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Grasset (01/01/1967)
5/5   1 notes
Résumé :
Du 6 février 1934 à l'effondrement de l'O.A.S., François Mauriac a participé à tous les drames, à toutes les joies de notre histoire. "Il a émergé, dit-il de lui-même dans sa Préface, à la vie politique dans les premières années du siècle et depuis bientôt trente ans ne s'est pas privé de la commenter."

Il évoque le climat politique de son enfance et de sa jeunesse : sa mère était catholique et conservatrice, son père républicain et antidreyfusard. M... >Voir plus
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Le dernier soir de mes vacances, j'ouvris, je livrai à Radio-Moscou la vieille maison déjà abandonnée, à demi engloutie déjà dans l'hiver : " Vive le maréchal Staline ! Amour au camarade Staline, notre père et notre maître ! Vive le chef génial et le maître de tous les ouvriers du monde entier !" On croyait que c'était fini, et tout à coup le speaker ajoutait deux ou trois rallonges à la litanie. Non je me trompe : cela n'était pas crié, plutôt récité recto tono (il s'agissait d'un reportage sur le Congrès de Moscou). Ce camarade semblait partagé entre le souci de n'en pas mettre assez, de ne pas donner à l'idole sa provende d'encens, et la peur, s'il enflait la voix, d'avoir l'air de se moquer, de tourner la chose en farce et de faire pouffer les Français nés malins.
Pour lui, il y allait évidemment de la vie : l'important était de ne pas prêter à rire en répétant : Vive notre Staline bien-aimé ! " Sa voix prudente demeurait blanche et glacée. Ah ! nous y allions de meilleur cœur, au collège, lorsque le cardinal-archevêque, primat d'Aquitaine, venait nous confirmer et que nous le régalions de cette aubade :

Vive Monseigneur ! (bis)
C'est le cri d'allégresse,
C'est le cri de bonheur
Que tous avec ivresse
Chantent sans cesse.
Vive, vive Monseigneur ! (bis).

Il faut se rendre à l'évidence : au point où nous voilà parvenus de la lutte communiste pour la libération de l'homme, ce qui s'accomplit sous nos yeux, et dans les formes les plus viles, c'est la déification, l'adoration d'un seul homme. Oui, un homme, et non pas deux ou trois. Ils étaient pourtant nombreux, les premiers compagnons de Lénine. L' U.R.S.S., aujourd'hui, ressemble au plus dévasté des viviers. Les premiers Bolcheviks ont mangé tous les autres poissons, puis les petits brochets ont été dévorés par les gros, et il ne reste plus finalement que ce gros brochet, génial et sublime, chéri et adoré.

(L'Homme adoré - Octobre 1952.)
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D. H. Lawrence dit d'un de ses personnages : " Il était un de ces milliards de conspirateurs qui s'arrangent pour vivre dans une sécurité physique absolue..."
Regardez-les déjà sortir des trous où ils étaient embusqués, se prévalant d'avoir travaillé pour la Résistance, bien que la plupart devraient répondre comme l'abbé Sieyès à qui l'on demandait ce qu'il avait fait pendant la Terreur : " J'ai vécu..." Ils ont vécu, ils ont attendu. Et maintenant que le vaisseau est renfloué, les rats reparaissent.
Cette espèce d'homme déjà saturés d'argent cède à son instinct qui est de prendre et de prendre encore, - moins peut-être pour les jouissances que la fortune procure (ils en sont comblés et accablés) que parce qu'ils ont l'instinct de domination et qu'ils sont assurés, quelle que soit la forme du gouvernement futur de la France, de demeurer les maîtres occultes de l'Etat.
[.........................................................]
Qu'on nous comprenne surtout : nous ne sommes pas des démagogues. Simplement nous nous sentons tous unis dans ce désir que la Quatrième République ne mette plus la France à l'encan. Et pour commencer, dans la France que nous allons faire, nous ne permettrons pas qu'un journal, une circonscription, un siège de sénateur soient à la disposition d'un riche qui n'a pas d'autre vertu que sa richesse.

(Écrit le lendemain de la délivrance - Août 1944).
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LE SORT TOMBA

Septembre 1944
Dans Paris délivré, un journaliste avait certes le droit de s'abandonner à sa sensibilité. Mais rien n'est si facile que les larmes et les cris. Il faut songer à sortir de la période des pleurs de joie. Nous avons mieux à faire que de nous attendrir. Il s'agit de choisir, dans le chaos des problèmes qui nous pressent, ceux que nous nous sentons capables d'aborder.
Il en est un qui, tous ces jours-ci, m'obsède : celui de la justice. Oh ! je sais bien que ce terrain brûle...Raison de plus pour s'y engager. Vivre dangereusement signifiera pour nous, désormais : écrire dangereusement. J'ose avouer d'abord que, dans l'attente d'une justice exacte et rapide, j'avais en secret résolu de me tenir le plus loin possible de ces règlements de comptes. Mais on s'y trouve engagé malgré soi ; je ne tardai pas à m'en aviser, le jour même de mon retour à Paris. Encore tout bouleversé des heures que je venais de vivre, sans avoir le loisir de la réflexion, il a fallu à l'Académie faire figure de justicier.
Rien ne m'y avait préparé. Bien qu'il s'agisse en apparence du cas le plus simple : la collaboration d'un académicien aux journaux d'obédience allemande, et qu'a ce sujet aucun désaccord ne paraisse même imaginable, je m'étonne, depuis jeudi, de ne pas me sentir meilleure conscience.
Le recours au bouc émissaire (ledit bouc fût-il de l'espèce la plus noire) m'a toujours répugné, je l'avoue. On nous assure que cette exécution des deux Abel ne saurait plus tard nous interdire l'examen de tel autre cas et qu'elle n'a aucun caractère "limitatif" (pour user d'un terme que le pauvre Lancelot n'approuverait pas). Il n'empêche que l'occupant de la première charrette est en droit de se demander pourquoi nous lui avons réservé cette priorité (encore un néologisme !). "Parce que le coupable, nous dit-on, se trouvait présent à Paris..." Mais le fait que depuis trois ans il travaille à la commission du dictionnaire et à la séance du jeudi constituerait plutôt une circonstance atténuante : n'avons-nous pas mis bien du temps, sinon à nous apercevoir de son indignité, du moins à en témoigner à la face du monde ?
Le vrai est que le sort tombe toujours, non sur le plus jeune, comme dans la chanson, mais sur le plus vieux, ou tout au moins sur le plus faible. Qu'est-ce donc qui empêchait l'Académie de dénoncer les plus coupables de ses membres, bien qu'ils fussent absents de Paris ? Je crains d'ajouter une blessure d'amour-propre à celle que nous venons d'infliger à l'auteur de Monsieur de Courpière. Mais on me concédera qu'il n'existe pas de commune mesure entre les articles anodins et sans portée que M. Abel Hermant donnait aux Nouveaux Temps, et ce numéro de l'Action française publiée sous le contrôle allemand, cet article quotidien de Charles Maurras.
D'un côté, je vois un vieillard, fin lettré, comme on disait autrefois, et qui laissera une oeuvre, non certes dénuée de mérites, mais sans aucune influence ni rayonnement spirituel, et qui n'a engagé que lui-même dans ses palinodies ; de l'autre, j'aperçois un Maître dont on découvre mieux chaque jour l'influence qu'il exerça en France, durant un demi-siècle, non seulement sur les esprits, mais aussi dans le concret, sur la politique quotidienne ; car Charles Maurras dirigeait, inspirait l'action de ces mêmes politiciens qu'il accablait d'outrages , - jusqu'au jour de " la divine surprise ", où, à la faveur du désastre, il devint l'inspirateur non plus occulte mais quasi officiel du système vichyssois.
La postérité de Maurras, nous l'avons vue de nos yeux. Dans les énergumènes de Je Suis Partout, reconnaissons ses authentiques héritiers, les fils de son esprit - et qui resterons à jamais ses juges.
Le péché contre la nation, d'un certain nationalisme, voilà le premier procès à ouvrir, et qui intéresse la France, beaucoup plus que l'immolation de l'Iphigénie octogénaire, sacrifiée jeudi dernier devant le portrait du cardinal de Richelieu.
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Les maux dont Adolf Hitler accable l'Europe depuis dix ans n'auraient pas atteint ce degré d'horreur s'ils n'étaient que le fruit d'une certaine politique. Mais une imagination créatrice les a enfantés et ordonnés. Hitler domine froidement son sujet : il ajoute, il retouche, il met au point. Il cherche des effets. C'est un auteur dramatique spécialisé dans l'épouvante. Quelle trouvaille que ces généraux allemands pendus à des crocs pour l'édification du peuple ! Mais dans la pièce qu'Hitler achève, il s'agit de vrais généraux et de vrais crocs.
(Le Dernier acte - Octobre 1944).
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Juin 1938.
Que M. le ministre de l'Intérieur n'aille pas croire que nous nous exprimons ici en partisan. Chrétiens, nous n'avons pas à nous faire juges des raisons qui ont pu décider certains de nos frères d'Espagne à prendre les armes contre un gouvernement qu'ils trouvaient injuste. Les conséquences terrifiantes de leur geste, ils ne les avaient pas toutes prévues. Nous comprenons aussi que l’Épiscopat et le clergé aient peine à dominer un conflit dans lequel ils se trouvent si tragiquement engagés. Mais il reste ceci, il reste cet épouvantable malheur que, pour des millions d'Espagnols, christianisme et fascisme désormais se confondent et qu'ils ne pourront plus haïr l'un sans haïr l'autre.
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Vidéo de François Mauriac
Philippe Dazet-Brun vous présente son ouvrage "François Mauriac : L'inguérissable jeunesse" aux éditions Memoring.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3063784/dazet-brun-philippe-1965-francois-mauriac-l-inguerissable-jeunesse
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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François Mauriac

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1885
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