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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Robert MERLE rebaptise ici Rudolf Hoess, le commandant du plus grand camp nazi qui s'était vu fixé la tâche machiavélique d'industrialiser et de rentabiliser l'éxécution massive des juifs.
On demeure donc sur une fiction mais je trouve que l'approche faite par l'auteur de ce personnage qui n'aimait rien tant qu'obéir aux ordres est assez proche de la réalité. On découvre une enfance où les principes judéo-chrétiens sont imposés comme règles dans la vie de chaque jour. Où il est impossible de savourer des instants, de laisser libre cours à ses sentiments où il faut en permanence se surveiller, se contraindre.
Plus tard, ayant fait abstraction de toute humanité, étant un monstre à l'état pur, on voit Hoess s'appliquer à compter ses victimes comme s'il s'agissait de vulgaires pièces mécaniques : "des unités". Grand Hoess qui voulait tant plaire à sa hiérarchie, tant réussir dans la mission qui lui incombait, au mépris de toute autre considération. Sauf que ce n'étaient pas des unités qu'il manipulait, mais des vies humaines. Effrayant tant on va dans l'ignominie. Ou, quand la folie mène le monde... A lire, vraiment.
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Jusqu'à quel point, un soldat doit-il obéir ? Peut-il se retrancher derrière les ordres pour s'exonérer ?
Dans ce roman historique, Robert Merle nous livre le « secret » de la dramatique Shoah que les enfants, les femmes et les hommes juifs subirent au cour de la seconde guerre mondiale.
Il n'y a pas, dans cet ouvrage, de passage à tabac ou de sang qui gicle. Cette absence de violence, cette froideur qui anime les exécutants d'une tâche indicible laisse hagard.
Un homme représente une unité. Il faut industrialiser le traitement de ces unités qui arrivent dans le camp d'Auschwitz. Il faut rationaliser la mise à mort de ces personnes faites de chair et de sang.
Un livre indispensable pour comprendre l'impossible.
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L'auteur restitue et rommance la vie de Rudlof Hoss qui a organisé le processus de gazage et de crémation dans les camps nazi.
Le livre se concentre sur la psychologie du personnage qui arrive à gérer la technicité de sa tâche en la séparant de toute humanité, de toute empathie. Cette démonstration du "comment", basée sur les entretiens qu'un psychologue a eu avec Hoss, est convaincante et instructive. Je suis plus réservé sur la forme romanesque qui est une ligne de crête difficilement tenable sur ce sujet. Par exemple, l'auteur glisse des mots en allemands dans ses dialogues. C'est un effet de style qui m'a mis mal à l'aise.
En résumé très intéressé sur le fond mais plus réservé sur la forme.
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Né en 1900, Rudolf Lang grandit traumatisé par son père, un fanatique religieux qui terrorise femme et enfants en leur imposant des pénitences quotidiennes. Après deux tentatives infructueuses du fait de son jeune âge Rudolf parvient en 1916 à s'engager dans l'armée. Il participe à des massacres de masse en soutien à l'armée turque. Après la guerre il mène une existence incertaine, connaît le chômage, s'engage dans les corps francs. Sa vie de chômeur me fait penser à celle d'Hitler à la même époque. Rudolf adhère au parti nazi en 1922. Sa situation matérielle commence à s'améliorer avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Il est nommé à l'administration du camp de Dachau puis commandant du camp d'Auschwitz en 1940.

Dans ce roman rédigé à la première personne, sous la forme des souvenirs de Rudolf Lang, Robert Merle nous présente son personnage comme quelqu'un à qui le fait d'obéir à une discipline rigoureuse procure un sentiment de contentement et de paix. A l'armée, à l'usine, au camp de concentration, quand on lui donne un ordre il obéit sans discuter. Chargé de transformer le camp d'Auschwitz en usine de mise à mort il va s'atteler à cette tache avec le sens pratique et la conscience professionnelle qui le caractérisent. C'est assez glaçant de le voir réfléchir à la façon de "traiter" un maximum de "pièces" le plus efficacement possible. Il fait son métier sans affect, comme s'il n'avait pas affaire à des personnes. le titre est particulièrement bien choisi.

Rudolf Lang a existé. Robert Merle nous annonce en préface qu'il s'agit en fait de Rudolf Höss, commandant du camp d'Auschwitz. A l'occasion du procès de Nüremberg il a été interrogé par le psychologue américain Gilbert qui fit un résumé de ces entretiens sur lequel s'est appuyé l'auteur en plus d'autres documents issus du procès. le roman a été rédigé entre 1950 et 1952, c'est à dire peu de temps après les faits. La préface date de 1972. Bien avant Hannah Arendt et son concept de la "banalité du mal", Robert Merle montre que les bourreaux ne sont pas nécessairement des sadiques. "Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir: et c'est en cela justement qu'il est monstrueux" dit-il dans sa préface. C'est cette étude psychologique qui fait pour moi l'intérêt majeur de ce bon roman.

Vu la date de rédaction je relève quelques erreurs concernant les faits historiques. En préface on nous annonce un bilan de cinq millions de Juifs gazés à Auschwitz. Aujourd'hui ce bilan est estimé par les historiens entre 1.2 et 1.5 millions de morts. La présentation de Treblinka donne l'impression que ce centre de mise à mort fonctionnait comme Auschwitz avec un camp de prisonniers, ce qui n'était pas le cas: la grande majorité des victimes y ont été assassinées dès leur arrivée. Incarcéré en Pologne après Nüremberg, Rudolf Höss a écrit ses vrais souvenirs le commandant d'Auschwitz parle, que j'ai maintenant envie de découvrir.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Écrit quelques années après la fin de la Seconde Guerre, ce livre est la vie romancée de Rudolf Höss, qui a été un maillon important de la solution finale (notamment, en tant que responsable du camp de concentration d'Auschwitz Birkenau). Dans les premières pages, le narrateur n'est encore qu'un enfant, et l'univers familial qui est le sien jette les bases — outre l'éducation extrêmement rigide qu'il reçoit — de sa névrose. Alors qu'il est promis aux ordres par son père, c'est très tôt l'engagement dans l'armée et un fort sentiment patriotique qui l'animent. La mort de son père va être décisive dans la réalisation de son dessein. On suit ainsi la vie angoissée, très tôt déshumanisée de cet adolescent. Ayant participé activement à la guerre, l'humiliation de l'Allemagne à la sortie de la Première Guerre le touche aussi et par des raccourcis (répandus à cette époque) est un terreau à son antisémitisme. Puis, le jeune homme, qui entre ces engagements militaires va connaître la précarité, le rejet, devient un candidat idéal au recrutement de mercenaires. Systématiquement sa soumission et son obéissance zélée aux ordres et à ses supérieurs sont aussi flagrantes que remarquées et appréciées, et lui font rapidement gravir les échelons dans les milieux nazis et gagner la confiance des éminences du parti. La seconde partie du roman est bien connue du grand public, si ce n'est que le point de vue du bourreau y donne un relief particulier : le déni quasi généralisé, l'obéissance, l'inconscience, mais aussi la peur. Jusqu'au bout, le singulier manque total d'humanité de ce personnage semble romanesque, irréel ; les hommes, les femmes et les enfants exterminés ne sont pas plus des victimes que des êtres humains, ils sont des « unités » à traiter dans un processus industriel régi par un cahier des chargées, par des cadences prédéfinies. le fait que ce roman soit basé sur les mémoires Rudolf Höss et qu'il tente de rendre les événements tels qu'il les a lui-même perçus et vécus, en fait un document qui a éveillé chez moi un vif intérêt, malgré la dureté de certains passages.
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La Mort est mon métier, de Robert merle, est une biographie romancée de Rudolf Höß (renommé Rudolf Lang dans l'ouvrage). Pour concevoir un tel ouvrage, Merle s'est appuyé sur les comptes rendus du procès de Nuremberg ainsi que des notes d'entretiens de psychologues américains qui ont parlé à Höß durant son emprisonnement.
Captif pendant entre 1940 et 1943, Merle a été très marqué par la guerre, c'est pour cela que nombre de ses oeuvres traitent de ce sujet.
La Mort est mon métier est un livre fidèle à L Histoire, et l'ambiance qui s'en dégage est glaciale. C'est en cela qu'il est assez bien réussi.
On assiste à l'enfance de Rudolf Lang, enfant soumis à l'autorité d'un père catholique pour qui la foi prime sur tout le reste. Il n'existe nul plaisir dans la vie, qui n'est faite que d'ordres à exécuter. Fuyant la vie de prêtre qui lui était destinée, Rudolf alors âgé de 16 ans, s'engage dans l'armée allemande et découvre l'horreur de la guerre. Déjà, sa vraie personnalité, qui atteint son apothéose à Auschwitz, commence à germer.
L'ordre est roi, à l'image de sa vie à la maison, et aucune émotion ou sympathie ne doit s'exprimer.
La guerre terminée, il connait la pauvreté et la débauche la plus totale et assiste à l'avènement du Parti nazi. Patriote aveugle, il s'engage dans le parti et après ordres sur ordres accomplis, il devient, sans s'en rendre compte, dirigeant d'un camp d'extermination. L'humanité a totalement disparu chez lui et les vies humaines sacrifiées sont des "unités" à éliminer, à l'image des pièces d'usine à fabriquer. Jusqu'au bout, à l'arrivée des soldats américains, il ne regrettera rien et dit avoir obéit aux ordres sans réfléchir. Et c'est en cela que le livre est intéressant. Des hommes prônant la foi, le respect d'autrui, peuvent être manipulés au point d'être des objets de destruction. Des hommes déshumanisés. Des monstres.
C'est un ouvrage poignant, qui noue le coeur. Un vrai coup de coeur pour ce livre, mais aussi une grande claque devant l'horreur des camps d'extermination.
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L'auteur nous livre ici un récit biographique basé sur la vie de Rudolf Hoess, commandant du camp de concentration d'Auswitch. le ton est dur. On y découvre un homme traumatisé par son père, mais aussi un homme déshumanisé dont la volonté d'obéir aux ordres et d'être un bon Allemand est plus forte que tout. Il est difficile de concevoir comment cet homme a pu être, d'un côté, bon avec sa famille et de l'autre aussi insensible aux juifs qu'il considérait comme de simples unités à exterminer, du bétail. Déconnecté est le sentiment qu'il me laisse.
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Il m'a paru interessant de relire La Mort est mon métier, après l'adaptation au cinéma du livre de Martin Amis, La zone d'intérêt.
Qu'est ce qui est acceptable ? A quel moment on dit non ?
Un militaire peut il désobéir ? L'ennemi est-il humain ?
Autant de questions qui se reposent a chaque conflit, autant de certitudes pour les vainqueurs.
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Je lis beaucoup sur l'holocauste et le nazisme et souvent, je dois le reconnaître, les livres se ressemblent, n'apportent rien de nouveau.
Du coup, j'ai été plutôt surprise par cette lecture. Surprise car malgré le sujet maintes fois abordé, l'angle sous lequel les choses sont présentées est intéressant.

Nous suivons en effet le personnage principal, Rudolf Lang, depuis son enfance jusqu'à la fin de la guerre durant laquelle il a occupé le commandement du camp de concentration d'Auschwitz.

Construit comme un roman, cet ouvrage n'en reste pas moins un témoignage sur la vie de celui qui a été chargé de mettre en place et « d'optimiser » la solution finale.

Un avant-propos de l'auteur nous présente son ouvrage comme un complément des Mémoires de cet officier SS, qui malheureusement a réellement existé : Rudolf Höss. Intéressant d'ailleurs de mettre en perspective l'un et l'autre, auteur et personnage du romancier. Robert Merle aurait en effet été très marqué par sa captivité qui a duré de 1940 à 1943 et qui deviendra l'un des sujets qui marqua son oeuvre.

Le récit de la mort est mon métier se découpe en deux temps. le premier, celui par lequel nous apprenons à connaitre Rudolf. Son enfance, marqué par l'un figure d'un père névrosé et tyrannique. Des tocs et des traits de caractères qui apparaissent très jeune et une dévotion absolue à la Patrie. Cet ensemble conduira le jeune Rudolf à s'engager très tôt au parti nazi, alors que celui-ci était encore clandestin.

Le second temps, celui où tout bascule, est le moment où il accepte la mission spéciale qui lui est confiée par le Reichfuhrer lui-même : le point de non retour de l'indignité humaine, la solution finale. Celle-ci est alors abordée de manière factuelle, industrielle même. Comment respecter les cadences imposées par le rythme des convois de plus en plus fréquent. Aucune humanité ne rentre en ligne de compte là dedans et le commandant ne se pose d'ailleurs à aucun moment la question. Pour lui, une seule chose compte : on lui a donné un ordre, il doit y répondre bien, voire mieux que bien.

Il est sûr que l'on ne peut pas s'attacher au personnage principal, même son enfance, malheureuse il faut bien l'avouer, ne m'a pas émue et ne peux expliquer ce manque, que dis-je, cette absence totale d'humanité dans ce personnage.

Pour terminer, j'aimerai préciser une dernière chose remarquable sur ce livre. Il s'agit de sa précocité. Aujourd'hui en effet, nous l'avons dit plus haut, les ouvrages historiques ou romans, ainsi que les témoignages sont nombreux sur le sujet. Mais, 1950 mais surtout publie en 1952 ce livre j'imagine la « révolution » que cela a dû être, alors que la réalité de ce qui s'est passé dans les camps restait à la fois un mystère et surtout un tabou. le courage de cet auteur, qui s'adresse à un public qui n'est pas prêt à lire ce qu'il a à dire, ne fait qu'ajouter à mon admiration.

Je recommande la lecture de ce livre, à compléter par la lecture de Si c'est un homme de Primo Levi, pour lire les choses de l'autre côté.
Lien : http://mediatexte.blogspot.c..
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Sidérant. Ce livre est un monstre. Il dépeint la construction d'un homme simple, un opérationnel. Il suit strictement les ordres et trouve une complète satisfaction à repondre aux consignes sans se poser de question. L'absence d'esprit critique chez cet homme fait froid dans le dos.

C'est l'humain qui va construire les fours d'Auschwitz, la dernière version. Il va chercher à remplir les critères suivants : productivité, rapidité et confidentialité. Ces usines de la mort vont passer par son cerveau et devenir "rentables".

Bon je dois vous dire quand même que le début commence lentement et on a du mal à trouver le moindre attachement à cette histoire. C'est après quelques centaines de page que je suis passée en mode analyse psychologique et je n'ai pas quitté cette place jusqu'à la fin. Je me suis demandée à quel moment le personnage principal, qui a vraiment existé, a été conscient que répondre à des ordres dans les circonstances décrites correspondaient à ses choix propres ...

Il manque une outil à cet homme : l'esprit critique (quoi que on peut l'avoir et continuer à faire de la m***e ... ). Je m'embrouille toute seule dans cette critique ... C'est surtout que la nature humaine ne cessera jamais de m'étonner.
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