Quelle belle découverte que celle de «
Belvédères » de
Bernard Berrou, paru aux éditions Locus solus, permise grâce à Masse critique !
C'est l'oeuvre d'un humaniste, pétri de culture, qu'il distille à bon escient, sans pédanterie, en nous enrichissant.
Ainsi il nous prend la main, il conduit notre intelligence et notre sensibilité sur les chemins qu'il a décidés de parcourir, loin du tourisme de masse. Avec lui, nous partons à l'aventure -au sens étymologique du terme-, ouverts à ce qui arrive, aux rencontres riches, à la contemplation, à l'analyse. C'est dans une langue riche, descriptive, analytique, que
Bernard Berrou nous fait rentrer dans la beauté des lieux, des intimités humaines, des échanges. C'est par son don d'observation, d'écoute des lieux, de la nature, des autres qu'il nous transporte dans une Bretagne sauvage, en Sicile, au Portugal, nous fait pénétrer dans son monde intérieur au gré de ses lectures et de ses rencontres. Il sait solliciter tous les sens, fait l'éloge de la solitude -le nom de la maison d'édition n'est pas là par hasard-, une solitude qui n'est pas fuite des hommes, mais temps de la contemplation, pour mener à bien une réflexion sur temps et espace, sur notre civilisation qui annihile et détruit, sans respect de la nature, de l'homme et de ses nobles aspirations.
J'ai régulièrement pensé à
Montaigne en lisant cette oeuvre, qui nous conduit vers des personnes engagées pour défendre les faibles, les petits, dans une géographie du coeur, de l'humble. Les phrases à la belle syntaxe, au vocabulaire riche et précis, sont celles d'une magnifique prose poétique. Voyez le lyrisme de la description du potager !
«
Belvédères » parce qu'on peut se trouver sur des promontoires, mais surtout parce qu'on prend de la hauteur par rapport à notre monde, dans une vie intérieure.
Bernard Berrou nous apprend, à sa suite, à voyager sans forcément aller loin, simplement en s'ouvrant à l'ailleurs (y compris l'imaginaire), en ouvrant les yeux, l'intelligence, la sensibilité, en prenant le temps.