Un après-midi que je ne quittais pas le travail trop tard, je me suis installée sous un plaid, avec un thé, un chat et un livre. J'avais choisi
Les gens heureux lisent et boivent du café, un livre qui était dans ma PAL depuis très longtemps, acheté en édition poche collector. Vu le succès que rencontrait ce roman en librairie, je ne pouvais pas ne pas l'acheter et je pouvais même carrément craquer pour la belle édition limitée. Avec un thème aussi fort qu'est le deuil, la perte d'êtres chers, de son mari et de sa fille, de sa famille toute entière, je m'attendais à un livre fort, intelligent, d'une grande délicatesse, fragile, poignant et d'une grande littérature. Hé bien c'est raté !
Les gens heureux lisent et boivent du café est tout le contraire ! (Attention, critique assassine en vue...) Ce matin, j'ai parcouru les critiques de ce roman sur Babelio. Avec tous les exemplaires vendus, la position qu'il a maintenu pendant des semaines et des semaines parmi les meilleures ventes, je ne comprenais pas pourquoi il avait remporté ce succès si peu mérité. Pourquoi n'aimais-je donc pas ce best-seller ? Serais-je la seule ? Hé bien non ; et j'ai secrètement été on ne peut plus soulagée de constater que les premières critiques qui apparaissaient étaient relativement négatives et les auteurs de celles-ci partageaient le même point de vue que moi : derrière son thème dur et grave se cache finalement une romance inconsistante.
Les premières pages m'ont pourtant rapidement touchée. Diane a perdu son mari et sa fille. le flash-back la montrant leur faire ses adieux à l'hôpital m'ont fait pleurer et m'ont fait me dire que Les gens heureux allaient être un roman très fort et extraordinaire. Diane ne parvient pas à remonter la pente. le deuil est difficile, voire, inenvisageable.
Agnès Martin-Lugand s'attaquait alors à un gros morceau, à un personnage meurtri, à une reconstruction chaotique et à un sujet sacrément douloureux. Mais
Agnès Martin-Lugand vire de bord et son roman prend très vite une toute autre allure.
Diane se rend en Irlande, uniquement parce que son mari, Colin, voulait s'y rendre. L'histoire se serait passée ailleurs, le roman n'en aurait pas été plus consistant. Je n'ai pas compris d'ailleurs pourquoi avoir choisi l'Irlande, si ce n'est pour nous servir alors au fil des pages les clichés que l'on connaît au pays : la bière à foison, les moutons nombreux, les hommes roux et la pluie, tout le temps. Finalement, on ne sent même pas en Irlande malgré tout ça ; les descriptions et la langue anglaise sont absentes constamment et l'auteure a cruellement manqué de se documenter pour nous amener ailleurs avec Diane. Les clichés, c'est monnaie courante dans Les gens heureux ; et c'est bien malheureux. Félix, le meilleur ami de l'héroïne, est gay et pour l'auteure, Félix couche, Félix fait la fête, Félix enchaîne les conquêtes, Félix prend des cuites.
Le roman perd très très rapidement, au bout du deuxième ou troisième chapitre seulement, toute sa crédibilité ; l'introduction ayant laissé supposer un deuil difficile à gérer laisse place de façon abrupte à une de ces romances que l'on trouve bien trop facilement aujourd'hui en librairie, celles classées de New Romances et qui mettent en scène des personnages creux à travers des dialogues plats dans des situations clichés et improbables (les scènes érotiques en moins). Diane et Edward se font la guerre dès leur première rencontre d'une façon des plus loufoques, violente, injustifiée, voire carrément ridicule, pour, soudainement, au détour d'une page, enterrer inopinément la hache de guerre et finalement échanger les premiers bisous. le tout est au final ponctué d'une compétitivité indigeste entre deux femmes qui est aussi brève qu'elle n'apporte pas grand chose à l'histoire.
L'héroïne est agaçante au possible et je n'ai pas réussi une seule seconde à la prendre en pitié malgré le gros malheur qui la touchait et brisait sa vie. Parfois hystérique, parfois cloîtrée sous la couette, répétitive à souhait, son comportement brouillon serait justifié par le deuil et les émotions fortes et malheureuses que lui procure la perte de ses proches. Difficile d'en savoir plus également sur les personnages qui l'entourent.
Les gens heureux lisent et boivent du café survole constamment les choses avec une écriture pas bien folichonne, répétitive et pauvre, qui n'a de bon que la vitesse à laquelle on engloutit le récit jusqu'à un final qu'on voit venir gros comme une maison.
J'accorde ★ ☆ ☆ ☆ ☆ à
Les gens heureux lisent et boivent du café. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans certains commentaires répondant aux critiques négatives du livre publiées sur Babelio, on a le droit de ne pas du tout aimer un livre qui rencontre un franc succès et on a le droit de le dire, n'en déplaise aux admirateurs du roman. Les gens heureux a ce goût fade des New Romances qui se ressemblent toutes, pleines de clichés, écrites avec quasi médiocrité, remplies de rebondissements improbables et dont l'histoire d'amour ne fait finalement même pas battre nos coeurs. Les gens heureux me laisse la même impression que Mémé dans les orties : le succès est basé sur les ventes d'un roman et même si beaucoup d'acheteurs ne l'ont pas apprécié, ça ne l'empêchera pas de finir numéro un du top... J'ai dans ma PAL un autre roman de l'auteure ; je ne pense même pas lui laisser sa chance tellement je suis déçue par celui-ci.
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