Rue des Rosiers/
Jacques Lanzmann
Un peu d'histoire pour bien comprendre le sujet de ce beau livre.
le numéro 2 de la
rue des Rosiers dans le quartier du Marais, lieu mythique de l'immigration juive, est chargé d'histoire et tout au long de ce magnifique récit,
Jacques Lanzmann, par petites touches nous en évoque le passé souvent tragique.
En 1942, c'est la famille Rosenweig qui est propriétaire de l'appartement au moment où Chaïm et Sarah sont arrêtés et déportés vers Auschwitz. Ils ont alors le temps de confier leurs deux jumeaux, Elie et David, à Rosa Zelasny leur voisine.
C'est la famille Delestaing qui s'approprie l'appartement de façon peu orthodoxe comme c'était le cas en cette période. Nous sommes alors en temps de guerre et Charles et Manon Delestaing ainsi que leur fils Louis s'installent et occupent même l'appartement de Rosa, la voisine, qui entre temps a été arrêtée, mais a eu le temps de prévenir sa soeur de la présence des jumeaux dans une cachette.
Après la mort tragique accidentelle des parents, Louis épouse Camille. Ils ont une fille qu'ils prénomment Charme, un prénom curieux et rare, mais non donné par hasard comme on le découvrira.
le roman commence par la promenade d'un certain Noam dont les pas le mènent
rue des Rosiers, ainsi nommée en raison des églantiers qui y foisonnaient au Moyen-Âge. Il est rosiériste de profession, amoureux des roses dont il crée de nouvelles variétés en mémoire des victimes de la Déportation notamment. Noam a toujours eu le sentiment d'un mystère familial et que ses parents, les Verner, n'étaient peut-être pas ses parents.
Charme, devenue écrivain, hantée par les persécutions dont furent victimes les Juifs au cours des siècles, s'est penchée sur l'histoire de la
rue des Rosiers. Elle est amie avec Rachel une belle et jeune libraire du quartier qui l'aide dans ses recherches historiques.
La rencontre entre Noam et Charme ne pouvait pas ne pas avoir lieu : Noam était irrésistiblement attiré par cette fille ; elle lui plaisait et à l'exemple de la rose Gallica Superbia, une rose aristocratique d'Anjou, « elle avait quelque chose de médiéval dans la finesse des traits et la transparence du visage… Noam aimait son maintien, son cou gracile, ses reflets roux dans ses cheveux soigneusement coiffés. Il aimait ses lèvres, le soyeux des pétales, le rose des gencives. Il aimait l'ovale de la bouche, sa délicieuse étroitesse. Il imaginait la relative proportion du sexe, le toucher du calice, l'éclosion du bouton sous la caresse du doigt. »
Il faut dire que chez son patron, M. Roux, Noam avait appris les choses de l'amour avec la belle Laetitia Roux et d'innocent, de romantique, il devint goûteur de femmes.
Peu à peu avec l'aide de Charme, Noam devient l'enfant de la
rue des Rosiers, héros malgré lui d'une énigmatique tragédie. Est-il le possible descendant d'un de ces jumeaux ? Porteur d'un projet ambitieux, Noam et Charme vont tenter de découvrir ce que sont devenus les jumeaux Rosenweig après l'Holocauste. Ont-ils survécu sous de faux noms ? Noam veut glorifier la mémoire de tous les malheureux auxquels on a volé la vie d'innommable façon. Un sujet qui appartient à Charme et qui habite Noam. Et ce avec l'aide précieuse d'un mystérieux personnage, Abraham Seltzer, revenu d'Auschwitz avec des informations étonnantes.
Un livre passionnant.