AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 1412 notes
Andreas Saint-Loup, un des plus talentueux apothicaires de Paris, homme de peu de foi, découvre un beau matin de janvier 1313, dans sa maison, une pièce dont il avait complètement oublié l'existence. Peu après, c'est en regardant un portrait de lui qu'il s'aperçoit qu'un personnage présent à ses côtés a disparu sans qu'il puisse se souvenir de qui il s'agit. Bien vite, Saint-Loup se trouve aussi pris en chasse par de mystérieux cavaliers et par l'Inquisition sans savoir pourquoi. Commence pour lui une longue course jusqu'à Compostelle à la recherche d'un passé qui fuit sa mémoire.

En projetant le lecteur dans l'Occident médiéval, Henri Loevenbruck s'intègre on ne peut mieux à la Ligue de l'Imaginaire et à notre défi tant cette période tient une place importante dans notre imaginaire collectif. Temps obscurs, mystérieux, dominés par une religion inquisitrice qui peine à juguler hérésies et croyances populaires, les âges médiévaux sont un terreau fertile pour les auteurs qui, comme Loevenbruck ici, se piquent d'ésotérisme. Et, de fait, on trouvera là tous les ingrédients nécessaires : templiers, passages souterrains, codes secrets, sectes puissantes, mystère remontant aux origines de la Bible…
En soi, pour peu que l'on éprouve un attrait pour ce genre d'histoire ou que l'on accepte de s'y laisser entrainer, l'intrigue se tient relativement bien, même si elle use beaucoup des ficelles habituelles du genre – à commencer par les heureuses coïncidences et les apparitions de personnages aux moments cruciaux, permettant aux héros de sortir in extremis de la panade – et qu'elle apparaît souvent cousue de fil blanc. Notons d'ailleurs que ceci n'est pas un reproche ; souvent, le fait de se plonger dans ce genre de roman est un moyen pour le lecteur de retrouver une structure à laquelle il est habitué et qu'il apprécie. Il en va de même des contes. Ce n'est pas tant l'arrivée qui compte, que le voyage.

On retrouve donc les figures habituelles : un héros sévère mais juste dissimulant bien mal une profonde blessure, un apprenti qui joue les faire-valoir, une jeune fille innocente qui a commis un acte irréparable et se cherche elle-même, des putains au grand coeur et, bien entendu, des méchants vraiment très méchants. Car si Henri Loevenbruck cherche à donner un peu d'épaisseur et d'ambigüité aux personnages d'Andreas Saint-Loup et de la jeune Aalis – addiction à la drogue pour le premier, parenticide pour la seconde, carrément – il n'en demeure pas moins que le simple fait qu'ils sachent eux-mêmes combien leurs actes sont graves ou qu'ils soient consscients de leurs faiblesses fait d'eux des personnages éminemment gentils inspirant même la compassion. Ils sont bons, mais pas comme des super-héros. Ils sont humains. Comme nous. Au contraire des méchants, dont rien, jamais, ne donne à penser qu'ils puissent abriter en eux une once de gentillesse.

Là où, à notre sens, le roman pèche vraiment, c'est bien sur la forme. Et la forme commence par la langue utilisée. Henri Loevenbruck choisit ici d'écrire « à la manière de » ; d'un auteur médiéval en l'occurrence. le problème, bien entendu, est que la langue contemporaine se trouve bien éloignée de celle du Moyen age et serait proprement incompréhensible au commun des lecteurs. Loevenbruck décide donc de ponctuer son texte d'expressions ou de tournures de phrases inspirées de la langue médiévale (« Il était de ces figures assurées, qui oncques n'exhibent la moindre faiblesse, qui ont réponse à toute chose et ne quittent en aucun cas le masque leur sapience reconnue », p.24) qui tranchent parfois avec d'autres que l'on n'imaginait pas dater de cette époque – mais cela demande vérification – comme un magnifique « Et mon cul c'est du poulet ? », p.64. En fin de compte, cela donne à peu près la même impression que lorsque l'on écoute le colonel Klink, dans Papa Schultz , parler en français avec un abominable accent allemand enntrecoupé de quelques idiomatismes germaniques. L'effet comique est assuré, mais il n'est pas certain que ce soit celui que l'auteur recherchait.
Sans doute est-ce encore pire en ce qui concerne le parcours de la jeune Aalis lors duquel Loevenbruck se plait à ponctuer toutes les conversations d'expressions occitanes . Clairement, l'auteur s'éloigne là de la réalité sociolinguistique. Jeune bitteroise du XIVème siècle, Aalis ne peut parler qu'occitan et, lorsqu'elle est en présence de paysans languedociens, n'utiliser que cette langue. Dès lors, l'auteur à le choix : traduire le tout en français, ou l'écrire en occitan. On comprend bien que la deuxième solution ne soit pas des plus aisées et le roman ne perd rien à être écrit en français. Mais le choix de cette insertion d'expressions occitanes (même si on doit reconnaître à Henri Loevenbruck d'avoir fait un réel effort de recherche sur la langue et sa graphie) donne à ces parties du roman un air de pagnolade qui confine parfois au ridicule. Et l'on peut s'étonner que, une fois sortie du Languedoc, Aalis cesse de parler occitan, en particulier lorsqu'elle arrive en Béarn où l'occitan dans sa variante gasconne est alors langue d'État.
Il en va de même lorsqu'Aalis, toujours elle, entre dans le quartier juif de Bayonne et se trouve confrontée à une vieille dame qui cherche à la marier à tout prix. On a alors droit à un long dialogue où l'on croit entendre, au choix, Marthe Villalonga ou une publicité pour le couscous Garbit : « Et moi je te dis que je ne le connais pas ! Si je ne le connais pas, il y a peu de chances qu'il habite ici, tu sais, parce, parole de chadkhanit, je connais presque tout le monde, des lieues à la ronde ! Je peux même te trouver un mari à Bordeaux ou à Narbonne, si tu veux ! Un guêvêr ! Ma parole, je peux même t'en trouver un en Navarre s'il le faut ! ».

Si ces choix linguistiques peuvent s'avérer agaçant à la longue, un autre aspect de L'Apothicaire tend à devenir lassant. On l'a déjà vu avec d'autres romans lus lors de ce défi, il s'agit de cette tendance de certains auteurs à vouloir à tout prix s'appuyer sur la réalité (réalité historique, recherche scientifique, écrits philosophiques) à partir de laquelle ils vont pouvoir faire dévier leur histoire du côté de l'imaginaire. le procédé, en soi, n'est pas un problème. Il est à la base de romans comme ceux de Jules Verne ou d'Alexandre Dumas (qu'Henri Loevenbruck cite d'ailleurs en exergue : « Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire un enfant ») pour ne citer qu'eux. Ce qui est problématique, c'est que la volonté de l'auteur de montrer au lecteur sa culture ou sa capacité à réunir des informations sur son sujet l'amène – comme Werber ou Giacometti et Ravenne, par exemple – à accumuler les longs développements parfois bien fastidieux servant à décrire telle ou telle ville, expliquer le fonctionnement de telle institution ou encore à expliquer tel fait culturel (les trobairitz par exemple).
Ce faisant, l'auteur laisse finalement peu l'occasion au lecteur de laisser filer sa propre imagination tend il le prend constamment par la main ; phénomène accentué ici par l'utilisation régulière d'adresses au lecteur lui indiquant qu'il lui faut bien faire attention à ce qui se passe à ce moment précis, qu'il ne doit pas s'inquiéter car on reviendra plus loin sur telle action…
Bref, comme souvent au long de ce défi, on se trouve confronté à un imaginaire très encadré. Sans doute, comme nous l'avons remarqué plus haut, parce que cela s'avère plus confortable pour un lecteur attendant un roman très balisé et où, en fin de compte, la surprise n'en est pas vraiment une. Mais pour qui se voudra un peu plus exigeant en matière de transport vers un autre monde, vers quelque chose qui excitera vraiment son propre imaginaire, tout cela paraîtra sans doute bien fade.

Henri Loevenbruck, L'Apothicaire, Flammarion, 2011.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          310
Andréas de St Loup apothicaire de renom Parisien va vivre des aventures mystérieuses avec son apprenti. Nous les retrouverons sur le chemin de Compostelle (entre autre) ou ils croiseront le chemin d'une jeune fille qui les aidera dans leur quête.
Un livre qui nous fait voyager dans le temps : le moyen âge avec ses templiers, ses inquisiteurs, ses croyances, sa sorcellerie , sa philosophie,...
L'auteur nous met a foison des citations latines de philosophes (traduit en bas de page).. ce qui n'est pas pour me déplaire.
Un livre difficile a décrire en quelques mots tellement il est riche en détail... mais je vais quand même essayer en un seul mot : mektoub !!
Commenter  J’apprécie          302
Pour les amateurs de romans moyenâgeux, voilà un livre qui les comblera. le style est très agréable, mélange subtil d'ésotérisme, de religion, d'histoire, et d'un soupçon de philosophie. L'écriture est plutôt moderne, n'hésitant pas à prendre le lecteur à témoin. Les digressions sont toujours intéressantes et l'auteur prend grand soin de ne pas lasser le lecteur, ménageant en permanence la dose de suspens qui rend impatient de connaitre la suite. de fait ce pavé de 600 pages passe agréablement comme une lettre à la poste.
Commenter  J’apprécie          290
Un véritable thriller médiéval ou plutôt un road-trip sur les chemins de Compostelle qui débute en 1313 et au cours duquel nous suivons Andréas Saint-Loup, le meilleur apothicaire de Paris essayant de percer un mystère. Avec son apprenti Robin, le parcours initiatique mêle les descriptions très documentées des métiers, des tortures, des recettes d'herboristes, de l'environnement de cette époque, de ses us et coutumes et les données historiques de la constitution du royaume « France ». Il s'agit bien là d'une grande fresque de presque 800 pages, dans un langage quelque peu désuet mais au combien opportun compte-tenu de l'intrigue avec la juste dose de fantastique. L'auteur sait captiver pour cette recherche d'un autre temps et à la fin on aimerait qu'il y ait un tome 2.
Commenter  J’apprécie          290
Livre audio – Lu par Jean-Christophe Lebert : 22h22

Pour n'avoir pas réellement goûté la lecture des romans de Loevenbruck, j'ai choisi d'écouter un livre renommé et apprécié.

J'ai bien aimé le fond de l'histoire, entre roman historique et thriller, le personnage de l'apothicaire et de son apprenti, bien accrochée par ses mésaventures qui nous permettaient de se frotter au Moyen-Âge !

J'ai réellement apprécié une dizaine d'heures mais les longueurs, les explications pas franchement utiles et qui ralentissaient le déroulement, ainsi que la sensation de remplissage m'ont régulièrement fait perdre le fil ! Je ne sais pas combien de temps au final je n'ai porté attention à la lecture mais je n'ai pas eu l'impression de rater des moments importants puisque j'arrivais à suivre dès que je sortais de ma rêverie !

Pourtant le narrateur s'est donné beaucoup de mal pour faire vivre les personnages mais ses prestations n'ont pas suffi pour maintenir mon intérêt au plus haut niveau ! Cette sensation de remplissage revient un peu trop souvent à mon esprit avec cet auteur, je vais faire l'impasse sur ses pavés dans le futur et le laisser à ses fans !

Challenge Pavés 2022
Commenter  J’apprécie          283
Inclassable !
Juste inclassable... L'Apothicaire est un roman policier, puisqu'il y a meurtre(s) et enquête(s), mais pas que. C'est un roman fantastique, puisqu'il est clairement question de surnaturel. C'est un roman initiatique aussi, puisque le héros est en quelque sorte à la recherche de ses origines. Et c'est aussi un roman historique, puisqu'il nous emmène à la Cour de Philippe le Bel, et qu'on y croise le Templier Jacques de Molay, Charles de Valois, le Frère du Roi, Guillaume de Nogaret, les Frères Marigny, le Grand Inquisiteur Guillaume Humbert, bref, toute la clique de l'époque, dont j'avais d'ailleurs récemment fait la connaissance grâce à Maurice Druon et son tome I des Rois Maudits, le Roi de Fer. Même époque, mêmes personnages. Deux salles, deux ambiances...

Andreas Saint Loup est donc apothicaire, et quand nous faisons sa connaissance, au début du roman, il est sur le point de voir partir Jehan, son apprenti, qui a terminé sa formation et va être officiellement intronisé apothicaire... Mais deux choses vont agacer notre Saint Loup : il découvre, dans sa maison, une pièce dont il avait oublié l'existence, et, il est seul à être représenté sur son portrait, alors que manifestement quelqu'un y avait été peint à ses côtés... Mais qui ? Et pourquoi ne s'en souvient-il donc pas !

Sur ces entrefaites, il intervient pour prendre la défense de ses voisines, trois respectables péripatéticiennes menacées injustement d'expulsion, et, requérant l'aide en la matière de l'Abbé Bourcel, son parrain, il va se retrouver mêlé à un affreux imbroglio qui lui vaudra d'être jeté en prison... Et de se retrouver voisin de cellule du Dernier des Templiers, non, pas Nicolas Cage, Jacques de Molay !
Comme on n'a pas grand chose d'autre à faire que la conversation quand on est enfermés, Andreas ayant fait part des mystères qu'il a pu constater, véritables défis à sa raison, le Vénérable M. de Molay lui conseille de trouver un maître de la Gnose...

Libéré grâce à l'intercession de son tout nouvel apprenti, Robin Meissonières, auprès de l'Abbé Bourcel, Andreas Saint Loup commence alors sa quête, qui, rencontre après rencontre, l'amènera à refaire le chemin de Compostelle, qu'il avait déjà accompli, aller et retour, quelques années plus tôt, et sans possibilité de retour en arrière. Car Nogaret, puis les Marigny, sont à ses trousses, et dépêcheront même le Grand Inquisiteur à sa poursuite, et, plus tard, même Charles de Valois, le Frère du Roi, se lancera dans la chasse à l'homme. Sans parler de ces mystérieux cavaliers blonds, et tout de noir vêtus...

Heureusement pour lui, Andreas, s'il semble avoir quelques trous de mémoire, n'en conserve pas moins toute son intelligence... Et, aidé de son nouvel apprenti, bien plus doué en laboratoire qu'en service en salle d'auberge, Robin, de la plus toute jeune "fillette" Magdala la Ponante, puis, plus tard, de la jeune fugitive, Aalis, il se lancera dans la quête de sa vie, la recherche du Livre qui n'existe pas...

Esotérisme, traque, captures, évasions, combats, suspense, mystère, la liste des ingrédients de ce très bon et très original treizième roman de Henri Loevenbruck est bien garnie... Et j'ai adoré le dénouement ! Ou plutôt, devrais-je dire, les dénouements...
Commenter  J’apprécie          285
Que dire sur ce livre, je ne sais point, pourtant je l'ai dévoré, j'ai aimé l'histoire, les personnages, ce voyage dans le moyen-âge, toutes les informations données par l'auteur tout au long de cette lecture, et pourtant, je ne sais pas trop comment rédiger cette critique.
L'apothicaire est un livre vraiment très intéressant, ce voyage "forcé" entrepris par notre héros est semé d'aventures toutes plus intéressantes les unes que les autres, on voit que l'auteur a du énormément travaillé pour pouvoir écrire la dernière phrase de ce roman qui compte quand même pas moins de 795 pages, et que si il n'avait écouter que son coeur, ce livre aurait été 3 fois plus épais.
Cette critique sera donc courte et je ne serais que vous conseiller de lire ce livre si nous aimez les mystères, l'ésotérisme, les quêtes et les longs voyages.
Commenter  J’apprécie          281
Voilà un polar historique (et un peu ésotérique) qui fait bien son job de divertir, d'instruire (un peu), de répandre des mystères et de faire cavaler ses personnages principaux.

Bref, c'est un polar historique addictif, malgré le fait que les deux cent premières pages soient assez calmes (si l'on peut dire).

L'histoire se déroule en 1313, sous Philippe le Bel, qui a déjà fait arrêter les Templiers (en 1307), mais pas encore fait exécuter le grand maître, Jacques de Molay.

Le contexte historique était posé, le côté ésotérique aussi, il ne manquait qu'un petit élément fantastique pour titiller mon imaginaire, avec une intrigue inhabituelle : Andreas, notre apothicaire, remarque, un matin, l'apparition d'une pièce vide dans sa maison. Étrange ! Ensuite, c'est la disparition d'une personne sur tableau. Mystèèèère !

Ce polar historique est copieux, l'auteur a passé du temps à se renseigner, afin d'ajouter de la matière à son gâteau d'aventures et de cavalcades. La première chose qui vient à l'esprit, lorsque l'on se plonge dans la vie d'Andreas Saint-Loup, notre apothicaire, c'est qu'on a l'impression d'être entré dans son époque, d'y avoir été transporté.

Andreas Saint-Loup est un personnage froid, qui ne montre pas ses émotions. Très intelligent, il peut parfois être imbu de sa personne, mais bizarrement, je l'ai apprécié, ainsi que les autres personnages qui vont graviter autour.

Quant aux méchants, pas trop de manichéisme, ils sont travaillés, réalistes, certains ont existé et l'auteur n'en a pas rajouté une couche, hormis avec un Inquisiteur et ses descriptions de tortures. Purée, j'ai gambergé et j'étais prête à tout lui avouer, même les pires mensonges, afin qu'il se taise. Brrr, glaçant !

Le petit côté fantastique n'est pas dérangeant, que du contraire, c'est stimulant et on n'attend qu'une seule chose : la résolution de l'énigme. Mais avant qu'elle ne surgisse, vous pensez bien que vous allez traverser la France, passer en Espagne (Compostelle), puis en Égypte (mont Sinaï), tout en étant poursuivis par des vilains qui ne vous veulent pas du bien, et vivre les aventures de votre vie.

Le narrateur, omniscient, s'adresse à vous, vous prenant à témoin et cela donne un petit truc en plus au récit. Pour certains passages, il prendra le récit le plus long et pour d'autres, il se permettra de vous le résumer en quelques lignes. le narrateur est le maître du récit. Les chapitres sont courts, dynamiques, la lecture est rapide.

Mon bémol ira pour le final, qui arrive un peu vite et que j'ai trouvé un peu mou du genou. Vu le postulat de départ et tout ce qui arrive ensuite, le final aurait mérité d'être un peu plus étoffé, plus creusé, quitte à rajouter des pages (on n'en était plus à ça près), afin de ne pas donner l'impression aux lecteurs qu'on néglige les explications finales.

Quand on est bavard en histoire, en matière de religions, que l'on cause philosophie, médecine, science des plates, descriptions de voyage, on peut se permettre d'épaissir un peu les explications finales, même si, vu le côté fantastique assumé, tout ne peut pas être expliqué rigoureusement. À vous de voir…

Malgré ce petit bémol, j'ai passé un très bon moment de lecture, j'ai vécu des aventures folles, révisé mon Histoire, chevauché en France, été à Compostelle (sans bouger mon cul du fauteuil) et passé de bons moments avec des personnages qui sont devenus un peu des amis.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          270
J'apprécie les artistes et écrivains capables de sortir de leur zone de confort, de varier les styles et les genres. Je crois avoir trouvé cet éclectisme chez Henri Loevenbruck. Surtout connu pour ses séries de type fantasy, historique ou thriller policier, Loevenbruck a aussi écrit plusieurs romans indépendants. J'avais été éperonné par « Nous rêvions juste de liberté » et j'étais très curieux de découvrir « L'Apothicaire ». En premier lieu parce que le personnage principal de ce roman m'évoquait furieusement Guillaume de Barskerville, l'emblématique moine franciscain imaginé par Umberto Eco, qui s'inspira lui-même de Guillaume d'Ockham.

Andreas Saint-Loup, fameux apothicaire à Paris, partage en effet le même amour pour la rhétorique et la logique aristotélicienne que le moine enquêteur du « Nom de la Rose ». Il se pose en maître érudit face à son apprenti curieux mais naïf, et il devra mener l'enquête pour élucider un mystère autour d'un livre étrange. La comparaison s'arrête là, car Andreas n'a nulle appétence pour les questions de foi et de religion, et que son enquête le fera voyager sur le chemin de Compostelle et même bien au-delà. Tout commence pour notre apothicaire par la découverte d'une pièce vide dans sa maison, une pièce dont il a oublié l'existence et où semble avoir vécu une personne qui a elle-même disparu de toutes les mémoires…

« L'Apothicaire » est un roman populaire au style facétieux, à la plume accessible à tous, agréablement documenté et porté par un narrateur omniscient qui aime prendre le lecteur à témoin. L'auteur use du prolepse, de l'analepse et de l'ellipse, s'amuse avec les artifices narratifs comme le deus ex machina, mais la complicité qu'il instaure avec son lecteur pardonne toutes les pirouettes. Certains pourront regretter quelques lenteurs ou le fait que le narrateur nous laisse sur le seuil de portes entrouvertes. Il faut ainsi se préparer à l'inexplicable et admettre que « le sens même de cette histoire n'est peut-être pas celui que l'on croit ».

Un excellent divertissement qui m'incite à poursuivre ma découverte de cet auteur multicarte.
Commenter  J’apprécie          271
Adoncques, laissez-moi vous conter ce roman qui vous rendra un peu derne.
Diantre, que voilà du vieux français !! Eh oui, reprenez une lichette d'expressions anciennes qui colorent l'histoire et lui confère toute son . authenticité. Comme si vous écoutiez le diseur, un soir de pluie au coin du feu, vous livrer un récit de première main.
Ici, point de SMS, ni d'internet, ni de TGV. Que nenni. Mais la découverte du Paris de Philippe le Bel, des chemins de Compostelle que l'on parcourt en sentant le crottin de cheval, le graillon de l'auberge et le vêtement pas très propre. du rustique, du vrai, avec une dose de mystère, de surnaturel, d'amour, de mort, de méchants.
Et cet apothicaire il est formidable. J'avoue être un peu tombée sous son charme : ténébreux, un peu sorcier avec ses préparations médicinales, un peu accro aussi à son diacode (une petite préparation à base d'opium), mais surtout un esprit d'une grand liberté, d'une grande modernité en cette époque où la religion aidée par les très sympathiques inquisiteurs dictaient la conduite de tout un chacun.

Je salue le travail phénoménale de recherches entrepris par l'auteur. Comme dans un film sur les années 80 où l'on s'émerveille de retrouver un papier peint à fleurs oranges, la yaourtière Seb et le téléphone à cadran, j'imagine qu'un contemporain du XIVème siècle ne serait pas dépaysé dans l'histoire narrée par l'auteur. Quant à nous, contemporains du XXIème siècle, nous avons le bonheur d'apprendre des choses sur cette époque lointaine.

Alors, faut-il le lire ? Fichtre oui. Offrez-vous ce looch littéraire pour faire une pause dans votre vie trépidante.
Commenter  J’apprécie          272




Lecteurs (3207) Voir plus



Quiz Voir plus

l'apothicaire

Comment s'appelle le héros du livre?

Andras Saint-Loup
André Saint-Loup
Andréas Saint-Loup

10 questions
130 lecteurs ont répondu
Thème : L'Apothicaire de Henri LoevenbruckCréer un quiz sur ce livre

{* *}