LETTRE A ALEXANDRE BENOIS (1916)
Votre collègue M. Merejkovski a écrit que le futurisme était un mouvement de goujats qui menaçaient le sacro-saint art. Ce qui a le plus outragé M. Merejkovski a été que le goujat ait renié "la belle Psyché éternellement féminine au profit de la multiplication mécanique de l'homme". M. Merejkovski a découvert sa crainte que le goujat menaçant ne lui arrache sa femelle, et il a hurlé, fait des scènes de jalousie, comme un véritable mandrill ou un Hottentot, accoutumé à sa femelle et à ses habitudes.
Dans ce monde où seuls quelques créateurs isolés pouvaient être sensibles à la portée formelle de sa peinture et à la dimension philosophique de sa pensée, Malevitch avait peu de chances de susciter un dialogue, de trouver un écho à ses idées.
Seuls les peintres bornés et impuissants dissimulent leur art sous la "sincérité".
Dans l'art, il faut la vérité et non la sincérité.
Il ne peut être question de peinture dans le suprématisme. La peinture est périmée depuis longtemps et le peintre lui-même est un préjugé du passé.
L'écrivain Nicolas Gogol et l'artiste Kasimir Malevitch incarnent pour vous la culture russe ? Ils sont pourtant nés en Ukraine et font l'objet d'une violente bataille culturelle entre les deux pays.
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