Noir Métal, c'est le témoignage de la fermeture d'une usine dans une ville du Pas-de-Calais, à Noyelles Godault.
Une histoire sombre, comme pour chaque fermeture d'usine qui régit l'activité économique d'une ville entière.
Les deux auteurs, originaires de la région, se sont rendus dans cette ville, au moment de la fermeture de l'usine, pour comprendre et recueillir les impressions des ouvriers, de ceux qui y travaillent au quotidien.
Un point de vue différent de ce que l'on peut lire, entendre ou voir dans les médias.
On retrouve les ouvriers attachés à leur usine, qui y ont travaillé toute leur vie ou une grande partie. Il y a ceux qui sont arrivés plus récemment et ont pris le combat à bras le fer pour organiser la lutte contre la décision de fermeture.
Les auteurs retranscrivent les échanges avec les locaux, ceux qui ont oeuvré à cet endroit pendant des années. Ils constatent aussi l'état actuel de l'usine, à l'abandon et qui est devenue un grand danger pour le voisinage. Avec les résidus de pollution à l'air libre, les installations techniques accessibles par tous, c'est devenu un terrain de jeu pour les enfants et adolescents, une aire de promenade pour les maîtres sortant leur chien, et les accidents, inévitables, arrivent. Mais le site reste désaffecté pour le moment, sans traitement aucun.
Quant aux raisons de la fermeture, les auteurs rapportent les théories des ouvriers, chacun avec son point de vue.
Une BD intéressante qui livre un témoignage fort et puissant, empreint d'humanité et qui laisse la parole aux ouvriers.
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Noir métal, c'est l'histoire sous forme d'un documentaire social de la fermeture sauvage de l'usine Métaleurop en 2003 qui fut l'objet d'une forte médiatisation. C'est près de 830 salariés qui ont été licenciés sans ménagement du jour au lendemain pour satisfaire un groupe d'actionnaires suisses composé de riches retraités pratiquant le golf. Glencore a en effet son siège en pays helvétique ce qui est fort pratique pour assurer le secret bancaire et abriter ainsi de mystérieuses compagnies avec des oligarques russes qui ne font pas dans la dentelle.
Il n'y a pas eu de continuation de l'activité ni de reprise par une société tiers. Il faut dire que depuis les années 80, la sidérurgie était en crise dans toute l'Europe. Et si on ajoute le problème de pollution et les nombreux cas de saturnisme autour de l'usine, c'était quasiment inévitable.
Nous avons certes le point de vue des ouvriers qui ont sacrifié leur vie et celui des syndicalistes qui les défendent. C'est un parti pris par les deux auteurs qui y mettent toute leur bonne volonté. En face, ils ont déjà tous les pouvoirs : l'argent, le contrôle des médias et des officines chargées de contrôler la pollution et la santé. Leur accorder la parole ne ferait que grossir le lot de leurs mensonges éhontés. Pour l'argent, certains sont manifestement prêts à tout.
Je suis particulièrement satisfait de voir qu'il y a une espèce de solidarité pour ne pas les oublier car la plupart galèrent encore à trouver un emploi, en tout cas pour ceux qui ne se sont pas suicidés. Les politiques n'ont absolument rien fait. Cela me fait penser à cette scène dans ce film récent où un candidat à une élection d'importance nationale va dans une usine pour soi-disant soutenir les ouvriers. Ce n'est que pour son image. Il est évident qu'il ne changera jamais sa situation contre la leur ! N'oublions pas que nous sommes dans un pays où l'égalité est une valeur fondamentale de la République.
Ce qui me désole, c'est qu'il y en a encore qui soutiennent les forts et les puissants alors qu'eux-mêmes ne sont pas au même niveau (ou peut-être qu'ils n'ont jamais eux-mêmes connu la misère). Qu'espèrent-ils sous cette apparence d'ouverture à un soi disant dialogue contradictoire ? Avoir peut-être un bout de pouvoir ? C'est pathétique !
Métal noir, c'est une véritable tragédie en plomb majeur. C'est le symbole d'un capitalisme sauvage et implacable qui s'attaque à l'humain en réduisant une région à néant. C'est clair que pour certains, il vaut mieux être du côté du plus fort. Il y a, à mon sens, un devoir de mémoire pour comprendre la mort, la rage et la révolte de cette communauté victime. Après cela, il faut penser à la reconversion du site et à l'avenir. Or, les auteurs n'évoquent que le passé douloureux comme s'il n'y avait plus aucun espoir. Cela reste une belle bd qui apporte des témoignages bouleversants avec un petit côté Germinal. Une bd que je recommande chaudement pour essayer de comprendre...
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Avec lui, on est sur une corde raide entre le réel et l’imaginaire et on embarque dans un trip littéraire pas mal pété.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Le monde n'est décidément une usine à exaucer les rêves.
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