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EAN : 9782742786299
142 pages
Actes Sud (03/10/2009)
3.77/5   26 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Actes Sud, Bleu, 09/2009)
ISBN : 9782742786299

Le point de vue des éditeurs :

Le 3 janvier 1960, Albert Camus quitte sa maison de Lourmarin pour rejoindre la capitale. Alors qu'il avait décidé de prendre le train, son éditeur Michel Gallimard réussit à le convaincre de faire la route en voiture. Ce voyage est pénible pour Camus, qui a des difficultés à écrire et se demande s'il sera ja... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Durant les quarante-huit heures qui le sépare de la mort, Camus replonge dans sa vie passée entre déchirures, blessures, combats et espoirs. Tel est le parcours que nous livre brillamment le journaliste et écrivain José Lenzini dans un récit à la fois doux et poignant, construit à base de flash-back récurrent. Les derniers jours de la vie d'Albert Camus est saisissant par la fluidité de son style dont l'élégance nous prend gracieusement en main pour un périple sans halte ; revisiter l'oeuvre et la vie de l'un des monuments de la littérature mondiale à la fois adulé et controversé à l'instar de ceux qui sont allés au faîte de la gloire.
Né près d'Annaba, à Mondovi en 1913, Camus est vite devenu orphelin de père et recueilli par les bras inhospitalier d'une enfance d'une extrême pauvreté.
A Alger où il est venu vivre en compagnie de sa famille, le futur auteur de “L'Étranger” montre des dons secrets pour le football et s'engage par la plume sur des questions qui lui tiennent à coeur. Malgré une tuberculose qui mine ses poumons, il n'a rarement manqué de souffle ! A 21 ans, il adhère au parti communiste algérien et dans la foulée, il amorce une aventure journalistique au sein d'Alger-Républicain où il trouve le tremplin idéal pour asseoir son style et affûter sa philosophie.
Jaloux de sa liberté, iconoclaste hors pair, Camus quitte le parti communiste pour un différend de hiérarchie comme pour donner un coup de pied dans la fourmilière mais reste attachant à son combat militant en faveur des démunis et autres sans voix ponctuée notamment par une série de reportages intitulée : misère de la Kabylie. Même en mai 1945, il est l'un des rares à s'insurger contre le "cruel bâton" usité par l'ordre colonial après l'épuisement de "la carotte".
L'appartement de la rue de Lyon à Belcourt est un cache-misère où il vivote dans un huis clos assourdissant. Sa mère Catherine Sintès focalise ses attentions. Veuve depuis 1914 suite à la mort de Lucien Camus pendant la première guerre mondiale, les années d'après, lui ont volé le sourire et toute faculté de parler, continuant à vivre le restant de ses jours dans un mutisme tristounet et une surdité dissonante. Albert pense souvent à sa mère, partout où il va, tout le temps. Jusqu'à se trouver "piégé". à Stockholm, au lendemain de sa réception du prix Nobel, par la voix d'un nationaliste algérien qui lui reproche de s'être rangé aux côtés des puissants. Manifestement piqué au vif, Camus s'emballe comme un feu follet et livre son profond sentiment. "… J'ai toujours été partisan d'une Algérie juste… j'ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s'exerce aveuglément, dans les rues d'Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice."
Cette sortie solennelle, fort médiatisée, lui a attiré les foudres de ses nombreux détracteurs, souvent ses amis d'hier ; Sartre, Jeanson, Beauvoir, Jules Roy et toute la chapelle communiste qui lui reprochent un engagement qui s'inscrit en porte-à-faux avec ses propres convictions qu'il chante sur tous les toits médiatiques.
Les égratignures s'accumulent. Les répliques s'amoncellent. Mais, la rivalité est tenace, voire haineuse. La guerre en Algérie fait toujours rage, le sang coule à flot.
La paix peine à trouver un interstice pour voir le jour. le prix Nobel permit à l'auteur de la Chute de s'offrir une belle bastide à Lourmarin, un charmant village du Luberon. Et c'est là qu'il continue à travailler à ses oeuvres et surtout programmer une nouvelle destinée sur les planches. Mais, à 47 ans, un accident de voiture macabre brise son élan créateur. Depuis, ses oeuvres sont étudiées et ses interventions sont passées au crible.
Insolite ! Cinquante ans après que la Facel Véga a heurté le rugueux platane de Bourgogne, on continue plus que jamais à lire les opus et parler du père de Meursault, preuve en est que l'homme et son oeuvre n'ont pas pris une ride. Mais, sérieusement, qui a dit qu'Albert Camus est mort ?
Riche en anecdotes et fourmillant d'une mine d'informations, agréablement écrites, allant à l'essentiel sans digressions, les derniers jours de la vie d'Albert Camus de José Lenzini, , est une pépite littéraire de 140 pages qu'on savoure d'une traite et qu'on garde précieusement dans la bibliothèque familiale.
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Un petit livre très bien écrit et qui m'a semblé également très bien documenté, même si ma connaissance insuffisante de Camus ne fait pas de moi un bon juge. Contrairement à ce qu'annonce le titre, ce ne sont pas seulement les derniers jours de la vie de Camus qui nous sont racontés, mais par le biais de nombreux flash-backs et références à ses personnages, un éclairage de sa personnalité. Il y est notamment question de son enfance, de sa relation avec sa mère, et de son attachement à l'Algérie. Un livre que vous n'apprécierez cependant vraiment à sa juste valeur, que si vous connaissez déjà bien Camus et qui s'adresse donc plutôt à un public averti.
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Pendant le trajet en voiture entre Lourmarin, en Provence , où il habitait, et Paris, Albert Camus passe en revue ses souvenirs d'enfant pauvre, vivant dans un quartier pauvre, dans une famille pauvre. Toute sa vie Camus a revendiqué le statut de pauvreté même s'il est devenu célèbre, riche et nobélisé. Il est a un tournant de sa vie, doutant de son talent d'écrivain après avoir reçu le Prix Nobel de littérature. Il souhaitait donner une nouvelle direction à sa carrière.
Sa mère occupe une place prépondérante dans sa vie. Elle qui veut pas venir en France parce que sa vie est en Algérie mais une Algérie de plus en plus en proie aux attentats qui annoncent la guerre d'indépendance.
La route entre la Provence et Paris fut son dernier voyage. La voiture conduite par son éditeur Michel Gallimard a fait une embardée dans une longue ligne droite bordée de platanes dans les environs de Sens non loin du but, tuant Camus sur le coup. Il avait 47 ans.
On a retrouvé dans ses affaires le billet de train qui devait l'amener à Paris. Son éditeur l'avait convaincu de faire le trajet par la route en sa compagnie et de sa femme et sa fille qui fêtait ses 18 ans.
L'écriture de ce livre est très sensible. L'auteur intègre de nombreuses citations de Camus notées en guillemets mais ne donne sciemment aucune référence pour inciter les lecteurs à retourner vers les ouvrages de l'homme révolté.
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Fin 1959, Camus, son épouse Francine, ses enfants Jean et Catherine ont passé les fêtes de fin d'année à Lourmarin, dans cette maison acquise grâce à l'argent du Prix Nobel.
Michel Gallimard , sa femme et sa fille Anne et leur petit chien les ont rejoints.
3 janvier 1960, Camus repartira avec eux, dans la nouvelle Facel Vega au lieu de prendre le train comme prévu.
4 janvier : la Facel s'écrase contre un platane. Fatum, Mecktoub, c'était sa destinée…
Lenzini retrace les derniers jours de Camus, il évoque aussi son mal être, les angoisses, les soucis, les préoccupations qui assaillent Camus : les événements en Algérie, la santé de sa mère , les attentats qui se multiplient , ses doutes d'écrivain, ses envies de théâtre...
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José Lenzini dont je connaissais déjà « l'Algérie de Camus » paru en 1967 vient de publier, en ce mois d'octobre aux éditions Actes Sud, « Les derniers jours d'Albert Camus », livre tout à fait émouvant qui retrace les derniers jours, les dernières pensées d'Albert Camus. L'auteur y fait une place remarquable à la mère d'Albert, à cette femme sourde et presque muette et à ce silence qui s'était établi entre la mère et le fils .L'auteur imagine, tout au long du voyage de Lourmarin à Paris avec les Gallimard, les pensées, les souvenirs de Camus et c'est une occasion de revenir sur sa vie, sur ces conflits avec la plupart des « intellectuels » de gauche ‘Sartre, Jeanson, De Beauvoir… et de droite Mauriac..
Mais il y a dans ce petit livre une histoire que j'aurai aimé connaître quand je me suis intéressé à Albert Camus et les Algériens. L'auteur a pu rencontrer l'Algérien qui a interpellé Camus lors d'une Conférence à Stockholm en 1960 et à qui Camus fit une réponse dont on a retenu, injustement, que le fait qu'il préférait sa mère à la justice.
Ce jeune Algérien aujourd'hui octogénaire avait été déçu par la réponse de Camus et voici ce qu'écrit Lenzini après l'avoir rencontré.
« le jeune homme s'éclipse, déçu par l'attitude de Camus et humilié par la façon dont il estime avoir été traité… » Comme si mon âge était important ! Toujours est-il que j'ai refermé la parenthèse, sans imaginer que je serais à l'origine de la Polémique qui opposera Camus à ses détracteurs. C'est quelques années plus tard que j'ai lu « Misère de la Kabylie » la série d'articles qu'il avait publié dans Alger-Républicain alors qu'il était un jeune journaliste. Ce fut un choc pour le kabyle que je suis.
J'ai voulu aller plus loin et j'ai lu tous ses livres. J'en suis sorti bouleversé ». Said Kessal (c'est son nom) décide de rencontrer Camus, de se présenter, de faire le point. Je suis allé voir Jules Roy qui m'adit qu'il venait de se tuer en voiture. Alors je suis descendu à Lourmarin et j'ai déposé des fleurs sur sa tombe. »
Belle et émouvante histoire à l'image de ce que devraient être les relations des Algériens avec Camus : de l'irritation peut-être au début et après l'avoir lu, du respect. Camus aurait aimé.

Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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critiques presse (1)
Bibliobs
06 janvier 2014
Lenzini raconte les deux jours de voyage vers Paris sous la pluie, la halte gastronomique au Chapon Fin, et, le 4 janvier 1960, l'embardée de la voiture au Petit-Villeblevin, dans l'Yonne. Un banal accident de la route où disparut un homme d'exception qui s'était acheté une conduite mais se méfiait des automobiles.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La paupière mi-close sous l'aiguillon de la fumée de cigarette, il range le manuscrit du Premier Homme dans une chemise de carton et le glisse dans sa sacoche noire à soufflets contenant déjà son passeport, un cahier qui lui sert de journal, un exemplaire du Gai Savoir de Nietzsche et un autre d'Othello dans une édition scolaire ainsi que quelques photos. Il hésite également avant de ranger également une coupure de presse qui le fait sourire : son horoscope. Il le relit à haute voix : "l'oeuvre donnant l'immortalité se situe entre 1960 et 1965". Il sourit en repliant la coupure de presse, et murmure : "Ce sera mon Guerre et paix"... Comme il l'a écrit dans un de ses carnets en évoquant la carrière de Tolstoï : "Il est né en 1828. Il a écrit Guerre et paix entre 1863 et 1869, entre trente-cinq et quarante et un ans". Camus refait mentalement son calcul et se rassure à mi-voix : "J'ai quarante sept ans et je travaille sur ce manuscrit depuis deux ans... Je suis dans les temps !"
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La mort a raison des préjugés les plus tenaces; Au nom d'une morale pourtant bien étrangère à tous les détracteurs devenus soudainement flatteurs. Juste après la disparition de Camus, les pourfendeurs de la veille se mettent à encenser celui qu'ils avaient jusque là conspué. Mort, il n'est plus cette victime "d'un état dépressif entraînant une exacerbation narcissique" que décelait en lui André Wurmser après la lecture de La Chute estimant voir dans Clamence-Camus "la recherche de la sincérité prenant un tour à la fois masochiste et obsessionnel .
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Au sortir de la grande animation de cette fin d'année, avec de nombreuses visites qui l'ont empêché d'écrire, il se retrouve au calme dans la grande maison désertée. Avec cette anxiété qui reprend le dessus : ne plus être aussi créatif que par le passé. Il écrase sa cigarette alors qu'il vient à peine de l'allumer.
Tout allait si bien jusqu'à la grande consécration du Nobel ! Cette reconnaissance est un fardeau, une mise en lumière qui n'a fait que attiser l'hostilité de ses détracteurs au nombre desquels il compte même d'anciens compagnons de route comme Pascal Pia. Les critiques l'ont blessé et la doute s'est installé insidieusement.
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Depuis la terrasse de sa maison, il jette un dernier regard sur ce village provençal de Lourmarin dont les toits de tuiles brunes se resserrent comme pour retrouver un peu de chaleur. Un panorama familier qui alanguit sa colline comme le mont Chenoua haletant au flanc de Tipasa pour ces noces toujours renouées avec la nature, l'histoire et la beauté, "au moment où le tumulte d'une passion atteint son paroxysme, à ce moment même où il se fait dans l'âme un grand silence".
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Comme dans une spirale, ses souvenirs s' enferment dans ce ressort toujours pret à se détendre en mouvement perpétuel ou en brusque et blessante secousse.


En cette période ou les motssemblent se dérober sous sa plume, il prend plus que jamais conscience qu'il n'a eu de cesse, au fil de ses livres, de vouloir(re) donnerla parole à cette mère définitivement retranchée dans son mutisme.
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Videos de José Lenzini (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Lenzini
Le psychiatre Boris Cyrulnik a questionné le temps. "Chérif Mécheri, Préfet courage sous le gouvernement de Vichy", aux Éditions Odile Jacob, est beaucoup plus qu'un livre d'Histoire. Co-écrit avec José Lenzini, il raconte ce fonctionnaire méconnu qui décida de désobéir. Il s'agit d'un point de départ sur le questionnement de nos valeurs, mais aussi sur celui de la mémoire et la psychologie de l'histoire. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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