Après de solides études dans un pensionnat religieux de Saint-Flour, dans le Cantal, Claire, la fille de paysans auvergnats, monte à
Paris pour suivre les cours de lettres classiques à la Sorbonne.
Elle découvre alors en même temps la vie
parisienne, le Grec ancien, la solitu
de, l'amour des grands textes, l'envie de réussir à tout prix pour garder sa bourse, la nécessité de travailler dans une banque les mois d'été, le dépaysement, l'éloignement de ses attaches familiales, les amitiés qui lui apportent d'autres manières de vivre et lui font découvrir de nouvelles régions. Après un parcours universitaire brillant et sans défaut, elle s'installe à
Paris tout en gardant une maison dans son pays natal.
Ses pays ne sont pas seulement physiques, géographiques mais ce sont aussi ceux des langues apprises, anciennes et modernes, le grec, le latin mais aussi le ladin, le patois de son coin d'origine que parle encore son père, ce sont aussi ceux des auteurs qu'elle chérit et revisite sans cesse:
Stendhal,
Flaubert,
Proust.
Le monde paysan de son enfance s'est éteint, reste celui de la culture pour et par lequel elle a été formée. le roman se termine sur une visite au Louvre avec son père vieillissant qui m'a rappelé la visite dans ce même lieu de la noce de Nana par
Zola: même choc de deux mondes, même incompréhension devant les oeuvres d'art, même prédilection pour le plancher ciré, mêmes sourires amusés narrateur/lecteur.
J'ai aimé ce roman aux phrases si finement ciselées, à l'écriture si précise. Pas d'épanchement sentimental, juste les faits. Les sentiments sont maîtrisés, à peine évoqués. le feu couve sous la cendre mais la pudeur domine. Il arrive qu'une connaissance se suicide mais sans éclat, le temps de quelques lignes et le silence se réinstalle.
En réalité si j'admire ce texte, si j'en reconnais la beauté du style, si je ne vois rien à redire à quoi que ce soit concernant le roman lui-même, quelque chose m'a cependant gênée: la trop grande proximité de cette vie avec la mienne: même sept années dans un pensionnat religieux de province puis études de lettres terminées à la Sorbonne, mariage et installation en région
parisienne mais navette constante avec la maison familiale conservée déraisonnablement. Bizarrement, cette similitude, ce manque de surprise dans le déroulement des événements a fini par m'agacer et j'en suis la première étonnée.
Il faut croire que c'est avant tout le dépaysement et la nouveauté que je recherche dans mes lectures.
N'empêche! C'est un livre réussi, digne d'être recommandé.
Lien :
http://liratouva2.blogspot.f..