S'il est un film qui m'a profondément marquée, c'est bien
L'Armée des Ombres, tiré d'une nouvelle de
Joseph Kessel, tellement bien servi par une pléiade de bons acteurs. Mais ce sont surtout les rôles qu'ils ont incarnés qui m'ont secouée : un réseau de résistants qui, au péril de leur vie, a tout fait pour stopper l'invasion nazie. Je les appelle des héros. D'où mon intérêt pour le livre d'
Emmanuel Lemieux, le Réseau, proposé dans le cadre de la dernière Masse Critique de Babelio que je remercie ainsi que les
Editions du Cerf.
Ce qui m'avait questionnée dans le film, je l'ai retrouvé dans le livre
D E.Lemieux : la notion de courage. J'admire cette valeur tout en me demandant si mise au pied du mur, je serais capable d'en faire autant que tous ces individus. Et là, il ne s'agit pas de fiction. En effet, cet ouvrage a été « commandé » par
Edgar Morin à l'âge de 101 ans ; il espérait alors avoir le temps de le lire et « être encore vertical pour faire la préface ». C'est finalement une postface qu'il a eu le temps d'écrire et il vient de fêter ses 102 ans.
E. Morin est le dernier survivant du réseau du titre, le Réseau Charrette, l'objet de la première partie du livre, un réseau d'évasion et de résistance tout d'abord constitué par cinq prisonniers de guerre au sein du Stalag XIB (sur les 40 000 du camp), employés de force dans l'industrie (qu'ils sabotaient) et l'agriculture et refusant la défaite. La particularité de ce réseau, c'était sa diversité : des gaullistes, des communistes, des Français, des Allemands dissidents.
Dans un second temps, il ne s'agit plus de camps de prisonniers (beaucoup sont parvenus à s'échapper), mais de la construction d'un réseau de résistance plus vaste en zone non-occupée essentiellement.
Un sujet passionnant, mais l'écriture ne m'a pas convenu voire m'a gênée. Trop de citations tirées d‘ouvrages, un style trop « littéraire »ou « intellectuel » au sens péjoratif du terme, car pas toujours bien clair. L'auteur aime commencer les paragraphes parfois bien longs en disant « il » et il fallait lire de nombreuses lignes avant de découvrir à qui il faisait référence. Trop de sigles dont j'ai oublié le sens au fil de la lecture, m'obligeant à des retours en arrière ennuyeux, idem pour les alias, les surnoms, les noms de code, trop de détails pas très importants à mon sens, trop de parenthèses, d'incises entre virgules, qui ont souvent rendu le texte peu digeste et qui m'on fait perdre le fil, les grandes lignes.
Le choix du vocabulaire, de la construction des phrases et des paragraphes sont un obstacle à la clarté et ne rendent pas le texte accessible à tous.
Néanmoins le pari de faire connaître ces héros, certains totalement inconnus, d'autres davantage car devenus des politiciens, est réussi. Donc, je vous encourage à le lire. Je terminerai avec cette citation d'
Edgar Morin tirée de sa postface de Janvier 2023 : « J'en tire la leçon de résister à toutes les injustices, à tous les processus régressifs, barbares ou destructeurs menaçant aujourd'hui chaque individu et toute l'humanité. » J'espère que nous en tirerons tous la leçon.