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3,28

sur 202 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Porter à l'écran la « Grande Catherine » est un projet ambitieux, aux facettes multiples, soumis aux pressions du contexte politique, économique et culturel. C'est ce défi que Oleg Erdmann, cinéaste russe, d'ascendance germanique, entend relever.

Va t-il peindre la princesse allemande ou l'impératrice de Russie, l'épouse de Pierre III ou l'amante du comte Saltykov, la mère de Paul I ou la nymphomane, la despote ou le sponsor des philosophes Diderot et Voltaire ?

Ce projet démarre à l'époque Brejnev et Andropov, se poursuit sous Gorbatchev et s'achève sous Eltsine … projet initial sur grand écran, censure soviétique, financement étatique, qui dérive progressivement vers une série pour télévision privée soumise aux diktats de l'audimat et aux exigences de la publicité.

Andreï Makine navigue entre le XVIII et le XX, entre la Russie éternelle et l'URSS, entre l'après guerre dominée par la puissance russe et la perestroïka influencée par la prospérité allemande, et révèle une femme en quête d'amour.

Plus qu'une biographie, cet ouvrage est un hymne à la liberté d'aimer et une réflexion sur la vocation de la Russie partagée entre l'occident et l'orient qui laisse sans réponse l'énigme Catherine.
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« Quand je pense que tout cela nous est arrivé à cause d'une petite princesse Allemande devenue La Grande Catherine ».

Oleg Erdmann, russe d'une lointaine origine allemande, ne cesse de se remémorer cette phrase prononcée par ses parents. Ce souvenir lancinant le relie, comme une attache, à l'histoire de cette petite princesse dont le vécu à nourri maintes biographies. Très jeune scénariste et réalisateur, bénéficiant d'une notoriété toute récente auprès du Ministère de la Défense à la suite d'un court métrage, Oleg envisage d'écrire un scénario qui relaterait, au plus près de la Vérité, l'intimité de cette personnalité hors du commun, loin de la «Messaline Russe » trop souvent évoquée, masquant ainsi la femme réformatrice que Catherine II a été. Et puis, tous ces amants qu'une page ne suffirait pas à énumérer, tous plus préoccupés par le pouvoir et le sexe, ont-ils cherché à aimer cette femme ? Peut-être Lanskoï.

Oleg vit dans une maison communautaire à Leningrad. Il partage son temps entre la lecture d'une importante documentation historique sur la mythique Catherine et les abattoirs où une nuit sur trois, il gagne son minimum vital.

Il ne cesse, dans sa tête, d'organiser les scènes qui viennent se superposer à son quotidien. Les images se croisent et s'entrecroisent avec celles de la Russie de Catherine et celles de l'Union soviétique. Mais il y a la censure et il se doit d'être vigilant pour ne pas donner de l'Impératrice une image trop élogieuse d'un monarque éclairée, d'une femme forte au tempérament de feu.

Au sein de la maison communautaire, Oleg et ses voisines, à travers leurs échanges, leurs taches habituelles, donnent à entrevoir l'organisation de leurs journées au sein de la collectivité. C'est une plongée dans l'Union soviétique jusqu'à la chute du mur de Berlin et le chaos impressionnant et glaçant qui s'en suit.

Après avoir vécu une période de flottement, Oleg est sollicité par un ami, passé d'acteur crève la faim à oligarque, pour écrire une série sur Catherine. Oleg découvre les coulisses de ce nouveau cinéma de la période Eltsine. Un milieu qui est bien plus préoccupé par l'attrait de la rentabilité, l'appât du gain au détriment de l'art cinématographique. Il assiste impuissant au sacrifice de sa composition sur l'autel de la médiocrité, de l'audimat.

On traverse ainsi une vingtaine d'années de Leningrad à Saint-Petersbourg avec tous les changements que comporte ce pays : les mentalités, la sociologie, les nouveaux riches. L'exercice de la Liberté, demande de la responsabilité, de la maturité et c'est un long apprentissage qui se fait dans la douleur.

Andreï Makine fait preuve d'une très grande maîtrise dans cette construction de ce récit qui m'a déroutée. Toutes ces scènes sur le règne de Catherine qui reviennent dans l'esprit d'Oleg, les discussions à ce propos avec son entourage, ses réflexions, ses ébauches, m'ont occasionné un sentiment de redondances. J'ai ressenti de la confusion. Je préfère lire la biographie écrite par Troyat.

J'ai, par contre, trouvé très intéressant cette photographie de la Russie qui se prolonge sur une vingtaine d'années mettant ainsi en évidence tous les bouleversements et la « pétaudière » dans laquelle, cette société a basculé. C'est dense de réflexions sur la Russie, sur le règne de Catherine, sur les artistes, sur les modes de vie qu'ils soient collectiviste ou libérale, mais j'ai refermé le livre en ayant la désagréable impression de ne pas avoir vraiment tout compris ce qu'Andreï Makine voulait me dire. ET aussi, important, j'ai compris pourquoi ma branche maternelle russe portait un nom allemand.

Mon prochain sera l'Ami Arménien !
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Un livre et un auteur surprenants et marquants, découverts grâce à mes amis Babelio.

Surprenante lecture par rapport à la quatrième de couverture. Je m'attendais en effet à une biographie croisée de la grande Catherine de Russie avec des éléments de vie d'un quidam de la Russie contemporaine, version littéraire de mon voisin de palier comparant ses amours et ses emmerdes avec celles de Charles Aznavour. L'idée semblait intéressante, mais la trame de ce roman est en fait bien plus que cela.

Avec un peu plus d'attention, j'aurais remarqué que la femme (aimée ?) de la couverture est de dos, tournée vers une allée couvert de neige... elle est donc anonyme, reine peut-être, par sa tenue, mais avant tout une femme tournée vers un avenir (ou un passé ?) incertain...

La femme aimée de ce roman est en fait multiple et interrogation, portée par Oleg, écrivain puis assistant de cinéma dans l'URSS finissante et la Russie contemporaine. Au-delà de la quête de paparazzi d'Oleg et de ses amis pour tenter de mettre à nu la sulfureuse Catherine dans sa part cachée de fragilité et son désir d'aimer et d'être aimée, c'est sur son propre destin, et sur celui de ses maîtresses que s'interroge Oleg.

Un livre marquant donc, aussi pour cette approche en trompe-l'oeil, renvoyant au jeu de miroir du boudoir de Catherine, à la politique et à la ronde de ses favoris, mais aussi à la réflexion sur le métier d'écrivain, de cinéaste ou d'acteur, ou encore à l'observation critique des hypocrisies du parti unique sous l'URSS, et de celles, plus grandes encore, d'une Russie s'ouvrant brutalement à l'anarchie sauvage des lois du marché.

Un livre marquant pour plein d'autres raisons encore.

Andrei Makine m'y apparaît comme un digne continuateur contemporain des grands écrivains russes du XIXème siècle, qui ont fait connaître au lecteur français cette "âme russe" si particulière, à la fois grave, terrienne, et capable de s'enflammer comme feu de paille. L'écriture est souvent poétique, toujours raffinée, exigeante. le récit est construit, parfois déroutant, mais remarquable d'intelligence et maîtrisé.

Bien que l'y aie d'abord trouvé personnellement une réflexion profonde sur la vie, le destin, l'amour, l'art et la liberté, et que sa construction ne permette pas, à mon avis, de le classer dans ce "genre", ce livre ne décevra pas pour autant les amateurs de biographie historique : on y apprend beaucoup sur la grande Catherine, sur sa Russie, et sur celle d'Oleg.

Un beau roman, donc, que je recommande ; et si vous êtes, comme je le fus, déconcerté par la construction exigeante du récit dans les 40 premières pages, voire même déçu par l'éloignement de plus en plus évident en cours de lecture d'un romantisme facile, persévérez ! Cela vaut la peine...
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A travers le travail d'un cinéaste pendant et après la période soviétique, Andreï Makine fait un portrait de Catherine II de Russie qui ne réduit pas la princesse allemande, envoyée à quinze ans en Russie pour épouser Pierre III, à celui d'une monarque autoritaire aux moeurs dissolues. Pour lui, Catherine II a eu un règne éclairé par sa proximité avec les philosophes des Lumières et sa frénésie du plaisir physique n'est que la conséquence d'un amour malheureux, du désir inassouvi d'être « une femme aimée ». Avec une approche originale, en évoquant l'évolution de son pays, Andreï Makine livre une image nouvelle d'une vraie réformiste qui fut aussi une femme amoureuse.
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Note 4/5
André Makine, j'adore votre plume et vos histoires romanesques.
Une femme aimée c'est la rencontre à deux siècles de décalage de la Grande Catherine et Oleg. Oleg cinéaste qui se laisse complétement envoûter par cette Tsarine et va vouloir la comprendre.
André Makine avec sa plume poétique nous offre le portrait d'une grande femme et d'un homme qui se cherche complétement. Il nous propose un parallèle de deux époques, des fantasmes, de la quête du grand amour. Un homme qui se perd complétement sur une femme du passé et n'avance pas au présent. Un homme qui cherche à donner une meilleure image d'une femme mais est contraint par la politique de son pays. Un homme qui se retrouve perdu dans son identité comme cette femme.
Et puis en parallèle, nous apprenons la vie saccadée d'une Tsarine qui était connue pour ses moeurs légères mais à changer son pays. Avec sa biographie romancée, André Makine m'a donné envie de plonger dans la biographie de Catherine II mais aussi de ses successeurs. Qu'a-t-elle apporté politiquement à son pays ?
Lire Une femme aimée, c'est avoir deux histoires pour le prix d'une et je tire mon chapeau à l'auteur. Je me suis posée la question si Oleg n'était pas notre grand écrivain.
Par contre j'ai une petite réserve. Parfois je me suis retrouvée perdue de savoir à quelle époque j'étais. Catherine intervient à tout moment dans le roman sans avertir. Les deux parcours sont vraiment imbriqués l'un dans l'autre. Et parfois on s'y perd. Mais cela reste un super roman tout plein de douceur, angélique et poétique.
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Les années 80, l' U.R.S.S. Leningrad. Oleg Erdmann, russe d'origine allemande , scénariste, essaye de percer dans le monde cinématographique. Bien rude tâche en vérité , tout scénario doit être agrée par le CEAC- Comité d'Etat pour l'art cinématographique- lui-même inféodé aux diktats du Kremlin.... Alors quand son projet de film consacré à la Grande Catherine, tsarine de tous les temps ,est retenu Oleg touche du doigt son rêve. Mais Catherine est elle simplement cette Messaline, cette femme obsédée par le sexe , n'est elle pas aussi une simple femme à la recherche d'un amour pur et sincère?
Oleg va donc voir se réaliser son film , mais les années passent , les années 80 , la mort de Brejnev en 82, les années Gorbatchev , puis Eltsine et Oleg tout en assistant à la transformation de son pays essaye de se trouver; qui est il vraiment ? Dans quelle mesure son origine allemande influence t'elle sa vision de Catherine? Rendre à Catherine ce qui lui est du n'est-ce pas aussi permettre à Oleg d'enfin trouver qui il y est, de trouver l'amour? Andreï Makine nous décrit la violente vitalité de la Russie moderne en parallèle à l"effervescence du XVIIIème siècle européen donnant ainsi à son roman une dimension plus vaste que celle attribuée habituellement à une biographie.
S'il m' a fallu quelques pages pour m'immiscer dans ce roman je l'ai ensuite dévorer me laissant happer par l'histoire et l'écriture. Bien beau roman !
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Que celui qui ne recherche qu'une biographie de Catherine II referme ce livre car son but n'est pas de conter par le menu le règne de cette souveraine.
Bien sûr Andréï Makine évoque la tsarine et principalement l'existence laborieuse et luxurieuse qu'elle s'est créée, alternant gaillardement rendez-vous galants et diplomatiques, ce que l'auteur raconte avec brio lors d'une réjouissante scène d'introduction !
Mais à travers le scénario que le héros a écrit et le film à la réalisation duquel il participe, c'est bien à la recherche de la vérité humaine de Catherine II, obscure petite princesse allemande devenue une des personnalités les plus influentes de son époque, qu'il se lance avec acharnement.
Alors, pourquoi donc Oleg Erdmann est-il obsédé par la Grande Catherine ? Tout simplement parce que ses ancêtres allemands sont arrivés en Russie dans les bagages de la jeune Sophie, fiancée du futur tsar Pierre III.
Et comme le répétait son père : "tout cela m'arrive à cause de cette petite allemande devenue la Grande Catherine".
De ce fait, le passé familial fait le pont entre l'époque lointaine de la Cour de Russie du XVIIIè siècle et la vie d'Oleg Erdmann à l'époque actuelle, sa jeunesse passée dans des appartements communautaires (magnifique invention de l'époque stalinienne !), son existence formatée sous l'époque bénie (!) de Brejnev, puis le grand chambardement causé par la chute de l'Urss et l'indescriptible chaos qui s'en est suivi où ultra pauvreté et indécente richesse se sont côtoyés ! et où la vie n'a rien d'un long fleuve tranquille ! oligarque un jour, zigouillé le lendemain !

Le talent de Andréï Makine est éclatant, le style alerte, le ton vif, le récit truffé d'anecdotes plus ou moins drôles selon le sujet évoqué, mais .... la magie ne fonctionne pas toujours, en tous cas pas pour moi.
En effet, mêler sans cesse l'existence au dix-huitième siècle à celle de la vie actuelle m'est apparu trop artificiel, même s'il arrive que les deux se fondent harmonieusement, et l'alibi du film n'y change rien !
Hélas, car toute la partie concernant l'existence frénétique sous Eltsine et la critique sous-jacente de cette Russie malade, est particulièrement bien rendue.

Cependant, un pied dans le XVIIIè et un pied dans le XXè ... ce n'est pas très confortable !
Et un menuet avec Catherine, un tango avec Eltsine... Il n'est pas toujours aisé d'entrer dans la danse !
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Dans son dernier ouvrage, Andreï Makine s'atèle à l'histoire de Catherine II Russie. Un destin hors du commun et passionnant pour cette femme à l'immense pouvoir et pourtant en décalage avec son temps. Pour nous parler d'elle, il convoque un jeune cinéaste passionné par cette femme exceptionnelle et qui cherche à la comprendre en faisant tomber les préjugés qui s'y attachent.
Comme toujours, l'auteur excelle à dépeindre des personnages profondément humains, aux fêlures apparentes. A travers la recherche parfois vaine de l'amour, il met en avant des hommes et des femmes mal à l'aise dans la société qui les a vu naître. Un roman d'une grande sensibilité qui pose des questions essentielles.
Lien : http://madimado.com/2013/02/..
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Une femme aiméeAndreï Makine – Editions Seuil


Un roman que j'ai eu des difficultés à lire. du moins au début, j'ai trouvé l'incipit plutôt tortueux, avant que tout ne se replace dans mon esprit comme le fil continu d'un roman. Un sens de l'effort récompensé au cours des pages. Ensuite, pourquoi ? La trame se passe sur deux dimensions, celle historique de la Russie du 18-19ème, et la Russie des années 90. Pour but ? Sonder le grand mystère de la Grande Catherine, et quelle vie…

J'apprécie encore une fois dans ce roman d'Andreï Makine d'être le lecteur témoin des liens très fort entre la Russie et la France des lumières. Et cette transition, douce, simple, vers le monde russe des années 90 qui se métamorphosent au rythme de ses recherches de nouvelles identités dans un monde qui la perd.

Des acteurs historiques, des acteurs du présent, tout s'entremêle dans un somptueux medley qui connecte les points avec justesse.

Lien : http://souslesportes.blogspo..
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Oleg Erdmann, cinéaste russe d'ascendance allemande, est obnubilé par le personnage de Catherine II, elle aussi d'origine allemande. Il écrit un scénario qui montre l'impératrice comme une femme aimée. Cette vision de la grande Catherine se heurte à l'image que le régime communiste en donne, à savoir celle d'un monstre sanguinaire doublé d'une nymphomane.
Après, la chute du mur, la Russie s'occidentalise et Erdmann écrit le scénario d'une vulgaire série consacrée à l'impératrice.
Avec l'argent ainsi gagné, il va visiter le pays de ses ancêtres, retrouve Eva Sander, actrice qu'il a connu autrefois et vit une histoire d'amour avec elle.
Dans une langue accessible mais recherchée, Makine dresse en filigrane le portrait d'une Russie à la recherche de ses racines.
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