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EAN : 9782366247589
112 pages
Cambourakis (01/03/2023)
4.18/5   17 notes
Résumé :
Lorsque Nella Nobili entre pour la première fois à l'usine, elle n'a que quatorze ans. La chaleur des machines, le travail à la chaîne et l'éternelle répétition des gestes tordent les corps et écrasent les âmes. Des années plus tard, Nella se souvient : de la sueur et du sang, des accidents mortels et des corps douloureux. Mais la douce musique que composent peu à peu ses mots fait aussi remonter à la surface les chants et les visages chéris de ses sœurs d'usine. Da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« L'usine est un mur l'usine
Est une prison l'usine
Est un enfer l'usine
Est une punition
Quand on y entre à quatorze ans »

Nella Nobili, c'est la preuve que la poésie pousse même dans des lieux complétement incongrus : usines, ateliers, banlieues, prisons, … La poésie est partout dans nos vies : dans notre soif de liberté, de rondes dans la campagne, de mondes et merveilles, d'aubes nacrées, de la voix du vent, de la voix des eaux, de brins d'herbes, de neige et de soleil qui mettent le coeur en joie, à égalité.

Nella Nobili, c'est la preuve qu'il ne faut nécessairement être beaucoup éduqué ni jouir d'une grande culture littéraire pour écrire de la poésie. Une poésie qui rend la tristesse douce à porter et « qui conduit vers soi hors soi au-devant des chemins ». C'est une poésie pour donner un visage à ces « femmes sans visage d'un pays de nulle part habits gris, larmes sans douleur, coeurs sans tragédie et cris perçants pour briser le silence ».

Nella Nobili, c'est la preuve que tout le monde peut s'y mettre, il suffit d'avoir un coeur (ou des tripes), une paire d'yeux ou d'oreilles grand ouverts. Et on y va :
« Comme le pain qui se partage
[Elle] voulait partager la Beauté
Qu'on lui avait volée comme la Liberté »
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Cet émouvant recueil est le symbole d'un monde ouvrier exploité par un grand patronat sans scrupules, n'affichant pas la moindre empathie pour ses ouvrières trimant comme des esclaves modernes.
Ce recueil se lit comme un récit poétique autobiographique, celui d'une jeune fille de quatorze ans obligé comme toute sa famille d'aller travailler à l'usine dans des conditions inhumaines.
Vous pensez peut-être que l'histoire se déroule au 19ème siècle en pleine révolution industrielle…?
Eh ben non…!
Cette tragédie se déroule en Italie dans les années 1940, le pays alors sous le joug fasciste avec des grands industriels à la botte du pouvoir en place, exploitant une main d'oeuvre servile et précaire : les femmes et les adolescentes.
Cadences infernales, horaires à rallonge, chaleur insupportable, insécurité permanente face aux machines dangereuses, avec l'épuisement, l'abrutissement et souvent la mort au bout du chemin. Dans des vers au désespoir lyrique, l'autrice nous livre une poésie de l'incandescence lui brûlant ses ailes d'une jeunesse brisée par ce destin tragique imposé.
Si les mots apaisent la souffrance telle une thérapie introspective sur cette expérience douloureuse,
elle révèle un autre traumatisme, celui d'une existence gâchée qui aurait dû être différente, ou les rêves d'études, de travail et d'émancipation impossibles se transforment en litanies poétiques aux tons mélancoliques et amers, comme des petites notes imprescriptibles d'une colère ineffable face à une vie volée par une société injuste et patriarcale.
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« Bologna antica così ti lasciavo
Ogni mattina dopo aver toccato
Con la punta delle dita le tue albe rose perla
Perla per la mia adolescenza austera
Tesoro che portavo con me fino all'ingresso
Della fabbrica con le sue luci elettriche
Accese per l'eternità. »

Nella Nobili est née à Bologne en 1926. Sa famille vivait dans le quartier de Pontevecchio. A seulement douze ans, en pleine période fascisme, elle commence à travailler dans un atelier de céramique puis, à partir de 1940, comme souffleuse de verre dans une usine de médicaments.
Les dix à douze heures de travail en usine, entre la chaleur du verre et les vapeurs de monoxyde de
carbone, la poussière, la promiscuité, est une expérience très dure qui la marque profondément.
Pendant les pauses du travail, la nuit, elle lit, étudie et s'instruit. Il finit par apprendre l'allemand pour lire Rilke dans sa langue d'origine.
A Paris, elle vivra en marge et démarre une petite entreprise de colliers, bagues et souvenirs avec quelques amis. On peut la rencontrer le dimanche sur les marches de l'église Saint-Eustache, "sans sourire, et parlant peu", vêtue "d'un châle délavé sur les épaules". En 1985, elle se suicide à Paris, à l'âge de 59 ans.

Il reste d'elle à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)
5 boites d'archives contenant :
Les manuscrits de son oeuvre (périodes italienne et française), de la presse, de la correspondance (Giorgio Morandi, Michel Ragon, Bernard Noël, Simone de Beauvoir, Claire Etcherelli, Henry Thomas...), de l'iconographie (photos personnelles, photos de la collection de boutons de manchette).
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Je suis tombée sur le livre dans le présentoir nouveautés de la bibliothèque. Un petit flash me dit que j'avais entendu parlé de ce livre paru chez Cambourakis. Une lectrice de Babelio en avait fait la chronique, exprimant sa surprise que ce soit de la poésie.
Sachant cela je m'en empare, pendant à tout le plaisir que j'avais eu à lire À la ligne de Joseph Ponthus, petit opuscule narrant de manière touchante et forte le travail à l'usine.
Espérant ressentir la même émotion me voilà assez déçue. Je ne dirais évidemment pas que c'est mauvais, la littérature étant largement une histoire de goûts. Ici juste pas d'émotion. Une poésie qui ne me touche pas.
Autant Ponthus pouvait développer une écriture dure comme de la viande gelée et nous emmener avec lui dans les tréfonds des abattoirs industriels, autant ici on a l'impression d'être dans une classe inférieure , ou les choses sont sans relief .
Une vraie déception.
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J'ai découvert cette poétesse par hasard en cherchant dans ma librairie de la poésie italienne. Et quelle découverte! Les mots et l'histoire de cette femme m'ont beaucoup touché. La poésie émane de son être pour évoquer une enfance difficile, la condition des ouvrières de l'époque, le tout dans une beauté qui m'a littéralement, bouleversée. Trop peu connue, Nella Nobili mérite que son oeuvre soit mise en lumière.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Comme le pain qui se partage
Je voulais partager la Beauté
Qu'on nous avait volée comme la Liberté
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Comme la Liberté qui était au fond d’un puits
La Beauté comme la lune s’y reflétait
On avait beau tirer sur la corde monter des seaux d’eau
Elle restait collée au fond obstinément
Et dans nos mains fiévreuses
L’eau coulait entre nos doigts avant qu’elle n’arrive
A notre bouche assoiffée et les quelques gouttes
Que nous portions à nos lèvres
Avaient un goût amer. Peut-être
Que ce n’était pas la meilleure façon
De goûter à la Beauté et à la Liberté
Mais nous n’en connaissions pas d’autres.
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Si par bonheur
On pouvait arrêter les bruits des machines
On entendrait la voix de mes compagnes
Chanter les chansons de la vie
Chansons d’amour chansons de tous les jours
Si par bonheur on pouvait
Ces voix qui chantent sont jeunes et jolies
Si par bonheur on pouvait arrêter
La voix de l’usine. Si par bonheur
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Le jour où Franca est partie
Nous avons fait silence
Et ce silence était violence
Ce silence couvrait le bruit
Mieux que les chants et les cris.
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Allongée sur la table
Blanche des mains au visage
(J’aurais voulu prendre sa place)
Bientôt viendra l’ambulance
Elle sortira d’ici
Pour ne jamais plus revenir. À midi
Nous avons déjeuné sur cette table.
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