AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 4159 notes
Dom Juan est une pièce de Molière, sans doute une des plus sulfureuses mais pas nécessairement la plus dangereuses. En effet, elle est centrée sur les moeurs dissolues du personnage principal sans véritable remise en cause des institutions et des lois collectives de l'époque.
Molière projette à dessein sa pièce en Sicile et se concentre sur les vices individuels du personnage. le lien entre ses vices et son statut de noble n'est pas au coeur de l'intrigue.
La morale est sauve à la fin car Dom Juan est puni par la descente aux Enfers.
Une pièce intéressante qui se révèle être un divertissement acceptable présenté par Molière, qui sait mieux que quiconque quels sont les limites à ne pas franchir avec les censures.
Commenter  J’apprécie          90
Qui n'a jamais entendu parler du personnage de Dom Juan ? Il est quasiment devenu un mythe dans le langage courant puisqu'on emploie fréquemment ce terme pour qualifier un homme plutôt volage et très séducteur. En effet, dans la pièce de Molière, le personnage de Dom Juan est un jeune noble vivant en Sicile et qui fait des ravages autour de lui de par son charme. Cependant, celui-ci, très sûr de lui et du pouvoir qu'il exerce sur les femmes, en profite un peu trop et en abuse même. C'est ainsi qu'en arrachant le belle et jeune Done Elvire de son couvent, en lui promettant le mariage -promesse qu'il n'a pas l'intention de tenir-, il s'attire les foudres des deux frères de cette dernière qui entendent bien lui faire respecter ses engagement. C'est grâce aux sermons de son père Dom Louis et de son fidèle serviteur Sganarelle que Dom Juan sera remis sur la voie de la rédemption, même s'il ne trouvera celle-ci que dans la mort.

Magnifique pièce tragi-comique de Molière qui reste un véritable classique, voire même un mythe de la littérature française. Les vers sont splendides, rendant ainsi la pièce admirable. J'ai repensé à ce livre il y a peu de temps puisque j'ai eu l'immense honneur d'en voir une adaptation jouée (en mise en scène) par Francis Huster, dans le rôle de Dom Juan mais aussi avec Francis Perrin, dans le rôle de Sganarelle aux "Nuits de la Citadelle" à Sisteron (04). Tout comme le livre, cette mise en scène est un vrai chef-d'oeuvre !
Commenter  J’apprécie          91
http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/search/label/Moli%C3%A8re

Extrait :

Le fou de Dieu. Molière, Dom Juan

Il me semble qu'un contresens est fait à propos de cette pièce lorsqu'on affirme que Dom Juan est athée. Ce sont les deux premières scènes de l'acte III qui sont citées afin d'étayer cette thèse. Dans la première, Dom Juan se moque des croyances de Sganarelle à propos du Ciel, de l'Enfer, du diable, de la vie après la mort, du Moine bourru et de la preuve physico-théologique et finit par affirmer qu'il ne croit qu'en une seule chose, à savoir que « deux et deux sont quatre » et que « quatre et quatre sont huit ». Dans la seconde, Dom Juan promet un Louis d'or au pauvre à condition qu'il jure et, comme il refuse obstinément de le faire, Dom Juan lui abandonne quand même la pièce « pour l'amour de l'humanité ».
Quelle est la valeur de ces preuves ? Nulle. Il ne faut, en effet, pas confondre la critique de la religion, de la pratique religieuse avec la critique de l'existence de Dieu. Ces deux scènes sont la réfutation de la pratique superstitieuse de la religion. le Ciel, l'Enfer et le Moine bourru appartiennent à divers degrés au folklore religieux et celui qui croit en Dieu parce qu'il a peur des châtiments ou parce qu'il espère une juste rétribution n'est pas un véritable croyant ; la Bible elle-même l'affirme plusieurs fois : le Livre de Job montre que la véritable foi réside dans la pureté de l'amour et non dans la crainte ou l'espérance et Jésus insiste sur la pureté de l'intention. le véritable amour de Dieu réside dans le désintéressement.
Sganarelle, qui voit bien que ses allégations n'ont aucun effet sur son maître, décide de se lancer dans l'exposé de la preuve physico-théologique qui est la preuve préférée des théologiens de tout horizon (les premiers à l'utiliser furent les Grecs). Cette preuve consiste à dire que l'harmonie du monde est le gage de l'existence d'une volonté organisatrice. C'est à la perfection de sa création qu'on devine la perfection de l'artisan. Voulant montrer la perfection de la machine humaine, Sganarelle bouge en tout sens et finit par tomber par terre. Or, cette preuve est à l'image de Sganarelle, elle ne tient pas debout puisque le principe d'ordre peut être n'importe quoi, même le hasard.
Avec le pauvre, la critique de la religion atteint ses limites bien qu'elle se fasse plus radicale puisque Dom Juan s'en prend à la pratique de la prière. le « grand seigneur méchant homme » s'étonne en effet que l'ermite soit condamné à demander l'aumône alors qu'il prie sans arrêt. Et Dom Juan échoue. En fait, Dom Juan échoue parce qu'il a sous-estimé l'ermite, parce qu'il l'a pris pour un croyant à la Sganarelle. Il y a, en effet, deux manières d'appréhender la prière ; l'une vulgaire et superstitieuse, l'autre sincère et c'est parce que Dom Juan est persuadé que l'ermite prie vulgairement qu'il le défie. La prière vulgaire est revendicatrice, elle consiste à demander à Dieu certains bienfaits et est, en ce sens, doublement blasphématoire puisqu'elle suppose deux choses : d'une part que le monde qu'Il a créé n'est pas parfait (il faut changer quelque chose), d'autre part que Dieu ne sait pas ce que nous voulons (alors qu'il sonde « les reins et les coeurs »). Ainsi entendue, la prière est la négation de toute Providence (providere en latin signifie "pré-voir" et "pour-voir"). C'est pour cette raison que Jésus la condamne (Matthieu, VI, 7) et qu'il recommande de simplement louer Dieu. Or, c'est justement ce que fait l'ermite. Alors que Dom Juan lui demande pourquoi il n'obtient aucune faveur de Dieu, l'ermite répond sans comprendre qu'il prie pour les autres et non pour lui. Il y a dialogue de sourds et c'est pourquoi Dom Juan, impressionné, reconnaît sa défaite et ne s'en sort que par une ultime bravade, en invoquant l'amour de l'humanité qui lui est tout aussi étranger que l'amour de Dieu…
Reste à se demander si Dom Juan ne croit vraiment qu'en « deux et deux sont quatre ». Il me semble qu'il ne s'agit là que d'une bravade, bravade qui en annonce d'autres : l'invitation à dîner faite et réitérée à la statue du Commandeur et la décision de suivre cette même statue venant le chercher chez lui. Crachons-nous au ciel si nous sommes athées ? Allons-nous consulter un astrologue si nous ne croyons pas à l'astrologie ? Les provocations de Dom Juan ne sont pas le signe de son athéisme : Dom Juan croit en Dieu, sinon Il lui serait indifférent, mais il voudrait que Dieu croie en lui, qu'Il lui donne une importance, quitte à être foudroyé. Cela explique pourquoi il répond à Sganarelle qui lui reproche l'immoralité de son attitude que « c'est une affaire entre le Ciel et moi, et nous la démêlerons bien ensemble (acte I, scène 2). » Il m'étonnerait beaucoup qu'un incroyant prononce ce genre de phrase...
Commenter  J’apprécie          91
C'est pas mal, quand les enfants grandissent, de voir ce qu'ils ont à lire pour les cours de français. On redécouvre des classiques avec un regard d'adulte, ou bien on peut en profiter pour combler des lacunes. C'est ce dernier cas de figure qui s'est présenté lors des dernières vacances scolaires, quand P'tit Raton est revenu du lycée en devant lire Dom Juan de Molière, un monument que je n'avais jamais lu. Nous avons en fait commencé par le regarder à la télé, dans une mise en scène de Jacques Lassalle pour la Comédie Française en 2002. le texte m'a paru tellement dense et la pièce riche et complexe qui je l'ai tout de suite lue, dans une collection Bordas de ma mère que j'affectionne particulièrement pour son appareil critique à la fois accessible et fouillé (comme quoi, dans la famille raton, la lecture est une question qui traverse les générations…).
C'est amusant de voir que cette pièce, probablement écrite assez rapidement, n'était pas particulièrement prisée de Molière et que d'ailleurs elle a mis plusieurs siècles avant de devenir un classique. Comme à son habitude, Molière reprend ici un thème à la mode : on peut remonter jusqu'à Tirso de Molina, mais Molière était plus influencé par le théâtre italien et national, et l'on trouve des pièces quasi contemporaines de Molière dont il s'est largement inspiré. Mais il a su réagencer les scènes, créer des effets dramatiques, resserrer ou développer là où il fallait pour rendre cette pièce tellement riche que ma lecture même attentive et mon visionnage ne me permettent pas d'en faire le tour.
Mais surtout, je me suis aperçue à quel point je ne connaissais pas le mythe de Don Juan et à quel point j'en avais une vision tronquée. Certes, Don Juan séduit les femmes et l'on voit bien que c'est la conquête qui lui plaît, une fois son but atteint, il se désintéresse et se détourne de sa proie. Mais cela n'est que la partie émergée de l'iceberg (c'est d'ailleurs probablement plus le peu de cas qu'il fait du sacrement du mariage qui est sacrilège que le fait de vouloir séduire toutes les femmes), ce qui m'a fascinée dans cette oeuvre qui date de 1665, c'est la réflexion sur l'athéisme, qui m'a semblé avoir des résonances chez les philosophes des Lumières, et surtout la mise en scène de la liberté.
Car Don Juan se veut un être libre, une liberté totale, qui n'est entravée par aucune convention sociale ni morale. Que ce soit l'honneur, les liens familiaux, la religion, rien ne peut avoir raison de lui et se mettre en travers de sa soif de vivre et de jouir à sa guise. En un sens, il m'a fait penser à Sade, qui un siècle ou deux plus tard et qui lui aussi, par ses excès, cherche à mettre en application une vision entière de la liberté. C'est certes une liberté de riche et de puissant, une liberté dont seul un dominateur peut jouir, mais remis dans le contexte de l'époque et en se souvenant de qui était le public de cette pièce, c'est un propos qui fait mouche, tant hier qu'aujourd'hui.
Dom Juan est donc pour moi une pièce assez dérangeante, autant qu'elle est exaltante. Elle dit l'ivresse de la liberté absolue, de l'individualisme porté à son paroxysme en même temps qu'elle en dit les inévitables limites et les impasses. C'est une pièce très riche, peut-être plus riche que les autres oeuvres de Molière et cela, est-ce cela le génie, malgré la rapidité avec laquelle Molière semble l'avoir écrite. Une pièce que j'espère pouvoir aller voir sur scène un jour, et même peut-être à plusieurs reprises.
Commenter  J’apprécie          87
Certes, Don Juan possède des côtés assez sympathiques : il est bon vivant, il a sa propre philosophie de vie et refuse de suivre aveuglément la morale et les préceptes religieux. Cependant, il est aussi fort exaspérant – notamment par son côté séducteur poussé à son paroxysme. C'est un bonimenteur qui n'hésite pas à se marier à droite à gauche sans considération pour ses victimes qui perdent tout intérêt à ses yeux dès lors qu'elles lui ont cédé.
Si certaines scènes sont assez cocasses dans leur ridicule – comme celle où il promet la lune à une paysanne trente secondes après leur rencontre et dix minutes après avoir fait les mêmes promesses à une autre – et si d'autres présentent des réflexions intéressantes, la pièce présente toutefois des longueurs à mes yeux. Un schéma répétitif se met en place au fur et à mesure que les personnages défilent pour blâmer et mettre en garde un Don Juan qui n'écoute personne.
D'ailleurs, la fin voit la réalisation des funestes prophéties ignorées par Don Juan et signe ainsi le triomphe de la morale. Triomphe peut-être atténué par le fait que Don Juan soit resté fidèle jusqu'au bout à son caractère et à ses convictions…

Même si cette pièce m'a moins séduite que les précédentes, ce ne fut pas une lecture inintéressante bien que suscitant des émotions diverses, ni un mauvais moment, et je l'ai lue sans déplaisir.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          80
La fin ne m'a pas plus du tout, j'ai trouvé que ce côté fantastique n'avait rien à faire dans cette pièce.
Commenter  J’apprécie          80
Une comédie de Molière parmi tant d'autres, qui aurait pu avoir une fin heureuse, malheureusement ce n'est pas le cas et Dom Juan, libertin invétéré, rejoint l'enfer. Il a l'art de briller dans le ridicule et de séduire, en témoignent de belles tirades en prose, face à son valet Sganarelle. Il détruit également des coeurs, comme celui de dame Elvire et excède son père, Dom Louis. le festin de pierre offre un nouvel aspect du théâtre de Molière, tout en conservant son ironie si précieuse;
Commenter  J’apprécie          80
Molière utilise (à défaut de l'inventer) ce procédé efficace qui sera récupéré par le cinéma sous le terme de " buddy movie", à savoir les aventures de deux personnages masculins que tout oppose, dont l'un est plutôt séduisant ou séducteur et l'autre plutôt comique. Ici : Don Juan et Sganarelle.
On retrouve les thèmes chers à Molière : le libertinage, la critique des dévôts, des médecins, des imposteurs, des hypocrites.
C'est brillant et drôle.
Commenter  J’apprécie          80
L'homme refuse à ce point de se voir démasqué pour ce qu'il est et non ce qu'il laisse paraître, que le personnage de Don Juan a été – dans une sorte de déni – perverti dans l'imaginaire collectif en un simple séducteur compulsif.
Pourtant, il est bien plus, se jouant de tout, à commencer par notre hypocrisie, qu'il singe par cynisme.
Manipulateur certes, Don Juan est un désenchanté doublé d'un frondeur : il sait que la vie n'est qu'une supercherie et qu'à ce compte-là il faut la jouer avec excès. Défiant jusqu'à la damnation, il ne retranche rien de ce qu'il est.
Odieux ? Peut-être. Mais il reste sa clairvoyance, lui qui nous regarde nous débattre dans notre morale d'apparat et nos superstitions moyenâgeuses pour ne pas écouter notre dangereuse raison, laquelle nous obligerait à agir en conscience.
Enfin, au-delà du personnage, il y a le texte, à mon avis le plus abouti de Molière. Ecrit dans une langue qui n'est même pas riche : juste exquise. Des répliques ciselées avec un art que certains « petits génies » de notre siècle seraient bien inspirés de lire avant de répandre leur autosatisfaction !
Commenter  J’apprécie          80
Dom Juan fut représenté pour la 1ère fois le 15 fév 1665 au théâtre du Palais Royal et s'est initialement appelé le festin de Pierre. En 1682, après la mort de J-B Poquelin, qui n'avait jamais publié sa pièce, elle le fut à titre posthume sous le titre de Dom Juan ou le festin de Pierre.
Ce Dom Juan cumule tous les défauts : Mystificateur, infidèle, Séducteur, menteur, libertin. le contraire du gendre idéal. Ses conquêtes lui valent des duels qu'il honore ; Pièce en 5 actes qui montre 5 facettes de cet odieux personnage qui n'hésite pas à mettre son valet Sganarelle en difficulté pour se sortir de quelque propre difficulté : infidèle dans l'acte I, séducteur dans le II, libertin pour le III, inhumain dans le IV) et enfin hypocrite pour finir avec l'acte V.
Combien d'anciens lycéens se souviennent que Dom Juan portait un nom ? Peu sans doute. Tenorio, fils de Dom Louis Tenorio. Mais peut-on leur reprocher ce trou de mémoire ? Surtout quand on se souvient que les quatre années de collège qui précédèrent se sont chargé de nous faire détester Molière !
Dom Juan est une comédie… grinçante qui finit en tragédie légère. C'est une oeuvre pour le moins très intéressante et franchement, entre Lévy et Musso il est bon de faire une pause classique, pourquoi pas théâtrale
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (17429) Voir plus



Quiz Voir plus

Dom Juan - J.B.P, Molière

À qui est marié Dom Juan au début de la pièce ?

Elvire
Charlotte
Mathurine
La Violette

9 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Dom Juan ou Le festin de pierre de MolièreCréer un quiz sur ce livre

{* *}