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Jacques Berchtold (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253193197
92 pages
Le Livre de Poche (23/06/2004)
3.62/5   65 notes
Résumé :
En 1749, l'Académie de Dijon met au concours la question suivante : Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. Alors qu'il va rendre visite à Diderot prisonnier à Vincennes, Rousseau feuillette le Mercure de France qui publie la question : " Si jamais quelque chose a ressemblé à une
inspiration subite, écrira-t-il plus tard, c'est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture ; tout à coup, je me sens l'esprit ébloui de mil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A la question : "Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer les moeurs ?" Rousseau choisit de se mettre à contre courant et d'être hostile au progrès scientifiques et artistiques.
Rousseau a opté pour une réponse plus ou moins philosophique loin du scientisme qu'exigeait cette question académicienne. C'est peut-être l'une des vertus de ce discours qui parait plus facile à lire et à comprendre loin des méandres de la philosophie exigeante et complexe. Rousseau (l'un de mes philosophes préférés) nous présente ses idées d'une manière simple et bien organisée accompagnées d'un style suave.
Ce discours par son opposition aux sciences et aux arts n'est point désuet, car à l'époque actuelle, on peut constater toute l'ampleur de cette idée; les sciences ont tué les relations humaines, l'humain en l'homme moderne, l'instinct naturel et peut-être la bonté, les guerres deviennent plus dévastatrices et les gens souffrent encore de maladies mortelles malgré ce présumé progrès, les arts connaissent une décadence et agissent dans la corruption des moeurs... le Discours nous montre que l'homme est le même depuis la nuit des temps!
C'est peut-être le Discours qui contient les idées de Rousseau qui donneront naissance aux autres grands ouvrages.

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Un docte éloge de l'ignorance traversé par les ondes d'un poujadisme (bien avant l'heure) qui justifie pleinement mon choix : éviter la lecture de Rousseau. Sur le thème de : "force et vertu plutôt que la connaissance", ponctué de : "mieux vaut donnez votre sang pour la patrie", finalement rien de bien nouveau sous le soleil, cette accumulation de références - en contradiction même avec le sujet - est bien ennuyeuse et répétitive au point que je n'ai pas pu finir ce texte pourtant très court.
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Il faut toute la mauvaise foi d'un opposant aux idées de Rousseau par posture idéologique comme Kléber Haedens (dont l'Histoire de la littérature française regorge de prises de positions qui trahissent son parti pris maurassien) pour prétendre que « le premier Discours de Rousseau [...] soutient un poncif, à savoir que les sciences et les arts corrompent les moeurs ». Qui ne sait que les Lumières, à travers leur oeuvre majeure, l'Encyclopédie, et avant elles déjà la renaissance, n'ont eu de cesse de valoriser le progrès de ces disciplines ?
Rousseau, lui, au moment de prendre connaissance (l'histoire est connue) du sujet mis au concours de l'académie de Dijon, « si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs », raconte dans une Lettre à Malesherbes qu'il vécut un choc tel qu'il en relate en termes d'« inspiration » provoquant chez lui un état d' « ivresse » de « violentes palpitations » allant jusqu'à l'empêcher de « respirer en marchant » et finissant par le faire « tomber sous un des arbres de l'avenue » de Vincennes alors qu'il se rendait voir son ami Diderot, emprisonné. La révélation lui vint, comme ce court discours va s'attacher à le démontrer, que, contre ce que l'on pourrait croire, l'homme nait bon naturellement, et que c'est justement par ses institutions seules que les hommes deviennent méchants.
Rousseau commence, avec ce Discours, une démonstration, qu'il poursuivra dans son Discours sur l'origine des inégalités puis dans son Traité de l'éducation, trois oeuvres qu'il décrit comme formant un même tout. Il entre en cette année 1749, dans l'histoire de la philosophie. Ce discours fera sa gloire autant qu'il enclenchera son destin et, par-là, sa chute. Car nul n'est prophète en son époque lorsque celle-ci fait, elle-même, oeuvre de révolution et qu'on prétend lui opposer un contre discours. « Tel me tient pour barbare qui ne me comprend pas » pressent-il d'emblée. Certes il emporta le prix, et ne fut pas le seul à défendre sa thèse. Mais l'académie de Dijon communiqua, en même temps que ses lauriers, des remarques pour dire son désaccord sur certains de ses développements. L'Académie française, outrée, décida de relancer la controverse en invitant cette fois les candidats à soutenir la thèse opposée. de ce jour, estime Jean-Jacques, allait commencer ses malheurs. C'est que son discours parlait à certains et en gênait d'autres : il soulève le voile sur la vérité des peuples policés chez lesquels les lettres et les arts « étendent des guirlandes de fleur sur les chaines de fer dont ils sont chargés ». Il dénonce l'amour disparu de la patrie chez les peuples trop bien élevés. Et il ne convoque pas seulement Sparte contre Athènes, mais Henri IV contre Louis XV pour faire le tableau de la décadence. Il glorifie les petits peuples, sauvages mais héroïques et fustige la diplomatie cosmopolite. Il met en garde : « que nos politiques daignent suspendre leurs calculs pour réfléchir à ces exemples et qu'ils apprennent une fois qu'on a de tout avec de l'argent, hormis des moeurs et des citoyens ».
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ce n'est pas (à juste titre!) le plus réputé des discours de Jean Jacques Rousseau, mais il m'était venu l'envie de découvrir à quoi pouvait ressembler une réponse (primée) à un concours d'une Académie (celle de Dijon en l'occurrence) à l'époque des lumières.

Ce développement surprenant reflète-t-il vraiment dans toutes ses affirmations la pensée de Jean Jacques Rousseau, ou ne s'agit-il pour lui que d'un besoin de pousser tous ses raisonnements à leur limite, fût-elle contraire à toute idée raisonnable, voire d'un goût irrésistible du paradoxe ? Il faudra que j'en lise davantage sur Rousseau pour éclaircir ce point, car cette position extrême sur les méfaits de la science et de la civilisation devait sans doute être difficile à recevoir à une époque où les effets positifs du progrès commençaient à se faire sentir d'une manière très concrète. Et le mépris affiché pour toute activité intellectuelle se traduisant par l'édition de livre n'est il pas en contradiction même avec l'effort fait pas l'auteur pour répondre à un concours d'une Académie ?
Et par ailleurs, pour quelle raison une Académie, dont l'essence même est d'oeuvrer au progrès que dénonce le discours, l'a-t-elle couronné? certes il est remarquablement écrit, dans une langue qui fait de sa lecture un véritable délice, mais était-ce là le seul critère ?
Le fond importait-il donc si peu?
Voilà de multiples questions qui se posent et qui, je suppose, ont dû susciter une littérature critique abondante.
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Prix de l'Académie de Dijon 1750. Que d'honneurs pour ce long discours de Jean Jacques Rousseau en réponse à la question:Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou corrompre les moeurs?
Jean Jacques Rousseau, musicologue et précepteur s'est fait connaître grace à ce discours et la doctrine qu'il a soutenue par la suite:l'homme est foncièrement bon,la société l'a corrompu et il doit coute que coute retrouver sa vertu première.
"C'est un grand et beau spectacle de voir l'homme sortir en quelque manière du néant par ses propres efforts". "L'esprit a ses besoins ainsi que le corps"."Aimez les talents et protégez ceux qui les cultivent"."La vertu ne marche guère en si grande pompe"."On n'ose plus paraître ce que l'on est"."La dépravation réelle ,et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection".
Voici, glanées par ci par là les idées de la thèse centrale de Rousseau étayées de nombreuses références philosophiques.
Dans une deuxième partie il évoque l'oisiveté,le luxe et les vices en amont des sciences et des arts ainsi que la recherche de l'admiration et des applaudissements chez l'artiste, ce qui entraine une corruption du goût et remet en cause la notion de progrés.
Dépassé Rousseau? "Si la culture des sciences est nuisible aux qualités guerrières,elle l'est encore plus aux qualités morales"??? Ou toujours d'actualité? C'est sûr que la mégalomanie de Dali, la violence de Bacon, la sensualité qui ose de Gauguin, ne sont pas vertueuses, mais pour moi loin de corrompre, elles ouvrent l'esprit sur l'inconscient sublimé.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Pour nous, hommes vulgaires, à qui le ciel n'a point départi de si grands talents et qu'il ne destine pas à tant de gloire, restons dans notre obscurité. Ne courons point après une réputation qui nous échapperait, et qui, dans l'état présent des choses ne nous rendrait jamais ce qu'elle nous aurait coûté, quand nous aurions tous les titres pour l'obtenir. A quoi bon chercher notre bonheur dans l'opinion d'autrui si nous pouvons le trouver en nous-mêmes ? Laissons à d'autres le soin d'instruire les peuples de leurs devoirs, et bornons-nous à bien remplir les nôtres, nous n'avons pas besoin d'en savoir davantage.
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Mais après les Ovide, les Catulle, les Martial, et cette foule d'auteurs obscènes, dont les noms seuls alarment la pudeur, Rome, jadis le temple de la vertu, devient le théâtre du crime, l'opprobre des nations et le jouet des barbares. Cette capitale du monde tombe enfin sous le joug qu'elle avait imposé à tant de peuples, et le jour de sa chute fut la veille de celui où l'on donna à l'un de ses citoyens le titre d'arbitre du bon goût.
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Nous ne savons,ni les sophistes,ni les poètes,ni les orateurs,ni les artistes,ni moi,ce que c'est que le vrai,le bon et le beau.Mais il y a entre nous cette différence,que,quoique ces gens ne sachent rien,tous croient savoir quelque chose.Au lieu que moi,si je ne sais rien,au moins je ne suis pas en doute.De sorte que toute cette supériorité de sagesse m'est accordée par l'oracle se réduit seulement à être bien convaincu que j'ignore ce que je ne sais pas.
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Si nos sciences sont vaines dans l’objet qu’elles se proposent, elles sont encore plus dangereuses par les effets qu’elles produisent. Nées dans l’oisiveté, elles la nourrissent à leur tour; et la perte irréparable du temps est le premier préjudice qu’elles causent nécessairement à la société. En politique, comme en morale, c’est un grand mal que de ne point faire de bien; et tout citoyen inutile peut être regardé comme un homme pernicieux. Répondez-moi donc, philosophes illustres; vous par qui nous savons en quelles raisons les corps s’attirent dans le vide; quels sont, dans les révolutions des planètes, les rapports des aires parcourues en temps égaux; quelles courbes ont des points conjugués, des points d’inflexion et de rebroussement; comment l’homme voit tout en Dieu; comment l’âme et le corps se correspondent sans communication, ainsi que feraient deux horloges; quels astres peuvent être habités; quels insectes se reproduisent d’une manière extraordinaire? Répondez-moi, dis-je, vous de qui nous avons reçu tant de sublimes connaissances; quand vous ne nous auriez jamais rien appris de ces choses, en serions-nous moins nombreux, moins bien gouvernés, moins redoutables, moins florissants ou plus pervers? Revenez donc sur l’importance de vos productions; et si les travaux des plus éclairés de nos savants et de nos meilleurs citoyens nous procurent si peu d’utilité, dites-nous ce que nous devons penser de cette foule d’écrivains obscurs et de lettrés oisifs, qui dévorent en pure perte la substance de l’Etat.
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C’est un grand mal que l’abus du temps. D’autre maux pires encore suivent les lettres et les arts. Tel est le luxe, né comme eux de l’oisiveté et de la vanité des hommes. Le luxe va rarement sans les sciences et les arts, et jamais ils ne vont sans lui. Je sais que notre philosophie, toujours féconde en maximes singulières, prétend, contre l’expérience de tous les siècles, que le luxe fait la splendeur des Etats; mais après avoir oublié la nécessité des lois somptuaires, osera-t-elle nier encore que les bonnes moeurs ne soit essentielles à la durée des empires, et que le luxe ne soit diamétralement opposé aux bonnes moeurs? Que le luxe soit un signe certain des richesses; qu’il serve même si l’on veut à les multiplier: Que faudra-t-il conclure de ce paradoxe si digne d’être né de nos jours; et que deviendra la vertu, quand il faudra s’enrichir à quelque prix que ce soit? Les anciens politiques parlaient sans cesse de moeurs et de vertu; les nôtres ne parlent que de commerce et d’argent. L’un vous dira qu’un homme vaut en telle contrée la somme qu’on le vendrait à Alger; un autre en suivant ce calcul trouvera des pays où un homme ne vaut rien, et d'autres où il vaut moins que rien. Ils évaluent les hommes comme des troupeaux de bétail. Selon eux, un homme ne vaut à l’Etat que la consommation qu’il y fait. Ainsi un Sybarite aurait bien valu trente Lacédémoniens. Qu’on devine donc laquelle de ces deux Républiques, de Sparte ou de Sybaris, fut subjuguée par une poignée de paysans, et laquelle fit trembler l’Asie.
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Vidéo de Jean-Jacques Rousseau
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
#JeanJacquesRousseau #RêveriesDuPromeneurSolitaire #Pensée
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