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EAN : 9782844981288
224 pages
Aubéron (29/06/2009)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Comme tant d'autres Basques, Dominique Laxalt forme de grands espoirs de réussite quand il quitte à 20 ans son Pays basque natal pour s'embarquer vers l'Amérique. Destination Reno, Nevada, autrement dit le Far West. D'abord simple berger, ensuite propriétaire d'immenses troupeaux, il connaîtra la fortune, puis ses revers lors de la crise de l'élevage de 1922. Marié avec une Basque, émigrée elle aussi, ils auront six enfants. Dominique Laxalt, comme tous ses compatri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Plus qu'un vieil album aux photographies fanées et jaunies par le temps, c'est à un véritable témoignage d'une autre époque sur lequel l'espace d'une centaine de pages je me suis retrouvé confronté. « Mon père était berger », par Robert Laxalt. Son père, donc, c'était Dominique Laxalt. Mais avant de parcourir les traces de l'ancien, petit détour sur le fiston, écrivain et journaliste. Plusieurs fois nominé au prix Pulitzer, Robert Laxalt (1923 – 2001) est entré dans le monde de la littérature avec justement ce court essai (qui à l'origine aurait dû être encore plus court, style nouvelle, si sa maison d'édition n'avait pas insisté sur le fait qu'une telle histoire méritait amplement plus de chapitres) publié en 1957 sous le titre original « Sweet Promised Land ». Il fut notamment le fondateur du département des études basques à l'université de Reno (Nevada).

« Sweet Promised Land ». Une terre promise pour de nombreux bergers basques qui au siècle dernier ont été nombreux à émigrer vers ces lointaines contrées, attirés par ces grands espaces, par la reconnaissance de leur métier, par l'argent et la richesse qui leur paraissaient si accessibles. D'ailleurs, beaucoup sont devenus riches, propriétaires d'un cheptel impressionnant, mais beaucoup sont redevenus très pauvres suite à une grave crise. Son père Dominique a vécu les deux aspects de cette nouvelle vie, post Pays Basque. Maintenant, il commence (certains diront à peine) à se faire vieux. Il apprend qu'une de ses soeurs est gravement malade. La question se pose donc : doit-il retourner au pays, un pays qu'il n'a pas revu depuis 47 ans. L'envie est belle, mais la peur aussi. Après presqu'un demi-siècle, les États-Unis, et le Nevada en particulier, est après tout, tout aussi bien son pays que la France et sa région natale, le Pays Basque. Ainsi, chaque année, son retour est mis en balance sur la table, une réflexion est menée mais de façon totalement prévisible, le départ est remis à l'année suivante. Il y a toujours trop de travail à faire ici, avec ses brebis, son troupeau à gérer et sa famille à s'occuper… Justement, sa famille va réussir à le pousser littéralement dans l'avion pour retourner au pays. Et c'est justement le rôle de Robert Laxalt d'accompagner son père dans ce qui ressemble à un retour aux sources.

Mais c'est surtout, pour lui, l'occasion d'écouter son père se remémorer les grandes phases de sa vie, ou les tranches anecdotiques d'un berger basque dans l'Ouest américain. Jamais aussi loquace que lors de ce périple, Dominique se laissera aller aux confidences sur son métier, sur sa passion, sur cette nature qu'il a découvert, une nature immense dans le Nevada mais aussi terriblement aride qui ne facilita guère son métier. Être berger dans l'Ouest n'est pas tout à fais le même métier que berger dans le Pays Basque, car la nature n'y est pas aussi luxuriante, et il faut continuellement marcher à travers le désert gris à la recherche de quelques touffes d'herbes et points d'eau.

Comme souvent avec les témoignages, pour se sentir concerner il faut que le lecteur se passionne pour le témoin. Et ce roman ne déroge pas à la règle. Si tu n'aimes pas les moutons, si tu ne te sens aucune racine ou attirance pour le Pays Basque, si tu n'espères pas un jour quitter la grisaille de ton monde citadin, tu n'auras que faire de découvrir la vie d'un berger basque dans l'Ouest américain. Par contre, si tu n'as pas peur de sentir le mouton dans le métro, si tu as du sang basque (même par procuration) qui coule dans tes veines, ou si tu rêves d'installer ton poste de travail en pleine nature, alors tu risques d'être comblé par ce témoignage, vibrant d'humanité et de passion. Si comme moi, te retrouver seul dans les montagnes ne te fait pas peur, il est donc peut-être temps de franchir le cap vers la Terre promise, The Sweet Promised Land.

« Mon père était berger », le Pays Basque dans le Nevada.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Superbe portrait d'un homme extraordinaire.
Un livre à lire si on veut redécouvrir les valeurs et les vrais rapports humains, la vie de certains migrants , la vie au milieu des grands espaces du Nevada ( quand Decathlon n'était pas né ! ) et bien sûr les rapports de l'homme et de l'animal à une époque où leurs sorts était intimement liés .
Portrait d'une famille basque aussi qu'on a plaisir a découvrir et qu'on quitte à regret.
Je ne suis en rien liée aux basques mais dès qu'on me parle grands espaces, déserts et montagnes je pars !
Par moment, j'avais en tête "Un été dans la Sierra " de John Muir. Je les trouvais unis par une commune philosophie.
Mais la comparaison s'arrête à la rude existence des bergers et du vécu dans l'immensité des montagnes.

Il n'en demeure pas moins que ces sortes d'ermites intriguent, voir fascinent par leur sagesse et leur bon sens , eux qui ne donnent d'importance qu'à l'essentiel.

Et, Grand merci à Monsieur le Bison qui a si bien présenté ce livre que je n'eus de cesse de me le procurer !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C’était l’époque du repos et des retrouvailles pour les bergers. Les troupeaux avaient été redescendus de la montagne vers les ranchs de la vallée, et après la longue piste de transhumance, l’examen des dentitions et la sélection des brebis étaient des tâches simples et reposantes.

C’était l’époque des conversations et des rencontres. La langue basque emplissait de sa douce musique les corrals et les dortoirs. Même s’ils se levaient à l’aube et travaillaient dans les corrals jusqu’à l’heure de la longue sieste du midi, les bergers s’interrompaient souvent dans l’air poussiéreux, s’adossaient contre une clôture, rabattaient en arrière leurs chapeaux moites de sueur et bavardaient. Ils parlaient des pâturages, de la qualité de l’herbe, des chiens et des sempiternels problèmes avec les mules. Ils parlaient de leurs patrons, de la façon dont ils traitaient leurs hommes, et du jour où l’intendant chargé de l’approvisionnement avait commis l’impardonnable en oubliant le vin.
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...à mes débuts en Amérique, on m'avait envoyé dans les déserts garder les moutons ....
C'est un pays très rude.
Pas comme les Pyrénées où les bêtes ont largement de quoi se nourrir...
Là-bas, il n'y avait que des sauges et des rochers à perte de vue, et les seuls arbres, c'étaient des genévriers nains.
Je n'aurais jamais imaginé qu 'on puisse faire pacager les bêtes dans des régions comme celles-là.

Il y avait si peu à brouter que les moutons se mettaient en branle avant le lever du jour et ne s'arrêtaient que lorsque l'obscurité était complète.
Je n'avais rien d'autre à faire que de les suivre.
Sans chien, je n'y serais jamais arrivé .
Et quels chiens ils avaient là-bas !
Ils étaient d'une résistance incroyable, avec des pattes musclées et la plante des pieds dure comme du cuir, même si quelquefois après deux jours passés au milieu des rochers, je devais la leur envelopper avec un pansement pour éviter qu'elle ne saigne.

Ces pentes rocailleuses ,c'était quelque chose, même pour un homme ! Il ne vous fallait pas plus de deux semaines pour user une paire de bottes.

J'avais mal au coeur en pensant à la vie et au pays que j'avais laissés, et plus d'une nuit j'ai pleuré, jusqu'à ce que le sommeil me gagne...
Je me levais avant même la fin de la nuit, dès que j'entendais les moutons s'agiter, je me préparais un café et je haïssais ce jour qui allait venir et pendant lequel je n'aurai sous les yeux qu'une terre rude et aride.
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Un vieil album aux images fanées, témoins d’un autre temps et d’une autre façon de vivre, avait fait surgir du passé les souvenirs d’un pays distant de milliers de kilomètres. Cavaliers couverts de poussière, Cadillac noires inconfortables entourées d’hommes en tenue de travail ou en costumes à faux col, bergers et leurs mules, troupeaux innombrables de moutons avec le soleil se reflétant sur les toisons. Et à l’arrière-plan, toujours, le désert gris du Nevada.
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Il était devenu fou à force de solitude dans les montagnes, mais s’en était aperçu trop tard pour se tirer un coup de fusil, comme d’autres avant lui.
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Mais après, je ne souffris pas, les choses étaient comme ça, tout simplement, et je ne pouvais rien y changer. Peut-être que c'est pour cette raison qu'il était inutile d'y penser tout le temps.
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