Découpé en trois parties, le roman nous délivre trois épisodes parisiens : quelques jours pendant l'enfance à l'occasion du salon de l'agriculture avec son père, les années d'études et enfin vers la quarantaine lors de la visite annuelle du père.

Avec une certaine distance, une certaine froideur même, l'auteure dissèque cette vie entre deux mondes, cette vie à la charnière entre l'enfance et l'âge adulte, mais également à la charnière entre l'auvergnate qu'elle n'est plus et la parisienne qu'elle n'est pas. Et comme cela se situe à la lisière des années soixante on sent également la charnière entre les temps anciens et les temps modernes. Sans fausse nostalgie, Marie-Hélène Lafon dresse le tableau de cette opposition à travers des portraits singuliers, des petits faits, du quotidien, des rencontres, des questionnements et beaucoup d'émerveillements.

Le récit est simple, assez linéaire et le lecteur est porté par l'histoire. le style est recherché, le vocabulaire précis voire un peu ampoulé, le rythme pesé, les phrases travaillées, et donc la lecture n'est pas d'un abord toujours aisé. Toutefois l'ensemble reste élégant et agréable.

On retrouve là la thématique de l'ascension sociale chère à Annie Ernaux (notamment dans "La place") mais ici le tout est traité sans aucune violence et avec beaucoup de pudeur. Un peu trop peut-être ?
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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On a tous vécu ces moments où, arrivant petit nouveau dans une cour de récré, dans une soirée, dans une réunion, on a l'impression de ne pas faire partie du club, de ne pas avoir les codes, l'attitude qui faut. Il manque quelque chose, ou il y a un détail en trop pour passer cette cloison de verre qui vous empêche « d'en être ».
Ça me rappelle ces cours de sport durant lesquels je me sentais déguisée, avec mes baskets toutes blanches et mon jogging tout neuf. Les autres me semblaient…cool naturellement. Avec l'expérience et l'âge, je me rends compte que j'étais juste entrain de grandir et d'effectuer ma principale mue : l'adolescence. Cette période où on fait le tri entre ce que l'on nous a appris, ce qu'on a envie de casser pour passer à autre chose, ce qu'on choisi de garder comme des valeurs fondamentales. Comment on s'imprègne du reste du monde et quelle place on envisage d'y tenir.
Ce roman c'est tout ça. le choc de la rencontre entre Saint Nectaire et laverie automatique du quartier chinois, cet accent et la façon de s'habiller qui vous catalogue en provinciale montée à la capitale. La vraie question est de reconnaître ses vrais alliés : sont-ce les « pays » ceux qui comme vous sont égarés dans la ville étrangère et ont le bon goût de vous remémorer le petit village, ses vaches et l'atmosphère agricole et familière qui de loin paraît comme un cocon et de près comme une prison ?
Ou ces gens qui ont les codes de la capitale et vous accueillent dans leur communauté, comme un élément apportant une touche d'exotisme rafraîchissante, un faire valoir de leur supériorité sur le reste du monde ?
J'ai bien apprécié ce roman assez court qui pourtant parvient à balayer tous ces questionnements. Il a, et c'est un compliment, la tonalité des romans français des années 70.
J'ai vérifié l'année d'édition pour être certaine de n'avoir pas fait d'erreur,
Alors, faut-il le lire ? Oui !! Gloire au Saint Nectaire, à déguster sur le Pont de Arts à la tombée du jour. de mon côté j'ai tranché : dès la fin du lycée, libérée de la contrainte scolaire, j'ai arrêté de porter des joggings. Et je me sens cool. Différente. Naturellement.
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Il existe des livres qui prennent un tout autre chemin, plus subtil, plus intime, souvent des ouvrages personnels, autobiographies quelquefois déguisées, récits de jeunesse, d'initiation, ... Ils nous attrapent dans leurs phrases pour ne plus nous lâcher. Ceux là ne bousculent pas, mais font résonner en nous des émotions plus intimes, souvent reliées à notre vécu.
"Les pays" de Marie-Hélène Lafon est un de ceux là. Si je devais raconter l'histoire, elle se résumerait à deux ou trois éléments, à première vue peu palpitants. Mais c'est tout l'art d'un grand écrivain de nous intéresser à une jeune fille quittant son Cantal natal pour aller étudier le latin et le grec à la Sorbonne. Bûcheuse et solitaire, nous la suivrons dans sa découverte d'un monde où tous les codes sont à découvrir et à intégrer.
Au premier abord, cela rappelle le dernier roman de Benoît Duteurtre "A nous deux, Paris !" sur le thème de la montée d'un provincial à la capitale. Mais là où le premier essayait de nous intéresser aux péripéties culturo-musicales d'un jeune homme un peu naïf, "Les pays" préfère ausculter comment cette immersion dans un univers inconnu, est vécu, de l'intérieur et combien il est difficile pour une jeune fille sage et douée, de se détacher de son enfance paysanne.
Avec de longues phrases, aux mots choisis, Marie-Hélène Lafon m'a énormément ému. Ses phrases sont justement si enveloppantes qu'elles arrivent à faire resurgir une multitude d'émotions oubliées. Je défie quiconque qui, un jour, a du quitter un milieu familial rural ou ouvrier pour la ville et ses attraits, de ne pas se retrouver dans ces pages. Tout y est admirablement rendu, simplement, intimement sans aucun voyeurisme. Cette enfance terrienne qui est dans les veines De Claire, l'héroïne, restera enfouie en elle, mais elle apprendra à la camoufler derrière les codes de cette bourgeoisie pas encore bobo. le passage de l'une à l'autre est formidablement décrit jusque dans ses moindres détails. C'est délicat sans être mièvre, c'est rendu subtil par un vrai travail d'écriture au pouvoir hautement évocateur.
Comme l'héroïne, j'ai quitté mon milieu de naissance régional pour aller étudier et travailler dans une grande ville. J'ai retrouvé en lisant "Les pays" toutes ces émotions, mélange de honte et de fierté, d'étonnement et de curiosité, de défi et de retenue qui ont émaillé mes années d'apprentissage à une vie urbaine privilégiée.
J'ai passé un moment précieux à la lecture de ce très beau roman.
Un peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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« La mince saga du père et de la mère se tenait là dans cette lutte qu'il avait fallu soutenir, année après année, pour vivre et tout payer, rembourser les crédits et investir dans les équipements modernes….. »
Après l'annonce, qui relatait l'installation en milieu rural, Marie- Hélène Lafon aborde ici au contraire le départ, la migration en milieu urbain. Son héroïne, est une jeune fille, Claire, qui « monte à Paris » pour y suivre ses études. Roman d'initiation judicieusement construit, Les pays montre la distance qui s'instaure d'une génération à l'autre ; distance progressive, mais jamais définitive. Distance appuyée par une narration à la troisième personne, rarement personnalisée. le passage d'un monde à un autre. Une société en mutation.
Si Claire découvre la ville, la vie étudiante, les milieux plus aisés qu'elle, elle n'en garde pas moins un ancrage profond à sa terre, tout en en adoptant une autre. Ce sont ses Pays.
Claire, a très tôt conscience que seuls les livres et les études seront son salut.
« Il n'y avait pas de paradis. On avait réchappé des enfances ; en elle, dans son sang, et sous sa peau, étaient infusées des impressions fortes qui faisaient paysages, et composaient le monde, on avait ça en soi, il fallait élargir sa vie, la gagner et l'élargir par le seul et muet truchement des livres. »
Il n'y a pas de place pour la distraction, la fantaisie. Tout n'est que travail, étude, lecture. Les étés sont aussi consacrés au travail qui améliorera un quotidien spartiate.
Les phrases sont longues, le vocabulaire travaillé, la langue malaxée ; il y a du rythme, le style peut parfois sembler un peu rustique. Il ressort de cette lecture un bel apaisement, sans qu'il ne sombre pour autant dans l'écueil de la mollesse ; l'envie d'aller plus loin avec cet auteur atypique, loin des paillettes et de la sur médiatisation qui gagne à être connue.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Lire Marie-Hélène Lafon, c'est s'embarquer sur un fleuve que conduit un récit impulsé par de longues phrases et rythmé par de plus courtes, un récit étonnamment attachant, surtout lorsqu'il parle des détails de la vie quotidienne, de la vie des gens simples.
Tout commence avec un départ pour Paris, en train, même si le père aurait préféré voyager en voiture… Claire fait partie des deux enfants accompagnant leurs parents et c'est elle que nous allons suivre tout au long de ce livre où l'auteure semble avoir mis beaucoup d'elle-même.
Sans cesse, elle nous ramène dans ce Cantal qu'elle a laissé pour étudier dans la capitale, tout donner pour réussir ses études puis enseigner, sans oublier le pays du Saint-Nectaire et toutes les difficultés, toute la peine de ceux qui tentent de rester pour vivre et travailler sur place.
Après la visite décevante au Salon de l'agriculture, voici la Sorbonne et un professeur de grec remarquable qui invitait ses étudiants, en fin d'année, après la publication des résultats. Claire détaille sa propriété et note, à propos d'un cerisier méritant une taille sévère : « … sachant que l'on verserait sa procrastination au compte déjà bien garni des atermoiements inhérents aux littéraires éthérés. » Quel vocabulaire !
Les années d'internat sont aussi évoquées, comme ces rares amies liées à Claire qui n'hésite pas à consacrer la presque totalité de son repos estival à travailler au guichet d'une banque. le hasard lui fait rencontrer un Pays, magasinier à la bibliothèque de la Sorbonne et c'est tout le Cantal qui revient…Plus loin, elle explique sa réussite aux examens : « Elle avait fiché, compartimenté, absorbé sans fin, en brute méthodique. Elle avait ruminé, digéré et recraché. »
Nous la retrouvons à la quarantaine, de retour du pays, gare de Lyon où elle remarque : « Les filles des affiches sont des bêtes longues et maigres au pelage soigné, elles vendent des produits, elles sont dressées pour ça et appointées. » Finalement, elle reconnaît avoir deux terriers : un dans la ville minérale et un autre, là-haut, « son terrier des champs »
Pour finir "Les Pays", voici le père De Claire à Paris, dans le métro, au Louvre et ses réflexions sont savoureuses mais le constat est simple : « le bref séjour annuel à Paris permettait au père de mesurer la distance creusée entre Claire et lui par cela même qu'il avait toujours souhaité pour ses filles, la réussite dans les études et un métier stable.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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