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Marie Olivier (Traducteur)
EAN : 9782072939778
160 pages
Gallimard (18/03/2021)
3.91/5   69 notes
Résumé :
Louise Glück compte depuis longtemps parmi les voix majeures de la poésie contemporaine outre-Atlantique. Son œuvre, née de l’expérience et de la voix d’une femme, traverse le féminin tout en lui résistant car la biographie, quand elle a eure dans ses poèmes, ne subsiste que comme trace : l’événement, déjà passé au tamis du langage, laisse place à sa profondeur, à son interprétation, à l’interrogation.
Le jardin où l’on croise furtivement John, un mari qui cu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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« Au bout de ma douleur
il y avait une porte. »

Je suis entré par cette porte dans ce récit, par cette phrase.
Il n'est jamais facile de parler de poésie, d'écrire sur la poésie. La poésie se tient comme quelque chose qui ne demande pas qu'on la décrive, qu'on la commente, encore moins qu'on la juge. Tout juste pouvons-nous tenter de balbutier un ressenti devant ce qu'elle nous dit.
Je suis entré dans L'iris sauvage, recueil de poèmes écrit par Louise Glück, comme on entre dans un jardin. D'ailleurs ce thème du jardin est le fil rouge qui entrelace tous les poèmes de ce livre.
Le thème du jardin me plaît et se tenir au seuil d'un jardin encore plus. Cette vision est emplie de métaphores qui me réjouissent et pour moi plus particulièrement celle justement de se tenir au seuil d'un jardin, - cet instant du désir avant d'y venir, me parle, me porte, m'emporte, en dit long sur nos belles hésitations.
Ce texte m'a parfois résisté, dense, complexe, aimant jouer avec le lecteur et le perdre jusqu'à ne plus savoir qui parle, qui s'exprime dans la beauté des mots et le parcours des saisons. L'écrivaine, un jardinier, Dieu peut-être, un Dieu hypothétique, - en tous cas pas pour moi je n'en veux pas, un Dieu invisible dont les poèmes expriment parfois une forme de reproche en son absence...
Tout au long de ce recueil, je me suis demandé qui parlait. J'ai aimé cette ambiguïté du texte avec lequel l'autrice joue magnifiquement.

« Une fois que tout me fut arrivé,
le néant m'arriva. »

J'ai effleuré une confidence, une confession, celle de Louise Glück, mais je n'en suis pas sûr et peut-être que ce doute en moi rajoute une qualité supplémentaire à mon ressenti envers ce livre.
Il y a quelque chose de très féminin dans l'écriture de Louise Glück. Mon propos pourra vous surprendre, mais bon nombre de textes écrits par des écrivaines portent peu cette dimension féminine. Ici j'ai aimé ce ton, cet engagement, cette liberté.

« Parfois, un homme ou une femme impose son désespoir
à une autre personne, ce qui s'appelle
mettre son coeur à nu, ou alors mettre son âme à nu –
ce qui pour l'instant signifie qu'ils ont reçu une âme –
dehors, un soir d'été, un monde entier
relégué sur la lune : des groupes de formes argentées
pouvant bien être des bâtiments ou des arbres, le jardin étroit
où le chat se cache, se roulant dans la poussière sur le dos,
la rose, le coreopsis, et dans les ténèbres, le dôme doré du capitole
converti en un alliage de clair de lune, forme
dépourvue de détails, le mythe, l'archétype, l'âme
pleine d'un feu, vrai clair de lune, tiré
d'une autre source, et qui, brièvement
luit comme luit la lune : pierre ou pas,
la lune a encore tout d'un être vivant. »

J'ai découvert une voix singulière qui nous touche dans l'intime et convoque sans arrêt l'universel.
Louise Glück dit avec acuité le bonheur, mais aussi l'inquiétude liée à ce bonheur qui est celle de l'attente, une attente perpétuelle, celle de l'autre, celle d'un monde peut-être meilleur.
Je découvre avec étonnement l'édifice que représente ce texte, où tous les poèmes semblent reliés les uns aux autres par un fil invisible, se faisant écho mutuellement. On pourrait évoquer l'image du kaléidoscope pour décrire la sensation que j'ai éprouvée devant ce texte magistral.
Il y a aussi une beauté dans ce dialogue triangulaire entre les fleurs, le jardinier et le divin.
Ne nous y trompons pas, Louise Glück nous convoque dans un jardin bien réel, bien terrestre qu'il est réjouissant de visiter.
Parfois je reconnais que la présence un peu lourde de Dieu, - on va dire les choses comme cela, m'a un peu agacé, je lui aurais bien dit d'aller se voir ailleurs pour que je puisse enfin communiquer sans filtre avec la narratrice.
Ce qui saisit ce texte, c'est son apparence fragmentée, et une fois la lecture achevée, nous découvrons la cohérence de l'ensemble comme quelque chose d'abouti.
J'ai aimé la polyphonie de ces poèmes, leurs respirations.
J'ai aimé accueillir ces poèmes comme une sorte de résistance au monde, un désir profond d'exister, une envie de donner sens à nos vies.
J'ai lu dans ces poèmes un cri, celui d'exister. Et c'est beau.

« Quelque chose
vient au monde sans y avoir été invité
provoquant le désordre, le désordre –
Si tu me hais tant,
ne t'embête pas à me donner
un nom : as-tu besoin
d'une autre insulte
dans ta langue, une autre
façon de blâmer
une tribu pour tout –
comme nous le savons tous les deux,
pour adorer
un seul dieu, on a besoin
d'un seul ennemi –
Je ne suis pas l'ennemi. »

Ce sont des poèmes qui chantent, mais ne racontent rien, ne nous racontent rien sauf peut-être ce que nous voulons entendre.
Comment concilier l'ici et le maintenant ?
Le silence du matin,
Le chant des oiseaux,
Les mots dessinent à chaque instant l'image d'un départ, esquissent un visage,
Se croire libre de négliger cette tristesse qui vient,
Se promener dans le jardin d'été,
Entendre le vent du soir,
Ici le chagrin ressemble à la tige nue d'une fleur qui tient encore debout.

Ce texte ressemble à un dialogue mystique et nous propulse au dessus du monde immobile par la simple force et beauté des mots.
Si je devais me souvenir d'un seul instant qui m'a émerveillé, éveillé à cette lecture, ce serait celui-ci :
« Demeurer immobile dans l'instant qui précède l'éclosion de la fleur
Là où rien ne s'est encore passé. »

J'ai aimé me tenir à la porte de ce jardin comme un enfant hésitant au seuil de cette porte.
Les saisons passent et l'autrice nous invite peut-être à cette seule question lancinante : croire ou ne pas croire.

« Je voulais rester comme j'étais,
immobile, comme le monde ne l'est jamais,
pas au coeur de l'été mais l'instant précédant
l'éclosion de la première fleur, l'instant
où rien ne s'est encore passé –
non pas au coeur de l'été, le stupéfiant,
mais au printemps tardif, l'herbe pas encore
haute au bord du jardin, les tulipes
pas encore tout à fait écloses –
comme un enfant hésitant au seuil de la porte, observant les autres,
ceux qui partent les premiers,
amas de membres roides, à l'affut de
l'échec des autres, à l'affût des hésitations publiques,
doué de l'implacable assurance des enfants avant l'attaque imminente,
s'apprêtant à vaincre
ces faiblesses, à ne succomber
à rien, l'instant juste
avant la floraison, l'ère de la maîtrise
avant l'apparition du don,
avant la possession. »

Je referme cette porte, celle d'un jardin en embuscade qui veille en nous, - qu'il soit en friche ou ordonné, - de préférence en pagaille, peut-être japonais qui sait, qui ressemble à l'endroit où j'invite parfois l'âme soeur que j'aime pour y déambuler avec elle et croire un peu en l'éternité.
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C'est vrai qu'on sent l'influence d'Emily Dickinson sur Louise Glück, mais la comparaison peut produire une certaine déception: je n'ai retrouvé ni la fraîcheur, ni l'impression de spontanéité, la sensation d'une présence chaude et vivante. Il y a dans L'Iris sauvage quelque chose de beaucoup plus distancié, beaucoup moins frémissant, plus obscur.
Le je est fuyant, on ne sait pas toujours bien qui parle, mais il y a quelque chose d'intime qui se dit. Parfois cependant l'ambiguïté des locuteurs m'a gêné, un côté devinette devenant un peu écrasant, piétinant la possibilité d'être émue.
Mes sentiments sont assez contrastés à la lecture de ce recueil, par moments j'ai été séduite par une écriture qui me semblait profonde et subtile, effleurant de beaux mystères. Parfois, le livre me tombait des mains, la polyphonie me semblait artificielle, l'écriture me paraissait manquer de chaleur, de générosité, voire d'authenticité - en tout cas, ça ne me parlait pas.
Bref, pas complètement convaincue par ce prix Nobel 2020.
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L'un des rares recueils de Louise Glück édités en France. le thème des fleurs et du jardin m'a attiré, il n'est pas si fréquent que cela en littérature, même poétique. Les fleurs sont d'habitude plutôt présentes à titre de métaphores que comme thème central. La structure de ce recueil est très originale : une alternance de trois types de poèmes. Les uns, au noms de fleurs, où les fleurs interpellent leur créateur, jardinier, entité énigmatique, nature, ou Dieu, cela n'est pas précisé. Ce sont mes préférés, ce sont aussi les plus lisibles isolément.
Une autre série de poèmes portent comme titres des moments de l'année, de la journée ou de situation météorologique. Ces textes-là sont aussi à la première personne, donnant la parole à une sorte de Dieu créateur. Et puis il y a une troisième série de poèmes portant pour titres les noms de prières religieuses (Matines et Vêpres), encore à la première personne, mais cette fois il s'agit d'un être humain qui s'adresse à Dieu. Ces poèmes sont souvent assez sombres. J'ai apprécié ce «je» changeant qui met fleurs et humains sur un même plan, ce triple changement de points de vue qui s'interpellent et se répondent. La façon dont Louise Glück rend la place de la nature avec l'alternance des saisons, l'alternance des temps de la journée, est particulièrement intéressante. Si la construction du recueil est complexe, l'écriture est très sobre, pleine de délicatesse. Par contre je dois avouer que le message que veut faire passer l'auteur m‘a échappé, sa vision philosophique ou spirituelle est restée assez énigmatique pour moi, de même que souvent les liens d'un poème à l'autre.
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Je découvre Louise Glück grâce au challenge Nobel et grâce aussi à son prix Nobel qui a permis à ce que ses recueils soient enfin traduits. Enfin parce que la poétesse a tout de même plus de 70 ans et est considérée comme une auteure majeure de poésie aux Etats-Unis alors qu'elle était jusque là inconnue sous nos latitudes. Pour l'instant, deux de ses recueils existent maintenant en français, espérons qu'il y en aura d'autres.
C'est tout un univers métaphysique qui naît du jardin de Louise Glück; où chaque plante évoque pour elle un moment de vie, un sentiment, la vie, la mort, la rupture. Chaque poème a une voix, à nous d'imaginer laquelle: celle d'une femme qui observe son mari ou son fils? Celle d'une des fleurs consciente de son impermanence? Ou celle d'un Dieu qui maîtrise chacune de ses minuscules existences? Celle, enfin, du silence, de la nature, ou de toute entité dominant ce coin de jardin comme un démiurge?
A nous d'apposer nos sentiments et nos pensées sur ces voix (sur)naturelles. C'est là toute la puissance évocatrice de la poésie: quand elle devient universelle, et parle à chacun de nous.
Lire ce recueil est un peu comme se promener dans son jardin, faire une pause devant un végétal et l'écouter vivre, se laisser transfigurer.
Partir de la nature et en particulier des fleurs pour faire de la poésie, dit comme ça, n'a rien d'original, et pourtant j'ai trouvé ce recueil à part, particulier dans le genre. A la fois très classique (Ronsard il y a déjà 500 ans évoquait la rose comme figure allégorique) et très moderne.
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Comme beaucoup de gens, je pense, j'ai découvert le nom de Louise Glück lorsque le prix Nobel de littérature 2020 lui a été attribué. Elle n'avait pas connue à l'époque de traductions autres que dans des revues, mais le prestigieux prix a fait que deux de ses recueils sont sortis chez Gallimard en 2021. Mon chemin les a croisé dans une librairie amie, et j'ai un peu au hasard, embarqué cet Iris sauvage.

Nous sommes dans un jardin. L'auteure-narratrice-jardinière nous parle, et sa voix se mêle à celles de fleurs, de plantes. Mais aussi à une autre voix, celle d'un être d'une autre nature, un créateur, un jardinier suprême si l'on peut dire. Mais l'existence de ce dernier n'est pas certaine : est-ce lui qui parle ou est-ce juste une voix inventée, une hypothèse, une éventualité qu'on évoque. Cette voix paraît lointaine, cet être transcendant ne semble pas très intéressé par les petites créatures qui pourraient avoir besoin de lui, il semble les laisser pas mal à elle-mêmes. le cycle de poème se déroule suivant les saisons, les floraisons, en premier celle de l'Iris sauvage du titre, jusqu'aux dernières de la fin de l'été, celles un peu trop tardives, qui sont l'annonce de la fin ; puis les dépérissements arrivent. le cycle des saisons, le cycle des existences, éphémères, rapides, impossibles à arrêter. Les poèmes aux noms florales alternent avec les noms de saisons, et avec les oraisons (Matines, Vêpres). le jardin, symbole de la vie, dans sa brièveté, son aspect changeant, sa vitalité, mais aussi la fin prévue dès le départ. Même si la renaissance ne paraît pas être une vraie éventualité.

C'est une poésie qui sous des allures très simples est très construite, pensée. Les poèmes se complètent, prennent sens les uns par rapport aux autres. L'interrogation centrale semble être quel sens donner à la souffrance et à la mort, qui est la sans doute la question essentielle de l'homme depuis qu'il existe. Pas de réponse définitive ni dogmatique ici, plutôt un questionnement, dont on sait qu'il sera pas résolu, d'autant plus que l'auteure refuse le rassurant et le facile.
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critiques presse (1)
Elle
17 octobre 2023
Autour du jardin et des fleurs, la poétesse dresse de belles métaphores sur l’absence divine, l’inconsolation et l’identité.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
The great thing
is not having
a mind. Feelings :
oh, I have those ; they
govern me. I have
a lord in heaven
called the sun, and open
for him, showing him
the fire of my own heart, fire
like his presence.
What could such glory be
if not a heart ? Oh my brothers and sisters,
were you like me once, long ago,
before you were human ? Did you
permit yourselves
to open once, who would never
open again ? Because in truth
I am speaking now
the way you do, I speak
because I am shattered.

The Red Poppy




Le grand avantage
est de ne pas avoir
d’esprit. Des sentiments ?
Oh, ça, j’en ai ; ce sont eux
qui me gouvernent. J’ai
un seigneur au paradis
appelé le soleil, et je m’ouvre
à lui, lui montrant
le feu de mon propre cœur, feu
semblable à sa présence.
Que pourrait être une telle gloire
si ce n’est un cœur ? Oh, mes frères et sœurs,
avez-vous un jour été comme moi, il y a longtemps,
avant que vous ne soyez humains ? Vous êtes
vous permis
de vous ouvrir une fois seulement, vous qui ne
vous ouvrirez jamais plus ? Car en vérité,
je parle là
de la même façon que vous. C’est parce que
je suis détruit que
je parle.

Le coquelicot rouge

(Traduction de Marie Olivier)
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PRESQUE ISLE

Dans chaque vie, il arrive un instant ou deux,
Dans chaque vie, une chambre quelque part, à la mer ou à la
la montagne.

Sur la table, un plateau d'abricots. Des noyaux dans un
cendrier blanc.

Comme toutes les images, celles-ci étaient les conditions
d'un pacte :
sur ta joue, tremblement de la lumière du jour,
mon doigt pressant tes lèvres.
Les murs bleu-blanc ; la peinture du petit secrétaire.
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L’IRIS SAUVAGE



Au bout de ma douleur
il y avait une porte.

Écoute-moi bien : ce que tu appelles la mort,
je m’en souviens.

En haut, des bruits, le bruissement des branches de pin.
Puis plus rien. Le soleil pâle
vacilla sur la surface sèche.

C’est une chose terrible que de survivre
comme conscience
enterrée dans la terre sombre.

Puis ce fut terminé : ce que tu crains, être
une âme et incapable
de parler prenant brutalement fin, la terre raide
pliant un peu. Et ce que je crus être
des oiseaux sautillant dans les petits arbustes.

Toi qui ne te souviens pas
du passage depuis l’autre monde,
je te dis que je pus de nouveau parler : tout ce qui
revient de l’oubli revient
pour trouver voix :

du centre de ma vie surgit
une grande fontaine, ombres
bleu foncé sur eau marine azurée.

p.25

/ traduction de l’anglais (états unis) par Marie Olivier
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VENT FAIBLE
 
Lorsque je vous ai créés, je vous aimais.
Désormais, je vous plains.
 
Je vous ai donné tout ce dont vous aviez besoin :
un lit de terre, une couverture d’air bleu –
 
Alors que je m’éloigne de vous peu à peu
je vous vois plus clairement.
Vos âmes devraient être immenses désormais,
pas ces
petites choses parlantes –
 
Je vous ai donné tous les dons,
le bleu des matins de printemps,
du temps que vous n’avez pas su utiliser –
vous vouliez plus, seul don
réservé à une autre créature.
 
Peu importe ce que vous espériez,
vous ne vous retrouverez pas dans le jardin,
parmi les plantes qui poussent.
Votre vie n’est pas circulaire comme la leur :
 
votre vie est semblable au vol de l’oiseau
qui commence et s’achève dans la stase –
qui commence et s’achève, et dont la forme fait écho
à l’arc se déployant du bouleau blanc
jusqu’au pommier.
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CIEL ET TERRE
Là où l’un s’arrête, l’autre commence.
Au-dessus, une bande de bleu, en dessous,
une bande de vert et d’or, de vert et de rose profond.
John se tient au bord de l’horizon : il veut
les deux à la fois, il veut
tout à la fois.
Les extrêmes, c’est facile. Il n’y a
que le milieu qui soit un problème. Le milieu de l’été –
tout est possible.
En d’autres termes : jamais plus la vie n’aura de fin.
Comment puis-je laisser mon mari
planté là, dans le jardin,
à rêver ce genre de choses, tenant
victorieusement son râteau et
s’apprêtant à annoncer cette découverte
alors que le feu du soleil estival
s’obstine à rester au point mort,
entièrement contenu par
les érables en feu
au bord du jardin.
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Vidéo de Louise Glück
Disparue le 13 octobre 2023, encore trop peu connue en France malgré un prix Nobel de littérature en 2020, Louise Glück poursuivait son chemin solitaire en poésie, n'appartenant à aucune école et aucune mode. Tout en retenue, son style est néanmoins de plus en plus narratif. En témoignent ces quinze recettes qui, tantôt sur le mode de la fable, tantôt sur le mode de la bribe autobiographique, racontent la fin d'une vie et les souvenirs qui remontent d'un passeport oublié à un bonsaï qu'on taille.
L'avis des critiques :
Pour Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit, la voix de Louise Glück ne se laisse pas cataloguer, à la fois très retenue et très lyrique, intimiste et réflexive. Par ailleurs, Anne Dujin évoque la présence d'un “je” poétique dispersé, avec des passages entiers qui semblent biographiques, mais dans lesquels le doute s'instille.
le documentariste et auteur Romain de Becdelièvre a beaucoup apprécié l'aspect collectif de cette poésie qui se fait et s'écoute à plusieurs, là où selon lui la poésie est souvent de l'ordre de la solitude et du solipsisme. En outre, il s'est dit touché par “l'hommage rendu à des ancêtres fantasmatiques et imaginaires” dans ce recueil.
#poesie #louisegluck #littérature __________________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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