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Béatrice de Chavagnac (Traducteur)
EAN : 9782864246800
224 pages
Editions Métailié (02/04/2009)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Dans une fazenda isolée de l'État de Rio, près d'une carrière de pierres depuis laquelle on aperçoit la maison abandonnée que hante le fantôme d'une femme assassinée, Clarice vit seule, elle attend sa sœur, Maria Inès, qui arrive de Rio. Dans un atelier près de la fazenda, Tomas peint des tableaux médiocres. Lui aussi attend Maria Inès qu'il a aimée il y a longtemps. Les deux sœurs ont été séparées quand l'aînée avait quinze ans, elles se sont retrouvées à la mort d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Clarice « Pour attendre. Et regarder ses mains avec répugnance, puis avec peine, puis avec amour. Elle n'arrivait pas à sortir d'elle-même pour comprendre l'histoire d'une autre manière » attend sa soeur Maria Inès « Ses pensées devinrent stratégies de guerre. Très rapides. Insomniaques. Camouflées, armées jusqu'aux dans et prête à tout ». Tomas, ancien amant l'attend aussi « Peut-être que Tomas avait vieilli, qu'il avait atteint cette espèce de plateau où toutes les formations géographiques les plus intenses s'estompent, et qu'il ne pouvait plus rien faire si ce n'était être témoin du paysage avec ses yeux transparents et penser à tout comme du passé ».

Deux soeurs séparées et néanmoins liées « Et il y avait ces paroles de chair vivante que Maria Inês et Clarice n'échangeaient jamais. Leurs parents leur avaient appris le silence et le secret. Certaines réalités ne pouvaient être dites. Ni même pensées. Là-bas, les choses étaient régies par un mécanisme très particulier, capable d'attraper le malheur dans son cours entre les viscères et les artères, et de lui fabriquer un masque de pierre. Alors, Maria Inês continuait à garder pour elle ces paroles sanguinolentes et faisait attention à ce qu'elles fissent le moins de mal possible. »

Dans l'attente construite par Adriana Lisboa, chacun-e revoit des morceaux de vie, des premiers émois amoureux, des relations aux autres, maris, amants, mère ou père.

Sans continuité visible dans l'espace et dans le temps, l'auteure rends vivantes des facettes de ses personnages.

Des vides aussi. Une sensation d'un quelque chose, d'un silence, d'un oubli, comme une toile inachevée.« Peut-être que rien n'avait eu lieu, que rien n'avait d'importance réelle. Et que l'histoire qui les avalait tous n'était qu'un petit trait sur le mur, un gribouillage fait au crayon par un enfant malicieux. Pourtant il y avait quelque chose d'insupportablement grand dans tout ça. »

Une approche, insensiblement, par des chemins variés, des ponctuations colorées, d'un point obscur.

Des détails se rapprochent, se devinent, s'assemblent, des éléments se répondent. Et la violence la plus extrême « Un homme. Et une petite fille qui voulait juste être une petite fille »

Une superbe construction. Comme une errance qui débouche sur un changement glacial de sonorité.
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« Des roses rouge vif » d'Adriana Lisboa est un roman remarquablement construit et particulièrement bien écrit. Il retrace l'histoire de deux soeurs, Clarice et Maria Inès, d'abord très proches mais qui ont été séparées peu avant leur adolescence. Elles poursuivront leur vie tant bien que mal, à jamais marquées par les douleurs de leur enfance.

Dès les premières pages, le lecteur est frappé par le style très littéraire de l'auteur et par la beauté de la narration. On ressent parfaitement les atmosphères décrites, des plaines arides de la campagne brésilienne aux chaleurs des faubourgs urbains de Rio de Janeiro. On se retrouve pris par les ambiances parfois très pesantes dans lesquelles évoluent les personnages.
Ces derniers nous sont présentés de façon progressive, au fil de la lecture. D'abord esquissés, ils sont petits à petits dessinés, dans leurs forces, leurs faiblesses et leurs blessures. Pour mieux nous faire partager l'univers des secrets de famille lourds à porter, des non-dits et du silence dans lequel ont grandi Clarice et Maria Inès, rien ne nous est révélé d'emblée. On devine pourtant les douleurs de chacune, ne pouvant véritablement les nommer qu'à la fin.

Le récit sait être léger lorsqu'il décrit des souvenirs heureux, des amours joyeuses ou l'innocence pas encore volée de la petite enfance. Mais comme un refrain, les blessures reviennent, tels les traumatismes des deux soeurs ou de Thomas, le peintre qui se perd d'amour pour Maria Inès. le lecteur devient particulièrement attentif, est en permanence aux aguets à la recherche de réponses, soufflées d'abord à demi-mots puis complètement révélées dans un chapitre final particulièrement bouleversant, lorsque tous se retrouvent dans la fazenda de Jabuticabais, là où tout a commencé.

Il est rare qu'un roman parvienne à ce point à faire partager à son lecteur les émotions, les ambiances, les ressentis de chaque personnage. La progression de la lecture reste toujours aisée : les pages se tournent en quête de réponses. On est absorbé à la fois par la beauté et le dramatique de l'histoire. C'est un récit d'une grande intensité, fascinant et émouvant.
Lien : http://blogs.elle.fr/kornali..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il restait encore un peu de temps avant qu’elle n’arrive. L’après-midi estival et étouffant se décollait de la route, sous forme de poussière, et s’étirait paresseusement dans l’air. Tout était tranquille, ou presque tranquille, mou et gonflé de sommeil. Un homme aux yeux grand ouverts (et transparents tellement ils étaient clairs, chose peu commune) feignait de surveiller la route avec ses pensées. En réalité, ses yeux scrutaient d’autres lieux, ils vaguaient en lui-même et cherchaient des débris de souvenirs, tel un enfant qui ramasse des petits coquillages dans le sable de la plage. De temps à autre le présent s’immisçait, s’inter­posait, et il pensait j’utiliserai de la terre dans mon prochain travail. Alors le monde marron, desséché et poussiéreux se contractait à nouveau pour voir passer un blanc virginal, une jeune fille vêtue de blanc qui évoquait un tableau de Whistler. Tomás se souvenait d’elle.
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Et il y avait ces paroles de chair vivante que Maria Inês et Clarice n’échangeaient jamais. Leurs parents leur avaient appris le silence et le secret. Certaines réalités ne pouvaient être dites. Ni même pensées. Là-bas, les choses étaient régies par un mécanisme très particulier, capable d’attraper le malheur dans son cours entre les viscères et les artères, et de lui fabriquer un masque de pierre. Alors, Maria Inês continuait à garder pour elle ces paroles sanguinolentes et faisait attention à ce qu’elles fissent le moins de mal possible.
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Peut-être que Tomas avait vieilli, qu’il avait atteint cette espèce de plateau où toutes les formations géographiques les plus intenses s’estompent, et qu’il ne pouvait plus rien faire si ce n’était être témoin du paysage avec ses yeux transparents et penser à tout comme du passé
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Peut-être que rien n’avait eu lieu, que rien n’avait d’importance réelle. Et que l’histoire qui les avalait tous n’était qu’un petit trait sur le mur, un gribouillage fait au crayon par un enfant malicieux. Pourtant il y avait quelque chose d’insupportablement grand dans tout ça.
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Ses pensées devinrent stratégies de guerre. Très rapides. Insomniaques. Camouflées, armées jusqu’aux dans et prête à tout
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Video de Adriana Lisboa (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adriana Lisboa
Adriana Lisboa - Bleu corbeau .Anne-Marie Métailié vous présente l'ouvrage d'Adriana Lisboa "Bleu corbeau". Parution le 19 septembre 2013 aux éditions Métailié. Rentrée littéraire 2013. Notes de Musique : "Um Rastro" by Emijota (http://freemusicarchive.org/music/Emijota/Voce_Pensa_Sub_-_Vol1/05_Emijota_-_Um_Rastro)
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