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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans une petite ville des États-Unis d'Amérique, deux hommes sourds-muets blancs, Singer et Antoniapoulos vivaient en symbiose, sans que la psychose modérée du second ne gêne la relation. Mais quand Antoniapoulos fut interné au loin, Singer prit une chambre dans une pension de famille et, malgré sa discrétion, son charisme et sa bonté lui attirèrent une attention de plus en plus grande, jusqu'à faire entrer dans sa vie quatre personne : le Dr Copeland, un médecin noir aux ambitions de progrès social pour sa communauté frustrées par sa famille et le racisme structurel, Mick, une adolescente pauvre et mélomane, Jake, un ivrogne épris de lutte des classes, et à la violence sous-jacente perceptible et enfin Biff, un veuf complètement perdu, attiré par Mick...

Le charisme de Singer a très vite opéré sur moi aussi : cette gentillesse incroyable, cette disponibilité qu'il ouvre à des gens dont on comprend bien, grâce à la focalisation interne, qu'il ne s'en sent pas extrêmement proche mais qu'il leur porte un intérêt humaniste, élève le roman au niveau de pépite. On suit les évolutions de ses hôtes chez lui et hors de chez lui, en une sorte de ballet, avec perplexité, puis avec angoisse : leurs situations se resserrent, une crise paraît inévitable.

Le désir d'émancipation des personnages - hors Singer aliéné à sa passion amicale pour Antoniapoulos - touche profondément, crée un espoir de sympathie chez le lecteur mais...

Le style est facile en apparence, se prête à une lecture boulimique, l'autrice ne cherche en tout cas pas à "en faire", elle soigne le parcours de ses personnages, ce que j'ai appelé leur "ballet".
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J ai beaucoup aimé le style de ce roman où chaque personnage a un message important à délivrer. En vain, cependant car la communication semble impossible et le seul qui "écoute" vraiment est le personnage du muet mais lui personne n'est là pour lui...
Le titre prend alors toute sa signification.
Un style et une ambiance qui m'ont beaucoup plu. Un livre dans la lignée de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" ,en plus sombre.
A découvrir !
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Je ne vous résumerai pas l'histoire de ce roman car d'histoire il n'y a pas ! Et pourtant, pas une seule fois au cours de la lecture de ses 400 et quelques pages, je n'ai senti mon intérêt faiblir ou mon plaisir décroître.

Nous sommes en 1939, dans une petite ville du Sud des États-Unis, où une grande partie de la population, pauvre et ouvrière, est employée dans les florissantes filatures de coton.
L'auteure décrit le quotidien de ses protagonistes, et surtout les relations qui les lient les uns aux autres. Car s'il n'y a pas véritablement d'histoire dans « le coeur est un chasseur solitaire », il foisonne en revanche de nombreux personnages, tous plus intéressants et attachants les uns que les autres.
Il y a…
…Mick, l'adolescente de 15 ans, passionnée de musique, qui rêve de devenir compositeur, mais dont les faibles revenus de ses parents ne lui permettent pas de manger tous les jours à sa faim…
…Benedict Copeland, le médecin noir dont le plus cher désir est de voir ses semblables s'émanciper grâce à l'instruction, que l'attitude soumise et bigote de ses enfants déçoit.
…Jake Blount, le communiste, qui ne tient pas en place et se rend de ville en ville en tentant de faire comprendre à la classe ouvrière qu'elle est asservie et doit se révolter.
…John Singer, le sourd-muet, qui occupe une chambre dans la pension tenue par les parents de Mick, un homme discret, patient, soigneux et qui, en raison de son infirmité, se révèle être l'interlocuteur idéal, toujours à l'écoute.
Et il y en a beaucoup d'autres, le mieux étant de lire ce roman pour faire leur connaissance…

Dans les rapports qu'entretiennent les protagonistes les uns aux autres, c'est la diversité des manifestations d'amour qui s'en dégagent qui m'a frappée dans un premier temps.
C'est…
…l'amour-sollicitude de Portia Copeland pour son père, Benedict, en dépit de leurs dissensions et de l'incompréhension qui règnent entre eux.
…l'amour un peu trouble que Biff, le restaurateur, éprouve pour la jeune Mick, et qui le met mal à l'aise.
…l'amour quasi-mystique que l'adolescente elle-même éprouve pour John Singer, ou encore l'amour « irrité, inquiet », que Benedict Copeland éprouve pour son peuple.
L'expression de toutes ces sensibilités a un côté extrêmement touchant et rassérénant, j'y ai trouvé aussi une certaine beauté, de celles qui vous apaisent. Parfois, j'ai en revanche été surprise par l'extrême sentimentalisme dont faisaient preuve certains personnages (je pense notamment à John Singer, qui écrit à son ami Antonapoulos comme il le ferait à l'attention d'une femme aimée).

Attention, n'allez pas croire que le roman de Carson McCullers est un étalage de mièvrerie et de bons sentiments dégoulinants ! Non, tout y est bien plus subtil. Ses personnages aiment simplement comme nous pourrions le faire, et semblent surtout en quête de reconnaissance, de quelqu'un qui les aimerait eux-mêmes, et surtout qui les écoute, ainsi que le montre la facilité avec laquelle ils s'ouvrent auprès du muet John Singer de leurs aspirations, de leurs déceptions, en bref de tout ce qui fait leur vie et détermine leurs émotions.
L'auteure analyse très finement la psychologie de ses héros, en dépeignant leurs motivations inconscientes et leurs faiblesses, les rendant ainsi très proches de nous. Il y a un côté un peu triste aussi dans tout cela. Il est en effet souvent question de solitude, de celle que l'on ressent en dépit de ceux qui nous entourent, mais qui ne nous comprennent jamais vraiment. Et puis il y a cette idée d'unilatéralité dans les rapports humains, qui fait que les deux protagonistes d'une relation n'en retirent pas la même satisfaction.

Il m'est arrivée plusieurs fois au cours de ma lecture de penser au roman d'Harper Lee : « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », en raison de certains aspects du contexte (la condition des noirs-américains dans les années 30, par exemple) et de la part importante qu'y occupent les personnages enfantins.
Seulement, alors que le but du roman d'Harper Lee semble être en partie d'illustrer un propos indissociable d'une époque donnée, j'ai eu le sentiment que « le coeur est un chasseur solitaire » aurait pu se dérouler n'importe quand. En effet, les éléments liés aux réalités économiques et sociales du récit s'y insèrent naturellement car faisant partie intégrante de la vie des héros mais ils ne m'ont finalement pas parus primordiaux. Ce que je retiendrai plutôt de cette lecture, c'est la justesse avec laquelle Carson McCullers traite de thèmes universels tels que ceux évoqués plus haut, cette combinaison des paradoxes qui composent les rapports humains. Et puis que j'y ai pris énormément de plaisir !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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"Allons, Anne ! On ne choisit de lire un roman sous prétexte que la couverture est belle, ni parce que son titre est une véritable porte ouverte à toutes les rêveries !"
Voilà ce que j'ai pensé. Pire, même : le nom de l'auteure m'étant parfaitement inconnu, je me projetais déjà plus ou moins dans un roman dans la lignée de "Les oiseaux se cachent pour mourir". Et puis quoi ! C'est ça, la lecture : la liberté de varier ses plaisirs, sans culpabilité. Un petit bonbon peut-être un peu trop sucré m'attendait.

Ce roman n'a absolument rien à voir avec l'idée que je m'en étais faite. Je viens de découvrir un véritable bijou : un de ces livres, éveilleurs de conscience, en tout cas de curiosité.
Un livre comme je les adore qui, sous son apparente tranquillité, sa belle esthétique, vous propulse dans la féroce réalité.

Alors, plutôt que de vous en faire un résumé, je préfère vous parler des étranges synchronicités qui se sont produites, pendant ma lecture :

- une de mes amies me faisait découvrir le tableau de Norman Rockwell (1963) : "The problem we all live with",
http://www.biography.com/people/ruby-bridges-475426
http://pedagogie2.ac-reunion.fr/col-j.solesse/hdaBridges2.pdf
alors qu'une autre évoquait les jeux olympiques de Mexico,
http://histoiredusport.fr/smith-carlos-jeux-olympiques-mexico/
(2 événements qui se déroulent une trentaine d'années après l'écriture de ce roman !)
C'est de cette consternante inégalité raciale dont il s'agit, dans ce texte, dont nous sommes les témoins impuissants, et qui donne froid dans le dos...

- une vidéo, visionnée,
http://www.dailymotion.com/video/x2qse8n
où il est question du libre port des armes à feu aux Etats-Unis http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/01/08/etats-unis-300-millions-d-armes-a-feu-30-000-morts-par-an_1813806_3222.html,
et l'actualité, toujours aussi tragique...
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/02/la-triste-routine-des-fusillades-aux-etats-unis_4781359_3222.html

- et puis d'autres thèmes, "tellement anodins", dont il est question dans le roman :
* le monde du dedans et le monde du dehors (la place de l'imaginaire, qui peut tout rééquilibrer),
* l'alcool,
* la difficile transition enfance / adolescence
* la difficulté des hommes à se parler. Juste entrer en contact. Faire attention à l'autre et communiquer vraiment. Vaste programme...

Il y a énormément à grapiller, dans ce (sombre...) roman, un peu de tous les côtés, chaque personnage étant tellement unique, beau et vrai.
Je vous laisse découvrir ?
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Dans les années 30, dans le Sud profond des Etats-Unis, Carson Mc Cullers nous peint le quotidien d'un petit groupe de personnages dont Nick est le nerf central de ce livre....

Bien entendu, il existe un parallèle entre cette Mick et la jeune fille que fut Carson Mc Cullers...

Mick entend des symphonies mélodieuses dans sa tête.. Elle est persuadée qu'une fois grande et adulte elle sera une musicienne et une compositrice confirmée et reconnue....

Autour d'elle gravite tout un flot d'hommes pour la plupart forts en gueule et hauts en couleur, mais celui qui ce détache du lot, est Singer, sourd muet...

D'une gentillesse hors du commun, Singer est attaché à un Grec ventripotent et peu intelligent.... Singer sait aimer et c'est ce qui le différencie des autres....

Quand Mick comprendra la richesse de Singer et de ce qu'il s'en dégageait quand elle le côtoyait, les symphonies se feront de plus en plus discrètes....
« La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne. » Malraux.
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Non, il n'y a pas d'intrigue dans ce roman, seulement des personnages qui se croisent, se parlent, ou pas.

Leur lien est le sourd-muet M. Singer à qui tous confient leurs pensées, sans que jamais ce dernier ne réponde.

La narration se déroule sur une année, un long été suivi d'un hiver court mais rigoureux.

J'ai aimé le personnage du sourd-muet, que son amitié pour un autre compagnon sourd tient en vie.

Un classique du roman américain qui nous parle d'amour de façon détournée.

L'image que je retiendrai :

Celle de la passion de Mick pour la musique, qui écoute en cachette la radio devant les maisons bourgeoises, puis celle de M. Singer.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2243
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Carson McCullers, née Lula Carson Smith en 1917 à Columbus en Géorgie et morte en 1967 à Nyack dans l'État de New York, est une romancière américaine. Elle abandonne une partie de son nom en 1930 pour se faire appeler Carson. Elle écrit sa première nouvelle à l'âge de 16 ans et après des études à l'Université, elle commence à travailler sur son premier roman le coeur est un chasseur solitaire, initialement intitulé le Muet. En 1937, elle épouse Reeves McCullers et s'installe à Charlotte (Caroline du Nord), où elle achève ce roman qui sera publié en 1940, elle a alors 23 ans. En 1946, Carson McCullers part voyager en Europe avec son mari. À la suite de problèmes de santé, elle tente de se suicider en 1947 et est hospitalisée à New York. En 1952, elle s'installe en France avec son époux, dans l'Oise, à Bachivillers. L'année suivante, après le suicide de celui-ci, elle rentre aux États-Unis. Son quatrième et dernier roman, L'Horloge sans aiguilles, est publié en 1961. Carson McCullers meurt des suites d'une hémorragie cérébrale en septembre 1967.
Le roman se déroule dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, durant les années 1930. Par une étourdissante construction, Carson McCullers compose une fresque magistrale en alliant une vision à la fois microscopique, cette ville et ses habitants, et macroscopique, en l'élargissant au monde avec l'arrivée de Mussolini et Hitler au pouvoir.
Les personnages sont nombreux, entrant en scène les uns après les autres en une savante farandole, reliés par des liens ténus de prime abord puis plus profonds pour certains. C'est la progression dans la narration qui permet au lecteur d'en discerner les acteurs principaux. Il y a John Singer, un muet un peu mystérieux dont personne ne sait grand chose, très posé et toujours à l'écoute des autres ; il exerce une attraction bienfaisante sur tous les autres et tous se confient à lui. Il loge dans la pension tenue par les parents de Mick, une gamine de douze ans quand débute le récit, qui adore la musique. Autour de ces deux-là, citons aussi Biff Brannon le patron du café-restaurant de la ville, Jake Blount, l'homme moustachu et communiste, qui fait tourner un manège et le docteur Copeland, un Noir.
A partir de ces quatre acteurs, l'écrivaine joue sur les deux tableaux indiqués précédemment. Leurs liens et leurs interactions dans la petite communauté, la grande leçon d'amitié entre Singer et Spiros, l'éveil de l'adolescence pour Mick ; ou bien l'élargissement du discours en abordant les problèmes sociaux et raciaux de l'Amérique, la misère des petites gens, les Noirs mais les Blancs aussi et au loin, la montée du fascisme et l'approche de la guerre en Europe.
Carson McCullers a toujours les mots justes, chacun de ses personnages nous touche et nous émeut car on les voit tellement solitaires, se débattant avec cette solitude qui leur pèse. Si le roman est triste ou mélancolique - tous n'en sortiront pas indemnes - il déborde aussi d'une certaine manière, d'amour.
Je n'emploie que très rarement ce mot et je suis souvent avare de compliments, mais j'y vois là un chef-d'oeuvre.
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L'histoire : Dans une ville du Sud des Etats-Unis à la fin des années trente vit un sourd et muet, l'énigmatique John Singer. Son seul ami, qui vivait avec lui, vient d'être envoyé dans un hospice loin de lui car il est jugé trop violent.

John Singer est contraint de déménager. Il s'installe alors dans une pension de famille. Chaque jour, il prend ses repas au New-York Café tenu par Biff Brannon.

C'est là que se croisent tous les personnages qui ont en commun de vouer une admiration sans faille au très mystérieux Singer. Outre le patron du restaurant, il y a Mick Kelly, jeune fille de 13 ans, Jack Blount, un marxiste révolté nouvellement arrivé en ville et le Docteur Benedict Mady Copeland, un médecin noir. Nous sommes dans une période où noir et blanc ne se côtoient pas ou peu.



Mon avis :

Pendant une année, tous les personnages vont penser que Singer les comprend. Ils se sentent en osmose avec lui et lui confient ce qu'ils ne disent pas aux autres. Pourtant, ils ne savent rien de lui y compris son amour pour le sourd grec Spiros Antonapoulos.

Tous imaginent en Singer, le compagnon idéal et seront abasourdis par un de ses gestes.

Le climat de ce roman est étrange, étouffant comme une ville du Sud écrasée par la chaleur d'un été avant l'arrivée de l'orage.

La violence est latente à l'égard de la population noire et les enfants du Docteur Copeland vont en faire les frais à divers degrés.

Ce racisme s'étend aussi à ceux qui pensent différemment. le marxisme n'étant pas la valeur partagée par tous les habitants du Sud.

La pauvreté est très présente tout comme les premiers murmures annonciateurs du Second conflit mondial. C'est un peu comme si la ville absorbait cette ambiance internationale dans les rapports humains.

Le livre m'a plu mais je crains de ne pas restituer une image positive de cette écriture particulière. Il y a une conscience d'un contexte qui plane comme un fantôme ou une brume sur la ville.

Si jamais, je décide de me lancer un défi littéraire américain, je recroiserai la route de Carson McCullers, c'est certain !

Lien : http://mapetitepause.over-bl..
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Ce livre de Carson McCullers est attachant (traduction: Frédérique Nathan). C'est le premier mot qui me vient. Attachant parce qu'il grouille de vie, parce qu'il fait place à la vie sans chercher à trop trier, à trop expliquer, sans prétendre être un surplomb qui serait plus que la vie elle-même et saurait ce qu'elle est, mais en donnant libre parole aux personnages, Blancs ou Noirs, qui partagent un même destin de déshérités. C'est un livre généreux, comme la vie, parfois ennuyeux aussi, avec des longueurs, comme la vie, encore une fois, et, comme elle, un peu brouillon aussi, foisonnant plutôt, car il y a ici une bonne quinzaine de personnages, principaux et secondaires, dont les parcours se croisent et se recroisent. le livre, tantôt suit les uns, tantôt les autres, isolés ou réunis, là-bas dans l'Amérique profonde, pauvre jusqu'à la misère et la famine, et effroyablement raciste des années 1940, quand la guerre vient d'éclater en Europe et que se déchaîne l'antisémitisme nazi.

Le livre est aussi pertinent car il n'y a sans doute pas un sujet, psychologique ou social, qu'il n'aborde de près ou de loin, et il s'ancre profondément dans la question des conditions nécessaires, mais qui font défaut, pour sortir la société américaine de l'exploitation économique et de l'oppression raciale : la lutte est-elle possible sans idéologie, sans une conscience de classe pour les ouvriers et de peuple pour les Noirs? Et le rôle de la Culture là-dedans : la musique, la littérature et les Arts n'éveillent-ils pas aussi à une conscience émancipatrice ? Et que peut la foi religieuse ?

Le fil rouge du livre est sans doute la petite Mick Kelly, dont on imagine facilement qu'elle peut être un double de l'autrice (qui avait 23 ans au moment de la publication de son livre) : une adolescente d'une quinzaine d'années, au caractère bien trempé, à la vie intérieure riche et pleine de rêves, une enfant libre, elle, qui déambule la nuit dans les rues pour habiter plus pleinement encore le monde et qui, un jour, découvre la troisième symphonie de Beethoven dans laquelle elle reconnaît, bouleversée, le chant qui habite son âme : elle est cette symphonie. C'est une constante dans le livre, d'ailleurs, que chaque personnage possède sa « petite musique » intérieure, son obsession, et qu'il reste incompris des autres, seul, assumant à sa façon la solitude.

La beauté du livre est certainement là, dans le respect de Carson McCullers pour ses personnages car, sous sa plume, leur petite musique et leur solitude leur appartiennent pleinement. L'autrice ne les sauve pas de leur destin de déshérités ni ne les abandonne : avec une lucidité humble mais déterminée, elle offre au lecteur ce qu'elle refuse de retirer à ces laissés-pour-compte, à savoir ce qui fait toute leur valeur : leur aspiration à exister, qu'ils soient repliés sur eux-mêmes ou soucieux des autres.
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Je viens de relire ce roman dans sa version originale. Ma première lecture date de plusieurs (euphémisme) années et j'avais envie de revenir sur mes impressions.
Ce fut une lecture plutôt lente, au rythme du roman, qui suit la vie quotidienne de quatre ou cinq personnages, solitaires ou incompris ou déphasés, dans une ville industrielle du sud des Etats-Unis. le point de croisement de toutes ces personnes est John Singer, qui est sourd-muet et travaille dans une joaillerie. Il est auréolé d'une part de mystère, qui attire, presque irrésistiblement les autres.
J'ai progressé à petites doses, mais mon intérêt est resté éveillé et j'ai apprécié ce roman jusqu'au bout. Au delà des histoires individuelles, qui peuvent être pathétiques, agaçantes, émouvantes et souvent les trois à la fois, on découvre la société du sud des Etats-Unis, au temps de la grande dépression: la misère, le fragile équilibre des travailleurs à la merci d'un accident, et la ségrégation qui rend la vie des gens de couleurs encore plus misérable.
On ne peut s'empêcher de ressentir la révolte et la colère de Jake Blount et du Dr Copeland avec intensité. Pourtant ce ne sont pas les personnages les plus sympathiques. Ceci dit, Mick Kelly ne m'a paru beaucoup plus aimable même si elle est attachante par certains côtés. On espère qu'elle arrivera à s'extraire du piège de sa condition.
Le personnage de John Singer est assez fascinant. Tous projettent leurs émotions sur lui, personne ne cherche à savoir qui il est vraiment.
Le tout sous un soleil écrasant et un air lourd que les ventilateurs brassent à peine, qui contribue à créer une ambiance un peu oppressante (pour moi au moins).
Pour ce qui est de l'anglais, il faut le temps de s'habituer au parler du Sud, notamment la syntaxe approximative et les mots déformés de l'argot populaire. J'ai eu besoin du dictionnaire même si ma lecture a été assez fluide.
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