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Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782366246544
144 pages
Cambourakis (02/03/2022)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Après le succès des rééditions de "La Maison dans l'impasse" et "Severa", la traduction d'un ouvrage inédit en français. Maria Messina y livre l'un de ses portraits de femmes les plus intéressants avec le personnage de Franca. Sa liberté (sociale et vestimentaire) initiale se trouve peu à peu rognée tandis qu'elle s'éprend d'un homme extrêmement conventionnel à qui elle s'efforce de plaire... au point de perdre le sens de son existence. Une nouvelle réflexion puissa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Fleur c'est Franca, une jolie jeune femme à l'esprit décidé et indépendant qui semble vouloir rompre avec le conformisme de sa classe. Elle est la fille d'un sous-préfet et elle est femme dans les années vingt dans une Italie très attachée aux traditions et aux apparences.

Francesca a coupé ses cheveux, porte des toilettes à la mode et minaude résolument dans les soirées données par sa tante à Florence. C'est là qu'elle rencontre Ernesto, fils de famille sicilien très traditionaliste. Ernesto est attiré par cette femme, mais réalise qu'elle correspond peu aux normes de l'époque et en particulier à celles de la Sicile et de sa famille. Il espère bien pouvoir l'assujettir aux règles de vie qui lui sont propres. Pour le séduire sérieusement, car elle en est tombée amoureuse, Franca entame un long processus de renoncements et de sacrifices.

Encore un joli roman de Maria Messina sur la condition féminine au début du vingtième siècle en Italie. Les jeunes femmes y sont partagées entre une vie plus personnelle, avec leur envie de suivre ce souffle de liberté des années vingt et la nécessité sociale du mariage qui leur donne un statut ‘respectable'. Pour des jeunes femmes au caractère bien assis comme Franca, ce choix nécessaire entraîne des conséquences très lourdes, littéralement étouffantes.

C'est un roman court, au style direct, simple mais élégant, qui parvient en assez peu de pages à décrire le choix impossible des femmes en Italie à l'époque, à travers le destin tragique de Franca, cette jeune fille pétillante et légère qui s'éteindra petit à petit.
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« Une fleur qui ne fleurit pas », de Maria Messina, traduit par Marguerite Pozzoli (2022, Cambourakis, 152 p.) est un petit livre qui narre la condition de deux jeunes filles de Florence, Franca et Fanny. L'action se passe aux alentours des années 1920. Les deux femmes, encore jeunes fréquentent le salon de Madame Delroi, professeur de musique, en attendant de trouver un mari.
Le tout se passe en partie à Florence, « la ville des fleurs », d'après son étymologie latine, avec la fleur de lys dans ses armes, « plante royale » et « reine des fleurs ». La légende rapporte que la ville s'est construite sur des terres abondamment fleuries de lys. La cathédrale Santa Maria del Fiore, du XIIIème y fait référence, construite par les Médicis, de même que la monnaie, le florin.
C'est faire abstraction que Maria Messina est née à Palerme (1887 - 1944), puis a déménagé au gré des nominations de son père entre Toscane et Naples. Elle entre en correspondance avec Giovanni Verga (1840-1922), chef de file du mouvement vériste. Son influence se fait sentir dans ses premiers romans. Deux idées fortes résultent de ce mouvement. L'une est centrée sur les « vinti dalla vita » (les vaincus de la vie), hommage aux petites gens devant faire face à la dureté de leur vie. La seconde idée a trait à « l'ideale dell'ostrica » (l'idéal de l'huître), non pas à la façon de déguster les fruits de mer, mais l'attachement au lieu de naissance, et aux anciennes coutumes qui y sont liées. Son roman le plus connu « I Malavoglia » traduit en « Les Malavoglia » par Maurice Darmon (1997, Gallimard, 394 p.) narre l'histoire d'une famille de pêcheurs siciliens qui vit et travaille à Aci Trezza, minuscule village proche de Catane. C'est la première oeuvre qui aurait dû faire partie du « Cycle des vaincus » inachevé avec « Mastro-Don Gesualdo » (1991, Gallimard, 378 p.) et « La duchessa di Leyra ».
Le roman le plus connu de Maria Messina « La Maison dans l'impasse » (1921) analyse la psychologie de femmes « vaincues parmi les vaincus » qui « n'ont ni la force de s'indigner ni celle de se défendre ». Elles subissent l'oppression des pères ou des maris, et l'incompréhension des mères ou des soeurs. C'est une description de la vie familiale qui asphyxie avant d'étouffer des femmes « pâles, maigrelettes, vêtues de noir ».
« Une fleur qui ne fleurit pas » exprime le même thème, avec le destin séparé de Franca et de Fanny. Les deux amies se fréquentent dans le salon de Mme Delro « une femme grande, maigre, au visage intelligent et aux cheveux blancs ». Fréquente aussi sporadiquement ce salon Stefano Mentesana, avocat arrivé le samedi soir, pour inscrire sa nièce Ninetta, fille de tante Fifi, dans un collège de Florence. A vrai dire, on se fiche de ces histoires. Sauf qu'il faut bien que la rencontre se fasse entre Franca et Stefano, avec on s'en doute, un coup de foudre. Comme quoi, en temps agités et orageux, il faut surtout isoler les filles nubiles. Peu de choses ne se passent, on est en 1923, il ne faut pas s'attendre à des ébats intempestifs. Cependant Franca se coiffe à la garconne et porte des jupes-culottes. L'émancipation par la mode. le beau jeune homme repart dans sa Sicile où à Palerme l'attendent des histoires de boeufs volés et de mandarines à expédier.
Rebondissement dans le scénario, avec la mutation en Sicile du père de Franca, sous-préfet, « le cavaliere Gaudelli » qui emmène avec lui sa fille qu'il qualifie de « poupée ». Et il fait « la connaissance d'un certain Montesana, propriétaire terrien, richissime ». Surtout, ce dernier a un fils « un jeune homme roux comme un épi de maïs », Enfin, pas franchement « roux à proprement parlé, mais blond foncé ». Des gouts et des couleurs... entre l'avocat et la poupée…. Bref, ce ne sont pas non plus ces détails qui forment l'ossature d'un grand roman.
Entre ces épisodes très platoniques, Maria Messina indique aussi la position des parents, des pères principalement, reflets de l'Italie de l'époque. « Un jour ou l'autre, chacune de vous sera en mesure de gagner sa vie honnêtement. Mais tant que je tiendrai debout, je ne permettrai jamais que mes filles sortent de la maison pour se procurer un salaire ».
C'est tout de même le père de Franca qui la pousse à sortir et lui permet de faire connaissance avec Lucia Mentesana qui décrit son fils Stefano comme « un grand coureur de jupons ». On se sait toujours pas comment le roman va s'orienter. Et de plus il neige. « Un beau matin, bien qu'il commençait à neiger, Stefano partit pour la campagne […] sur sa jument noire ». Si, on sait par les confidences de Franca à sa tante Fabiana « Il n'est rien arrivé, à ta nièce chérie, vraiment rien »
C'est tout le message de Maria Messina. Une femme italienne peut-elle être moderne sans devoir renoncer, au mariage, à l'amour, aux enfants qui vont avec, à la charge familiale et au quand-dira t'on ? le poids des traditions.
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Un jour ou l’autre, chacune de vous sera en mesure de gagner sa vie honnêtement. Mais tant que je tiendrai debout, je ne permettrai jamais que mes filles sortent de la maison pour se procurer un salaire
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Un beau matin, bien qu’il commençait à neiger, Stefano partit pour la campagne […] sur sa jument noire
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