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3,77

sur 1499 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La perfection n'est plus sur une toile ou dans un son, elle est adolescente, svelte, blonde et masculine.

Insouciante et spontanée elle déroule ses procédures estivales loin du regard embusqué d'un intellectuel au portes de la vieillesse régénéré par une sublime apparition de chair et de sang remettant en question l'approche d'une beauté auparavant considérée comme impalpable sans sa révélation par les arts.

L'artiste bouleversé par une pulsion émotionnelle intense et soudaine émiette lentement sa lucidité en se laissant emporter par le lyrisme de ses perceptions naviguant entre une homosexualité refoulée et une contemplation au bord de la syncope.

Édifice sensitif d'un personnage hautain distant de la pluralité d'un site de vacances dépendant de sa logistique balnéaire jugée sans intérêt et sans âme par un intellectuel sentencieux, confronté à une révélation suprême intouchable et destructrice formatée pour l'emporter en le perturbant au préalable par les tourments les plus virulents.
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Gustav von Aschenbach est un écrivain célèbre, un vieil homme aisé, solitaire et ennuyé de la vie. Il se décide à partir pour de longues semaines de repos à Venise, une ville ambiguë qu'il connait et pour laquelle il éprouve à la fois une attirance et une vive répulsion.Alors qu'il erre sans but précis dans une ville qui se putréfie, rongée par la maladie, il croise un jeune pré-adolescent qui le tétanise par sa beauté.Roman ambiguë, onirique et métaphysique, la mort à Venise entraine le lecteur avec son narrateur dans un abime de réflexion mortifère. le narrateur est déchiré par ses pulsions dont il sera l'unique victime. Elles prennent peu à peu le pas sur sa propre raison. le dégout d'un vieil homme sur sa propre vieillesse.Dans le livre, les références à la mythologie grecques sont sans doute nombreuses. La Mort à Venise est un roman court mais qui n'est pas d'une lecture simple. Il plonge le lecteur dans une situation inconfortable, car à l'image du sentiment qu'éprouve le narrateur pour Venise, on éprouve en tournant les pages de la répulsion et de l'attirance.10 décembre 2010
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Le poète Gustav Aschenbach aspire à poser ses valises en Italie, il choisi comme destination Trieste puis Venise où il séjourne au Lido. Dans cet hôtel, une famille polonaise demeure et le beau Tadzio en est le fils, il a 14 ans.
Tadzio, dont la beauté semble parfaite, sculptée dans du marbre, agrippe le coeur de Gustav Aschenbach qui l'observe ouvertement mais discrètement chaque jour. le beau Tadzio devient une obsession déraisonnée, une folie imprenable.

Thomas Mann nous livre une description de la beauté, de Venise et de Tadzio, absolument délicieuse, les mots sont d'un lyrisme sidérant. Ils viennent contre balancer avec la mort qui guette, avec le choléra qui déploie sa morsure. La mort et le désir, la beauté et la cruauté. Thomas Mann multiplie les références littéraires, fait appel à la mythologie à plusieurs reprises, ce qui rend cette nouvelle très riche.

Les descriptions d'une grandeur littéraire n'auront pas suffit à colmater la brèche qui s'est ouverte en moi à la lecture d'un élément. Une lecture très ambivalente, elle a suscité autant d'incompréhensions que d'admiration. Une dualité aussi prononcée que la mort et la beauté.
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J'ai beaucoup aimé la première nouvelle "la mort à Venise", j'avais vue le film de Visconti avant qui était superbe, de plus je reviens d'un voyage à Venise, donc j'ai vraiment pu bien imaginer les décors du film et comprendre d'autant plus certaines scènes, un vrai plaisir de lecture. Plaisir que j'ai pu retrouver dans la seconde nouvelle, "Tristan" même si la nouvelle est plus courte, j'ai aime l'ambiance, le lieu décrit, j'ai eu l'impression d'entre dans le récit. La dernière nouvelle ne m'a pas plus emballé que cela, même si le style de Mann reste présent et agréable.
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Courte, dense et fulgurante nouvelle que ce récit de Thomas Mann. Quelle force, quelle poésie, quelle langue que celles qui invitent à lire cette oeuvre à haute voix, comme une voix-off qui accompagnerait des images portées et dessinées par des mots !

Décrire le beau comme Thomas Mann est une belle et outrecuidante ambition.

La certitude affichée d'un écrivain à succès, une référence, qui a tout donné à son art par un travail acharné et quelque peu besogneux, est mise en branle par le physique parfait d'un adolescent de 14 ans. C'est ce physique, cette harmonie du corps mêlés à une description envoûtante de Venise qui feront renoncer G. Aschenbach à reprendre le cours d'une vie marquée, somme toute, par l'inanité. La description de la beauté absolue s'accompagne avec force détails de celle de la pourriture qui rôde et qui gagne. La mort semble toujours au bout du chemin, du plus beau comme du plus laid, une fatalité en guise de certitude qui peut faire office de réconfort.

On ne peut s'empêcher, sans même penser au film de Visconti ; de voir cet homme, cet adolescent, cette ville et se dire qu'en quelques pages, Thomas Mann donne vie à de l'émotion pure.

Ce livre ne dure qu'un moment, mais quel moment !!!
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C'est ma 1ère lecture d'une oeuvre de Thomas Mann et j'ai beaucoup apprécié son style sobre tout en étant précis. Les réflexions du personnage principal sur la vie d'artiste ou sur l'esthétisme apportent une deuxième piste de lecture après l'histoire en tant que telle. C'est une oeuvre forte, dense et intelligente. le début m'a paru un peu austère puis la passion s'insinuant cela devient justement passionnant !
Ce roman est suivi de 2 nouvelles. Tout d'abord « Tristan » qui est également excellent, avec une touche de noblesse et de romantisme due aux 2 personnages principaux. Enfin il y a le chemin du cimetière, curieuse nouvelle où l'on assiste à la dernière fureur d'un homme qui a tout perdu et a sombré dans l'alcool. Ce vieil homme déchu perdra ce qui lui reste de dignité et la vie.
La mort est ainsi partout présente dans ces textes admirables en tout point.
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Ce livre est isdu d'un hasard car il a ete ecrit lors d'un voyage de l'auteur a Venise ou la decouverte de la cite des doges lui a procure tant d'emotion qu'il en a cree ce recit troublant a souhait car melangeant les genres et les styles sur un fond totalement amoral.Le livre a neanmoins bien vieilli et se lit encore de nos jours avec plaisir.
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Superbe écriture avec de magnifiques descriptions tant des personnages que de l'atmosphère de Venise! von Aschenback est un écrivain à succès désormais vieillissant. Il se sent isolé, incompris et mentalement éreinté par des années de labeur passées à rechercher la perfection depuis son plus jeune âge. Il veut désormais donner libre cours à ses passions trop longtemps refoulées et décide alors de partir en séjour à Venise.

Après tout cet épanchement sur les personnages et les lieux, j'attendais beaucoup plus d'action mais je me suis vite rendu compte que ce roman court s'intéresse essentiellement au thème de la beauté (physique ou artistique). Il n'est pas forcément très accessible en raison de nombreuses références philosophiques et mythologiques. On prend du plaisir, mais cela m'a laissé un goût d'inachevé...
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out d'abord, que raconte cette histoire? Un écrivain de Munich, Aschenbach, décide de se rendre à Venise après une rencontre bouleversante. Il s'installe au Grand Hôtel des Bains et il devient fasciné par un jeune garçon polonais, Tadzio. Mais, Aschenbach ne vivra pas longtemps car il meurt de l'épidémie de choléra asiatique sur la plage en fixant l'objet de sa passion, l'adolescent.

J'ai trouvé particulièrement intéressant d'établir des liens entre le courant littéraire dont est issue cette nouvelle, c'est-à-dire le décadentisme et les personnages. Ce livre est pratiquement la dernière grande manifestation du mouvement décadentisme en littérature.

Le décadentisme et La mort à Venise

Il importe de mentionner que le personnage du dandy s'avère tributaire de ce courant littéraire. Ainsi, Aschenbach apparaît comme le dandy par excellence. Il est dans une quête du beau et le fait de se retrouver à Venise (ville de la fièvre, de la mort et de la vie), la ville de la décadence par excellence, est un choix conscient de la part de l'auteur. C'est le summum pour un dandy de s'y retrouver pour mourir.

Une autre des caractéristiques du décadentisme est le recours aux mythes grecs afin peut-être de présenter une réalité autre se détachant par le fait même du courant réalisme. Ainsi, le lecteur peut remarquer que l'écrivain a recours à des figures mythologiques comme Éros, Hadès, les nymphes, etc. le personnage de Tadzio s'avère lui-aussi indissociable de l'influence grecque. Dès qu'Aschenbach pose ses yeux sur l'adolescent, ce dernier s'inscrit dans un registre tributaire de la période hellénistique.

La pâleur, la grâce sévère de son visage encadré de boucles blondes comme le miel, son nez droit, une bouche aimable, une gravité expressive et quasi divine, tout cela faisait songer à la statuaire grecque de la grande époque, […]. p. 64

Tadzio demeure tout le long du récit associé à la pensée grecque. La référence à un temps mythique peut proposer une ouverture sur l'ailleurs, une recherche de l'art pour l'art. Dans l'esprit de la décadence, l'influence hellène dévoile une réappropriation de la beauté des corps, concept rejeté par le christianisme tout comme le destin individuel. L'être humain explore son moi et revient à un certain individualisme. Donc, par le biais de cette recherche identitaire intérieure, l'écriture décadente s'inscrit dans la dynamique du romantisme. C'est la religion de l'individu qui se profile.

Par ailleurs, le thème de la passion d'un vieil homme pour un jeune garçon renvoie à L'apologie de Socrate, autre élément rattaché à l'Antiquité.

Mais encore, dans le récit, le mythe d'Orphée détient une place capitale. Ainsi, Orphée est l'époux de la nymphe Eurydice. La jeune femme meurt car en voulant échapper à un berger entreprenant, elle se fait mordre par un serpent. Orphée, accablé par la douleur, décide de descendre chez Hadès afin d'aller chercher son épouse après avoir obtenu la permission de Zeus. Il se rend aux Enfers accompagné de sa lyre. Il arrache Eurydice à la mort à condition de ne pas la regarder avant d'atteindre le domaine des vivants. Alors qu'il est sur le point de franchir les portes de l'Enfer, Orphée doutant de la parole des dieux, se retournent puisqu'il souhaite voir si Eurydice le suit. Cette dernière disparaît alors pour toujours. Par son geste, Orphée a tenté de défier les divinités. de retour à Thrace, chez lui, Orphée demeure fidèle à Eurydice et rejette les avances des autres femmes. Celles-ci décident de le décapiter et elles jettent sa tête dans l'Hèbre où elle est ramassée à Lesbos.

Dans La mort à Venise, le lecteur retrouve ce mythe par le biais du rêve d'Aschenbach. En rêvant, Aschenbach s'associe à Orphée. Par exemple, l'utilisation d'un terme comme «chant de flûte» ou encore la présence d'une bacchanale semblent témoigner de cette association. Pour faire suite, le rêve d'Aschenbach apparaît relié à la mort d'Orphée. À cet égard, les femmes, à l'intérieur du rêve, sont rattachées aux Bacchantes. Ces femmes mythiques conduisent Orphée sur le chemin de la mort et la lui donnent. En étant associé à Orphée, Aschenbach a donc une préfiguration de sa propre mort.

Et le dormeur était avec eux, il était en eux; et son rêve venait de le livrer à la divinité étrangère. Oui, il venait à s'incarner en chacun de ceux qui avec des gestes de furie et de massacre se jetaient sur les bêtes et engloutissaient des lambeaux fumants de leurs chairs, lorsque pour la suprême offrande du dieu mêlée sans nom finit par se produire sous la mousse saccagée. Et son âme connût le goût de la luxure, l'ivresse de s'abîmer et se détruire. (p. 121)

Dans la nouvelle de Thomas Mann, le thème de la poursuite évoque aussi le mythe d'Orphée. Orphée poursuit Eurydice jusque chez Hadès. Aschenbach ne cesse de se déplacer en fonction de l'objet de son désir, le jeune adolescent Tadzio.

Le beau Tadzio s'en allait en flâneur; on pouvait le rejoindre, et Aschenbach pressa le pas. Il l'atteint sur le chemin de planches en arrière des cabines, veut lui poser la main sur la tête ou sur l'épaule et il a sur les lèvres un mot banal, une formule de politesse en fiançais; […], craignant d'avoir trop longtemps suivi de si près le bel adolescent, […]. (p. 92)

Tadzio peut être associé à Eurydice. Aschenbach le file continuellement. Tadzio devient l'obsession du vieil écrivain, le motif de la poursuite, par sa beauté et par son charme.Tadzio assume donc le rôle d'Eurydice.

De surcroît, c'est dans la mort et dans l'oubli des choses reliées à la vie que l'artiste donnera sa plus belle oeuvre. À l'image d'Orphée après s'être fait couper la tête par les Baccantes donnant son plus beau chant, Aschenbach, avant de mourir écrit les plus belles pages de sa carrière : «Jamais il n'avait senti la volupté du Verbe plus délicieusement, jamais si bien compris que le dieu Eros vit dans le Verbe, […] » (p. 91). Son art atteint une plénitude, une continuité au-delà de la mort.

Donc, La mort à Venise de Thomas Mann apparaît clairement comme une nouvelle importante de la décadence tardive. le mythe d'Orphée a permis de relever divers thèmes propres à ce mouvement littéraire. Cette nouvelle de l'écrivain allemand cherche à révéler la beauté de l'art liée à la mort. le mythe d'Orphée tente de le démontrer par cette quête du beau à travers l'imaginaire grec.

Aimez-vous cette nouvelle de Thomas Mann?

Aimez-vous comme moi les romans issus du décadentisme?

https://madamelit.ca/2019/11/30/madame-lit-la-mort-a-venise/
Lien : https://madamelit.ca/2019/11..
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J'ai eu envie de relire cet ouvrage, lu ado sans doute trop vite et en diagonale, et ce fut effectivement une agréable (re)découverte. L'écriture réussit pleinement à retranscrire l'obsession du narrateur, qu'accompagne le cadre oppressant d'une Venise mortifère. Cela m'a fait noter que c'était le second livre sur Venise que je lisais ces derniers mois, et le second présentant une image de la cité des Doges pesante et hostile - le premier étant "Dans la ville provisoire" de Bruno Pellegrino. Mais curieusement, ces deux livres m'ont plutôt donné envie de retourner à Venise, comme quoi il faut croire que cette cité a décidément un pouvoir d'attraction bien particulier...
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