Après cinquante étés, ou dix mille heures, de bains de soleil dans divers pays, sur des plages, des bancs, des toits, des ponts de bateau, des corniches, des gazons, des rochers, des planches et des balcons, j'aurais pu être incapable de me rappeler les détails sensoriels de mon noviciat si je n'avais eu ces vieilles notes, qui sont un tel réconfort pour un mémorialiste pédant au fil de la narration de ses maladies, de ses mariages et de sa vie littéraire.
Les délices de la puberté me procurèrent un soulagement temporaire. La morne phase de l’initiation solitaire me fût épargnée. Béni soit mon premier amour, une enfant dans un verger - jeu de mains qui explorent, et ses cinq doigts écartés pleurant des perles de surprise.
"Lolita" de Vladimir Nabokov (Alchimie d'un roman, épisode n°18)