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EAN : 9782841621200
163 pages
Editions de l'Eclat (28/04/2006)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Notre monde plie sous le poids d’objets consommables à souhait, caducs à la mesure de leur ‘utilité’, encombrant l’espace de notre respiration, jusqu’à ce qu’essouflés nous protestions : «Mais avait-on besoin de tant de choses?» Il en est d’autres pourtant, insaisissables, joignant le «futile à l’agréable», se dérobant à l’emploi avec une élégance espiègle. Objets inconsommables, débordant nos certitudes, surgissant au cœur d’une œuvre littéraire (Borges, Proust), d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un livre qui me suggère d'ajouter désormais dans mes étiquettes un « à relire » (sans modération). Un de ceux qui nous régale et dont on voudrait pouvoir beaucoup retenir, que d'autres baptiseraient légèrement « de chevet ».
Mais qu'on ne s'y trompe pas il ne s'agit pas là d'une critique de la société de consommation, une énième, je dirais plutôt des traces, traces utiles pour nous interroger sur la place qu'occupent dans notre monde «moderne», les objets, les uns utiles, consommables et les autres, les «inconsommables», ceux capables de vous livrer à vous-mêmes et vous offrir à/de penser.

« Là, les vies deviennent intéressantes pour leur peu de gloire, pour leur improbabilité, confinant à l'absurde, suscitant des désirs que rien de disponible ne saurait satisfaire. »

« On y apprendra à penser autrement, de manière contre-productive, comme si la futilité de ce qui ne sert pas le cours du marché mondial nous ouvrait d'autres horizons. C'est de cette course désespérée après l'utile, de cette vie étouffante des affaires courantes, perdant le sens du futile et de l'extraordinaire, que l'étonnement philosophique pourra nous tirer, nous extraire. Il nous mettra ainsi en présence de questions, d'une force d'objecter, qu'on ne peut esquiver, ni résoudre une fois pour toutes, placées par-delà le chiffre de nos réussites trop souvent calculées à l'aune d'une puissance seulement financière. »

Quoi dire de mieux ?
Sinon que, ma lecture, aussi délicieuse soit-elle, me laisse entrevoir qu'il est possible, n'étant pas férue en philosophie, que je ne comprenne pas encore toute la profondeur et la portée que je devine dans cet éloge.

Néanmoins, je ne bouderai pas mon plaisir, des éloges oui, peut-être, mais de Jean-Clet Martin, sinon rien !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Sous la force du repentir, le moindre geste se veut autre, affirme une bifurcation des intentions et des buts visés. Si je regrette, c’est bien parce que je perçois une finalité inédite pour mes actes, un but qu’ils ont loupé mais dont ils se sont approchés et que le remords va montrer en toute son attraction. Se repentir, c’est en quelque sorte refaire, en une autre approche, le geste irréparable déjà accompli. Un recommencement, certes futile, qui nous ouvre cependant d’autres destinations. Alors le temps apparaît comme quelque chose d’échu et d’irrécupérable mais s’y glisse, au même moment, un désir de le reprendre, d’en modifier le cours à travers la confession, le remords, impliquant déjà qu’on s’en souvienne, qu’on ne l’oubliera pas, que ce qui est digne d’être retenu va se rejouer sur le plan de la mémoire, se ventiler dans l’espace de l’imagination.
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Dans un texte intitulé Du repentir, Montaigne se présente précisément comme un peintre du passage, incapable de fixer l’allure définitive de l’homme:
«… si j’avais à façonner de nouveau, je ferais vraiment bien autre qu’il n’est. Mais voilà, c’est fait. Or les traits de ma peinture ne se fourvoient point, quoi qu’ils se changent et diversifient. Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse: la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte (…). La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins le passage (...) Si mon âme pouvait prendre pied, je ne m’essaierais pas, je me résoudrais: elle est toujours en apprentissage et en épreuve.»
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Nous sommes toujours bien trop fébriles dans nos occupations et divertissements. Mais la fièvre n’est pas nécessairement une agitation qui nous conduit vers la frénésie d’entreprendre. Il est des fièvres de cheval qui vous clouent au lit sans autre forme de procès. Devant de telles fièvres il n’y a, précisément, plus rien à faire d’autre qu’à attendre et le pyjama blanc nous fera perdre jusqu’à notre statut social, avec toute la reconnaissance due à nos plus hautes distinctions. Rien de nos titres ne vaut plus! Voici qu’on s’enfonce en une région létale où les priorités soudainement s’aplatissent, s’égalisent. Un robinet goutte quelque part! Et son importance est égale aux douze coups de midi qui viennent de résonner. Un bruit d’instrument de cuisine tinte selon un rythme régulier, balais battant la mayonnaise ou louche remuant la soupe......
...
Maintenant, pourtant, terrassé par la somnolence, la vie sociale qui me caractérisait au quotidien s’assoupit et se délite au profit d’images et de rêveries d’une autre sorte. Je ne suis pour ainsi dire plus rien de nommable, pas plus que cette légère nuance pimentée qui se confondait dans les vapeurs d’un onguent. À moins que le «rien», lui aussi, soit quelque chose !
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Un tel est ceci ou cela. Mais suis-je vraiment directeur de journal, vendeur de chaussures ou jeune cadre dynamique ? Être cadre, cela est tellement incroyable comme dénomination, tellement général qu’on s’étonnerait que quelqu’un puisse revendiquer d’y associer son être véritable. Une dénomination de ce genre est pourtant le signe d’une importance qu’on s’arrache comme celle d’être médecin, ingénieur, avocat… Mais le sommes-nous vraiment et n’avons-nous pas une bien autre densité ontologique ? Être quelqu’un, cela veut évidemment dire qu’on occupe une fonction en vue, que le cadre encadre son monde et le plie à sa bordure. Le cadre est l’espace même à l’intérieur duquel se dessinent les significations et les décisions les plus urgentes à prendre, les mesures à cadrer. Mais peut-on prétendre que l’Être se confonde avec un cadre d’entreprise ou un attaché ministériel ? La fuite est parfois tellement grave, devant la nullité de notre existence, que l’on s’attache à n’importe quel strapontin pour affirmer son pouvoir. N’y a-t-il pas, en dessous de ces parades, une vie qui ne se laisse pas vraiment border par ces mesures urgentissimes ?
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Lire un livre, ce n’est pas nécessairement se laisser couler dans ce qui est attendu par la critique littéraire en vogue lorsqu’elle repère les options les plus répandues, les réponses aux préoccupations du moment. On aura noté depuis toujours la moquerie adressée à la philosophie – à ses objets – ridiculisée par Aristophane comme une activité qui ne sert de rien, placée hors du présent, posée en-dehors du savoir, de l’actualité et du courant de l’information. Tout se passe comme si la futilité, l’inactualité si difficile pourtant, étaient désormais suspectes et que les concepts devaient se laisser abolir, aplanir sous la conformité du partage le plus rentable, diluer sous les réponses de nouveaux sophistes, disposant d’opinions toutes faites en gagnant la sympathie des foules.
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Vidéo de Jean-Clet Martin
Entretien avec Jean-Clet Martin .Entretien avec Jean-Clet Martin, à propos de La chambre Editions Léo Scheer, collection M@nuscrits Plus d'information : http://www.leoscheer.com/spip.php?article1713
>Arts : généralités>LES ARTS>Philosophie et théorie des arts (27)
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