Guy de Maupassant/5
30 notes
Résumé :
Quand les femmes sont coquettes et légères, quand les hommes sont attirants et volages, Maupassant entrouvre les rideaux des chambres pour nous permettre d'assister aux jeux de la séduction et de l'amour.
Quelques nouvelles audacieuses et pleines d'humour pour émoustiller le lecteur...
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Critiques, Analyses et Avis (8)
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J'ai pris des nouvelles De Maupassant.
Côté santé, cela ne va pas fort puisque toujours mort de la syphilis depuis 1893, mais reconnu de son vivant et pour l'éternité par ses lecteurs. La postérité guérit de toutes les maladies.
Pessimiste dans l'âme et jouisseur de l'urgence, grand amateur de prostituées et génie des brèves littéraires, il a écrit comme il a vécu, vite et sans retenue.
Entre contes et nouvelles, dont les frontières sont, chez cet auteur qui avait besoin d'espaces, aussi artificielles que celles de Schengen, le recueil que je viens de picorer compile de légères grivoiseries qui situent bien le bonhomme, son appétit pour les femmes, son désenchantement du monde et une ironie qui en fait le maître absolu de la chute.
Allez, un petit coup d'oeil par le trou de la serrure...
Dans le Verrou, un homme raconte dans son club de vieux garçon comment il s'est fait déniaiser par une amie de sa mère et pourquoi il convient de ne pas oublier de bien fermer la porte de sa garçonnière. Un vaudeville à l'ancienne.
Marroca, est une nouvelle où le narrateur raconte comment il s'est encanaillé en Afrique avec une beauté locale ayant l'habitude se baigner nue et de jouer avec le feu de l'adultère. Un classique de l‘amant dans le placard.
La Patronne narre l'aventure d'un jeune étudiant au sein d'une pension de famille dirigée par une propriétaire tatillonne sur les convenances et les bonnes manières. Pour les nostalgiques du couvre-feu.
L'Idylle est une farce très drôle où une nourrice en manque de bouches à nourrir offre ses seins et son lait à un homme qui partage son wagon.
Dans les épingles, un tombeur de ces dames se fait piéger et piquer par deux de ses maîtresses.
Allouma constitue la nouvelle la plus longue et la plus sensuelle du recueil, une histoire d'amour dans le désert (même si le sable ça gratte !) avec une fille sauvage éprise de passion et de liberté.
Enfin, ma préférée, Les Tombales, dans laquelle un amateur d'épitaphe rencontre dans un cimetière une jeune veuve de guerre éplorée et se charge de la rendre joyeuse.
Maupassant reste un photographe de clichés sur les femmes, les bourgeois, les pauvres, les riches, les jeunes, les vieux et il ne fréquente que les lieux communs… et les bordels, mais son ton à la fois léger et son absence de moralité en font un convive idéal pour animer les soirées moroses. Un bel ami.
Un folio à 2 euros qui a fait un heureux.
Côté santé, cela ne va pas fort puisque toujours mort de la syphilis depuis 1893, mais reconnu de son vivant et pour l'éternité par ses lecteurs. La postérité guérit de toutes les maladies.
Pessimiste dans l'âme et jouisseur de l'urgence, grand amateur de prostituées et génie des brèves littéraires, il a écrit comme il a vécu, vite et sans retenue.
Entre contes et nouvelles, dont les frontières sont, chez cet auteur qui avait besoin d'espaces, aussi artificielles que celles de Schengen, le recueil que je viens de picorer compile de légères grivoiseries qui situent bien le bonhomme, son appétit pour les femmes, son désenchantement du monde et une ironie qui en fait le maître absolu de la chute.
Allez, un petit coup d'oeil par le trou de la serrure...
Dans le Verrou, un homme raconte dans son club de vieux garçon comment il s'est fait déniaiser par une amie de sa mère et pourquoi il convient de ne pas oublier de bien fermer la porte de sa garçonnière. Un vaudeville à l'ancienne.
Marroca, est une nouvelle où le narrateur raconte comment il s'est encanaillé en Afrique avec une beauté locale ayant l'habitude se baigner nue et de jouer avec le feu de l'adultère. Un classique de l‘amant dans le placard.
La Patronne narre l'aventure d'un jeune étudiant au sein d'une pension de famille dirigée par une propriétaire tatillonne sur les convenances et les bonnes manières. Pour les nostalgiques du couvre-feu.
L'Idylle est une farce très drôle où une nourrice en manque de bouches à nourrir offre ses seins et son lait à un homme qui partage son wagon.
Dans les épingles, un tombeur de ces dames se fait piéger et piquer par deux de ses maîtresses.
Allouma constitue la nouvelle la plus longue et la plus sensuelle du recueil, une histoire d'amour dans le désert (même si le sable ça gratte !) avec une fille sauvage éprise de passion et de liberté.
Enfin, ma préférée, Les Tombales, dans laquelle un amateur d'épitaphe rencontre dans un cimetière une jeune veuve de guerre éplorée et se charge de la rendre joyeuse.
Maupassant reste un photographe de clichés sur les femmes, les bourgeois, les pauvres, les riches, les jeunes, les vieux et il ne fréquente que les lieux communs… et les bordels, mais son ton à la fois léger et son absence de moralité en font un convive idéal pour animer les soirées moroses. Un bel ami.
Un folio à 2 euros qui a fait un heureux.
Ce recueil de 7 nouvelles m'a plu et en même temps, m'a laissé un goût amer en bouche !
Plus jeune, j'avais lu Maupassant avec "Bel-ami", sa plume m'avait ravi et naturellement, il était devenu mon initiateur aux nouvelles fantastiques comme "Le Horla". Et puisque j'aimais le format court des nouvelles et la belle "écriture" de l'écrivain, il me faisait déboucher très justement sur Poe et Lovecraft avec une délectation sans égale.
Mais je n'étais pas retourné dans ces écrits.
Si les nouvelles ne sont pas toutes mémorables, elles ont l'avantage d'être bien écrites et ce dans un langage suranné, de distraire par leurs effets de vaudeville et leur morale énoncée ou implicite par la situation ou la chute.
Cependant, Guy de Maupassant nous gratifie aussi de ce qui reflète le début du XXème siècle en Europe et dans ses colonies avec tout ce que ça comporte : des habitudes des dilettantes dans leur collection "d'aventures" et de "femmes", de l'absence de morale et de respect des femmes et des hommes y compris dans leurs cercles d'amis en passant par leurs jugements de valeur sur les autochtones des deux sexes des colonies ("Allouma") et en terminant par le mépris des classes sociales inférieures...
Ça fait beaucoup... Trop en une fois... En une page (p90 dans la nouvelle "Allouma"), j'ai été écoeuré.
Après, remis dans le contexte temporel et socio-économique de l'époque, de l'endroit et de l'effet annoncé pour satisfaire aux besoins des nouvelles, il est possible de passer outre... Mais j'avoue que j'ai du mal.
Il y a aussi une autre façon d'interpréter ces 2 pages (p90 et p92) qui me chagrinent puisque Maupassant après nous avoir expliciter "une" valeur et "un" esprit religieux de la main d'oeuvre autochtone à l'égal d'un animal, nous explique son constat du manque de connaissances et d'intérêt que l'occupant a de ces peuples !
Serait-ce la patte du journaliste que l'on retrouverait là et qui tenterait d'attirer l'attention du lecteur sur l'état d'esprit des colons et leur absence de remise en question enfermée dans une logique économique et un état d'esprit de conquérant sans considération pour ce qui l'entoure ?
"Allouma" est la seule nouvelle aussi longue et qui comporte de très belles descriptions mais aussi cet aspect déplaisant précédemment décrit.
Pour ce qui est des autres nouvelles, mes préférences se portent sur "Marroca", "La patronne", et "Idylle" avec une nette inclination pour "Les Tombales".
Bonne lecture et désolé pour la longueur de la critique... Mais il y avait de la matière...
Plus jeune, j'avais lu Maupassant avec "Bel-ami", sa plume m'avait ravi et naturellement, il était devenu mon initiateur aux nouvelles fantastiques comme "Le Horla". Et puisque j'aimais le format court des nouvelles et la belle "écriture" de l'écrivain, il me faisait déboucher très justement sur Poe et Lovecraft avec une délectation sans égale.
Mais je n'étais pas retourné dans ces écrits.
Si les nouvelles ne sont pas toutes mémorables, elles ont l'avantage d'être bien écrites et ce dans un langage suranné, de distraire par leurs effets de vaudeville et leur morale énoncée ou implicite par la situation ou la chute.
Cependant, Guy de Maupassant nous gratifie aussi de ce qui reflète le début du XXème siècle en Europe et dans ses colonies avec tout ce que ça comporte : des habitudes des dilettantes dans leur collection "d'aventures" et de "femmes", de l'absence de morale et de respect des femmes et des hommes y compris dans leurs cercles d'amis en passant par leurs jugements de valeur sur les autochtones des deux sexes des colonies ("Allouma") et en terminant par le mépris des classes sociales inférieures...
Ça fait beaucoup... Trop en une fois... En une page (p90 dans la nouvelle "Allouma"), j'ai été écoeuré.
Après, remis dans le contexte temporel et socio-économique de l'époque, de l'endroit et de l'effet annoncé pour satisfaire aux besoins des nouvelles, il est possible de passer outre... Mais j'avoue que j'ai du mal.
Il y a aussi une autre façon d'interpréter ces 2 pages (p90 et p92) qui me chagrinent puisque Maupassant après nous avoir expliciter "une" valeur et "un" esprit religieux de la main d'oeuvre autochtone à l'égal d'un animal, nous explique son constat du manque de connaissances et d'intérêt que l'occupant a de ces peuples !
Serait-ce la patte du journaliste que l'on retrouverait là et qui tenterait d'attirer l'attention du lecteur sur l'état d'esprit des colons et leur absence de remise en question enfermée dans une logique économique et un état d'esprit de conquérant sans considération pour ce qui l'entoure ?
"Allouma" est la seule nouvelle aussi longue et qui comporte de très belles descriptions mais aussi cet aspect déplaisant précédemment décrit.
Pour ce qui est des autres nouvelles, mes préférences se portent sur "Marroca", "La patronne", et "Idylle" avec une nette inclination pour "Les Tombales".
Bonne lecture et désolé pour la longueur de la critique... Mais il y avait de la matière...
Je n'aurai jamais imaginé flanquer deux étoiles et demi à ce cher Maupassant. Et pourtant...
Ce n'est évidemment pas son immense talent de conteur que je remets en cause. Ses jolies tournures, son sens descriptif, son sarcasme et son esprit sont bien au rendez-vous ; ainsi qu'un léger caractère érotique bien sûr, puisque c'est le thème de ce recueil.
Là où se trouve le Hic! (à titre perso toujours), c'est sur son insistance dans certaines nouvelles à dénigrer la femme, et ce, pour le coup, sans vraiment user de finesse.
De même, que les deux nouvelles se déroulant en Algérie ont un petit arrière goût de colonialisme peut ragoûtant ; une condescendance envers la population "indigène" et les us et coutumes du pays.
Sur ces deux points, je rejoins @doubleplusgood, pour souligner :" pas très agréable à lire".
Ex:
Une lecture et un ressenti inattendu dont je ne sais pas trop quoi penser...
Le résultat en est une note mitigée, sauvée par trois de mes coups de coeur :
_La patronne
_Les épingles, et surtout...
_Les tombales.
Je continuerai néanmoins à explorer les oeuvres De Maupassant.
Ce n'est évidemment pas son immense talent de conteur que je remets en cause. Ses jolies tournures, son sens descriptif, son sarcasme et son esprit sont bien au rendez-vous ; ainsi qu'un léger caractère érotique bien sûr, puisque c'est le thème de ce recueil.
Là où se trouve le Hic! (à titre perso toujours), c'est sur son insistance dans certaines nouvelles à dénigrer la femme, et ce, pour le coup, sans vraiment user de finesse.
De même, que les deux nouvelles se déroulant en Algérie ont un petit arrière goût de colonialisme peut ragoûtant ; une condescendance envers la population "indigène" et les us et coutumes du pays.
Sur ces deux points, je rejoins @doubleplusgood, pour souligner :" pas très agréable à lire".
Ex:
Une lecture et un ressenti inattendu dont je ne sais pas trop quoi penser...
Le résultat en est une note mitigée, sauvée par trois de mes coups de coeur :
_La patronne
_Les épingles, et surtout...
_Les tombales.
Je continuerai néanmoins à explorer les oeuvres De Maupassant.
7 petites nouvelles "grivoises", vite lues.
Je préfère franchement Maupassant dans ses féroces critiques sociales, ici seulement deux m'ont beaucoup plues (Les Épingles et Les Tombales). Les autres sont un peu trop truffées à mon goût de réflexions sur ces charmants petits êtres plein de fourberies que nous sommes (= les femmes). Une dernière est carrément raciste où l'auteur affirme explicitement que les Arabes sont une race (sic) de menteurs par nature, et que leurs femmes sont incapables d'éprouver des sentiments romantiques. Oui, je sais, il faut replacer dans le contexte historique mais ça reste peu agréable à lire.
Je préfère franchement Maupassant dans ses féroces critiques sociales, ici seulement deux m'ont beaucoup plues (Les Épingles et Les Tombales). Les autres sont un peu trop truffées à mon goût de réflexions sur ces charmants petits êtres plein de fourberies que nous sommes (= les femmes). Une dernière est carrément raciste où l'auteur affirme explicitement que les Arabes sont une race (sic) de menteurs par nature, et que leurs femmes sont incapables d'éprouver des sentiments romantiques. Oui, je sais, il faut replacer dans le contexte historique mais ça reste peu agréable à lire.
C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé l'écriture De Maupassant. Je trouve ces descriptions agréables et légères, et sa plume "classique" accessible.
Cependant j'étais loin de me douter que l'auteur de Pierre et Jean ou Boule de suif s'était essayé à l'écriture de nouvelles à caractère érotique !
Alors, forcément, dans le style il ne faut pas s'attendre à du cinquante nuances. Mais c'est ce que j'aime. Ce côté pudique et maîtrisé. Cela amène une certaine classe aux écrits.
J'ai dans l'ensemble aimé les nouvelles, comme dans tout ouvrage de recueil certaines ont eu ma préférence. Il y en a une ou deux auxquelles je n'ai pas accroché.
Mais l'exercice des nouvelles et de l'érotisme est maîtrisé par l'auteur. C'est une grande surprise de le trouver dans ce registre. Même si je le préfère dans l'écriture du type de Boule de suif : le côté didactique et bouleversant collent à merveille au style De Maupassant.
Cependant j'étais loin de me douter que l'auteur de Pierre et Jean ou Boule de suif s'était essayé à l'écriture de nouvelles à caractère érotique !
Alors, forcément, dans le style il ne faut pas s'attendre à du cinquante nuances. Mais c'est ce que j'aime. Ce côté pudique et maîtrisé. Cela amène une certaine classe aux écrits.
J'ai dans l'ensemble aimé les nouvelles, comme dans tout ouvrage de recueil certaines ont eu ma préférence. Il y en a une ou deux auxquelles je n'ai pas accroché.
Mais l'exercice des nouvelles et de l'érotisme est maîtrisé par l'auteur. C'est une grande surprise de le trouver dans ce registre. Même si je le préfère dans l'écriture du type de Boule de suif : le côté didactique et bouleversant collent à merveille au style De Maupassant.
Citations et extraits (10)
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Le soleil, montant au ciel, versait sur la côte une pluie de feu ; c'était vers la fin de mai, et des odeurs délicieuses voltigaient, pénétraient dans les wagons dont les vitres demeuraient baissées. Les orangers et les citronniers en fleur, exhalant dans le ciel tranquille leurs parfums sucrés, si doux, si forts, si troublants, les mêlaient au souffle des roses poussées partout comme des herbes, le long de la voie, dans les riches jardins, devant les portes des masures et dans la campagne aussi.
Oh ! Mon ami, il est deux supplices de cette terre que je ne te souhaite pas de connaître : le manque d'eau et le manque de femmes. Lequel est le plus affreux ? Je ne sais.
Le soleil couchant, rouge, magnifique, entrant tout entier par ma fenêtre grande ouverte, semblait nous regarder du bord de l'horizon, illuminait d'une lueur d'apothéose mon lit tumultueux [...].
Et puis, j’aime aussi les cimetières, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitées. Songez donc à ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, à toutes les générations de Parisiens qui sont logés là, pour toujours, troglodytes définitifs enfermés dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marqués d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbéciles.
-Les Tombales
-Les Tombales
Son désir me semblait tellement singulier que je ne me l'expliquais point ; puis, en y songeant, je crus démêler quelque haine profonde contre son mari, une de ces vengeances secrètes de femme qui trompe avec délice l'homme abhorré, et le veut encore tromper chez lui, dans ses meubles, dans ses draps.
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