Une fois de plus, me voici plongée en milieu carcéral.
Pas avec des prisonniers de droit commun, mais avec des prisonniers politiques, en Uruguay. Croyez-moi, vous n'avez pas envie de vous retrouver dans leurs prisons.
Au menu : tortures, brimades, privations, tortures, perte de sa liberté, de ses droits, de tous ses droits, tortures et, pour ceux qui n'auraient pas encore compris : TORTURES !
Ce roman autobiographique commence par un chapitre dédié à son enfance, puis par quelques instants de prison, avant de passer à la libération et, ensuite, de revenir vers ces douze années que l'auteur,
Carlos Liscano passa, enfermé au Pénitencier de Libertad, à subir les tortures du grand baril de deux cents litres, en métal, coupé en deux et rempli d'eau.
Le texte est intense, sans pour autant sombrer dans le pathos ou la violence gratuite. À la manière d'un
Soljenitsyne, l'auteur nous raconte les comportements de ses tortionnaires, mais sans les charger, en se mettant à leur place, sachant que de toute façon, ils n'ont pas vraiment le choix.
Oui, il parlera des souffrances physiques, des souffrances morales, de l'absence de contacts avec la famille, des infos qu'il faut lâcher avec précision, pour éviter de trop grandes douleurs, du fait qu'il faut crier plus fort que ce que l'on ressent vraiment, pour ne pas leur donner l'impression que l'on s'en fout, que l'on ne ressent rien… Il vaut mieux ne pas jouer à la forte-tête.
Bref, tout est affaire de subtil dosage et son roman pourrait être un guide de "Comment survivre dans une prison en tant que prisonnier politique : trucs et astuces".
Dans ce roman autobiographique, les hommes, les vrais, sont les prisonniers que l'on torture, tandis que les tortionnaires se sont abaissés tellement bas qu'ils ont perdu leur humanité, dans tous les sens du terme.
L'auteur se demande même ce qu'ils racontent à leurs femmes, leurs enfants, lorsqu'ils rentrent à la maison, après leur sale boulot.
Un roman poignant, qui ne sombre jamais dans le pathos ou le larmoyant. L'auteur parle aussi de la reconstruction, une fois libre, et de ce grand choc qu'est la remise en liberté, après autant d'années de réclusion.
Un récit humain, jamais à charge.
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