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4,06

sur 6470 notes
Un homme et son enfant marchent sur une route. On ne connaît pas leur prénom, on ignore presque tout de leur passé. L'apocalypse a eu lieu quelques années auparavant (catastrophe nucléaire ? autre ?) et le monde est devenu gris, recouvert de cendres. Plus de faune, plus de flore, juste quelques humains survivants dont la plupart sont devenus des prédateurs voire des cannibales.
Je ne pensais pas en commençant ce roman que j'allais plonger dans une telle noirceur et dans un désespoir aussi absolu.
Le style est épuré, presque chirurgical. de courts paragraphes s'enchaînent au fil de la marche de l'homme et du petit. L'auteur multiplie les descriptions factuelles sans jamais aucune envolée lyrique.
Il y a une totale adéquation entre le style et le monde décrit.
Ce ne fut pas une lecture plaisir et au départ, j'ai été décontenancée par le mode de narration et ce malheur poisseux dont lequel nous immerge l'auteur. Mais c'est un livre fascinant dont le souvenir va me rester longtemps.
Quand j'arrêtais ma lecture, je ne pouvais m'empêcher d'aller regarder le jardin en ce printemps et d'admirer les arbres en fleurs, les oiseaux, consciente de ce trésor qu'est la nature.
La route est une expérience littéraire qui secoue !
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Derniers jours de survie d'un père et son fils, affamés et terrorisés par les hordes de pillards devenus cannibales, quelques années après qu'un sale truc ait transformé la terre en un désert carbonisé et glacé sous un ciel de cendres.

Chaque jour se ressemble et ils se lèvent dans une lumière incertaine et ils marchent dans le froid et la pluie vers le sud et ils cherchent à manger et aussi un endroit abrité où faire du feu et dormir sous la bâche en plastique.

Ça peut flanquer le cafard ou inciter au respect de cette belle planète qui nous héberge mais c'est prenant.

D'accord? D'accord.
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Une petite chanson m'est venue à l'esprit, j'ai été contaminée par @Patlancien et son juke-box :
Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa
C'est vraiment fatigant d'aller où tu vas
Joe Dassin
Bref, à mon grand regret, La route fut d'une langueur monotone, froide, grise avec des dialogues répétitifs malgré de belles phrases, un style agréable épuré, un peu trop qui empêche toute évasion nous sommes cloués au sol dans cet horrible cauchemar anthracite sans échappatoire. Rien à voir, rien que cette route encore et toujours.
Un homme avance sur une route son fils à ses côtés, il pousse un caddy, dernier vestige d'un monde matéraliste, de la société de consommation car il ne reste plus rien tout à brûlé, pourquoi nous ne le saurons pas. Ils sont à la recherche de nourriture, de vêtements, de feu c'est une corvée sans fin. Ils trouvent, empilent dans le caddy, et se font voler voilà leur triste existence @Yaena ne croyait pas si bien dire en parlant du mythe de Sisyphe.
Un monde sans foi ni loi dans lequel un homme maintient le cap, peut-être est-ce un médecin qui a prêté le serment d'Hippocrate. Il fait tout pour garder son fils en vie et éviter de tuer. Il tient la route ne cède pas à la facilité. L'homme est méfiant, porte une arme et sait qu'il va mourir, son fils est confiant, innocent, quand il découvrira la mer, il fera ce que font tous les enfants, il ira se baigner c'est mon passage préféré.
Par bribes nous comprenons que la mère les a quitté pour se suicider ne supportant pas ce monde dévasté sans espoir. L'homme et l'enfant n'ont pas de prénoms, c'est étonnant mais étant seuls au monde ces marqueurs sociaux, ces symboles d'appartenances sont inutiles. Il ne reste rien, même pas leur identitè.
Je rejoinds @HordeduContrevent dans sa réflexion à propos de la fameuse canette rouge. Deuxième livre de post-apocalyptique où elle est montrée comme une des grandes joies de cette civilisation disparue à tout jamais. Est-ce tout ce qui resterait gravé dans nos mémoires, cette boisson si le pire arrivait ?
La route est ce lieu où tout se passe comme si avec la perte de repère les hommes avaient besoin d'une balise pourtant ils ont perdu pour la plupart toute humanité ce sont des hordes de sauvages. La seule marque de civilisation qu'ils aient gardé est ce besoin de posséder, d'accumuler et c'est ce qu'ils font avec des hommes qu'ils enferment dans des caves, servant de chambres froides.
Comme @Berni, je trouve un côté mystique à cette histoire avec cet enfant qui est l'étincelle, celui par qui l'homme deviendra immortel car il sera toujours dans son coeur. Quand sa fin est proche l'homme voit des couleurs peut-être ne voulait-il plus se souvenir d'autrefois afin de supporter un monde dur, sans pitié, sans espoir.
Bien sûr je n'ai pas éprouvé l'enthousiasme de @BonoChamrousse qui nous écrit un billet inspiré qui chante presque homo hominis lupus est.
C'est un livre qui se lit très vite avec de jolis phrases mais qui ne m'a pas permis de m'attacher aux personnages, je me suis retrouvée sur le bas côté dès le départ et je l'ai fini sans états d'âme, déçue d'une lecture dont j'attendais peut-être trop.
Mais la magie de la LC fait qu'en en discutant avec @NicolaK guère plus enthousiaste que moi puis les autres membres, les échanges ont permis différents éclairages très constructifs. Mon point de vue lapidaire s'est radouci. Et puis ce livre pose tant de questions que même si je n'ai pas aimé, il a atteint son but : me faire réfléchir.
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« Quand on sera tous enfin partis, alors il n'y aura plus personne ici que la mort et ses jours à elle aussi seront comptés. Elle sera par ici sur la route sans avoir rien à faire et personne à qui le faire. »

Alors que sort le nouveau et tant attendu Cormac McCarthy (j'y reviendrai…), j'ai tenu à relire La route - traduit par François Hirsch - trop rapidement lu à sa sortie il y a quinze ans au point de ne plus savoir ce que j'en avais pensé. Histoire de me replonger dans l'univers de ce Pulitzer 2007…

Bon, bah fond comme forme, ça calme sévère. Et j'ai rarement été autant embarqué dans une histoire, autant fait corps avec ses personnages.

J'ai marché avec l'homme et l'enfant sur cette route post-apocalyptique ; j'ai eu froid et faim avec eux ; peur à chaque bruit nocturne ou silhouette aperçue à l'horizon ; souhaité que la côte longtemps attendue apporte le salut espéré.

J'ai ressenti la puissance de l'amour qui unit père et fils, feu absolu qui réchauffe ce livre glacial ; ces dialogues entre les deux, économes de mots mais pas de questionnements ; cette incroyable dualité qui permet parfois à l'enfant de prendre la place de l'adulte comme pilier de leur duo.

Et enfin il y a le style, épuré, direct, avare de ponctuation, de ruptures et de chapitres, mais qui crée rapidement les conditions de l'émotion. Et de la réflexion, sur l'essentiel, l'humanité, les raisons qui nous font nous lever, avancer, souffrir, lutter. Et aussi mourir. Et aussi aimer.

À lire donc, et surtout à relire !

« Il sortit dans la lumière grise et s'arrêta et il vit l'espace d'un bref instant l'absolue vérité du monde. le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L'implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L'accablant vide noir de l'univers. Et quelque part deux animaux traqués tremblant comme des renards dans leur refuge. du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. »
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"L'accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d'être"

C'est ce que nous donne à voir ce "road-trip", ce parcours du combattant d'un homme et de son petit à travers de mornes paysages post-apocalyptiques.

J'ai été bouleversée par ce récit. Je n'avais jamais rien lu de tel. Je m'y voyais, marchant avec mon enfant, poussant ce caddie, mangeant des pêches en boîtes, dormant sous une bâche en plastique, avançant coûte que coûte jour après jour pour survivre, mais gardant précieusement un pistolet avec deux balles... et finissant mes phrases adressées à mon fils par un "d'accord ?"

Rien que pour ces dialogues entre le père et le fils, je pourrai le relire encore et encore...
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L'homme, le petit, la cendre et la route … Dans un monde post-apocalyptique un homme et son fils, poussant un précieux caddie, prennent la route vers le sud pour fuir le froid. le monde qui les entoure est désolation, mort. La faune et la flore sont dévastées, anéanties. La cendre recouvre tout. Un froid polaire règne, pluie et neige mêlées au gris des cendres s'abattent sans répit sur les survivants. Il reste peu de vie, partout des forêts brûlées, des villes calcinées, des brins d'herbe qui s'effritent au contact d'une main. Les animaux ont disparu. Ce futur post-apocalyptique est effrayant, vide de sens, de couleur, de bonté, d'humanité.

La plume de McCarthy est contradiction, à la fois riche et économe. Riche de son vocabulaire , de son champ lexical, de la violence explicitement décrite. Économe de mots mais surtout d'émotion, de sentiments, de dénomination (absente pour les hommes et les lieux). Tout comme l'avenir réservé aux protagonistes tout est glacé. Les hommes, s'ils le sont encore d'ailleurs, sont peu nombreux. Sales, puants, affamés, en guenilles, sauvages, au mieux voleurs au pire cannibales. L'apocalypse les a renvoyés vers leurs instincts les plus primaires. McCarthy ne donne aucune explication quant au cataclysme. Désastre écologique ? Guerre nucléaire? Menace venue du ciel ? Chacun y verra une projection de ses peurs les plus primales.

Tout comme son père, on suit le petit, l'éclaireur de cette transhumance, celui qui marche devant. On avance avec lui, couvert de cendre, transi de froid. Bien vite, le lecteur comprend qu'espérer n'est pas très réaliste mais pourtant tourne chaque page en rêvant d'un miracle, d'avoir mal saisi le contexte : faut-il vraiment tomber dans la désespérance ? 256 pages à quémander une embellie à l'auteur : « Allez juste une fois, s'il te plaît, entre deux phrases teintées de désespoir et de gris un petit quelque chose de positif ». J'ai fermé le livre avec une folle envie de toucher un brin d'herbe verte, de laisser un soleil d'été réchauffer ma peau, de croquer un fruit, de profiter d'un sourire, d'une main tendue… Mais aussi avec un vif besoin de prôner la bonté, l'entraide, le respect de notre planète.

La route est un classique à découvrir, ou à relire, pour ne pas oublier que nous sommes peu de chose sur cette terre. Un roman inoubliable, où la bête affamée de nos cauchemars d'enfant est lâchée à notre poursuite. Personnellement j'ai vraiment aimé, « La route » est un roman d'une puissance rare, mais ça secoue. Âmes sensibles s'abstenir.
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Après avoir longtemps hésité, j'ai enfin accepté de prendre La Route...

Que dire d'autre, de cette Route qui aura déjà fait couler tant d'encre (nous en sommes à 585 critiques rien qu'à Babelio !), mais dont visiblement nous persistons à vouloir faire l'exégèse, dont nous insistons à chercher les multiples sens qu'elle pourrait encore et encore receler ?

Au fond, en ce qui me concerne, peut-être aimerais-je avant tout exprimer et partager ici l'impact considérable que ce récit, pourtant si minimaliste, sans ornements, si désossé et anonyme a pu provoquer chez moi, aussi bien sur le plan esthétique qu'émotionnel.

La Route : road (bad) trip . Récit aux accents bibliques de la fin du Verbe. Métaphore de la quête incessante de l'homme à s'élever, à lutter contre sa peur, et à faire face au chaos, à la barbarie, à la désespérance, au nihilisme.

L'Horrible a déjà eu lieu. L'humanité est rentrée dans les Ténèbres, erre parmi les cendres de la civilisation morte. Plongée dans un dénuement absolu.

D'une part, l'ampleur de la déshumanisation qui en résulte amène une grande majorité à piller, à chasser leurs semblables, à pratiquer le cannibalisme. Cette deshumanisation est illustrée par des scènes absolument terrifiantes, comme cette cave où des êtres humains sont enfermés - de la "viande" humaine stockée – et dont la description de l'atmosphère y régnant n'a pas été, pour moi, sans évoquer celle des chambres à gaz.

D'autre part, la Bonté, « feu sacré » porté par le père et le fils, figurée surtout par le personnage de l'enfant, dernier rempart permettant d'espérer un renouveau possible après la Chute.
Et puis il y a l'Amour, incarné surtout par celui du père pour son fils, et qui peut, lui aussi, susciter différentes interprétations et lectures selon les points de vue. Ce que je retiens pour moi, en tout cas, c'est la force de cette image telle qu'elle est incarnée sous la plume de McCarthy, la puissance émotionnelle contenue dans cette évocation de l'Amour, exprimée avec aussi peu de moyens, avec une grâce aussi dépouillée, dépourvue de toute mièvrerie, sans autre ambition que de toucher à l'essentiel.
J'en ai été littéralement captivé .

Je me sens en fin de compte assez proche de ceux aussi qui ont qualifié cette fable post-apocalyptique de «shakespearienne".
Il y a pour moi, en effet, dans cette lecture, à l'instar des grandes tragédies classiques, quelque chose de «cathartique», quelque chose qui à la fois vous glace le sang et vous invite à éprouver de l'empathie envers la condition humaine révélée ici dans sa nudité la plus radicale, livrée à ses instincts les plus basiques.
Certains des dialogues entre le père et le fils en sont dans ce sens exemplaires, ainsi que ce passage (sublime) avec le vieil homme semi-aveugle qui attend au bord de la route, personnage "tragique" par excellence, sorte d'hybride entre le «Estragon» de Beckett et le «Tirésias » de Sophocle.

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J'ai mis une éternité à lire ce petit livre. Pourtant il est court et percutant mais sa lecture a été difficile.

Je l'ai fini le jour où Putin a déclenché l'invasion de l'Ukraine. Aujourd'hui il annonce mettre son arsenal nucléaire en alerte.

Cette errance sans réel but qu'est 'la route" m'a sapée le moral. Mc Carthy, sans dire les raisons de l'apocalypse, a rédigé un roman effrayant. Son écriture sèche et sans fioritures est puissante et très visuelle.

La fin oû la femme continue d'évoquer dieu malgré tout me laisse sans voix.

Un livre très fort que je ne pense pas relire.
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Un de mes livres cultes.
Un père et son fils marchent sur la route, ils vont vers le sud, là où il fait plus chaud. Ce sont des routards qui survivent d'expédients...
L'histoire est une sorte d'odyssée post-apocalyptique dans un monde sans loi sinon celle de la jungle.
Les relations entre le père et le fils sont très fortes avec des dialogues brefs, mais très justes. On est particulièrement touché par ce récit, et submergé par l'émotion à la lecture de certains passages. L'écriture est dépouillée, mais précise, elle donne en permanence une impression d'efficacité. La construction du roman est composée de courts chapitres qui finissent la plupart du temps par une phrase très forte.
Un roman captivant, fascinant et chargé d'émotion.
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La route est avant tout une magnifique et bouleversante histoire d'amour entre un père et son fils partis à la recherche d'un peu de soleil et d'espoir après une catastrophe apocalyptique. Un roman initiatique dans lequel le père continue de transmettre certaines valeurs à son fils, malgré toutes les vicissitudes rencontrées.
Mais c'est aussi l'histoire de notre Terre, qui sans doute (aucune explication n'est donnée) par la folie des hommes, a été sacrifiée : ce n'est plus qu'une étendue de poussières cauchemardesques où nourriture et eau sont rares.
Enfin, c'est une histoire dans laquelle tout le génie humain, qu'il soit bien ou malfaisant, se déploie pour trouver des solutions à sa survie.

Roman noir, angoissant et même funeste mais dans lequel l'amour entre les deux héros est intense. Serait-ce là la solution à la folie des hommes ?
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