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4,18

sur 1489 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai beaucoup aimé "suite Française"...il était dans ma PAL depuis longtemps et je me suis décidée grâce au challenge solidaire 2021, et c'est sans regret que j'ai lu un 1er ouvrage d'Irène Némirovsky (à en croire les commentaires, l'un des meilleurs de cette auteure).
Le premier opus de cette suite, "Tempête en juin" , nous emmène sur les routes de l'exode en juin 40...le terme de débâcle est souvent employé, c'est ce que l'on ressent à la lecture. Irène Némirovsky dépeint sans concession le désordre qui règne un peu partout, les travers des fuyards, les bourgeois prêts à tout pour sauvegarder leurs petits privilèges, bien loin de la fréquente idéalisation du courage Français... Mais elle ne se présente pas comme une moraliste : non, elle brosse une galerie de portraits authentiques , savoureux ou parfois sordides .
Le second opus nous emmène quelques mois plus tard dans un village occupé par les allemands. Et c'est le drame et le dilemme de l'occupation qu'elle dépeint: entre l'horreur de se retrouver sous le joug de l'ennemi et le soulagement de voir le conflit éteint, la sympathie naissante pour des hommes comme les autres, et l'amour aussi, voué à l'échec.
Irène Némirovsky s'attache beaucoup à la psychologie des personnages et c'est cela qui fait tout l'intérêt de "une suite Française".
J'ai aussi été très émue par le contexte de l'écriture de ce roman qu'Irène Némirovsky a elle même désigné comme posthume, car elle avait la certitude d'être morte -déportée - avant sa parution .J'avoue rarement prendre le temps de lire la préface d'un ouvrage, mais vraiment celle ci est à lire, car elle éclaire le roman ,lui donne une tonalité particulière.
Assurément je lirai d'autres ouvrages d'Irène Nemirovsky

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Irène Némirovsky - Suite française

le recueil "Suite française" comprend deux récits, d'une écriture élégante et enlevée.
le premier intitulé «Tempête en juin» relate les errements de plusieurs couples jetés sur les routes dans la grande débâcle de juin 1940. le témoignage d'Irène Némirovsky recoupe largement les récits que j'ai entendus dans ma propre famille, de la part de nombreux parents qui vécurent "l'exode" consécutif à l'invasion de juin 1940, depuis la frontière belge jusqu'aux ponts de la Loire rendus impraticables. Bombardements, mitraillages, fuite éperdue, dislocation de la tribu familiale, et - le plus choquant - le mauvais accueil des "français de l'intérieur" alors que les gens du Hainaut et de Flandre avaient encore en mémoire la fuite de 1914, avec sa terrible connotation de "boches du Nord".
le second récit s'intitule «Dolce» et relate l'occupation allemande d'un village jusqu'en juin 1941. Quelques scènes des plus réussies : l'arrivée des troupes allemandes dans le village, l'hébergement des soldats dans les maisons françaises, l'opposition farouche de la vieille dame Angellier... et cette explication implicite des débuts de la résistance lorsque l'agriculteur assassine l'allemand qui «tourne trop autour de sa femme», même si ce n'est pas son unique motivation.
Irène Némirovski ose ainsi soulever un point douloureux, sur lequel nos historiens n'insistent guère : l'attitude des jeunes femmes françaises éblouïes par ces fringants soldats allemands qui se comportaient le plus souvent comme des gens bien élevés, parlaient bien souvent le français (ou tentaient de l'apprendre) et les réactions que ces attitudes équivoques ont suscité chez les hommes français, en rage de voir les jeunes femmes se compromettre aussi facilement... Avec dans le Nord, l'écho encore à vif des compromissions de l'occupation 1914-1918 et son cortège d'enfants "nés de père inconnu"...
Un témoignage incontournable sur la débâcle de juin 1940, bénéficiant d'une écriture magistrale, pleine de subtilités.
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Certains connaissent peut-être l'histoire de ce roman, et celle de son auteur. C'est une belle et triste histoire. Si vous ne la connaissez pas, elle est relatée dans la préface de l'ouvrage.

Il y a certains livres qui sont si bien écrits, dont l'histoire est si juste, qui montrent que l'écrivain a un regard extrêmement lucide sur sa société, qu'on a peur de les entacher par des critiques. J'ai donc peur que ma critique ne soit pas à la hauteur de cet excellent ouvrage.
Après un tel début, vous comprendrez que je recommande absolument ce roman. Il est composé de deux livres: «Tempête en juin« et «Dolce«.

A travers des exemples pris dans différentes classe sociales, Irène Némirovsky nous présente des hommes qui sont le plus souvent abjects. Dans "Tempête en juin", Gabriel, par exemple, a un caractère méprisable. En temps de guerre, il ne comprend pas qu'il devrait peut-être mettre sa vanité de côté. Tout lui est dû, il ne prend pas la mesure de ce qui se passe, il regarde son nombril.
Au début du roman, madame Perricant se vante,en pensée, d'être une brave femme.
[...]
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Relecture juin 2013 :

Irène Némirovsky avait conçu "Suite française" comme une série composée de cinq romans.
Arrêtée, déportée à Auschwitz et morte en 1942, l'auteur n'aura eu le temps d'écrire que les deux premiers et d'esquisser les grandes lignes du troisième, dans des cahiers précieusement conservés par ses filles qui ne les liront qu'en 1998.
Ils seront alors publiés à titre posthume en 2004 en un seul roman qui recevra le Prix Renaudot la même année, propulsant ce roman et cette auteur sur le devant de la littérature française.

Le premier roman, "Tempête en juin", se situe en juin 1940, lorsque les allemands ont envahi le Nord de la France et se dirigent vers la capitale, Paris.
L'histoire s'attache à suivre quelques groupes de personnages qui fuient avec pertes et fracas Paris pour trouver refuge à la campagne.
Mais au même moment, l'armée française est en déroute, les transports ne fonctionnent plus, le ravitaillement est coupé et les routes, les lignes ferroviaires et les villes sont régulièrement bombardées.
C'est dans ce chaos que les Péricand cherchent à rejoindre Nîmes, au passage Charlotte Péricand en oubliera son beau-père tandis que son fils cadet Hubert s'échappera pour rejoindre l'armée dans un idéal de jeunesse et de patriotisme ; que l'insupportable écrivain Gabriel Corte gagne Vichy en compagnie de sa maîtresse ; que Charles Langelet part vers la Loire et dépouille au passage d'essence un couple rencontré sur la route ; que Maurice et Jeanne Michaud cherchent à gagner Tours où l'activité de la banque pour laquelle ils travaillent s'est délocalisée alors qu'ils sont sans nouvelle de leur fils unique Jean-Marie, que le lecteur découvrira gravement blessé et soigné chez des fermiers dans le village de Bussy.
Ici, le chaos n'est pas que sur les routes mais également dans les familles et dans les personnalités de chaque individu.
Irène Némirovsky a la plume féroce : "Elle disait "nous" à cause de ce sentiment de pudeur qui nous fait, vis-à-vis d'un malheur, feindre des maux semblables aux siens (mais l'égoïsme déforme si naïvement nos meilleures intentions que nous disons en toute innocence à un tuberculeux au dernier degré : "Je vous plains, je sais ce que c'est, j'ai un rhume dont je n'arrive pas à me débarrasser depuis trois semaines").", et croque sans vergogne des personnages aux caractères exacerbés par cette situation : égoïstes, voleurs, coléreux, où l'ordre des puissances est renversé : "La charité chrétienne, la mansuétude des siècles de civilisation tombaient d'elle comme de vains ornements révélant son âme aride et nue. Ils étaient seuls dans un monde hostile, ses enfants et elle. Il lui fallait nourrir et abriter ses petits. le reste ne comptait plus." ; retraçant avec justesse des épisodes qui ont sans nul doute eu lieu sur les routes de France et des personnages qui devaient se rencontrer un peu partout.
Au milieu de tout ce fatras, il y a le couple Michaud qui est épargné et est bien l'un des seuls à maintenir son intégrité dans tout ce chaos et cette occupation qui commence, le rendant ainsi extrêmement attachant pour le lecteur.
L'auteur y esquisse aussi les balbutiements d'une résistance qui ne dit pas encore son nom, qui n'est même pas consciente qu'elle existe et du rôle qu'elle va pouvoir jouer, à travers le personnage de Hubert : "Maman, je pars. Je ne peux pas rester là ... Je mourrai, je me tuerai si je dois rester là, inutile, les bras croisés pendant que ... et vous ne comprenez pas que les Allemands vont arriver et enrôler tous les garçons de force, les obliger à se battre pour eux. Je ne veux pas ! Laissez-moi partir.", mais également ce qui adviendra par la suite de la France.
Aurait-elle eu une boule de cristal qu'elle n'aurait sans doute pas pu prévoir avec autant de justesse et de discernement ce que l'avenir réservait à l'Europe entière.

Le second roman, "Dolce", se passe quelques mois après le premier et a pour cadre le village de Bussy évoqué précédemment.
Si le premier roman s'attachait à montrer le chaos humain, celui-ci s'attache plutôt à l'occupation allemande et aux relations qui se nouent entre les français et les soldats allemands.
Ainsi, il y a Benoît qui revient dans la ferme de ses parents après s'être évadé et qui finit par épouser Madeleine, celle-là même qui avait soigné Jean-Marie Michaud.
Pour lui, l'allemand est un ennemi à abattre, jaloux comme un pou, en particulier de cet interprète allemand qui loge chez eux et qu'il soupçonne de tourner autour de sa femme, il va commettre l'irréparable, menaçant la vie de tous les habitants de Bussy et l'obligeant à se cacher et à fuir.
Et il y a la tendre Lucile Angellier dont le mari est absent, en plus d'être infidèle et ce bien avant la guerre, et dont les relations avec sa belle-mère sont tendues, celle-ci lui reprochant de ne pas pleurer plus que cela l'absence de son mari et de ne pas apparaître éplorée aux yeux de tous, et surtout, de chercher à se lier avec le jeune commandant allemand Bruno von Falk logé chez eux.
Lucile et Bruno se cherchent, se tournent autour, se découvrent des points communs : la culture et la musique, et finissent par ressentir l'un envers l'autre un tendre sentiment, jusqu'à la chute : le départ des soldats allemands au Front de l'Est.
Une histoire qui ne dit jamais son nom mais qui éblouit par sa beauté et sa discrétion : "Pas un aveu, pas un baiser, le silence ... puis des conversations fiévreuses et passionnées où ils parlaient de leurs pays respectifs, de leurs familles, de musique, de livres ... L'étrange bonheur qu'ils éprouvaient ... une hâte d'amant qui est déjà un don, le premier, le don de l'âme avant celui du corps.".
Les envahisseurs, perçus comme la peste, ne sont au final pas si différents des français qu'ils côtoient quotidiennement, bien qu'ils subsistent des différences entre eux : "La guerre ... oui, on sait bien ce que c'est. Mais l'occupation en un sens, c'est plus terrible, parce qu'on s'habitue aux gens; on se dit : "Ils sont comme nous autres après tout", et pas du tout, ce n'est pas vrai. On est deux espèces différentes, irréconciliables, à jamais ennemis.", c'est en tout cas ce que s'attache à démontrer ce roman.
Ceci est d'autant plus remarquable qu'il a été écrit pendant la période dont il est question, démontrant une fois de plus la clairvoyance d'Irène Némirovsky à dépeindre l'âme humaine.
L'ombre du "Silence de la mer" de Vercors plane sur ce second roman et il est difficile de ne pas faire de parallèle entre ce roman et cette nouvelle écrits sensiblement à la même période.

J'ai longtemps rêvé d'une adaptation cinématographique de cette oeuvre que j'ai redécouvert récemment et qui demeure aussi sublime après relecture, de savoir que c'est un Britannique qui va le faire rend la pastille un peu difficile à avaler.
Par chauvinisme littéraire, je dirais que ce qui a été créé et se passe en France reste en France.
L'auteur signe pourtant là une oeuvre remarquablement et typiquement française, légère ironie du sort quand on sait qu'Irène Némirovsky a souhaité devenir française mais que cela lui a toujours été refusé, qui dépeint avec une clairvoyance remarquable les différents caractères, façons d'agir et situations qui se rencontraient dans cette époque agitée qui fut fatale à l'auteur et à des millions d'autres personnes, connues ou inconnues.

1er avis :

Ce qui m'a le plus frappée à la lecture de ce roman, c'est l'exactitude des propos de l'auteur.
Tout ce qu'elle écrit est d'une lucidité à faire peur.
Elle a réussi à cerner toutes ces personnes, à leur donner vie dans son roman, à transcrire leurs pensées et leurs émotions.
A tel point que le lecteur a l'impression de vivre l'Exode, de faire partie de ces gens errant sur les routes.
C'est d'autant plus effrayant quand on connaît la vie de l'auteur et que l'on sait la fin tragique qu'elle a rencontrée.
Irène Némirovsky a réussi à porter un regard sans complaisance sur ses concitoyens, mais elle a aussi su le traduire par des mots.
Ce que je retiens ensuite, c'est la beauté de l'écriture.
Voilà un écrivain qui savait écrire et manier la langue française, car c'est un vrai régal de lire ce roman.
J'ai été aussi très frustrée à la lecture car c'est une oeuvre inachevée et c'est une vraie perte pour le monde de la littérature.
J'ai rarement ressenti une telle frustration en arrivant à la fin d'un livre, j'avais envie de lire la suite, c'était tellement juste tout ce qui était écrit.
C'est un roman qui décrit parfaitement l'ambiance qui régnait en 1940, d'une rare justesse et utilisant toujours les mots qu'il faut.
C'est une claque littéraire de le lire, d'autant plus qu'il aura fallu attendre tout ce temps pour qu'il soit enfin publié.
J'aurai trouvé cela dommage s'il n'avait jamais été publié, encore plus de ne pas avoir connu cette auteur.
Je ne peux que recommander la lecture de cette oeuvre, tant c'est un bonheur de lire ce livre.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Je redoutais quelque peu de me plonger dans cette lecture et finalement, j'ai dévoré ce roman.

Je me suis laissée porter par la plume d'Irène Némirovsky dont je redoutais pourtant le style ; je me suis “attachée” aux divers personnages (même les plus exécrables) et j'étais vraiment curieuse de découvrir leur histoire et de suivre leurs destins croisés. de les quitter, puis de les retrouver, et d'avoir ce lien qui les relie, aussi ténu soit-il. Et j'aurais tellement aimé les retrouver encore et connaître la fin de ce récit inachevé…

Car sur les 5 parties prévues, l'auteure n'aura eu le temps de n'en écrire que deux : Tempête de juin, relatant l'exode de juin 1940 et Dolce, qui conte le début de l'Occupation allemande dans un village français. Dans ces deux parties, plutôt indépendantes car nous n'y retrouvons pas les mêmes visages, Irène Némirovsky va surtout se concentrer sur ses personnages, leur état d'esprit, leurs choix et les relations qu'ils entretiennent durant cette trouble période plutôt que sur les faits historiques en eux-mêmes.

Ainsi, dans Tempête de juin, elle s'attache surtout à relater l'égoïsme et le chacun pour soi de ces bourgeois parisiens qui fuient la capitale en toute hâte, face à l'avancée de l'armée allemande. On y découvre divers portraits allant de la famille nombreuse et bien pensante, au couple modeste dont le fils unique est soldat, en passant par un odieux écrivain et sa maîtresse. Tous ont le même objectif : fuir. Mais ils ne prendront pas les mêmes chemins, ne rencontreront pas les mêmes obstacles et leur finalité ne sera pas la même tout compte fait.

Dans Dolce, Irène Némirovsky nous parle de l'occupation, assez douce bien qu'encombrante et indésirable. Les français ne fuient plus, ils attendent, retiennent leur souffle après le tumulte, chacun tentant de reprendre le cours de sa vie là où il l'avait laissée. L'auteure ne dramatise pas les faits. Elle tend même à redonner un visage humain à ces jeunes soldats étrangers qui ont, pour la plupart, le mal du pays… Elle s'attache à faire naître une histoire d'amour entre une jeune française et un officier allemand. Mais un amour interdit, tout en pudeur et retenu.

Par ailleurs, l'autrice ne fait aucun cas de ce qu'il advient des juifs. Les drames sont feutrés, on en croise mais cela demeure peu appuyé, ils se fondent dans le décor. Elle évoque les exécutions arbitraires et les ordres abjectes de l'armée allemande sans pour autant se focaliser dessus. Ce qui ressort vraiment ce sont les personnages et leurs décisions, leurs comportements. Bref, elle dépeint leur quotidien, même si ce dernier est chamboulé. Et c'est très intéressant d'avoir ce parti pris lorsque l'on connaît le destin tragique d'Irène Némirovsky.

Pour moi, ce livre est un monument. Une part de l'Histoire. Et lorsqu'on lit ce récit en gardant en tête le contexte de sa création, sa lecture ne peut que nous faire d'autant plus frémir. Irène Némirovsky a rédigé ce manuscrit quasiment en temps réel avant d'être déportée en 1942, puis assassinée à Auschwitz. Son oeuvre va demeurer cachée de nombreuses années au fond d'une valise conservée par ses deux filles, qui sont alors orphelines, et elles-mêmes recherchées par les “autorités” en place, afin d'être déportées, tout comme leurs parents...

C'est un récit touchant et captivant. Que de personnages, hauts en couleurs, chacun avec leurs failles et leurs défauts. J'avais adoré la série Un village français, et ce roman, de part sa construction, m'y a agréablement fait repenser.

Bref, lisez-le!

Challenge Multi-Défis 2023
Challenge ABC 2023-2024
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Irène Némirovsky écrit ce roman alors qu'elle est elle-même en résidence surveillée de part son statut de juif apatride (Irène est russe blanche ayant fui la révolution russe, convertie au catholicisme mais d'origine juive).
Son récit commence au moment de la débâcle de juin 40 alors que tout semble perdu, les français se jettent sur les routes pour fuir vers le sud. Une marée humaine composée de pauvres gens, de bourgeois, d'écrivains célèbres et d'hommes politiques.
Une fois les Allemands installés, chacun regagne Paris et on s'intéresse alors à l'occupation d'une petite ville bourguignonne. L'auteure se penche sur les relations entre la population et les forces d'occupation en entrant dans le détail de la lâcheté de chacun. Ici point d'héroïsme mais des arrangements quotidiens.
Irène Némirovsky avait prévu la suite du roman comme on peut le voir dans les notes qui ont été insérées en fin de roman mais son arrestation et sa déportation à Auschwitz ne l'ont pas permis.
C'est un jugement dur et implacable qu'elle porte ici sur les français pendant l'occupation auxquels elle n'attribue aucun sentiment patriotique et au contraire un égoïsme à toute épreuve.
Les notes et les correspondances en fin d'ouvrage se révèlent à mon sens indispensable à la lecture du roman.
Quelle magnifique écriture et une perte épouvantable.
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rène Némirovsky a été né pour écrire ce chef-d'oeuvre. Une juive originaire de Kiev, elle a passé les années vingt et trente à écrire des romans qualifiés d'antisémites aujourd'hui qui contiennent des descrptions fort méchantes jes juives de sa communauté fraichement arrivés de l'Est.

Alors les Allemands envahissent son pays et Irène Némirovsky trouve la vocation pour laquelle elle était né celle d'écrire sur les moeurs et les actions des francais sous le l'occupation Nazi. Irène Nemirovksy trouve un brio et un intelligence dans son écriture dont ses romans antérieurs n'avaient pas donné le moindre presage.

La suite Francaise est un chef d'oeuvre de la qualité qui parraissent rarement en France depuis une cinquante d'années.
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Suite française est de ces romans qui sont faits pour vous marquer, une immense tension est palpable tout au long de l'oeuvre, une tension qui vous fait chavirer dans un monde qui a jadis été une malencontreuse réalité, dépeinte avec beaucoup de puissance et une plume bien affûtée. Un coup de coeur.

Suite française est composé de deux grandes parties, dans la première: Tempête en juin, n'a pas les caractéristiques d'un récit linéaire mais elle est présentée sous forme de chapitres, relatant successivement l'exode de familles françaises qui se sont retrouvées obligées de fuir la capitale durant la seconde guerre mondiale. Errant sur Les routes, sombrant dans la désolation, entre riche et pauvres il n'y avait parfois aucune distinction. Tous étaient confrontés à un fléau qui rongeait leur pays de l'intérieur, la guerre. Des tranches de vies qui parfois s'entrecroisaient. Nous retrouvons dans cette partie une écriture sombre, des scènes d'un réalisme presque palpable et une âme humaine mise à nue pour le meilleur et surtout pour le pire.

La seconde, Dolce qui se rapproche des caractéristiques du roman, est dépeinte, il m'a semblé, avec un ton plus léger, l'histoire d'amour entre Lucile Angellier et Bruno von Falk apporte un soupçon d'espoir dans un monde en ruine. Cette seconde partie a constitué la base de l'adaptation cinématographique qui m'a bouleversée. Il existe certes des différences entres l'oeuvre et son adaptation mais cela n'a rien changé au fait que cette histoire soit magnifique, Irène Nemirovsky a une plume qui a le pouvoir de vous hypnotiser, chaque mot, chaque phrase est chargée émotionnellement.

Vous retrouverez dans cette réédition de Suite française une très belle préface de Myriam Anissimov, ainsi que des Annexes: Notes manuscrites d'Irène Nemirovsky sur l'état de la France et son projet Suite française, relevées dans son cahier et des correspondances entretenues entre 1936 et 1945.

Suite française un magnifique roman qui vous bouleverse, vous marque à jamais, une écriture poignante d'existences brisées et d'âmes marquées au fer rouge par la guerre. Je vous conseille vivement la lecture de ce chef-d'oeuvre.
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Ce livre d'Irène Némirovsky, publié à titre posthume en 2004, comprend en fait deux livres sur les cinq que l'écrivain voulait écrire sur l'Exode et l'Occupation allemande. Elle n'a pas eu le temps de finir son oeuvre car elle fut prise par la Gestapo en juillet 1942 et menée à Auschwitz où elle serait morte du typhus à peine un mois plus tard.
"Suite Française" est donc un témoignage, écrit dans le vif de l'action par quelqu'un qui l'a vécu de très près.
Le premier livre "Tempête en juin", narre la fuite des parisiens dans un chaos épouvantable où des milliers de gens cherchaient refuge et voulaient fuir les allemands. Parmi les fuyards, toutes les classes sociales sont représentées et les personnages sont extraordinairement bien campés, les situations sont décrites dans le détail avec une plume qui ne juge pas, qui précise les choses avec un certain détachement, ce qui rend le récit encore plus crédible. Dans ce premier livre, l'épisode du jeune curé assassiné froidement par les enfants qu'il avait aidé à évacuer de Paris, restera dans ma mémoire comme le summum de l'horreur malfaisant.
La deuxième partie, "Dolce", raconte l'occupation allemande à Bussy, une charmante petite bourgade près de Dijon où les habitants doivent s'accommoder de cette présence et la vivre au jour le jour. Ici aussi les différentes couches de la population de Bussy sont décrites à la perfection. Les nobles Montmort, propriétaires du château qui se croient au dessus de tout le monde et planquent tout ce qu'ils peuvent. Les dames Angellier, la belle-mère et la bru dont le mari Gaston Angellier fait la guerre; ces dames doivent loger l'officier allemand lequel s'avère être un homme raffiné et bien élevé. le trouble surgira entre Lucile Angellier, mariée sans amour et cet officier esseulé et attentionné. Les paysans de Bussy ont aussi des personnages hauts en couleur comme par exemple Benoît Labarie qui va tuer l'interprète allemand parce que le jeune homme tourne autour de sa jeune femme Madeleine...
Ce livre fourmille de situations parfaitement décrites avec des personnages ayant une vraie profondeur humaine.

Ce livre m'a marqué lorsque je l'ai lu à sa sortie. L'envie me vint de le relire avec la sortie demain du film homonyme qui a été tiré de la deuxième partie, "Dolce". C'est une production franco-britannico-belge filmée essentiellement en Belgique, mais aussi dans le village de Marville, dans la Meuse et dirigée par Saul Dibb.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Irène Némirovsky, fille d'une riche famille juive russe, fuit la Russie lors de la Révolution et vient s'installer en France avec ses parents, une mère qui ne l'aime pas et un père qui ne lui consacre que peu de temps. Elle est passionnée par la littérature. Tolstoï la fascine. Très tôt, elle prend la plume. Écrivaine mais aussi mondaine, sa vie de jeune femme est celle d'une grande bourgeoise. Elle va de bal en bal, de fête en fête ; elle aime flirter. Puis elle se marie avec Michel Epstein et donne naissance à deux filles qui seront la prunelle de ses yeux. Elle écrit, elle a du succès. Elle est de celles qui comptent dans le milieu littéraire de son époque, les années 30. Durant la guerre, elle quitte Paris pour protéger ses enfants, part à la campagne mais non au-delà de la ligne de démarcation. La famille porte l'étoile jaune. Irène, en prévision des jours funestes à venir, a fait baptiser ses filles et les a inscrites dans une école catholique.
C'est là qu'elle décide d'écrire un livre qui sera comme une symphonie de Beethoven en cinq parties. Elle en écrira deux... apposera le mot "fin".
Elle décrit minutieusement ses personnages, leur physique, leur caractère, leur éducation, leurs goûts... avant de se lancer dans l'écriture proprement dite de ses ouvrages. Ce roman/journal nous plonge avec une émotion indicible dans la campagne où la guerre et l'occupation la maintiennent dans un état de tension insupportable. Elle part marcher et au bout de plusieurs kilomètres "s'assied sur son pull bleu" et écrit.

La 1ère partie de Suite Française décrit l'Exode. Plusieurs personnages sont mêlés, issus de l'aristocratie, de la grande bourgeoisie, du milieu littéraire, des employés, des paysans... La peinture est sans indulgence. Comment cette femme a-t-elle pu avoir un tel recul par rapport à ces événements si présents ? C'est stupéfiant, extraordinaire.Quelle lucidité ! On y voit tout de la condition humaine. Pris sur le vif comme ces lettres de dénonciation affluant si rapidement à peine la France occupée... Cet exode, on a l'impression de le vivre et dans ce cauchemar, Irène Nemirovsky est capable de nous narrer d'autres exodes qui ont jalonné L Histoire.
La seconde partie raconte l'Occupation, l'opposition des milieux sociaux - dont la petite noblesse et la bourgeoisie. Les officiers allemands sont logés dans les plus confortables demeures françaises. Ce sont des hommes qui eux-aussi ont dû quitter leur famille. L'écrivaine nous parle de ces femmes oscillant entre un sentiment patriotique et les sentiments humains, universels.
Le métier de soldat : ne pas réfléchir, obéir aux ordres comme une machine.

C'est une fresque magnifique, tragique et bis repetita, d'une lucidité sidérante. Irène N. est poignante, déchirante, admirable. Les événements sont d'une dureté inhumaine mais la haine, qui pourrait être légitime, est absente de son univers.

On sait bien sûr - je ne dévoile rien - qu'Irène Némirovsky a été arrêtée puis déportée à Auschwitz. Elle sent qu'on va venir la chercher, elle le pressent et cette attente lui est insupportable. Elle l'écrit à son éditeur ; qu'enfin il se passe quelque chose, dans un sens ou dans l'autre ! Rien n'est pire que cette attente si ce n'est l'inquiétude qu'elle a pour ses filles. le mari d'Irène N. est actif lui-aussi, il fait toutes les démarches possibles. Ecrit à toutes les instances. Cependant, à la différence de sa femme, il est plus optimiste. Qui pourrait imaginer l'horreur de cette époque qu'on connaît si bien aujourd'hui ? Irène espère bien sûr mais elle est réaliste et pessimiste quant à l'issue de sa vie.
Elle est arrêtée. Simple mot qui bouleverse tant nous sommes dans l'intimité de cette femme courageuse et exceptionnelle. Chaque arrestation similaire lors de cette guerre nous bouleverse. Mais là, nous sommes avec cette auteure, cette femme qui n'est pas n'importe laquelle.
Quand Irène est arrêtée - comment se douter de ce pire qui était la réalité d'alors - il propose de prendre sa place... La réponse ne se fait pas attendre : ce sera sa propre arrestation et son internement à Aushwitz où il trouvera lui-aussi la mort.
Les deux petites filles tant aimées sont cachées et la Police (c'est effroyable, la plus jeune des enfants a cinq ans !) va suivre leurs traces avec un zèle innommable afin qu'elles subissent le même sort que leurs parents.

Elles survécurent. Douloureusement mais elles y arrivèrent. A la fin de la guerre, ignorant la mort de leurs parents, elles allèrent partout pour les chercher. Elles frappèrent à la porte de leur grand-mère maternelle - immensément riche - qui leur conseilla d'aller à l'orphelinat. Dans quel roman peut-on lire des horreurs pareilles ?! Je suis sortie du récit d'Irène mais je ne pouvais pas m'arrêter sans dire un mot de ses enfants qu'elle chérissait tant. Elles rencontrèrent enfin des personnes aimant, estimant, admirant leur mère qui purent s'occuper d'elles.
Une valise, dans leur périple au coeur de la Barbarie, ne les avait jamais quittée : là se trouvait le manuscrit de Suite Française. Pendant des années, elles ne purent le lire. L'une des soeurs mourut et l'autre le fit alors éditer.

Il lui fallut une loupe pour le taper à la machine avant de le donner à l'éditeur. Irène Némirovsky l'avait écrit sur du mauvais papier de guerre. Elle ne pouvait pas gâcher d'encre. La transcription fut donc difficile sur tous les plans.

Sur la couverture du livre que j'ai lu ou dans le livre, je ne sais plus, cela remonte à quelques années, on voit le manuscrit. Et quand je pense à cette femme exceptionnelle, je la vois assise sur son gilet bleu...

Peu d'ouvrages - à ma connaissance - sont porteurs d'autant de talent, de hauteur de vue, d'humanité et d'émotion. Cela va sans dire.

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