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EAN : 9782956012184
333 pages
Le nouveau pont (01/10/2019)
4.5/5   21 notes
Résumé :
Dans sa ferme de Caroline du Sud, Sarah élève seule un garçon qui n’est pas le sien. Veuve et sans le sou, elle craint de ne pas avoir l’instinct maternel nécessaire. Quand elle apprend qu’un garçon a gagné 680$ à la foire au bétail de 1951 grâce à un bœuf, elle inscrit son fils au concours et se procure un veau. La nuit suivante, à plusieurs kilomètres de là, la mère du veau brise sa clôture de barbelés et parvient à le rejoindre. Sarah décide de garder la vache, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Je voudrais tant que Mama Red sorte de la couverture du livre pour pouvoir enlacer son cou et sentir sous mes doigts le crin de son pelage. Lui demander à la fois pardon et merci d'avoir inspiré ce si terrible et beau roman à son auteure Bren McClain qui m'a profondément émue.

L'histoire indienne est devenue une légende et la conquête de l'ouest n'est plus que fumée. Place aux grands pâturages et à l'élevage intensif de boeufs dans la Caroline du Sud du début des années 50.
A côté de riches fermiers comme Luther Dobbins qui élève son fils de la seule manière qu'il connaît, c'est-à-dire par la violence, se tient la plus extrême pauvreté représentée par la courageuse Sarah.
Pétrie de bonté et de piété, de cette farine là dont elle cuisine le gruau pour son garçon, la peur de Sarah de ne plus savoir nourrir l'enfant dissimule une plus grande peur encore, celle de ne pas savoir l'aimer.

J'ai été éblouie par l'écriture de Bren McClain, férocement attachée à la terre et à ses valeurs qui n'exclut aucune espèce. J'ai aimé sa manière d'aborder l'apprentissage de l'amour maternel à travers les yeux de Mama Red qui expriment toute la simplicité d'aimer et de protéger, de respecter le bien être de l'animal, à nous les humains qui avons relâché le lien avec le vivant pour ne voir en lui qu'un bien de consommation.

Ce roman est aussi un témoignage précieux de cette période de l'histoire américaine rurale avec la ségrégation raciale et sociale en nous faisant vivre pendant une année de 1951 à 1952 , le projet H4 et le sort final du concours pour le bovin sélectionné.

Ce beau roman qui observe le monde de manière poétique sans édulcorer la dure réalité met l'accent sur l'héritage d'une enfance désaimée qui gangrène la vie adulte dont il faut vite se débarrasser comme d'un vieux vêtement qui pèse trop lourd sur les épaules.
Oui, un très beau roman fort et sombre, mais si lumineux dans les yeux de Mama Red.
Merci infiniment à Babelio et aux éditions le Nouveau Pont pour cette très belle lecture dans le cadre de la Masse Critique. Et merci à vous Mme Bren McClain de nous avoir offert ce beau partage d'amour et de compassion.
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Élever seule et sans le sou son enfant dans la Caroline-du-Sud des années 50 est une lutte quotidienne pour Sarah Creamer. Mais dans ce pays où l'élevage est roi, remporter le titre de grand champion de la foire annuelle au gras fait de vous un autre homme et remplit vos poches de plusieurs centaines de dollars, permettant d'envisager l'avenir différemment.

C'est cette perspective qui va conduire son fils Emerson Bridge à préparer et engraisser pendant un an Lucky, un jeune veau acheté à Luther Dobbins, le grand propriétaire du coin dont le fils LC prépare aussi le même concours. Et rapidement, Lucky est rejoint par sa vache de mère, Mama Red, dont l'attachement à son petit n'a d'égal que celui de Sarah à Emerson. Lucky est loin d'être favori, mais la bienveillance et l'obstination ne peuvent-ils pas remplacer l'argent et l'expérience ?

Tout cela est bien gentillet me direz-vous… Ça n'est pas faux, tellement le livre déborde de bons sentiments sur l'amour filial, le bien être animal, la construction d'un homme dans l'ombre de son père ou en l'absence de celui-ci, le quasi-esclavagisme persistant ou les destinées contrariées.

Mais ça fonctionne, et même plutôt très bien. Car la langue de Bren McClain est douce et belle (et donc bien traduite par Marie Bisseriex). Car l'auteure réussit à introduire dans son conte naturel un zeste de drame que l'on sent poindre sans savoir par quel angle il va survenir. Et surtout car l'approche psychologique travaillée de tous ses personnages (y compris la vache puisqu'elle nous livre ses pensées), les rend rapidement intéressants, même ceux qui ne le devraient pas.

Une belle découverte donc, une fois de plus issue des excellentes suggestions de Léatouchbook et de son PicaboRiverBookClub !
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Comme tous les lecteurs passionnés, dès que je sors de notre petit cercle, j'ai le droit à cette sempiternelle question : mais pourquoi donc lis-tu autant ?

La réponse pour moi est double : pour me réfugier dans mes genres et univers de prédilection - le roman noir, la grande saga sur plusieurs décennies avec "petite histoire dans la grande", le nature writing, le roman à portée sociologique - mais aussi pour être perturbée dans mon confort de lecture, être déstabilisée puis happée irrésistiblement et découvrir que oui, même en lisant beaucoup et depuis longtemps, on peut être profondément bousculée par un livre. Et cela a été le cas avec Mama Red de Bren McClain. Je vous raconte....

J'ai lu ce livre par curiosité au départ, en n'en attendant pas grand chose de précis, ni en bien ni en mal. La 4e de couv est énigmatique, c'est un premier roman, une jeune maison d'édition sans image précise associée (du moins pour moi)... le début est quelque peu déstabilisant puisque sur les deux personnages principaux, l'une est une vache, Mama Red, dont le nom a donné son titre au livre. Oui UNE VACHE...et, même si j'aime le nature writing, c'est quelque peu inusité voire perturbant pour une citadine comme moi. J'étais donc intriguée...mais la qualité de la plume est là d'emblée et j'ai poursuivi ma lecture, en étant de plus en plus émerveillée, puis happée, enroulée, entraînée à l'intérieur du livre.

Il y a tant de choses dans ce livre excellemment traduit par Marie Bisseriex. Nous sommes en Caroline du Sud, dans les années 40 et 50, nous suivons à la fois Sarah, qui s'est retrouvée avec un fils adoptif presque par hasard, veuve ensuite très vite, qui aime son fils mais ne sait pas comment "être une bonne maman" et Mama Red, qui incarne la quintessence de la fibre maternelle. Pour gagner de quoi nourrir son fils, Sarah décide d'acheter un veau afin que son fils puisse le dresser et gagner le prix d'un concours local organisé par un éleveur peu scrupuleux. Ce veau que lui vend ce même éleveur a pour maman Mama Red. Ainsi ces deux là, Sarah et Mama Red, vont-elles être amenées à se rencontrer.

En voyant ainsi le sentiment maternel incarné par Mama Red, Sarah va enfin libérer ses émotions, oser des gestes affectueux, alors qu'elle était persuadée depuis toujours "n'avoir aucune once de fibre maternelle en elle". C'est aussi l'occasion pour elle de raviver ses souvenirs : son enfance auprès d'une mère glaciale et castratrice, sa rencontre avec Harold, son amitié avec Maddie, la naissance de son fils, Emerson Bridge... Petit à petit, les blancs dans le roman se remplissent et la psychologie des personnages s'éclaire, notamment celle de Sarah, avec infiniment de subtilité et de sensibilité.

Sarah va aussi se découvrir des trésors d'ingéniosité et d'énergie pour mener à bien avec son fils l'entraînement du veau, auquel elle ne connaît rien au début... Une mission d'autant plus délicate que l'abattoir attend chaque année le vainqueur au même titre que les autres... et Ermeson Bridge, s'est très vite attaché à son veau.

En plus de Sarah et de Mama Red, nous suivons des personnages tous plus justes et vrais les uns que les autres, l'éleveur Luther Dobbins "Big LC" , son fils "Petit LC", sa femme Mildred, le propriétaire de la maison de Sarah auprès de qui celle ci a des arriérés de loyers et qui se rêve éleveur.

C'est l'un des livres les plus originaux et les plus poignants que j'ai lus. L'émotion est magnifiquement présente et remarquablement dosée. Et l'amour filial, surtout l'attachement maternel est - c'est suffisamment rare pour être signalé - très très joliment traité, comme l'est aussi cette cause juste mais très galvaudée aujourd'hui du bien être animal sans oublier une dénonciation des inégalités sociales et du dénûment que ne renierait pas John Steinbeck. Au nature writing, j'ajoute désormais le farm writing parmi mes genres de prédilection.

Un grand merci à Léa Touch Book du Picabo River Book Club et aux remarquables éditions le nouveau pont pour cette superbe lecture
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Mama Red est un roman assez inclassable qui restera pour moi une belle découverte malgré quelques imperfections.
Mama Red c'est l'histoire de Sarah, devenue veuve prématurément, et qui n'est pas sure d'avoir en elle suffisamment d'instinct maternel pour savoir comment s'occuper d'Emerson Bridge, qu'elle a recueilli bébé au décès de sa mère et meilleure amie de Sarah.
Mama Red c'est aussi une vache, qui elle possède tant d'instinct maternel qu'elle est prête à se sacrifier pour sa progéniture... et qui va aider Sarah à mieux comprendre ce que veut dire élever un enfant.
Mama Red c'est une peinture de l'extrême pauvreté dans cette Amérique rurale des années 50... se réveiller le ventre vide et couper une poire en deux pour qu'elle fasse le petit-déjeuner et le dîner de son petit garçon.
Mama Red c'est un regard qui nous fait réfléchir sur les relations entre les homme et les animaux qu'ils élèvent, à une époque où on ne parlait pas encore de bien être animal.
Et enfin, Mama Red c'est une peinture très juste de différents personnages enfermés dans leurs contradictions et une vie qu'ils n'ont pas toujours choisie, du petit garçon trop sensible à l'homme pas assez viril, de l'épouse qui s'est laissée maltraitée par son mari et s'oublie dans l'alcool au pauvre devenu riche qui ne peut s'empêcher de se sentir un imposteur.
Il y a tout ça dans ce beau roman et surtout beaucoup d'émotion, de sensibilité et de justesse. C'est un livre qui parfois vous brise le coeur en racontant des choses si dures avec tant de douceur.
Seul petit bémol pour moi, j'ai été gênée par le choix de la traductrice de traduire de manière la plus littérale possible, en collant au texte original et aux expressions anglaises qu'elle transpose telles quelles en français. J'ai trouvé que cela nuisait à la fluidité du texte, il y a parfois des phrases qui sont à la limite du compréhensible en français ou des dialogue qui ne sonnent pas du tout naturel et que j'ai été obligée de relire plusieurs fois pour comprendre. L'éditeur a aussi laissé passer quelques vilaines fautes de grammaire qui font mal aux yeux... dommage.
Cela reste une très belle lecture, que je n'aurais sans doute jamais découverte sans Babelio (merci aux précédents lecteur pour leurs belles critique) et que je vous recommande chaudement.
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Ce roman devait figurer depuis un moment dans ma bibliothèque mais je ne l'ai acquis qu'il y a trois semaines et lu cette semaine. J'étais très curieuse de le lire d'autant plus qu'il a remporté le Prix Maya du meilleur roman animaliste en 2021, valeur sûre à mes yeux avec des sélections mettant en avant la cause animale.

Sarah est une jeune femme qui se voit confier la garde du nouveau-né de sa meilleure amie décédée, seulement elle n'a aucun instinct naturel et aucune envie de devenir mère. D'autant plus qu'il est également le fils de son mari Harold l'ayant trompé avec son amie justement. Bref une histoire qui commence mal et une héroïne pour qui tout va de travers. Elle est sans le sou et n'a pas de quoi nourrir son fils, tous les jours il part à l'école avec une demi-poire pour seul repas. Puis un jour elle entend parler d'un concours de foire de bétail où elle pourrait gagner beaucoup d'argent. Pour cela il lui faut trouver un veau, elle le trouve et son fils le nommera Lucky, il est donc séparé de sa mère de manière très précoce. C'est sans compter sur l'instinct maternel de la maman vache qui va tout faire pour le rejoindre et apprendre à Sarah ce qu'est l'amour envers son enfant.

Une très belle histoire avec un perpétuel questionnement sur notre façon de traiter les animaux non humains et encore plus ceux dits de consommation. Mama Red la maman de Lucky devient un exemple pour Sarah qui fera à son tour tout pour son fils adoptif qui lui aussi prendra soin de Lucky jusqu'au concours où il devra le présenter.
L'écriture est franchement plaisante et le rythme soutenu sans temps mort. Une très très belle découverte qui doit être lu par les amis des animaux non humains !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Quand le soleil parut, Sarah quitta les marches, retourna dans la maison, mouilla un chiffon et se lava le visage, les aisselles et les pieds. Sur la paillasse de la cuisine, elle prit sa boîte de lard vide et fit courir ses doigts à l’intérieur, espérant les recouvrir de quelques restes de graisse blanche. Elle mit les doigts sur ses ampoules et tamponna. Puis, dans un tiroir, elle prit deux torchons et alla dans sa chambre, s’emballa chaque pied avec et chaussa les bottes d’Harold, toujours près du lit. Sur elle, elle enfila une robe propre à carreaux verts et jaunes. Quant à la mèche rebelle qui s’était échappée de son chignon, elle la rattacha avec des épingles à cheveux.
Dans la cuisine, elle prit l’une des moitiés de biscuit à la saucisse dans le réchaud et la plaça dans l’assiette d’Emerson Bridge. Elle aurait mieux fait de l’attendre, de lui montrer qu’elle restait là pour lui mais elle avait besoin de vendre la robe.
Elle ramassa les chaussures qu’elle avait portées la veille et la couverture qui contenait toujours la robe bleue et Sarah sortit dans la cour et prit la direction de la maison de Mme Dobbins. Elle enlèverait les torchons de ses pieds une fois dans l’allée des Dobbins. Elle cacherait les torchons et les bottes d’Harold parmi les buissons de devant et les récupèrerait à son retour pour la maison.
Elle avait marché un peu plus d’un kilomètre et demi quand une voiture venant vers elle s’arrêta au passage. Sarah n’avait jamais vu ni un véhicule aussi joli, ni cette combinaison de couleurs, bleu ciel et blanc.
« Tiens, Mme Creamer, est-ce bien vous ? » dit la conductrice. C’était Mme Dobbins.
Sarah cachait ses pieds l’un derrière l’autre. « Je sais que je suis affreuse à voir », sa voix était rauque d’avoir appelé Emerson Bridge toute la nuit. Elle tendit la couverture à la femme. « J’étais en chemin pour venir vous voir.
– Tiens, j’étais en chemin pour venir vous voir aussi, ma chère », dit Mme Dobbins et elle invita Sarah à monter en voiture.
Elle était venue pour reprendre les biscuits. « J’allais tout vous raconter, m’dame, c’est vrai », dit Sarah en montant dans le véhicule. Elle lui donnerait la nourriture, demanderait pardon et espèrerait qu’elle voulait toujours la robe. Sarah ne sentit pas l’odeur des bonbons à la menthe.
Les sièges étaient en cuir bleu foncé. Sarah essaya de ne pas toucher le sol propre avec ses bottes. Elles étaient couvertes de boue. Les chaussures de Mme Dobbins étaient brillantes et d’une jolie nuance de jade.
Emerson Bridge devait être à la maison maintenant. Elle n’avait pas arrêté de le chercher du regard pendant qu’elle marchait.
Mais Mme Dobbins n’emmena pas Sarah à la maison. Elle tourna derrière l’église baptiste Nouvel Espoir et roula doucement le long du mur de l’église. « Il ne faut pas que Big LC m’attrape, vous savez », dit-elle.
Sarah posa sa main sur la poignée de la porte et la serra. « J’ai bien peur que Jésus ne me connaisse pas, m’dame. » Elle n’avait jamais été à l’intérieur d’une église.
« Je suis censée être en ville au salon de beauté », murmura Mme Dobbins, mais Sarah pensa qu’elle avait l’air d’en être tout juste sortie avec ses cheveux foncés, mi-longs et bouclés à la façon de Scarlett O’Hara dans ce film que Sarah avait vu, Autant en emporte le vent.
« Il avait faim », dit Sarah et elle regarda de l’autre côté du cimetière où Mattie était enterrée et où elle espérait que M. McDougald permettrait d’y mettre Harold.
« J’ai peur de vous devoir des excuses, ma chère. » La femme parlait désormais normalement.
Sarah regarda à nouveau vers elle.
« Vous avez fait une robe exprès pour moi et vous avez fait tout ce chemin pour me la porter hier et je n’y ai pas accordé toute l’attention que cela méritait. Où étaient passées mes bonnes manières ? »
Sarah sentit ses mains se détendre.
« Peut-on reprendre depuis le début ? Je suis venue vous demander cela. Et vous payer généreusement pour la robe. » Mme Dobbins sortit une enveloppe, blanche, du blanc le plus propre que Sarah ait jamais vu. Elle s’imagina que c’était une nappe, sur laquelle il y avait des assiettes bien garnies d’œufs brouillés et de saucisses et des bols débordant de gruau de maïs et de biscuits chauds.
Sarah prit l’enveloppe et tendit la couverture à la femme. Mme Dobbins la prit contre sa poitrine et la tint comme s’il s’agissait d’un objet de valeur. Sarah fit de même avec l’enveloppe et essaya de ne pas la serrer mais elle avait l’air épaisse. Pas aussi épaisse qu’un biscuit mais plutôt comme une saucisse fricadelle. Elle tint l’enveloppe sur ses genoux et prit une grande inspiration. « J’ai peur de vous devoir des excuses, moi aussi, Mme Dobbins. J’ai peur de vous avoir pris quelque chose hier. Un biscuit et une saucisse. Pour mon garçon. Je veux dire notre garçon. Je veux dire… le mien. » Une bouffée de chaleur parcourut Sarah et s’installa dans ses pieds, où elle sentit l’espace vide dans les bottes d’Harold. « Il avait faim. » Elle regarda à nouveau par la fenêtre. Elle se demanda s’il allait jamais revenir à la maison.
Mme Dobbins plaça sa main sur l’épaule de Sarah.
« Je vous paierai pour ça, m’dame – un dollar entier et je cuisinerai pour vous et je nettoierai pour vous, ferai votre repassage, viderai vos pots de chambre et ferai la poussière sur tous vos trophées. S’il vous plaît, pardonnez-moi. »
Sarah s’attendait à ce que la femme retire sa main, reprenne son argent et la fasse sortir du véhicule.
Mais la main de Mme Dobbins resta en place. « Voyons, Mme Creamer, tout cela n’est pas nécessaire. Cette nourriture est jetée dans l’auge des cochons. Ils mangent n’importe quoi. »
Sarah voulut la remercier mais elle ne pensait pas être capable de parler. Elle avait peur, qu’en ouvrant la bouche, de l’eau coule sans fin de ses yeux.
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La mère vache quitta le troupeau sous un plafond de pénombre, alors que des points blancs et même blanc scintillant jaillissaient tout autour d’elle et au-dessus avec ordre et beauté. Elle traversa le pâturage. La lumière de la pleine lune éclairait son chemin mais elle n’en avait pas besoin pour y voir. Elle savait où elle allait. Elle avait déjà fait ce voyage une douzaine de fois sur cette terre familière. Les autres vaches ne la suivirent pas, même s’il était habituel qu’elles le fassent quand l’une d’elles décidait de bouger. Mais en ce petit matin, pour cette mère, aucune autre ne bougea.
Elle franchit la digue de terre qui retenait les eaux boueuses de la mare et prit le chemin du ruisseau, là où le courant avait, au fil des ans, profondément creusé et découpé la terre rouge et argileuse. Elle parvint à un endroit du rivage près d’un vieux thuya et tomba à genoux, se repliant à même la terre. Au début, elle garda la tête haute mais quan d la lumière faiblit, elle la baissa et capitula totalement.
La mère était venue mettre au monde l’un des siens.
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Mais sa raison de vivre ne vint qu'après : ses fossettes. Elles plongeaient dans ses joues comme un doigt dans la pâte des biscuits que Sarah adorait faire pour lui : farine, lard et babeurre dans un grand saladier, et ses doigts pour mélanger le tout. Elle imagina alors ses doigts plonger dans le creux de sa fossette comme une cuillère dans le gruau de maïs.
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"J'ai dit qu'on ne voulait pas d'une chochotte à sa maman.
- Et j'ai dit que j'allais payer pour elle."
Il regarda son cou pour voir si elle allait fortement déglutir. Il avait appris à poser son regard là quand ses paroissiens parlaient de leurs problèmes et lui demandaient d'intervenir pour que le Seigneur Dieu tout-puissant les aide à les régler. Leur cou montrait s'ils étaient croyants ou non. S'ils déglutissaient, cela signifiait que leurs problèmes et leur foi en l'intervention divine étaient sérieux. Mais s'ils ne le faisaient pas, c'était qu'ils étaient dilettantes et fermés à toute aide potentielle.
Mme Creamer déglutit fortement.
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La mère vache quitta le troupeau sous un plafond de pénombre, alors que des points blancs et même blanc scintillant jaillissaient tout autour d’elle et au-dessus avec ordre et beauté. Elle traversa le pâturage. La lumière de la pleine lune éclairait son chemin mais elle n’en avait pas besoin pour y voir. Elle savait où elle allait. Elle avait déjà fait ce voyage une douzaine de fois sur cette terre familière.
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