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EAN : 9782070759293
167 pages
Gallimard (31/10/2001)
4.25/5   8 notes
Résumé :
Jean-Marie Rouart appartient à une famille de peintres. Son arrière-grand-père, Henri Rouart, polytechnicien, inventeur de moteurs et de machines thermiques, fut élève de Corot et ami de Degas. Son rôle de collectionneur a fait date dans l'histoire de l'impressionnisme. Son autre arrière-grand-père, Henry Lerolle, était également peintre et ami de Degas. Les deux filles d'Henry Lerolle épousèrent les deux fils d'Henri Rouart. Julie Manet, fille de Berthe Morisot et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
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« Ce monde de la peinture, j'ai eu beau tenter de le fuir, tout m'y ramenait. D'abord mes souvenirs. Presque tous les membres de ma famille peignaient, avec une ardeur farouche, une passion qui me semblait parfois maladive. »

Je repose le livre dans un angle de mon bureau. Une onde de plaisir me parcourt encore. de nombreuses toiles de la période impressionniste que j'admirais depuis longtemps dans les musées, expositions, ou livres d'art, je les ai retrouvées à nouveau en feuilletant les pages imprimées sur papier photo grand luxe.

Une monographie familiale. L'académicien Jean-Marie Rouart nous entraîne dans une histoire qui débute au milieu du 19e siècle avec ses deux arrière-grands-parents, Henri Rouart et Henry Lerolle, peintres et collectionneurs, et se poursuit avec leurs nombreux descendants. La plupart des chefs-d'oeuvre présentés dans le livre, l'auteur les a connus en liberté, objets familiers qu'il a pu contempler accrochés sur les murs des différentes maisons familiales. Aujourd'hui, ils sont dispersés dans des musées ou collections aux quatre coins du monde.
Par mariages ou amitiés, la famille Rouart a côtoyé les plus grands noms qui traversèrent l'impressionnisme et la littérature : Manet, Berthe Morisot, Degas, Renoir, Valéry, mallarmé… du beau monde !

Le meilleur ami de l'arrière-grand-père Henri Rouart, peintre et industriel, était Edgard Degas. « Degas était au centre de la passion familiale et le trait d'union entre toutes les familles qu'il avait approchées. » Il fit huit portraits de son ami, le plus connu le représente de profil en chapeau haut de forme devant ses usines. Paul Valéry décrit Degas : « fidèle, étincelant, insupportable, anime le diner, répand l'esprit, la terreur, la gaieté. »
L'hôtel particulier d'Henri Rouart, rue de Lisbonne à Paris réunissait une formidable collection : 47 Corot dont les magnifiques « Dame en bleu » et « La Parisienne », les « Répétition de danse » de Degas, 8 Courbet, des Daumier, Delacroix, Millet, Gauguin, Chardin, Cézanne, « La brune aux seins nus de Manet, le « Bois de Boulogne » de Renoir, et tant d'autres… Toutes ces oeuvres avaient été acquises entre 1870 et 1900. Les toiles peintes par Henri Rouart y figuraient aussi.

« Un chat. Tante Julie, qu'on appelait aussi Mamaïta, ressemblait à un chat. »
J'ai beaucoup apprécié cette partie du livre consacrée à Julie Manet, la fille de Berthe Morisot. Sa mère peignait constamment « Bibi ». Durant 17 ans, jusqu'au décès de Berthe en 1895, elle est représentée à tous les âges, à tous moments de la journée. le pinceau de l'artiste a une infinie tendresse lorsqu'elle peint l'enfance.
Jean-Marie Rouart connut, adolescent, sa tante Julie qui vivait au milieu des chefs-d'oeuvre de l'impressionnisme. Elle peignait pour communier dans la ferveur de sa mère. Les toiles de Berthe Morisot, de son oncle Édouard Manet, et de nombreux autres, étaient rassemblées dans son musée où elle habitait : « Berthe Morisot au bouquet de violettes », « Berthe Morisot et sa fille » et le « Portrait de Julie Manet » de Renoir. Les dernières toiles de Julie adolescente peinte par sa mère avant son décès étaient présentes également : « Julie au violon » et « Julie Manet et son lévrier Laerte ».

Paul Valéry et Stéphane Mallarmé faisaient partie de la famille de coeur des Rouart. Valéry était marié avec une cousine de Julie Manet. « J'aimais Valéry comme on aime une étoile, et il n'est nul besoin d'être le fils de cette étoile pour l'aimer, elle appartient à tous, comme toutes les autres étoiles qui brillent dans le ciel », disait Jean-Marie Rouart.

L'avant-dernier chapitre du livre est consacré au grand-père de Jean-Marie, Louis Rouart qu'il qualifiait de coureur de jupons, sans oeuvre : « Ce grand-père, je l'aimais tel qu'il était. J'aimais ses yeux malicieux, son horreur de la médiocrité, son fanatisme pour l'art, sa passion pour les femmes et l'Italie. Nous partagions un vice commun, cet amour des livres. » Louis était marié avec Christine Lerolle. J'ai apprécié de revoir sur la jaquette du livre le charmant petit tableau des soeurs Lerolle de Renoir qui est au musée parisien de l'Orangerie : « Yvonne et Christine Lerolle au piano ».

« Les tableaux de mon père, les natures mortes, les paysages, exprimaient un bonheur que je n'avais jamais vu ni sur son visage, travaillé par l'angoisse, ni dans sa vie. » Plusieurs des toiles du père de Jean-Marie, Agustin Rouart, terminent le livre. le portrait de la mère de l'écrivain allongée sur un lit « Juliette allongée » le perturbait : « Rien n'est plus troublant que la sensualité de sa propre mère. On voudrait de toutes ses forces la faire échapper à ce destin banal du sexe, du plaisir, sans lequel on n'existerait pas. » Ému, Jean-Marie Rouart repense à ce père : « Mon père. Quel long chemin j'ai fait pour le rejoindre. »

Je me suis plongé avec délice dans cette vaste fresque de la famille Rouart accompagnée de documents, photos, et tableaux de grande qualité.

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Le 18 décembre 1997, il est élu académicien, succédant à Georges Duby.
Parmi ses travaux académiques, il a prononcé lors de la séance publique du 6 décembre 2001 le traditionnel discours sur la Vertu. Il avait choisi de le consacrer aux moines de Tibhirine, et déclarait notamment : « Les hommes que je vais évoquer devant vous ont porté la vertu à un si haut degré de perfection qu'elle finit par rejoindre un mot plus vaste, indémodable, que l'on ne peut galvauder tant il est lié à une inquiétude qui se mêle à une aspiration éternelle : l'amour »...
C'est également lui qui répondit au discours de réception de Valéry Giscard d'Estaing dans lequel, après avoir retracé l'oeuvre politique de l'ancien président de la République, il ne craignit pas de brocarder l'unique roman du nouvel académicien, le Passage. Il rappelait en effet le jugement sévère que le critique du Figaro, Renaud Matignon, avait alors consacré à son auteur, le comparant à « un Maupassant qui aurait fait la connaissance de la comtesse de Ségur, ou à un Grand Meaulnes qui aurait croisé Bécassine ».
Jean-Marie Rouart est officier de la Légion d'honneur.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
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Le bonheur que Berthe Morisot a peint dans son œuvre, elle ne l’a pas puisé dans sa vie : « Il y a longtemps que je n’espère plus rien, même chez les autres, que le désir de glorification après ma mort me paraît une ambition démesurée. La mienne se bornerait à vouloir fixer quelque chose de ce qui passe : oh, quelque chose, la moindre des choses. Eh bien, cette ambition-là est encore démesurée. Une attitude de Julie, un sourire, une fleur, un fruit, une branche d’arbre, et quelquefois un souvenir plus spirituel des miens, une seule de ces choses me suffirait. »

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Pour répéter le mot de Degas à un journaliste lors de la vente en 1912 des « Danseuses à la barre » qui appartenait à Henri Rouart : « Je crois que celui qui a peint ce tableau n’est pas un imbécile mais que celui qui l’a acheté à ce prix-là est un con ».

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Degas trouvait chez Henri Rouart un équilibre entre l'art et la vie sociale : le misanthrope s'humanisait dans une ambiance favorable toute dédié à l'art et à lui-même. C'était sa famille.
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C'est cette lumière si particulière de Noirmoutier qui fascinait mon père.Que de mal il s'est donné pour en saisir les nuances ! Je le vois avec son chevalet planté devant le marais, abrité par une ombrelle qui attirait les libellules, le visage crispé par la concentration, tourmenté par le désir de percer le secret de cette lumière.
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J'avais à peine quelques mois et, déjà, la nuit, mon père braquait une lampe sur mon visage pour faire mon portrait.Je le regardais avec curiosité, ignorant que ce comportement étrange était le signe distinctif de la famille où le destin m'avait projeté. N'avait-on pas agi ainsi avec lui, et avec son père ?
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Videos de Jean-Marie Rouart (44) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Rouart
Jean-Marie Rouart vous présente son ouvrage "La maîtresse italienne" aux éditions Gallimard. Entretien avec Jean-Claude Raspiengas. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2979979/jean-marie-rouart-la-maitresse-italienne
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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