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Gallica tome 0 sur 4
EAN : 9782352941378
946 pages
Bragelonne (25/01/2008)
4.04/5   157 notes
Résumé :
1154 : imaginez une France de légende, nommée Gallica.
Dans le comté de Tolsanne, on raconte que, pendant la nuit de la Saint-Jean, un jeune homme marcha dans les flammes pour sauver un loup du bûcher. Son nom était Bohem, le fils du louvetier.
Quatre ans plus tard, sa vie bascule : son village et sa famille sont massacrés par de mystérieux guerriers.
Terrorisé, il s'enfuit, traqué par des forces sanguinaires dont il ne sait rien.
Sur le... >Voir plus
Que lire après Gallica - Le Cycle des loups - IntégraleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai précédemment lu La Moïra, que j'ai adoré et dont je vous avais parlé dans un article sur le blog:
https://livresque78.wordpress.com/2017/10/16/la-moira-le-cycle-des-loups-integrale/
Me voici donc de retour avec plus ou moins la suite de l'intégral de la Moïra, je dis plus ou moins, car cette saga peut-être lu de façon tout à fait indépendante si vous le souhaitez.
J'ai encore une fois, passé de nombreuses heures passionnantes sur cette lecture, des personnages auxquels on s'attache très vite, des rebondissements qui en font un livre de Fantasy tout à fait accessible pour ceux, qui comme moi se perdent vite dans la Fantasy pure.
Une belle histoire d'amitié, d'amour, de loyauté, des rencontres au fil du chemin qui se lient, se délient. Des choix importants que doit faire Bohem, ce jeune louvetier, spécial, au point que tout le monde cherche son contact, mais pas toujours pour les mêmes raisons.
Et les brumes, fascinantes créatures, que l'auteur nous fait aimer comme si nous les avions à porter de mains...
Lien : https://livresque78.wordpres..
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Le roman est donc la suite de Moira mais de façon très subtile, puisqu'il ne se déroule pas sur le même continent, pas avec les mêmes protagonistes. En fait la façon de faire est très bien, mais je ne vous la dévoilerai pas, ce serait vous spoiler un tiers du livre (ou plus). En tout cas, le livre est très dépaysant.

Il se déroule dans le royaume de Gallica, qu'on identifie vite comme la France médiévale, en guerre avec le royaume qui symbolise l'Angleterre (lequel royaume est implanté un peu partout en France, notamment dans le sud-ouest). C'est dans ce royaume que nous retrouvons notre héros, Bohem (je ne sais pas pourquoi, mais avec ce nom j'avais l'image d'un gitan en tête), qui a fait une action étant plus jeune. Lors d'une célébration, alors qu'on brûlait un loup enfermé dans un sac, il est monté dans les flammes, a saisi le loup et l'a relâché dans la nature, s'écroulant, complètement brûlé. Depuis il  porte des cicatrices (en même temps, se jeter dans le feu …) et est mal vu par sa communauté. Car ici le loup est l'ennemi, on le chasse. Et en fait on chasse toutes les Brumes, ces animaux fantastiques qui peuplent les contrées. On les chasse, car l'Église les considère comme mauvaises, et tout le monde lui obéit aveuglément. Mais Bohem, dont le père chasse les Brumes, se pose plein de questions. Qui donc a déclaré que les Brumes sont mauvaises ? Ne peuvent-elles pas être également des créatures bonnes ? Poussé par les questions, Bohem va faire sa route après le massacre de son village par des cavaliers. Il recherche des réponses, et trouvera toute sorte de choses.

Le récit souffre ici encore du défaut que j'imputais à la Moira. À savoir, le récit est linéaire. Il n'est pas plat, mais linéaire. Très peu de bonnes surprises ponctuent le roman, et le tout semble à nouveau très téléphoné. Je dois dire que certains détails m'ont fait franchement tiquer. Mais en revanche, il est mois prévisible que son petit frère de Moira. L'auteur a gagné en maturité en écrivant, et arrive à installer plus de suspense, une intrigue qui va évoluer et quelques bonnes idées à nouveau (notamment Le Sauvage). Des petites surprises ponctuent le parcours, et dans l'ensemble il y a tout de même un effort qui est fait dans certains personnages (les deux rois par exemples sont bien campés et aucun des deux ne rattrape l'autre). Après certaines gueules restent bien présentes, notamment le héros qui est d'une droiture morale et d'un courage digne de n'importe quel film américain. Je le répète, ça ne dérange pas dans la lecture, qui reste fluide, mais au final on a la sensation d'avoir un livre qui aurait pu aller un peu plus loin sur plusieurs points. Là je dois dire que c'est juste sympathique et que l'ensemble fait plutôt fantasy pour ado que récit mature. Je sais que c'est le public visé, mais je suis d'avis qu'on peut faire des récits pour ado mature et un poil plus développé.
Autre point par contre : on perd le côté des loups, et on gagne un point de vue un peu plus politique. le tout est plus orienté aussi contre l'Église, combat qu'on sentait déjà dans la première trilogie, mais qui est ici poussé assez loin quand même (et en représentant les membres de l'Église comme particulièrement attardés ou méchants). C'est d'ailleurs un peu barbant d'avoir une sorte de « secte du mal » en toile de fond, le récit perd un peu en crédibilité je trouve.

Côté avantage, comme dit, c'est que le récit est tout de même meilleur, avec une construction plus rigoureuse et des idées bienvenues (comme l'implication des femmes, même si c'est assez faible). Des personnages plus profonds apparaissent, et plusieurs idées sont développés qui mériteraient d'avoir un traitement plus dense. le récit reste très lisible et prenant, il se laisse lire jusqu'au bout sans difficulté, mais dans l'ensemble il ne reste pas un immanquable lorsqu'on a refermé l'ouvrage. Et c'est vraiment le gros reproche que je fais à cet ouvrage.

Enfin, dernier point qui concerne la fin. Là encore, on a du bon et du mauvais. En clair, la fin est une porte ouverte pour encore une autre trilogie sans aucun souci, puisque à peu de choses près elle se finit comme la première trilogie ! Pas d'aperçu de la situation ensuite, de ce qu'il en ressort. le livre s'arrête juste lorsque l'action finie, et j'ai trouvé l'ensemble décevant du coup, car en fait j'ai l'impression que l'auteur ne se soucie pas de son monde après les gros évènements.

En conclusion, on retrouve dans cette trilogie ce qui me dérangeait déjà dans l'autre, tout en conservant et embellissant ses qualités. La série reste bien dans l'ensemble, lisible et même prenante, mais très (trop) simple, d'une écriture qui s'est améliorée, avec des personnages un peu trop basiques et une intrigue qui évolue, certes, mais sans jamais surprendre vraiment le lecteur. Il manque encore quelque chose à ce roman pour que je le classe dans la catégorie des vraiment « bons ». Là, je me contenterais d'un simple, « oui, c'est pas mal », sans aller au-delà. L'intérêt c'est justement qu'il s'agit de la suite d'une autre série et qu'on y apprend enfin ce qui se passe à la fin de l'autre. du coup, la lecture est conseillée si vous avez déjà lu la Moira, et si vous n'avez lu aucun des deux, je pense que ça peut être intéressant à lire ou à faire lire à un jeune ado. Mais après, pour les un peu plus vieux, il vaut mieux passer à d'autres récits. Que je lirais peut-être un jour, quand j'aurais du temps libre.
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J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge #lemoisdelafantasy.
J'ai tellement aimé le premier intégral que j'ai enchaîné avec le deuxième ! Et là patatra une fois de plus complètement emportée par cette histoire !
De quoi ça parle ? «Après La Moïra...
Traqué par d'impitoyables guerriers qui ont brûlé son village et tué tous les siens, Bohem est contraint de fuir. Il ignore pourquoi les milices du Christ sont après lui, mais son lien avec les Brumes, ces créatures merveilleuses, n'y est peut-être pas étranger. Ainsi commence pour le jeune homme un périple à la rencontre de lui-même sur les routes de Gallica, une France de légendes qui ne fut jamais... »
Je crois que je suis littéralement fascinée par l'écriture de l'auteur ! Chaque fois que je commence un de ses livres je n'arrive pas à m'en détacher !!!!
Cette saga me terrorisait, je n'osais pas la sortir et boum en 10 jours les 2000 pages y sont passées ! En dehors du fait que c'est de la fantasy et que ça me fait totalement sortir de ma zone de confort, ces 2 intégrales regroupent 6 livres , 2 séries en 3 tomes, et qu'au total on est à un peu plus de 2000 pages !
Bref j'ai déjà expliqué tout ça dans ma chronique du 1er intégral donc je ne vais pas recommencer !
Dans cette deuxième série on va suivre Bohem (1er du nom, sachant que Bohem 2ème du nom est un de mes personnages de roman préféré, peut être même mon préféré ! ) sur les routes de Gallica !
Cet intégral regroupe les romans suivants :
Le Louvetier
La Voix Des Brumes
Les Enfants de la Veuve
Alors attention contrairement à ce que j'ai pu voir passer 2/3 fois ce roman est bien une suite de la moïra, si vous le lisez sans avoir lu la première trilogie vous allez y perdre beaucoup au niveau des personnages, de l'histoire et en plus vous allez vous faire spoiler …
Ce roman se passe après 1150, dans une France historique, quelques années après la Moïra, qui lui se passait en Irlande. Cependant on va quand même retrouver des personnages de la première série et l'histoire est la suite !
Ça va être encore une fois difficile de vous parler de ces romans sans spoiler ….
Dans cette saga du cycle du loup on change donc de décor et de personnage principal ! Dès le prologue on est dans l'ambiance, un garçon destiné à être louvetier qui sauve une brume le soir de fête du sacrifice déjà ça envoie ! On sent de suite que ce Bohem c'est pas un petit rigolo !!!
Alors oui effectivement ça se confirme très vite, Bohem est un personnage génial et au combien attachant ! Obligé de fuir son village quelques années après son sauvetage, il va se retrouver sur les routes de France !
Et comme Aléa dans la saga précédente, sur la route, il va faire des rencontres vraiment poignantes qui vont bouleverser sa vie ! Il va découvrir le sens profond de l'amitié, de la loyauté et de l'amour ! Je ne veux pas en dire trop pour ne surtout pas gâcher le plaisir de quiconque qui lirait cette chronique sans avoir lu cet intégral mais on va retrouver des personnages du premier cycle et quel plaisir !!!!
J'ai trouvé ce cycle plus encré dans la guerre, on a vraiment un côté stratégie, royauté, territoire plus marqué ! En contre partie il y a beaucoup moins de côté nature et féerique à mon sens. L'Irlande est elle plus propice à donner vie à toutes ces légendes ? J'ai trouvé à un moment que ça apportait quelques longueurs tout simplement parce que ça m'emportait moins. Quand on était avec les rois j'avais qu'une hâte retrouver Bohem et ses compagnons ! Mais ça reste intéressant et ça apporte vraiment quelque chose pour le final ! C'est surtout que j'avais beaucoup moins d'attaches avec les rois et leur cours !
J'ai beaucoup aimé la fin, on apprend assez vite dans le roman qui est Bohem, j'avoue que j'avais compris, enfin du moins j'ai eu un énorme doute, assez vite. Mais la révélation finale sur Catherine je ne l'avais pas vu venir !
En tous cas je referme ces quelques 2000 pages ! Moi qui au départ espérais réussir à lire le tome 1 entre le 1er et le 11 mai (date symbolique) j'ai finalement avalé les 2 dans ce laps de temps ! Pour des livres qui me faisaient peur ça va ! Par contre j'avoue que ça été une lecture très intensive pour moi, j'ai pas fais grand chose d'autre de mon temps libre de ces 10 jours !
Je suis totalement sortie de ma zone de confort qui est dans le roman noir / polar / thriller et franchement je suis ravie de l'avoir fait ! Je l'ai vécue comme une magnifique balade, pleine de magie ! Merci à l'auteur pour ce dépaysement de fin de confinement !
Bon ben que lire ensuite ? Je ne sais pas si je vais réussir à rester dans la fantasy comme prévu, si je le fais ça ne sera pas avec une grosse saga j'ai besoin de repos là !!!


Note 10/10 COUP DE COEUR
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Monsieur Loevenbruck, merci de nous raconter de si belles histoires.
Après avoir dévoré la Moïra, j'ai poursuivi mon périple avec Bohem le louvetier.
Bien-sûr, il y a des clins d'oeil à notre histoire de France, Hélène n'est pas sans rappeler Aliénor par exemple.
Mais ce qui m'a plu surtout, ce sont ces histoires d'amitiés, la poursuite de la justice, de l'égalité, et le trait est un peu forcé en balance avec les puissants, fous ou égoïstes, orgueilleux ou avides, qui bradent la vie des autres pour acquérir ce qu'ils convoitent le plus, mais cela ne dérange pas trop.
L'histoire va de rebondissement en rebondissement, il y a du sang, des larmes, mais aussi de l'amour, de la tendresse.

Bref, c'est palpitant, émouvant, le passage qui m'a déchiré le coeur est celui du sauvetage des brumes...Je ne regarderais plus jamais Carnac de la même façon.
Ok, je reste une grande enfant...
Super lecture !
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Pourquoi je l'ai pas aimé, celui-là ?
Bon. Déjà, en grandissant, je me suis rendu compte de la pauvreté de style de l'auteur. Et puis d'un point de vue totalement subjectif, disons que passer du celtique au médiéval me gênait un peu, ayant une vague préférence pour le premier (non, en fait, il ne s'agit même pas vraiment de ça ; c'est juste que ça change l'ambiance du tout au tout et que je suis peut-être plus exigeant pour le médiéval).
Mais il y a quelque chose qui cloche dans cette suite de "La Moïra". Outre le fait que des fois Henri ne prend même plus la peine d'inventer des noms pour son monde "imaginaire" et reprend ceux du notre, l'histoire n'a pas le même taux d'épique dans les veines. Je me suis dit quand même que j'avais acquis de l'expérience en matière de boucheries, et que là encore c'était peut-être subjectif. Mais pas tant que ça.
Il y avait des scènes violentes dans "La Moïra" qui prenaient viscéralement et nous empêchaient de vouloir refermer le bouquin. On voyait la dureté des choses, un bon suspense, une intensité dramatique réelle. Ici, on n'est vraiment investis émotionnellement que très peu de fois : Quid des lutins qui se faisaient décapiter, des villages rasés par les gorgûns, de la bataille finale dans le palais de Shanka ? Voilà donc le gros reproche que je fais à ce livre.
Sinon, il faut bien avouer que du bon, il en a, et pas qu'un peu. Les révélations sur le Samildanach, à condition de suspendre votre incrédulité qui de toute façon l'est déjà depuis que vous connaissez celles sur les Brumes, l'immersion dans le médiéval, des passages où la plume est bonne, ou encore le traitement de Merlin comme un antagoniste, ce qui est rare, avouons-le. Qui plus est, on reprend la même recette : les intrigues politiques, les loups, les compagnons solidaires et unis, bien que n'échappant pas à certains clichés. le seul gros point négatif est que le retour de l'Arhiman se fait complètement à l'improviste.
Alors, "Gallica" ? Un meh pour moi, mais une suite digne de ce nom à la première trilogie du Cycle des Loups. Pas indispensable, mais si cet univers vous manque...
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
— Majesté, votre royaume s’effondre.

La sentence était tombée comme la herse d’une prison. Elle résonna longtemps entre les quatre murs de pierre du cabinet royal. Pieter le Vénérable leva les yeux vers le roi pour voir si sa formule avait eu quelque effet. Mais Livain ne réagit pas. La tête appuyée sur sa main droite, le coude sur le bord de son large fauteuil, il réfléchissait encore, le regard dans le vide.

C’était un roi jeune mais qui avait déjà l’air grave. Il était pieux, fort pieux, on racontait même qu’il aurait préféré donner sa vie à l’Église plutôt qu’à l’État. Mais il avait été couronné tôt, trop tôt peut-être, avant même la mort de son père, parce que celui-ci était tombé bien malade. Bel homme, les yeux en amande, les sourcils longs et fins, la barbe finement taillée, il avait une longue chevelure châtaine qui retombait, lisse, sur le métal lustré de son armure.

Pieter le Vénérable, qui avait, lui, plus de soixante ans, l’avait vu grandir. Il était déjà l’abbé de Cerly quand le jeune homme avait été couronné. Il le connaissait bien mais n’avait encore jamais pu se rapprocher de lui véritablement.

Le matin, on était venu chercher Pieter – qui résidait pour quelques jours dans une maison de l’ordre, au cœur de la capitale – en lui annonçant que le roi réclamait sa présence au plus vite au palais de l’île de la Cité. L’abbé avait tout de suite deviné ce que le souverain désirait. Il cherchait un conseil. Et un encouragement. Le chapelain du roi n’était pas un fin politicien, et Livain ne savait plus à qui demander quelque avis clairvoyant. C’était une opportunité sans précédent pour Pieter le Vénérable. Il allait pouvoir montrer au roi qu’il était un habile diplomate. Enfin !

Depuis la mort de Courage de Blanval – qui avait été l’un des personnages les plus éminents du royaume, pendant les trente dernières années – Pieter le Vénérable espérait bien devenir à son tour le conseiller du roi de Gallica. Élu abbé de Cerly quelques années après que Courage eut fondé Blanval au sein de l’ordre de Cistel, il avait depuis toujours envié la renommée de celui-ci et comptait bien à présent faire revenir l’ordre de Cerly sur le devant de la scène. Et devenir le bras droit du roi par la même occasion. C’était la dernière victoire qui manquait au vieil homme.

Car Cerly lui avait déjà offert une gloire sans pareille. L’abbaye était sans conteste la plus grande, la plus prestigieuse et la plus influente du monde chrétien. Depuis plus de deux siècles, fondée au sein du duché de Burgon, elle n’avait cessé de s’étendre, dans le profond respect de la règle de saint Benoît, et comptait aujourd’hui plusieurs milliers de maisons, non seulement en Gallica mais aussi dans la plupart des royaumes d’Occident. Les papes successifs avaient accordé de nombreux privilèges à l’ordre. Ainsi, Cerly dépendait de la seule autorité de Sa Sainteté. Et son abbé avait obtenu le droit de porter les pontificalia, ces attributs réservés d’habitude aux évêques, tels la mitre, la dalmatique ou les sandales…
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Je suis seul. Le temps s’est arrêté. Autour de moi, une vaste plaine et un beau ciel azuré. Les nuages sont figés. Le vent ne souffle plus. Je ne vois pas mes mains. Je ne vois pas mon corps.

Derrière moi. Une présence. Je me retourne. Lentement. Et je le vois. Le loup. Le loup gris. Je reconnais son pelage. Je crois même que je reconnais ses yeux.

Il est magnifique. Debout sur un rocher. Penché vers moi comme s’il voulait lire dans mon âme. Quelque chose est gravé sur le rocher. Sous ses pattes. Deux phrases. Je ne peux pas les lire. Je ne sais pas.

Le loup se retourne. Je comprends tout de suite. Il veut que je le suive. Il avance. Je flotte. Je traverse l’espace, peut-être le temps. Je ne sais à quelle vitesse nous avançons. La plaine, le ciel, tout devient flou. Les distances semblent s’étirer. Et je parviens à suivre le loup. Mon loup. Sans réfléchir. Comme si je connaissais déjà son chemin. Il est mon guide.

Je n’ai qu’à suivre la voie que m’ouvre la Brume.

Soudain elle disparaît. Le monde autour de moi s’éteint et se rallume, plusieurs fois, comme si je clignais lentement des yeux. Il n’y a toujours pas un bruit. À peine le battement de mon cœur. Bat-il vraiment ?

Je suis devant une forêt. Le long tapis d’herbe s’arrête à quelques pas, au pied d’un mur d’arbres touffus. J’attends. Je sais que je ne suis pas là par hasard. C’est mon loup qui m’a guidé. Et il sait où je dois me rendre.

Une silhouette se dessine à la lisière de la forêt. Une figure qui apparaît à l’orée du bois. Un homme. De petite taille. Haut comme un enfant. Fort. Il sort de l’ombre des arbres. Je le distingue mieux à présent. Il a une longue barbe blanche qui descend sur son ventre rond. Sur son dos, il porte un étrange instrument que je ne connais pas. Il est vêtu d’une cotte de mailles et d’une armure de cuir. À sa taille, il porte une courte et splendide épée. Et sur sa tête, un chapeau marron orné d’une longue plume d’oie blanche.

Il s’avance. Il sourit. On dirait qu’il me reconnaît. Mais je ne l’ai jamais vu, moi. Pourtant, j’ai l’impression de le connaître aussi. De l’avoir toujours connu. Comme un frère.

Il parle mais je ne l’entends pas. Je vois ses lèvres qui bougent, mais aucun son n’en sort. Il est tout près maintenant. Il tend son bras vers moi, le poing fermé. Il serre quelque chose dans le creux de sa main. Quelque chose qu’il veut me donner.

Lentement, il tourne sa main vers moi.

Et il ouvre les doigts.
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Bohem se redressa sur son lit et s'assit contre le mur. La fumée du shilom flottait jusqu'à lui et inondait la pièce d'une odeur de corde brûlée.
-- Tu veux essayer ? demanda Trinité en voyant que Bohem n'était pas couché.
-- Qu'est-ce que c'est ? demanda le jeune homme en fronçant les sourcils.
-- Une herbe qui fait dormir.
[........]
Bohem mit le shilom dans sa bouche et aspira.
-- Doucement ! l'arrêta Trinité en riant.
Le jeune homme se mit à tousser bruyamment. La fumée l'avait étouffé et la gorge lui brûlait. Il grimaça et redonna le shilom à Gautier.
-- Bah ! maugréa-t-il. C'est abominable !
Il resta auprès des deux amis et, soudain, après quelques instants, il sentit une vague de lourdeur lui montrer à la tête. Comme si son crâne se remplissait d'eau. La chambre se mit à tourner, et il fut pris d'une brutale envie de se coucher. Il avait l'impression de ne plus pouvoir soutenir son propre corps.
Il se leva péniblement et alla jusqu'à son lit d'une démarche mal assurée. C'était comme si ses pieds étaient devenus de gros poids de plomb, comme si chaque pas lui demandait un effort considérable. Il entendait derrière lui les rires des deux Compagnons. Il avait l'impression d'être ivre, et il se mit à rire lui-même, puis il se laissa tomber sur son lit et plongea dans un profond sommeil.
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Pieter le Vénérable arriva au palais du roi de Chastel après vingt-deux jours d’un voyage éprouvant. Il avait traversé tout le pays de Gallica avec une escorte de quinze soldats de la Garde royale et il était épuisé. Son dos lui faisait encore bien plus mal que d’ordinaire, et il n’était pas parvenu à se reposer suffisamment dans les auberges où il avait fait halte chaque soir. Les roues de la carriole passaient péniblement sur ces chemins rustiques, trop étroits, secs et déformés, qui portaient encore les marques des intempéries du printemps. Chaque jour avait apporté un nouvel obstacle, une colline, un escarpement, un fleuve, si bien que cette expédition s’était mise à ressembler à un combat de chaque instant. Les roues avaient cassé plusieurs fois, un cheval était mort, et il s’en était fallu de peu un soir que l’équipage passât la nuit dehors.
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La mémoire de la terre est étrangère à celle des hommes. On croit tout connaître de l'histoire et du monde, mais il est des âges anciens où vivaient encore mille merveilles aujourd'hui disparues. Seuls les arbres se souviennent, et le ciel et le vent...
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