Le sang de Douarnenez

Escapade policière dans le pays des Penn Sardin, à la Belle Époque, avec un gros dossier criminel de meurtres multiples aux accents de sorcellerie.

En utilisant en personnage de fiction le très bretonnant Anatole le Braz, (1859-1926), chantre folklorique de la Bretagne, Gérard Lefondeur construit un roman à double facette, très éclairant et documenté sur l'âme bretonne, et sur le contexte d'une région encore enclavée, baignant dans une atmosphère de mystère.

Une écriture délibérément désuète qui colle à l'époque (Ah! L'emploi du subjonctif… quel plaisir !), une manière amusante d'alambiquer les dialogues, une savante façon de glisser des connaissances historiques, sociales ou de culture générale.
Tout cela prend le pas sur l'intérêt de l'enquête pour autant bien rythmée et qui, sans surprise, s'appuie sur la mentalité bretonne pétrie de légendes et croyances occultes.

Une lecture plaisir qui peut faire découvrir l'homme de lettres que fut Anatole le Braz et ressuscite l'atmosphère très mystérieuse de la Bretagne au début du XXe siècle

Babelio (merci pour la balade) m'a cette fois emmené au bout du bout de la Bretagne, et au tout début du siècle précédent. 1902, du côté de Douarnenez, Finistère. Un duo d'enquêteurs, le commissaire Dantec et le célèbre(et bien réel) écrivain breton Anatole le Braz, grand collecteur de souvenirs et de légendes de ce grand Ouest encore assez déclassé à cette époque. La maison d'édition Palémon, de uQimper, m'avait déjà convié avec Babelio aux Ames noires de Saint Malo de Hugo Buan. Nous sommes dans le même registre. Celui de l'agréable polar de terroir qui se lit sans déplaisir, tout en étant un peu interchangeable. Mais pourquoi pas?.

Notre duo, et l'on pense bien sûr à Conan Doyle, qui apparait d'ailleurs dans le livre, fonctionne de façon classique. Si Dantec se comporte comme un enquêteur moderne (il dispose même d'une automobile), Le Braz, plus âgé porte sur le meurtre horrible de dix pêcheurs un regard d'historien, d'ethnologue au coeur de cette Bretagne extrême. A eux deux ils vont démêler les écheveaux de cette si douloureuse affaire. Les légendes celtes, l'ankou auquel nul n'échappe totalement en cette région à cette époque, la ville d'Ys, que l'on dit immergée à quelques encablures de Douarnenez, sont-elles en cause? Et la misère des ports bretons, des ouvrières quasi esclaves dans les conserveries? Et les rivalités fratricides des patrons?

le sang de Douarnenez fait partie de ces nombreux romans policiers que l'on peut sans injure qualifier de régionalistes. Alors si le coeur vous en dit ne vous privez pas de cette incursion. N'en attendez cependant aucun véritable suspens, et pas la moindre surprise. Les ficelles y sont de véritables câbles marins. Un zeste de vraisemblance, peut-être aurait pu empêcher le sardine de boucher le port de Douarnenez.

Je n'ajouterai que peu de choses aux louanges fort méritées que reçoit ce deuxième volet des aventures d'Anatole le Braz ; si ce n'est que notre Auteur ajoute à sa fine connaissance de la vie et de l'oeuvre de son héros, des légendes et de l'histoire de la Bretagne, une connaissance tout aussi fine du monde de l'occultisme.
En effet, en ce tout début du XXe siècle où la Science triomphante n'envisage plus de découvertes majeures selon le physicien Lord Kelvin (mal inspiré : la physique quantique et la relativité arriveront très bientôt…), l'occultisme connaît un succès considérable avec des personnalités aussi marquées que Papus (Dr Gérard Encausse), Max Heindel, Joséphin Péladan, le musicien Erik Satie, tout ce beau monde gravitant dans l'univers de la Franc-Maçonnerie et de la Rose+Croix. N'oublions pas le spiritisme, très en vogue encore à l'époque, bien que Hippolyte Léon Denizard Rivail, au pseudonyme très bretonnant d'Allan Kardec (il se prétendait une vie antérieure de druide), soit décédé près de 30 ans avant les aventures de nos deux héros.
Un autre courant est en puissance d'émerger à la même époque, le néo-druidisme celtique, importé du Pays de Galles ; préparé dès la 2de moitié du XIXe siècle par des bretons tels Auguste Brizeux ou Théodore Hersart de la Villemarqué, il émergera en 1899 dans la création de la Gorsedd de Bretagne.
Gageons que notre Auteur - qui nous a déjà présenté le Franc-Maçon Conan Doyle, le sulfureux Aleister Crowley, membre de l'énigmatique Hermetic Order of the Golden Dawn (tout comme très probablement Bram Stoker) ne tardera sans doute pas à faire croiser la route de ses héros avec celle de quelques membres de ce monde de l'occultisme que je viens brièvement d'évoquer, si florissant en ce début de XXe siècle.
Vivement le volume 3 !

Bonjour, je tiens à vous donner mon ressenti après la lecture du nouvel opus du diabolique Gérard Lefondeur . le sang de Douarnenez, seconde enquête de Anatole le Braz et du commissaire Alan Dantec. Éditions du Palémon .

Anatole le Braz était un célèbre conteur breton , un collecteur de légendes bretonnes très attaché à son grand petit pays comme il aimait citer. L'auteur, pour notre plus grand plaisir prête à cet homme de plume et de coeur de bien étranges enquêtes en compagnie du combatif commissaire Dantec.
La première enquête " L'ouvrier de la mort" nous enmenait sur les traces de l'Ankou dans les monts d'Arrée.
Le sang de Douarnenez nous plonge( sans vilain jeux de mots) dans le monde misérable des marins pêcheurs et des conserveries de sardines .
Pour la seconde fois, Anatole le Braz et le commissaire Dantec vont devoir élucider une bien étrange enquête.
Un berger retrouve une dizaine de ses brebis et agneaux eviscerés encerclant dix cadavres de marins pêcheurs transformés en chrysalides.
Une bien macabre découverte qui ouvre les festivités !
Légendes et mystère vont guider les pas de nos deux héros avec en fond de décor, la misère des ouvrières des conserveries.
Il faudra compter sur l'érudition de l'imbattable Anatole spécialiste des légendes pour élucider cette mystérieuse affaire, d'autant plus que son collègue Alan Dantec va devoir faire face à une ancienne ( mais toujours présente dans son coeur ) histoire d'amour.

Mon ressenti : Une palpitante et terrible enquête ! Je vous recommande absolument ce roman policier historique.
L'auteur non seulement vous emmène dans son monde mystérieux de légendes mais vous nourrit de son érudition !
En prêtant à Anatole le Braz le rôle d'enquêteur, il ouvre des portes sur un univers fantasmagorique même si les enquêtes restent terre à terre. En maître du jeu, il sait très brillamment réunir le concret et l'abstrait.
A se demander même,si à frôler le fantastique, l'auteur ne va pas basculer complètement de l'autre côté lors d'une prochaine enquête...
En conclusion : Gérard Lefondeur est non seulement un formidable auteur mais un conteur inné que l'on lirait jusqu'au bout des pages
Bref, on en redemande 🌹
5 étoiles et plus, vu la grandeur infinie du cosmos! 💫⭐
5 étoiles.

Ce roman policier  se déroule à Douarnenez en mars 1902 . L'auteur, Gérard Lefondeur, recourt au procédé littéraire bien connu :  dans une vielle boîte à gâteaux, il retrouve les manuscrits de Carnets secrets d'Anatole le Braz . L'écrivain, historien, folkloriste, aurait assisté le commissaire Dantec à résoudre une affaire difficile.L

Les équipages de  deux barques de pêcheurs ont été retrouvés morts dans une macabre mise en scène près du rivage... Cette découverte funèbre suggère un rituel qui justifie l'assistance de le Braz, expert en culture bretonne. Le Braz est ami de Conan Doyle. Par l'intermédiaire de ce dernier il rencontre Bram Stoker, l'auteur irlandais de Dracula. Nous nageons en plein surnaturel, dans une ambiance celte! le Sang de Douarnenez est un polar très littéraire où un marin pêcheur cite Shakespeare. Le Braz cite aussi Renan, grand homme de Tréguier alors que Le Braz est de Port Blanc.

C'est aussi un polar très bretonnant avec la légende de la ville d'Ys, les Sirènes qui causent les naufrages, les malédictions...

Polar sociologique, sur un arrière-plan de crise sardinière. Douarnenez est le pays des sardinières, les Penn-Sardin. En 1901, les bancs de sardines qui faisaient la richesse de la ville vont à manquer. Pour approvisionner les conserveries, il faut appâter avec des oeufs de poisson venant de Norvège. Les pêcheurs deviennent tributaires des conserveurs qui leur vendent l'appât et fixent les prix. La grand grève des sardinières n'aura lieu qu'en 1905, après le dénouement de l'intrigue mais l'auteur dénonce les conditions de travail des ouvrières. Evoque aussi leurs chansons (à propos plusieurs podcasts de Radio-France, passionnants!).

Polar historique. Déjà, les Romains, travaillaient la sardine pour faire du garum. Un épisode des Guerres de Religion avec un nobliau rebelle. 

Ce gros livre de  se dévore d'un seul trait. Instructif, addictif. Très réussi!

Merci à Babélio et à l'éditeur!
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