CRITIQUE DE L'EXPRESS :
A 36 ans, Arthur décide de visiter les déserts américains. Il y trouvera Kate et l'amour fou. Un roman noir et sauvage de
Patrick Mosconi
Très jeune, l'amour l'avait déçu, le monde, dégoûté. Il partit. Tombé d'une falaise, il survécut. Peintre reconnu, père d'une petite fille, pas malheureux avec sa compagne, Arthur, à 36 ans, a des désirs de désert. Direction l'Arizona, l'Utah, le Nouveau-Mexique, le Colorado, l'Oklahoma. le silence des pierres, l'indifférence des étoiles. «Un paysage en Technicolor fait de désolation et d'éternité.» Au volant d'une Pontiac de location, il entame sa traversée de la nuit américaine, sur fond de Bach, de musique western et de Rolling Stones. Phoenix, Tucson, Albuquerque. L'eldorado? Peut-être bien Kate, gamine de bar un peu pute, un peu anthropologue, qui pleure facilement: manque de magnésium.
A 16 ans, cette fille de Boston et d'un gradé de l'Otan a perdu sa virginité, découvert Musil et
Dostoïevski, monté un groupe de rock grunge. Entre Kate et Arthur, est-ce l'amour fou ou seulement son fantasme? Il se méfie des sentiments, particulièrement de la sincérité, qu'il ne faut pas confondre avec l'authenticité. Elle se dit malade. de sexe, notamment. Lolita des années 80? Love Story on the road?
Entre volonté de vivre et danger de mort, le couple se trahit, se perd, se poursuit, se rejoint, dans un nirvana d'amphétamines et de marie-jeanne filmé par
John Ford. Un
John Ford déjanté, d'aujourd'hui: du site légendaire de Monument Valley s'élèvent en effet des voix contemporaines, les Rita Mitsouko,
Boby Lapointe, un best of de
Leonard Cohen. de cet itinéraire d'un vieil enfant gâté, en forme de road-movie érotique, émane un vrai charme, noir et sauvage, entre la Série noire et les chansons d'Eddy Mitchell. Sans nostalgie, sans complaisance.
Michel Grisolia