Une roborative lecture de "Vents" et d' "
Amers" tout particulièrement...
RELECTURE
Cette étude de 1977 fût longtemps considérée comme l'une des plus abouties concernant l'oeuvre de
Saint-John Perse, et est tout de même plutôt destinée à des amateurs conséquents du prix Nobel de littérature 1960... En ayant choisi un angle pointu (l'organisation, le traitement et le sens du « rituel » dans sa poésie),
Henriette Levillain nous fait partager avec bonheur la richesse de l'oeuvre.
« Il était logique que le poète « de la prescience et de la transgression » cherchât à combler la distance qui le sépare de l'objet pressenti au-delà de l'horizon par un rite efficace de passage. Mais le choix de celui-ci soulève une série de contradictions qu'il nous faudra élucider : la première tient à l'essence individuelle de ce rite et à la difficulté, pour cette raison, de respecter les données d'un contrat collectif. Que les modalités de l'initiation isolent pour un temps le poète de la race des humains, passe encore ! Mais quelle déception si la promesse qu'il a faite de renouveler la face de la terre et le visage des hommes n'était pas tenue ! Comment pourra-t-il transformer une expérience mystique en un acte poétique, c'est-à-dire en un acte du langage ? Existe-t-il un modèle d'initiation qui se déroule à la frontière de l'extase et du culte, qui introduise les fidèles à la perception simultanée de l'illumination ? »
Si la plupart des oeuvres sont évoquées épisodiquement, le travail se concentre (et atteint une étourdissante profondeur) sur le rituel de purification dans « Vents », et sur la lecture d' «
Amers » comme un « rite sacrificiel d'initiation », double lecture qui continue ainsi à ouvrir des horizons roboratifs sur cette poésie puissante.