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Irène Gayraud (Traducteur)
EAN : 9782877042321
192 pages
Editions Unes (20/08/2021)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Un recueil de poèmes par une des rares femmes ayant eu le prix Nobel de littérature. Une femme sud américaine (Chilienne), issue qui plus est d'un milieu social très pauvre.

Une plume où la nature, la foi, l'amour maternelle est très présente.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne connais pas grand chose à la poésie et encore moins à la poésie chilienne.

J'ai décidé de lire ce recueil pour découvrir Gabriela Mistral qui est une des rares femmes ayant eu le prix Nobel de littérature et parce qu'elle a eu une vie étonnante.

D'après Wikipedia :

"Lucila de María del Perpetuo Socorro Godoy Alcayaga, dite Gabriela Mistral, née le 7 avril 1889 à Vicuña, dans la région de Coquimbo (Chili), et morte le 10 janvier 1957 à New York, est une enseignante, diplomate, féministe et poétesse  chilienne, dont l'oeuvre est couronné par le prix Nobel de littérature en 1945.

Elle est considérée comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne (avec Pablo NerudaPablo de Rokha et Vicente Huidobro)."

Elle est née dans un milieu pauvre mais a réussi à changer de milieu dans les années 40 dans un pays peu connu pour son féminisme. C'est étonnant.

Les poèmes de ce recueil sont nostalgiques des disparus (sa mère, son enfance, etc) et de divers endroits où elle a vécu. Ses textes font référence à la religion catholique.

Je vous mets un texte qui m'a touché.

Je mâche des ténèbres depuis si longtemps,
que je ne sais réapprendre le bonheur;
je marche sur les laves depuis tant de temps
que mes pieds en ont oublié les lainages;
je mords le désert depuis tant d'années
que ma patrie se nomme la Soif.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Toutes nous allions être reines //B
  
  
  
  
Toutes nous allions être reines,
et de très véridique règne ;
mais aucune n’a été reine
ni d’Arauco ni de Copán.

Rosalía embrassa marin
qui avait épousé la mer,
l’embrasseur, dans le Guaitecas,
fut avalé par la tempête.

Soledad éleva sept frères
et son sang laissa dans leur pain,
et ses yeux devinrent noirs
de n’avoir jamais vu la mer.

Dans les vignes de Montegrande,
avec son noble et pur sein blanc,
elle berce les fils d’autres reines
mais les siens au grand jamais.

Efigenia croisa étranger
sur les routes, et sans parler,
le suivit, sans lui savoir nom,
parce que l’homme semble la mer.

Et Lucila * qui parlait aux fleuves,
et aux cannaies et aux montagnes,
dans les lunes de la folie
reçut royaume véritable.

Dans les nues elle compta dix fils
et dans les salines son règne,
dans les fleuves elle vit des époux
et son manteau dans la tempête.

Mais dans la vallée de l’Elqui, où
sont cent montagnes, ou sont bien plus,
chantent les autres qui sont venues
et celles qui viennent chanteront :

- « Sur la terre nous seront reines,
et de très véridique règne,
et si grands seront nos royaumes
que toutes nous atteindrons la mer. »


/ Traduit de l’espagnol par Irène Gayraud

* Lucila était le prénom de naissance de Gabriela Mistral
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Toutes nous allions être reines //A
  
  
  
  
Toutes nous allions être reines,
de quatre royaumes sur la mer :
Rosalia comme Efigenia
Lucila comme Soledad.

Dans la vallée de l’Elqui, ceinte
de cent montagnes, ou de bien plus,
qui comme offrandes ou tributs
s’embrasent en rouge et safran.

Nous le disions toutes grisées,
et nous le tînmes pour vérité,
que nous serions toutes des reines
et que nous atteindrions la mer.

Avec les tresses de nos sept ans,
et claires blouses de percale,
en poursuivant des étourneaux
enfuis dans l’ombre des figuiers.

Des quatre royaumes, nous disions,
indubitables tels le Coran,
qu’ils seraient grands et si parfaits
qu’ils s’étendraient jusqu’à la mer.

Quatre époux nous épouserions,
quand viendrait le temps d’épouser,
et qui étaient rois et chanteurs
comme David, roi de Judée.

Et si grands seraient nos royaumes
qu’ils possèderaient, sans nul doute,
des mers vertes, des mers d’algues,
et ce fou d’oiseau, le faisan.

Et comme nous aurions tous les fruits,
arbre à lait et arbre à pain,
le gaïac nous ne couperions
ni ne mordrions le métal.



/ Traduit de l’espagnol par Irène Gayraud
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L’étrangère
à Francis de Miomandre



– Elle parle avec accent de ses mers barbares,
avec ne sais quelles algues et ne sais quels sables ;
récite une oraison à dieu sans poids ni forme,
vieillie comme si elle mourait.
Dans notre verger qu’elle nous rendit étrange,
elle a planté cactus et herbes griffues.
Elle respire des haleines du désert
et a aimé d’une passion dont elle blanchit,
qu’elle ne conte jamais ; si elle nous la contait
elle serait comme la carte d’une autre étoile.
Elle vivra parmi nous durant quatre-vingts ans,
mais toujours semblera comme en train d’arriver,
parlant une langue qui gémit et halète
et que comprennent seules les bestioles.
Et elle va mourir au milieu de nous tous,
une nuit qu’elle souffrira comme jamais
avec son destin seulement pour oreiller,
d’une mort muette et étrangère.


/traduit de l'espagnol (Chili) par Irène Gayraud
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Pays de l’absence
à Ribeiro Couto
  
  
  
  
extrait 3

Il m’est né de choses
qui ne sont pays :
de patries, de patries
que j’eus et perdis ;
et des créatures
que je vis mourir ;
de ce qui fut mien
et de moi s’en fut.

Perdues cordillères
où j’avais dormi ;
perdus vergers d’or
suaves pour vivre ;
perdues pour moi, îles
de joncs, d’indigo,
et toutes leurs ombres
ai vu m’entourer
jointes et amantes
se faire pays.

Crinières de brumes
sans dos et sans nuque,
souffles endormis
les ai vus me suivre,
en années errantes
devenir pays.
en pays sans nom
je m’en vais mourir.


/ Traduit de l’espagnol par Irène Gayraud
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Pain

                              à Teresa y Enrique Diez-Canedo



extrait 1

On a laissé un pain sur la table,
moitié brûlé, moitié blanc,
picoré sur le dessus et ouvert
en mies blanches comme flocons.

Il me paraît neuf ou comme non vu,
et rien d’autre que lui ne m’a alimentée,
mais en roulant sa mie, somnambule,
j’ai oublié toucher et odeur.

Il a l’odeur de ma mère donnant son lait,
l’odeur de trois vallées par où je suis passée :
celle d’Aconcagua, de Patzcuaro, d’Elqui,
et celle de mes entrailles quand je chante.

Il n’y a pas d’autres odeurs dans la pièce
et c’est pourquoi il m’appela ainsi ;
et personne non plus dans la maison
sauf ce pain ouvert sur une assiette,
qui de son corps me reconnaît
et que du mien je reconnais.

Fut mangé sous tous les climats
le même pain entre cent frères ;
pain de Coquimbo, pain de Oaxaca,
pain de Santa Ana et de Santiago.

En mes enfances je lui connaissais
forme de soleil, de poisson, de halo,
et ma main connaissait sa mie
et sa chaleur d’oisillon emplumé...



/traduit de l'espagnol (Chili) par Irène Gayraud
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Video de Gabriela Mistral (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabriela Mistral
Gabriela MISTRAL – Éros & Tragédie (France Culture, 1992) Une émission des « Chemins de la connaissance », par Eve Griliquez, diffusée le 12 février 1992. Présences : Orlendo Jimeno-Grendi et Waldo Rojas.
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