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La métamorphose des dieux tome 1 sur 3
EAN : 978B005KH0GLQ
Gallimard (30/11/-1)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Version définitive de l'ouvrage paru en 1957 sous le titre La Métamorphose des Dieux
Que lire après La métamorphose des dieux, tome 1 : Le SurnaturelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Malraux, entre ici avec ta sublime prose.... dans le panthéon des poètes, poète que tu fus sans le savoir!
Oui, Malraux, historien de l'art, ministre, philosophe, esthète, critique, romancier, orateur, tu fus avant tout un prodigieux artisan du langage.

Malraux consacre le premier de ses trois tomes de la Métamorphose des Dieux à l'évolution de l'art de l'Antiquité à la Renaissance, un art qui sans relâche a servi de lien entre les hommes et leur(s) dieu(x), un art tout dédié au sacré somme toute. Il montre comment l'évolution à travers les millénaires de la pensée, de la foi et du regard que l'humain porte sur le monde s'est matérialisée dans la représentation : hommes, dieux, messagers divins, animaux et décor compris. Il s'attache autant à la manière, au style, au traitement du fond pictural qu'aux symboles représentés, c'est ainsi qu'il dégage le mieux cette évolution. le choix du thème, sa mise en forme, le medium privilégié par période(sculpture, enluminure, architecture, fresques etc.), la posture des sujets humains, les couleurs (l'utilisation de l'or notamment), tout y concourt à parler de l'homme.

Étonnamment, en cherchant à approfondir la subtilité de l'analyse historiographique, Malraux construit sa phrase avec toute la verve mais aussi la complexité nécessaire à aborder finalement ce qui dans la beauté reflète notre pensée du monde. Aussi son style nous force à relire les lignes ou les paragraphes précédents et là, ô stupeur, c'est la puissance du verbe qui nous saute à la figure, cet art de développer une période qui retourne son propos sur lui-même, qui tente de ramasser en une parole puissante un sens (le Sens avec un grand S même) dans toute sa magnificence.
Le miracle de son style est de trouver, dans les mots et surtout dans la tournure syntaxique, l'émotion qui émane des oeuvres et des courants de pensée analysés.

Oui, en cela, Malraux, toi qui sus porter cette émotion dans cette mélodie verbale qui t'est propre, tu fus poète.
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PS.: rédiger cette chronique m'effrayait... comment répondreau souffle de Malraux... et à l'attente d'un.e lecteur.trice babéliote. Je crains en avoir fait trop et bien sûr trop peu.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque " les lumières " feront du surnaturel une province de l'imaginaire, le Moyen Age deviendra l'époque de l'imaginaire. Mais il ne connaît le surnaturel que comme réalité. Les anges ne le surprennent pas plus que les éléphants; il les connait mieux, et en voit davantage. Certes, les éléphants ne sont que les envoyés de quelque prince sarrasin, alors que les anges sont les envoyés de Dieu - et les démons, ceux de Satan. Anges et démons ne font pas partie de la terre, mais ils font partie de la Création au même titre que les éléphants - et que les hommes.
L'imaginaire médiéval n'est jamais ce qui ne saurait exister: C'est ce qui existe par Dieu; ou au loin, au pays de l'arbre-qui-chante et des cynocéphales, peuple de saint Christophe; ou " ailleurs ", au pays où les chevaliers tuent les géants et les dragons -au pays du merveilleux, dont on connait mal les frontières : le dragon, c'est peut-être un éléphant qu'on n'a pas encore vu. Mais le tueur de dragons est un vrai chevalier. Ulysse, si l'on veut; ni Achille ni Hercule, descendants des dieux. Créature de Dieu.
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Le dialogue de l'art avec l'apparence, confus lorsque l'on comparait la Pourvoyeuse ou un portrait de Vélasquez à son modèle, une Vénus de Titien à une femme nue, les Ergastines du Parthénon à un cortège de jeunes filles, - et ces œuvres les unes aux autres... - devient beaucoup moins trompeur lorsque nous comparons à ces jeunes filles les Corés de l'Acropole; à un conseil d'évêques, les Confesseurs de Chartres; à une suite royale, celle de la Théodora de Ravenne, celles des monarques de tout l'Ancien Orient : lorsque, avec les divinités et les ancêtres, les héros et les prêtres-rois, les immortels et les morts, se lève l'assemblée des figures dont l'art avait pour mission d'exprimer la délivrance de la condition humaine et du temps.
Dès que nous cessons de les tenir pour des imitations maladroites de modèles, nous comprenons que le pouvoir par lequel elles nous atteignent, et qui est pour nous le pouvoir de création artistique, fut initialement celui de donner forme à ce par quoi l'homme devenait homme, échappait au chaos, à l'animalité, aux instincts, à l'éternel Çiva.
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Tous et toutes nous disent que pendant des millénaires, l'objet majeur de la création artistique - qui, elle, ne nous est pas étrangère, bien qu'elle nous atteigne à travers la métamorphose - a été la révélation ou le maintien des formes de Vérité. « Les hommes donnent aux dieux leurs noms, dit l'Inde, mais les dieux les acceptent ou les ignorent »; les plus grands artistes créaient les formes divines, mais les dieux ne les acceptaient que si les hommes les reconnaissaient. Alors commençait le règne d'un style...
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Mais si la cité entière est bouleversée à la représentation d'Agamemnon, d'Œdipe ou d'Antigone, ce n'est pas par l'accablement. Elle y éprouve le même sentiment qu'à l'audition de l'Iliade : l'exaltation. Exaltation dont les commentateurs, dès l'époque hellénistique, ne comprendront plus la nature, parce qu'ils en chercheront l'origine dans les sujets des pièces. Sa cause est beaucoup plus profonde qu'une participation à de saisissantes légendes : c'est de découvrir que la poésie - la poésie, et non ce que le poète conte - parle au Destin d'égale à égal. Lorsque Oreste paraît sur le théâtre d'Athènes, un dialogue plus grandiose que son dialogue avec les Érinyes s'engage entre la cité et le dernier grondement d'Ouranos. Dans un monde où ce que l'homme ne gouverne pas a pris par lui tant de formes rayonnantes, la tragédie choisit de donner forme à ce qui l'écrase; mais en elle, il cesse d'en être écrasé.
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Les maîtres de Sainte-Marie-Majeure (les autres sont des narrateurs) veulent peindre l'Annonciation dans le monde de l'ange. Cette intention oubliée, leur art devient inintelligible; c'est pourquoi il le devint pendant cinq cents ans. C'est aussi pourquoi il est indispensable : sans lui, le monde des basiliques ne serait qu'un espace solennel. Les grands mosaïstes apportent le monde de Vérité au peuple fidèle comme Phidias apportait les dieux à la cité.
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