Quand on connaît la littérature de Monterroso, on sait qu'il y a ambigüité et que son discours littéraire en cache un autre :
le mot magique ne fait pas exception.
A la fois boîte à bijoux et cabinet de curiosités, ce bref livre du maître incontesté de la brièveté
Augusto Monterroso, publié initialement en 1987, rassemble (en apparence) des textes issus d'essais critiques et académiques dans lesquels l'auteur analyse les facettes souvent inconnues du travail d'écrivains qu'il affectionne comme
Cervantes,
Shakespeare,
Pirandello,
Vargas Llosa,
Carlos Fuentes, Quevedo,
Borges, Gongora,
Montaigne… Monterroso aborde également l'impossible travail du traducteur, l'influence de l'existence d'un auteur sur son oeuvre (avec l'exemple de Quiroga) et les genres littéraires, dans un style magistralement concis, précis et ironique. Ca c'est pour l'apparence.
Monterroso, s'il est un maître de la brièveté est aussi un as de l'intertextualité avec laquelle il a jonglé comme personne dans
Fables à l'usage des brebis galeuses.
Si dans
le mot magique il dresse un tableau psychologique singulier de sa production littéraire, et s'il s'aventure avec érudition et lucidité dans des recoins inattendus pour démasquer la banalité des académismes inutiles et la vacuité du discours de certains marchands de mots, il met en scène une revendication majeure qui construit entièrement ce livre : l'intertextualité comme genre littéraire et non comme ingrédient romanesque.
Son
brillant essai La vaca publié en 1998 reprend et développe cette intertextualité comme genre littéraire à part entière et éclaire le livre
le mot magique qui n'est pas une suite d'hommages à certains auteurs : Monterroso a toujours déterminé sa littérature comme un acte de libération de son imagination, tout en puisant dans son admiration pour les classiques et certains auteurs latino-américains.
Pour lui, l'intertextualité est un genre libératoire qui permet à la littérature de révéler les vices et les vertus de la condition humaine mais certainement pas de les changer. Ca, dit Monterroso, c'est au lecteur de le faire.
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