AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782290341032
153 pages
J'ai lu (24/08/2005)
3.24/5   68 notes
Résumé :
" Aimer est exceptionnel. Ne pas aimer est la règle. Accepter cette règle devrait donner un début de bonheur" Ces Mémoires d'un loser magnifique récapitulent l'itinéraire de "l'Oncle ", un célibataire dépressif qui n'a aimé qu'une Polonaise et une divorcée. Il boit, il est sarcastique, émotif et prof dans un lycée. Il a des neveux, ça le rend nerveux. Sur un ton joyeusement blasé, qui vire parfois au lyrisme bouleversant, il brosse page après page le portrait d'un e... >Voir plus
Que lire après MammifèresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mammifères est un roman écrit au vitriol avec ici ou là quelques relents lyriques qui remontent du fond des tripes.
Comme le dirait Coluche, c'est l'histoire d'un mec, petite brebis galeuse d'un troupeau de mammifères, dominé par une matriarche.
Le héros, dont on ne connaîtra jamais le prénom traîne ses quarante ans et son mal être de bars en bars.
Pas plus fixé socialement qu'affectivement, le seul lien qui le relie à sa famille est son statut "d'oncle", c'est ainsi d'ailleurs qu'il est désigné tout au long de ce roman qui relate sa vie aussi creuse qu'une coquille vide.
C'est cynique, froid et bêtement méchant et réducteur, surtout les pages concernant l'éducation nationale qui m'ont un poil hérissée!
Ensemble relativement décevant malgré quelques paragraphes assez incisifs, mais contrairement à Desproges qui sut toujours trouver le ton décapant voire même cruel, là, Pierre Mérot dépasse bien souvent les limites de l'acceptable par une accumulation grandiloquente qui dessert son talent.
Famille je vous hais! Grandir c'est aussi savoir pardonner et vivre une relation apaisée avec ses parents...
Mammifères! Est-ce que j'ai une gueule de mammifère?
Commenter  J’apprécie          450
Mammifères... Un drôle de titre, un drôle de roman. J'entends drôle dans tous les sens du terme. Il m'a fait rire avec des tournures caustiques, mais ça m'a fait tout drôle aussi les jets de feu que j'ai pris dans la gueule. Parce que Pierre Mérot vous décalque la tronche : non seulement il vous explose les vomissures de cette société qui broie l'homme mais il garde, lui, beaucoup d'humanité et de tendresse dans ses mots pour lesdits ratés, tels que les nomme cette même société. le narrateur raconte l'histoire d'un raté, oncle de son état. C'est peut-être lui, c'est peut-être moi, c'est en tout cas certainement une part de moi et c'est ce qui m'a plu.
J'ai adoré cet auteur.
Ses pensées sont cash et sa manière de les envoyer peut surprendre par la violence mais pour autant ce n'est pas lui l'auteur de cette violence. Il ne fait que raconter la vie de beaucoup. le travail (au sein d'une maison d'éditions ou dans un lycée...), le sexe et l'amour (à ne pas confondre), les parents et les enfants (mon festin, personnellement j'ai fait bombance dans ses descriptions des rapports familiaux), les psy (franchement, ce livre va ruiner beaucoup de psy car les démonstrations valent dix ans de thérapie) et... l'alcool ! Faut bien une petite aide parfois, non ? À la tienne mon ami. On s' aime, hein ? le pochtron, après minuit et quatre tournées, a ce merveilleux avantage qu'il vous répondra : oui. Ainsi... Adieu la solitude de ce monde (pour ce soir)
Commenter  J’apprécie          436

Cette histoire, c'est un raté qui vous la raconte. Il y a un raté dans chaque famille, n'est-ce pas ? L'oncle est celui-là. Sa vie professionnelle est loin des aspirations que ses géniteurs avaient conçues pour lui. Sa vie amoureuse est un désastre et, au-delà, sa vie sociale est un égout. Alcoolique, dépressif et désabusé, il fait peu à peu le vide autour de lui. « L'oncle ne boit donc pas parce qu'il est seul, mais qu'il veut l'être. » (p. 14) le grand drame de son existence, c'est l'amour absent, l'amour qu'il ne sait pas retenir. « S'il est possible de mourir – de mourir physiquement – d'un manque d'amour, alors l'oncle est en train de mourir. Cela prendra un certain temps, mais il mourra. » (p. 14)

Mais le veut-il vraiment cet amour ? le récit qu'il donne de son mariage avec la Polonaise et de sa relation avec la divorcée indique plutôt un méticuleux sabotage de l'amour, une vicieuse tendresse dans l'art de détruire l'amour. Une fois l'amour enfui, que fait-il ? Il boit, c'est logique. « S'il faut comprendre l'alcoolique, qu'on admette d'abord qu'il est une machine parfaite qui produit chaque jour du manque pour obtenir de la satisfaction ; une fois atteinte, l'alcoolique sécrète à nouveau du manque ; et ainsi de suite. […] Par ces lignes, on voit que l'alcool entretient un rapport essentiel avec l'amour et la destruction. » (p. 16)

Dans une époque où tout semble calibré pour la consommation éphémère, il faut se demander si l'amour aussi est une marchandise remplaçable et sans visage. À en croire l'oncle, ce n'est pas le cas et il semble que nous sommes bien dans le pétrin. « La vie nous fait croire désormais que nous pouvons nous séparer des personnes et aimer à profusion. C'est bien sûr faux. Aimer est exceptionnel. Ne pas aimer est la règle. Accepter cette règle devrait donner un début de bonheur. » (p. 34) Alors peut-on s'aimer pour ne pas souffrir ou pour souffrir moins ? L'autre est-il la solution à la douleur du mammifère qui souffre de sa solitude ? Une fois encore, raté. « L'amour, c'est quand chacun croit que l'autre a trouvé un remède différent, et qu'il va le guérir. Mais la plupart du temps, nous luttons contre des êtres qui nous ressemblent trop, qui souffrent autant que nous, ce en quoi ils sont invincibles. » (p. 35) Autant dire que nous sommes foutus.

Voilà, nous sommes tous des mammifères, bêtement grégaires. Nos pulsions et nos besoins n'ont rien de sublime. Manger, surtout boire et aussi baiser, voilà qui résume le mammifère à l'ère moderne. Mais c'est une définition qui a cours depuis des siècles. L'oncle n'invente rien : il a profondément conscience d'une réalité que les autres cachent sous les ors criards de la civilisation consommatrice et castratrice. L'oncle a peu d'espoir pour le monde, mais son désespoir est plus grivois qu'attristé : « C'est triste à dire, mais enseigner rappelle une chose importante sur l'humanité : l'humanité préfère le fouet à la caresse. En tout cas, si vous caressez, il faut toujours garder le fouet dans l'autre main. » (p. 109) En fait de mammifères, nous ne sommes donc pas des fauves : nous sommes un troupeau bêlant et heureux de se soumettre. « L'époque est médiocre. Plus l'époque est médiocre, plus l'insatisfaction est immense. Des coeurs solitaires battent en silence côte à côte, dans une colère contenue ou encore inconsciente. L'éclatement est proche. » (p. 154) Quel sera-t-il ? On ne le pressent que trop bien.

Le narrateur est figure de l'auteur, aucun doute ou si ténu. Il parle de lui/de l'oncle à la troisième personne, dans une tentative bien vaine de distanciation. Il présente de vieux textes et renvoie à ses autres publications. Il appelle souvent à l'indulgence mais on sent qu'il s'en moque un peu : son désabusement grinçant sur l'amour touche au poétique : « le sexe est peut-être la seule forme, pitoyable ou non, que nous ayons trouvé pour dire quelque chose de l'amour. » (p. 141) Aux chiottes les vers et aux chiottes les romans, l'amour ne s'écrit pas, il se fait. Rien de sublime, juste du contact. Coït à tout va ou étreinte fugace, ce qui compte, c'est jouir même si la conclusion est terriblement pessimiste. L'homme ne sera pas sauvé par l'amour, il ne sera pas sauvé par l'alcool : « Boire, aimer ou vivre, quelle différence ? C'est une même saloperie somptueuse. » (p. 154) Voilà, l'issue est là, à deux doigts, à un jet de plume. Je vous laisse la dire. Moi, j'ai tant aimé ce texte, aux frontières de l'écoeurement, que je ne peux plus en dire un mot.
Commenter  J’apprécie          240
Attendez-vous à trouver chez Pierrot une extension sociétale voire politique de ses malheurs en cul et en amour dans le genre extension de comptoir, sans base très solide, ce qui rend le récit peu palpitant, à peine angoissant, presque dénué de charme. Faire du malheur un pamphlet social avec une teneur vaguement démonstrative, c'est un pari qui fonctionne pendant un quart d'heure, puis qui s'essouffle comme les couples mal assortis.

Dans "Attention Houellebecq revient ! ", Eric Naulleau nous fournit une bonne analyse de la prolifération de ce genre de romans qui s'inspirent trop évidemment du style de Houellebecq, ne parvenant que rarement à égaler sa dépressivité calculée et désespérant les éditeurs qui pensaient se faire du flouze easy.
Commenter  J’apprécie          180
Ce roman ne peut pas laisser indifférent car il étonne d'au moins trois manières. D'abord par son style plutôt vociférant , tonitruant , presque célinien. Un usage un peu excessif du passé simple à la 2ème personne du pluriel, ce qui donne un genre un peu précieux, mais pas trop. Ensuite par sa philosophie, d'une noirceur et d'une désespérance absolue. Pour l'oncle, l'amour n'existe pas, la vie est une longue horreur et la famille un enfer de domination. Enfin par l'intrigue, ou plutôt son absence. Mérot est censé nous raconter la vie de l'oncle (et on se demande s'il ne s'agit pas de la sienne tout simplement ) dans une sorte de longue introspection ou une longue divagation un peu ( et même très) alcoolisée. L'histoire se divise quand même en trois parties bien distinctes: " Gastrite érosive": Pourquoi l'oncle boit-il? Pourquoi passe-t-il tellement de temps dans les bars? Pourquoi papillonne-t-il de femmes en femmes?
"Dépôt de bilan ": les tribulations de l'oncle dans des boulots aussi ridicules qu'insupportables Service militaire au Muséum à titre de souffre-douleur, employé à la Cité des Sciences, puis directeur littéraire dans une obscure maison d'édition et enfin enseignant. On trouve là quelques pages d'anthologie sur la vie d'un collège de banlieue qui montrent que Mérot connait le sujet de l'intérieur, et c'est pas triste !
"Linge sale": là , c'est son "Famille , je vous hais" .
Cette analyse pourrait laisser croire que ce livre est insupportable, imbuvable. Il n'en est rien. Il se dévore, il se déguste même, comme un excellent cognac! On nage dans l'humour le plus noir. Mérot a une vision si désespérante mais si lucide du monde qu'elle en devient presque cocasse et qu'on en redemande .
Bravo, Monsieur Mérot, vous avez amplement mérité votre Prix Flore !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Le travail est l'une des causes essentielles du malheur de l'humanité, l'autre étant l'amour.
Le Préambule de la constitution de la Quatrième République, toujours en vigueur, affirme que "chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi". Le chômage, heureusement, est venu contredire cette hypocrisie. (Page 91)
Commenter  J’apprécie          160
On ne cesse pas d'aimer ceux qu'on a aimés. Mais de personne en personne, de pièce en pièce, on voudrait croire que peu à peu on reconstitue un puzzle, et qu'un jour un visage apparaîtra. Et l'on n'aura plus besoin de chercher. Mais en fait d'image totale nous n'avons que la dernière, et elle n'efface pas les précédentes. Aucune figure n'est oubliée, aucune ne nous retient. C'est ce qui fait que notre vie n'est pas une succession d'échecs, mais une construction incertaine entièrement vouée à l'amour.
Commenter  J’apprécie          90
L'amour c'est quand chacun croit que l'autre a trouvé un remède différent, et qu'il va le guérir. Mais la plupart du temps nous luttons contre des êtres qui nous ressemblent trop, qui souffrent autant que nous, ce en quoi ils sont invincibles.
Commenter  J’apprécie          190
[Parlant de ses collègues enseignantes]

Nos amies artistes animent généralement un atelier au sein de l’établissement, ce qui leur confère une espèce de notoriété municipale et pour ainsi dire politique. Elles ont une mission. Elles produisent chaque année, dans une merveilleuse banlieue multiraciale, à l’ « Espace Jacques Brel », un spectacle à mi-chemin entre Racine et Mamadou Gnou. Qui est Mamadou Gnou ? Nul ne le sait. Le titre en est généralement Couleurs du monde, Mon voisin nègre, Islam mon amour, et très rarement Chatte en furie. On les félicite. Elles retardent l’insurrection de la banlieue. Elles sont généralement connes. Elles sont divorcées et éteintes. Mais comme elles sont professeurs, elles le paraissent un peu moins que la majorité de la population.
Commenter  J’apprécie          50
Couples qui mijotez en silence ce que vous croyez être le grand salut de la séparation, qui pensez que l'amour, le vrai, prolifère autour de vous comme autant de corps dans un catalogue, dont seul votre conjoint vous empêche de tourner les pages, détrompez-vous : autour de vous règne le terrible marché de l'absence d'amour.
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Pierre Mérot (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Mérot
A propos de son roman "Kennedy Junior"
autres livres classés : alcoolismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (177) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3680 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}